Frontispice de l'édition originale de 1780 de
L'Eventail ou Zamis et Delphire,
Poème en quatre chants,
par M. Milon
Le 1er décembre 1881 parait chez A. Quantin L’Éventail par Octave Uzanne, avec des illustrations de Paul Avril. C'est un beau volume de format grand in-8, de 143-(1) pages. Les illustrations en couleurs sont imprimées en héliogravure. Le tirage ordinaire est sur beau papier vélin des Vosges tandis qu'un tirage de luxe à 100 exemplaires est fait sur papier du Japon (avec un tirage à part des illustrations). Ce volume marque son temps tout autant que la carrière littéraire de son auteur. Avec ce livre, Uzanne devient "Le Monsieur de ces Dames à l'éventail" (dixit le bouquiniste Laporte). Cette réputation de préciosité et de texte maniéré sur un sujet pour le moins voué à la coquetterie des dames modernes déplaira à Uzanne tout autant qu'elle l'aura servi. Il s'en plaindra à plusieurs reprises et donnera quelques dix années plus tard, un peu amer sur le sujet, une édition "populaire" sans illustrations de ses deux textes sur les Ornements de la femme (L'éventail et L'ombrelle).
Uzanne a placé sous le faux-titre de l’Éventail un mot de Sylvain Maréchal (l'homme sans dieu) : "L'éventail d'une belle est le sceptre du monde." Passé l'avant-propos, on trouve en tête du volume une épître dédicatoire à Madame Louise ***, dont le titre est suivi de ces vers signés Milon :
... La pomme fut décernée à Cypris.
Offrant cet Eventail je dis comme Pâris :
Il est pour la plus belle.
MILON.
Obscur Milon ! Qui est-il ? C. Milon ? Milon de Liège ? Énigmatique auteur de l'Eventail ou Zamis et Delphire, Poème en quatre chants. Ouvrage rare publié sous l'adresse de Londres (et se trouve à Paris chez la Veuve Duchesne, libraire, rue Saint-Jacques, au Temple du Goût, en 1780. Publié sans privilège ni achevé d'imprimer, on ne peut que supposer le lieu d'impression de ce volume : Londres ? Amsterdam ? Bruxelles ? La bibliothèque municipale de Mâcon, qui en possède un exemplaire, indique Maestricht, sans preuve. Le volume, de format in-8 (19 x 12 cm), se compose, d'un feuillet de faux-titre, d'un joli frontispice gravé à l'eau-forte signé Boulland, d'une page de titre imprimée en noir ornée d'un bois gravé (couple de colombes dans un nuage), d'une épître dédicatoire (2 pp.) "à son altesse sérénissime Madame la Duchesse de Bourbon" (c'est à la fin de cette épître qu'on trouve les trois vers empruntés par Uzanne et donnés ci-dessus), d'un avertissement (2 pp.), des quatre chants formant 36 pages. L'exemplaire que nous avons sous les yeux est imprimé sur beau papier vergé de Hollande épais et est relié en veau de l'époque (dos long orné à la grotesque avec une pièce de titre de maroquin rouge dorée en long, tranches rouges). La reliure présente des traces d'usage.
Nous avons répertorié plusieurs éditions de ce texte écrit à la manière des Dorat, des Lambert et autres écrivains de la femme, de ses heures et de ses ornements dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Celle-ci est la première. Il y a une édition datée 1781 (Paris, Maestricht, Veuve Duchesne) ; une autre en 59 pages datée 1782 (Paris, Liège, Lemarié). Cette dernière édition étant marquée "seconde édition" sur le titre et Milon étant désigné comme "Milon, de Liège".
