mardi 14 mai 2013

Octave Uzanne traducteur de la pièce de théâtre anglaise l'Admirable Crichton (1902) de J. M. Barrie, l'auteur de Peter Pan.


Nous venons de (re)découvrir ce qui s'avère être la seule traduction par Octave Uzanne d'une oeuvre anglaise en français.

Dans le Gil Blas du jeudi 11 juin 1903, on pouvait lire :

Sir James Mathew Barrie (1860-1937)
auteur de Peter Pan (1904)
« On s'est aperçu que la pièce anglaise : l'Admirable Crichton, jouée l'autre soir, à la Renaissance devant un élégant public anglo-américain, ressemblait étrangement au Crocodile, de M. Victorien Sardou.
Le Crocodile a, d'ailleurs, été déjà représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin, sous la direction de notre confrère, Félix Duquesnel.
Nous citons d'autant plus volontiers cette coïncidence que notre confrère, M. Octave Uzanne, va entreprendre la traduction de cette pièce anglaise. Pour faciliter sa tâche, il pourra puiser, et dans l'Admirable Crichton et dans le Crocodile.
M. Sardou n'a pas protesté et ne sera pas ému pour si peu. »

Cet entrefilet nous mettait sur une piste ...

Or, dans le livre intitulé Sir James Barrie par Harry M. Geduld (Twayne Publishers, 1971), on lit page 113 :

« An English-language production was given in June, 1903 at the Renaissance Theatre, Paris, and in the fall of the same year, there was a successful French-language production, using the translation by Octave Uzanne. »

On lire encore dans Barrie : The story of a genius par John Alexander Hammerton (Sampson Low, Marston, 1929) p. 341 :

« On monday, June 8th, 1903, it was given in English at the Renaissance Theatre, Paris. But at the same theatre in the autumn of that year a French translation by Octave Uzanne was successfully presented and favourably received. »

encore ailleurs on lit :

« To mention a few among the other spectators, M. Octave Uzanne, the art critic and litterateur, had come in his capacity as translator of the play, which he is engaged in adapting into French. » (Those were the nights, by James Agate, 1969, p. 122)

La chose est établie. Octave Uzanne a bien traduit, à l'automne 1903, en français de l'anglais de James Barrie la pièce comique The admirable Crichton. Cette traduction a été, semble-t-il, bien accueillie.

Que reste-t-il de cette traduction par Octave Uzanne ? Rien si l'on se réfère aux imprimés répertoriés au catalogue collectif des bibliothèques de France. Il n'y aurait donc pas eu de texte imprimé (livret, édition) de cette traduction en français. Nous trouvons trace en 1920 d'une adaptation-traduction de cette même pièce par Alfred Athis (réprésentée pour la première fois le 1er juin 1920 au Théâtre Antoine), mais rien concernant le travail d'Uzanne en 1903.

Quel est le sujet de cette pièce aujourd'hui mal connue pour ne pas dire oubliée ? Vers juin 1901, Barrie se lance dans la rédaction de cette pièce pour le théâtre. Les notes qu'il prend d'abord lui donnent le titre de l'île. Elle s'intitulera finalement The admirable Crichton. « L'action, en quatre actes, se déroule d'abord sur une île du Pacifique où sont échoué un jeune aristocrate, sa famille et ses amis. La figure qui se détache immédiatement est celle de Crichton, le génial butler (domestique). Parce qu'il est d'une nature supérieure, il devient le chef de la petite assemblée, et l'honorable Ernest Woolley, son maître, ira jusqu'à lui accorder la main de sa soeur aînée... Dans une ambiance de fausse robinsonnade, s'instaurent des rapports qui se moquent des conventions du genre. Barrie s'amuse beaucoup et fait de tous ses personnages des êtres fantasques, irrésolus, marqués à tout jamais par leur enfance (...) » (extrait de J.M. Barrie : Le Garçon qui ne voulait pas grandir, par François Rivière).

Peut-être le manuscrit de la traduction-adaptation française par Octave Uzanne a-t-il été perdu ? sera-t-il retrouvé un jour ? Toute trace de ce travail semble irrémédiablement perdue, y compris dans la mémoire des arts et des lettres.

Pourtant cette traduction d'une pièce de théâtre comique de langue anglaise indique le goût d'Uzanne pour cette production bien qu'il ait assez souvent dénigré le théâtre de cette époque qu'il considérait comme un art inférieur, presque vulgaire.

Bertrand Hugonnard-Roche

1 commentaire:

  1. sans doute un des modèles de Wodehouse pour Jeeves... Mais il est étonnant qu'on ne trouve pas trace de ces représentations de la traduction d'Uzanne.

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