Le Mercure de France du samedi 17 août 1782 consacre une longue notice à cet ouvrage et à son auteur : "L'auteur de cet opuscule, qui se dit fort jeune, et dans la préface et dans son poème, ne prétend pas du moins en imposer au public sur le motif qui l'a déterminé à courir les risques de l'impression. Il avoue qu'il a ambitionné son suffrage. Cette sincérité ne saurait lui nuire ; elle est bien préférable au charlatanisme de ceux qui veulent faire croire qu'ils se sont vus contraints par leurs amis, ou par des personnes à qui ils sont obligés d'obéir ; cette coquetterie littéraire est trop usée, et en même temps trop ridicule. L'essai poétique que nous annonçons est une imitation de l’Éventail de Gay, Poème en trois chants, plein de longueurs et vide d'action, comme presque tous les ouvrages anglais de ce genre. M. Milon y a fait plusieurs additions ; et le poème, qui n'était déjà que trop long, a un chant de plus. Avec un goût plus mûr, l'auteur eût réduit le tout à un seul. On sent aussi que son style n'est point fait. Il est toujours diffus et souvent prosaïque. La description de l'éventail est très faible. (...)Tout l'ouvrage n'est pas aussi défectueux (...) mais il y a peu de morceaux bien travaillés, les meilleurs manquent de précision. Ce n'est pas qu'on ne rencontre souvent des vers très agréables. (...) L'auteur, en conseillant aux femmes le goût de la simplicité dans la parure, a eu occasion de rendre hommage à une Princesse aussi chérie que respectée, et que l'on peut louer sans flatterie (Madame la Duchesse de Bourbon) (...) Nous n'étendrons pas plus loin et nos citations et notre critique. Nous ne voulons point affliger l'auteur, et encore moins le décourager. C'est pour l'animer à mieux faire que nous avons fait mention de son ouvrage. Les jeunes versificateurs, encore pleins des illusions d'un Art dont ils ne connaissent que les charmes sans en soupçonner les difficultés, et vivement éblouis par le phosphore de la gloriole littéraire, attachent beaucoup d'importance à leurs moindres essais, et n'ont rien tant à coeur que d'obtenir une mention quelconque dans les ouvrages périodiques. Ce désir, qui tient beaucoup à l'émulation, doit paraître tout simple dans un débutant. Il y a une sorte d'équité à parler d'un ouvrage qui, sans être bon et sans avoir assez d'importance pour mériter l'attention du public, annonce néanmoins dans l'auteur quelques dispositions et un goût pour les lettres qui ne peut être blâmable, pourvu qu'il soit bien dirigé, et qu'il ne devienne pas une prétention ridicule. Les jeunes écrivains, abstraction faite du plus ou moins de talent, sont intéressants aux yeux d'un vrai littérateur par une qualité bien précieuse, c'est qu'ils sont enthousiastes de bonne-foi, et qu'ils ne connaissent point l'esprit de parti. Aussi l'auteur de cet article se fera-t-il un devoir d'avoir toujours beaucoup d'égards pour ses jeunes confrères."
Uzanne a-t-il lu cette critique ? C'est probable encore qu'il ne cite pas cette source dans la liste des ouvrages consultés placée à la fin de son volume. Il cite cependant le Mercure de France (octobre 1759) : Analyse du poème : l’Éventail, de Gay. L'ouvrage de Milon figure également dans sa nomenclature : M. Milon : l’Éventail ou Zamis et Delphire, poème en quatre chants, 1780.
Si nous nous sommes particulièrement intéressé à cet ouvrage oublié de M. Milon de Liège, c'est tout simplement parce que le hasard a mis dans nos mains l'exemplaire lu et conservé par Octave Uzanne.
Ainsi, l'exemplaire précédemment décrit, porte-t-il au contre plat l'ex libris d'Octave Uzanne (ex libris d'Aglaüs Bouvenne, daté 1882, épreuve en noir. - voir reproduction ci-contre).
Exemplaire de travail donc pour Octave Uzanne, et conservé comme tel dans sa bibliothèque. Ce livre n'a figuré dans aucune des deux premières ventes Uzanne (mars 1894 et avril 1899).
Une étiquette du libraire Edouard Rouveyre (collée au contre plat du volume) nous permet de penser que ce volume a été acheté par Uzanne chez ce jeune libraire avec qui il avait par ailleurs publié ses premiers ouvrages (Les Caprices d'un Bibliophiles en 1878, mais surtout Du Mariage par un philosophe du XVIIIe siècle, avec une préface par Octave Uzanne, publié à la librairie ancienne et moderne Edouard Rouveyre, en 1877, mais aussi le Bric-à-Brac de l'amour en 1879, Le Calendrier de Vénus en 1880 et Les Surprises du Coeur en 1881).
A la vue de cet exemplaire de l’Éventail de Milon (1780), on s'aperçoit qu'Octave Uzanne n'était pas très regardant quant à la qualité des exemplaires qu'il pouvait avoir dans sa bibliothèque lorsque ceux-ci lui servaient de base de travail. C'est d'ailleurs ce que nous avons pu constater avec d'autres exemplaires lui ayant appartenu. On peut dire que la bibliophilie d'Octave Uzanne était double, d'une part des exemplaires contenant des textes rares, pour son travail d'écrivain et d'essayiste, souvent dans des reliures d'époque usagées ou très simplement reliés ; d'autre part une bibliophilie résolument moderniste avec des exemplaires de livres modernes, de livres d'art et d'artistes, d'éditions originales de ses amis, soit cartonnés artistiquement mais simplement par Carayon, Pierson et autres, soit superbement reliés par les meilleurs artisans comme Petrus Ruban, Carayon, Meunier, etc, pour ce qui concerne les exemplaires uniques avec pièces ajoutées. Cette dichotomie bibliophile se perçoit aisément pour peu qu'on se plonge un peu dans le détail des catalogues de vente de quelques parties de sa bibliothèque.
Un mystère demeure cependant quant à ces "petits livres de travail" dont on ne trouve trace nulle part. Sans doute ceux-ci ont-ils été vendus après son décès, en lot, par son frère ? ou bien à la fin de sa vie, discrètement dans quelque vente non cataloguée ? Ou encore peut-être après le décès de son frère Joseph après 1937 ? Ces livres de peu de valeur ont sans doute subi l'encan dans les pires conditions sans réel égard vis à vis de la somme de recherches qu'ils représentaient pourtant. Peut-être en retrouvera-t-on un jour prochain la trace dans quelque catalogue de vente ?
Nous tenons à remercier ici Vincent Pannequin grâce à qui cet exemplaire a pu rejoindre notre bibliothèque, retrouvant ainsi quelques autres volumes de même provenance, sur nos humbles rayonnages.
Bertrand Hugonnard-Roche
Charles Millon ou Milon (1754-1839), homme de lettres et professeur de philosophie.
Né le 13 septembre 1754, à Liège [Pays-Bas, aujourd'hui Belgique] ; mort le 21 juillet 1839, à Paris.
1774. Carrière littéraire à Paris.
À vingt ans, Charles Millon se rend à Paris, pour faire une carrière dans les lettres. Il a déjà publié des poèmes de circonstance et de célébration. En latin : In obitum Ludovici XV carmen [Paris. In-4, 1774]. Puis vers sur l’avènement de Louis-Auguste au trône [1774. In-8]. Épître en vers sur Frédéric, roi de Prusse [In-8, 1775].
Un peu plus tard, en1781, imité du poète anglais Gay, fait paraître L’Éventail, poème en quatre chants [Maestricht et Paris : Vve Duchesne. In-8, 1781]. Avec un frontispice daté de 1780 et gravé par Boulland. Dédié à la duchesse de Bourbon. On trouve des exemplaires de cette édition, avec un titre renouvelé portant deuxième édition et la date de 1782. En réalité la deuxième édition est une contrefaçon liégeoise publiée chez Lemarié en 1782. Des exemplaires de cette dernière ont été ajoutées aux Bagatelles de l’abbé de Lille, imprimées par Lemarié en 1799, avec l’adresse supposée de P. Fr. Fauche à Hambourg.
L’Éventail est réédité en 1799, en tête d’un recueil, comprenant plusieurs textes, intitulé L’Éventail, poème en quatre chants. L’Esprit du jour ou de la Littérature et des mœurs, satyres et autres poésies, par C. Millon [Paris : Cerioux et Moutardier. In-12, IV-132 p., frontispice gravé. An VII-1799].
Il est sous-bibliothécaire de Louis Joseph prince de Condé, établi au château de Chantilly.
Est arrêté quelques jours, en août 1783 [du 5 au 18 août], après avoir été dénoncé, faussement, comme auteur d’un libelle dirigé contre le gouvernement de la France. Il quitte Paris et va se réfugier quelque temps en Allemagne, principalement à Clèves. Puis retourne en France.
Tandis qu’il est à l’étranger, publie : Le Cri du cœur ou étrennes liégeoises [1785]. Ce poème est édité à l’intérieur d’un recueil intitulé, selon le goût de l’époque Almanach nouveau contenant toutes les poésies […] composées pour l’élection de S. A. Mgr. de Hoensbroeck [Liège : L. J. Bernimolin. In-12, 1785]. Comprend des poésies de Ch. Million, Saint-Péravi et Henkart, dont quelques unes on été mises en musique par Hamal.
Et alors qu’il est à Clèves, en Allemagne [Rhénanie-Westphalie], publie Poème sur la mort de Frédéric II, roi de Prusse, avec des notes historiques [Clèves : J. W. Hannesmann. In-4, 1786]. En effet Frédéric II [1712-1786] vient de mourir le 17 août 1786 à Postdam, au château de Sans-Souci.
1782-1798. Travaux variés en histoire.
Publie, sans les signer, différents ouvrages d’histoire :
Une Histoire des voyages des papes depuis Innocent I, en 409, jusqu'à Pie VI, en 1782, avec des notes [Vienne : chez les libraires associés. In-8,˚350 p., 1782].
Comme traduction : Une Introduction à l'histoire des troubles des Provinces-Unies, depuis 1777 jusqu'en 1787, traduite de l'anglais [Londres. In-8, 224 p., 1788]
Une Histoire des descentes qui ont eu lieu en Angleterre, Écosse, Irlande et isles adjacentes, depuis Jules-César jusqu'à nos jours, suivie d'observations sur le climat... la population [Paris : L. Prudhomme, In-8˚ , XVI-150 p., cartes. An VI (1798)], qui connaît la même année une seconde édition.
Traduit de l’anglais en français, du voyageur Richard Twiss [1747-1821], le Voyage en Irlande contenant des observations sur la situation, l'étendue de ce pays ; le climat, le sol, les productions des trois règnes de la nature. Traduit de l'anglais par C. Millon [Paris : Prudhomme. In-8, 180 p., planche, carte gravée par P.-F. Tardieu d'après E. Mentelle et P.-G. Chanlaire, an VII. 1799]. L’ouvrage était paru initialement en 1776 : A Tour in Ireland by Richard Twiss, London. in-8, 1776.
1797. Autour de la Révolution anglaise.
Il quitte la France pour l’Allemagne au début de la Révolution française. Revient en France après la Révolution.
Publie une Histoire de la révolution et de la contre-révolution d’Angleterre [Paris : Moutardier. In-8, XVI-240 p. An-VII, 1798]. Deuxième édition en 1799.
1797. Éditeur du Philosophe de Dumarsais.
À la même époque [1797], édite avec Marie Émile Guillaume Duchosal [1763-1806], dans les Œuvres de César Chesneau Dumarsais [Paris : impr. de Pougin, 7 volumes in-8, 1797], le texte de Dumarsais intitulé Le Philosophe [correspondant au tome 6]. C’est la première fois qu’on regroupe les œuvres du grammairien et philosophe César Chesneau Dumarsais [1690-1756].
Le texte de Dumarsais est réédité comme document électronique par BNF. Données textuelles 1997.
1800-1809. Enseignant
Est nommé professeur de législation et de langues anciennesà l’École centrale du Panthéon [10 mars 1800]. Il y a pour élève François Villemain, Chomel, Le Clerc, Claude Nau de Champlouis.
En 1809 [11 octobre 1809] est nommé professeur de philosophie au lycée Charlemagne.
1802-1821. Reprise d’un livre d’histoire.
Reprend, et complète, l‘édition d’un ouvrage de l’abbé Claude François Xavier Millot [1726-1785] Élémens de l'histoire de France, depuis Clovis jusqu'à Louis XV, par M. l'abbé Millot [Paris : Artaud. 3 volumes, in-12, 1802]. Connaît plusieurs éditions successives, 1806, 1814, 1817, 1821, corrigées, continuées et augmentées.
L’ouvrage de l’abbé Millot, membre de l’Académie française, est paru initialement en 1768. Il sera réédité tout au long du XIXème siècle.
1803. Traducteur d’Aristote.
Traduit du grec en français : Politique d’Aristote, traduite du grec, avec des notes et des éclaircissemens, par Charles Millon [Paris : Artaud, 3 volumes in-8, 1803].
1809. Professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Paris.
Les différentes chaires de la Faculté des lettres de Paris se mettent en place en 1808-1809.
La première chaire, intitulée Philosophie et opinion des philosophes [créée le 6 mai 1809], a pour titulaire Emmanuel Pierre Pastoret [1756-1840], qui est en même temps doyen de la Faculté [6 mai 1809-décembre 1809]. Mais Pastoret n'assurant aucun enseignement, Charles Millon fait cours à sa place comme Professeur adjoint de philosophie [de mai 1809 à 1811]. À la démission de Pastoret, appelé comme sénateur, Charles Millon devient Professeur titulaire [novembre 1811].
La deuxième chaire, intitulée Philosophie [créée le 19 septembre 1809], est confiée à Pierre Laromiguière [1756-1837] qui en sera titulaire du 19 septembre 1809 au 12 août 1837. [Jean] François Thurot* [1768-1832] sera suppléant puis adjoint de 1811 à 1824.
Une troisième chaire, Histoire de la philosophie ancienne, sera créée un peu plus tard, en 1814. Charles Millon passe alors de la première chaire [dont le titre initial : Philosophie et opinion des philosophes, est devenu Histoire de la philosophie moderne] à la troisième chaire comme titulaire. Il y reste jusqu’en 1830, date à laquelle il est mis à la retraite.
V. Cousin lui succèdera en septembre1830, passant lui-même de la chaire Histoire de la philosophie moderne, où il est professeur-adjoint de Royer-Collard, à celle d’Histoire de la philosophie ancienne, où il devient en 1830 professeur titulaire.
1841. Une importante bibliothèque d’ouvrages anciens.
Deux ans après sa mort, un volumineux catalogue de sa bibliothèque littéraire et philosophique, de plus de deux cents pages, est édité en 1841, pour une vente publique à Paris [du 15 février au 10 mars], sous le titre : Catalogue des livres imprimés et manuscrits, et des pièces autographes, composant la bibliothèque de feu M. Charles Millon, ancien professeur d’histoire de la philosophie ancienne à la Faculté des lettres [Paris, Merlin, in-8. 2ff. 256 p. 1841]. Selon la mode de l’époque la bibbliothèque contient non seulement des livres anciens mais aussi des autographes [d’Alembert, Leibniz, Malebranche].
1841. Cousin et la jalousie du collectionneur.
En 1841, deux ans après la mort de Charles Millon, V. Cousin l’évoque, dans une communication faite à l’Académie des sciences morales et politiques :
3-10-17 juillet 1841 Communication par M. Cousin d'une Correspondance entre Malebranche et Mairan, à l'occasion de la publication par un collectionneur [Feuillet de Conches] de la correspondance Malebranche-Mairan. Cette communication fait l'objet d'une publication dans Compte-rendus des Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques [1841], pages 480-488.
Le texte publié dans Compte-rendus des Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques n'est pas tout à fait le même que celui qui est paru dans le Journal des savants.
Incipit « Depuis que les lettres du père André nous ont appris d'une manière certaine que Malebranche avait été en correspondance avec plus de cinq cent cinquante personnes, il vient d'être découvert un fragment de cette correspondance, dont l'existence n'avait pas été jusqu'ici soupçonnée. ».
V. Cousin, au passage, stigmatise l'attitude de M. Milon [sic] : « Il paraît que ces précieux documents se trouvaient entre les mains d'un professeur de la Faculté des lettres, M. Milon, qui les conservait avec un soin jaloux, dans le secret de son cabinet, et qui, par des motifs restés inconnus, les avait dérobé à tous les yeux jusqu'à la fin de sa vie. ».
Collaboration
Collabore, en vers ou en prose, à divers journaux, dont l’Esprit des journaux [1775-1793].
Publications.
Histoire des voyages des papes depuis Innocent I, en 409, jusqu'à Pie VI, en 1782, avec des notes [Vienne : chez les libraires associés. In-8,˚350 p., 1782]. Paraît anonyme.
Charlotte Belmont [Amsterdam.In-8, 1789].
Histoire de la révolution et de la contre-révolution d’Angleterre [Paris : Moutardier. In-8, XVI-240 p. An-VII, 1798]. Deuxième édition en 1799.
Une Histoire des descentes qui ont eu lieu en Angleterre, Écosse, Irlande et isles adjacentes, depuis Jules-César jusqu'à nos jours, suivie d'observations sur le climat... la population [Paris : L. Prudhomme, In-8˚ , XVI-150 p., cartes. An VI (1798)], qui connaît la même année une seconde édition.
Notice historique sur l’état actuel, les mœurs et les productions des îles de Malte et de Gozzô. [in-8. 1799].
Poésies.
L’Éventail, poème en quatre chants [Maestricht et Paris : Vve Duchesne. In-8, 1781]. Avec un frontispice daté de 1780 et gravé par Boulland. Dédié à la duchesse de Bourbon. On trouve des exemplaires de cette édition, avec un titre renouvelé portant deuxième édition et la date de 1782. En réalité la deuxième édition est une contrefaçon liégeoise publiée chez Lemarié en 1782. Des exemplaires de cette dernière ont été ajoutées aux Bagatelles de l’abbé J. de Lille, imprimées par Lemarié en 1799, avec l’adresse supposée de P. Fr. Fauche à Hambourg.
L’Éventail est réédité en 1799, en tête d’un recueil, comprenant plusieurs textes, intitulé L’Éventail, poème en quatre chants. L’Esprit du jour ou de la Littérature et des mœurs, satyres et autres poésies, par C. Millon [Paris : Cerioux et Moutardier. In-12, IV-132 p., frontispice gravé. An VII-1799].
Le Cri du cœur ou étrennes liégeoises [1785]. Ce poème est édité à l’intérieur d’un recueil intitulé, selon le goût de l’époque Almanach nouveau contenant toutes les poésies […] composées pour l’élection de S. A. Mgr. de Hoensbroeck [Liège : L. J. Bernimolin. In-12, 1785]. Comprend des poésies de Ch. Million, Saint-Péravi et Henkart, dont quelques unes on été mises en musique par Hamal.
Poème sur la mort de Frédéric II, roi de Prusse, avec des notes historiques [Clèves : J. W. Hannesmann. In-4, 1786].
Reprises et compléments.
Éléments de l’histoire d’Angleterre, depuis la conquête romaine, par l’abbé Millot. 6ème édition revue, corrigée et augmentée des règnes de Georges II et Georges III, par Ch. Million [Paris. 3 volumes in-12. 1800].
Élémens de l'histoire de France, depuis Clovis jusqu'à Louis XV, par M. l'abbé Millot [Paris : Artaud. 3 volumes, in-12, 1800]. Connaît plusieurs éditions successives, 1802, 1806, 1814, 1817, 1821, corrigées, continuées et augmentées.
L’édition de 1800 est la septième édition corrigée et augmentée d’observations sur le règne de louis XV, concernant les mœurs de la cour, le ministère, les finances et les progrès de l’esprit humain, et continuées jusqu’à la mort de Louis XVI [Paris. 3 volumes, in-12. 1800]
Traductions.
Introduction à l’histoire des troubles des Provinces-Unies depuis 1777 jusqu’à 1787, constituant un précis de l’origine des discussions de la République, trduit de l’anglais. [Londres : Simons. In-8. 1788].
Tableau sommaire et philosophique du génie, du caractère, du gouvernement et de la politique des Bataves, traduit de l’anglais. [La Haye. In-8, 1789].
Traduit de l’anglais en français, de Richard Twiss, Voyage en Irlande contenant des observations sur la situation, l'étendue de ce pays ; le climat, le sol, les productions des trois règnes de la nature. Traduit de l'anglais par C. Millon [Paris : Prudhomme. In-8, 180 p., planche, carte gravée par P.-F. Tardieu d'après E. Mentelle et P.-G. Chanlaire, an VII. 1799]. L’ouvrage était paru initialement en 1776 : A Tour in Ireland by Richard Twiss, London. in-8, 1776,
Les soirées de Windsor, ou les Loisirs d’une famille anglaise, traduites de l’anglais. [Paris : 2 volumes in-8, an VI-1798].
Voyage en Irlande, par Arthur Young […], traduit de l’anglais […] et suivi de Recherches sut l’Irlande par le traducteur [Paris : Moutardier et Cerioux, 2 volumes in-8, avec gravures, an VIII-1800]. Cette traduction est plutôt un abrégé remanié du voyage de Young.
Traduit du grec en français : Politique d’Aristote, traduite du grec, avec des notes et des éclaircissemens, par Charles Millon [Paris : Artaud, 3 volumes in-8, 1803].
Référence.
Biographie nationale, publiée par l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Bruxelles : Émile Bruylant. 1897.
Christophe Charles. Les Professeurs de la Faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique 1809-1908. Volume 1. Paris : 1985.