lundi 20 décembre 2021
Un exemplaire des Parisiennes de ce temps (1910) offert à Maurice Guérin.
mardi 31 août 2021
Félix Vallotton, Octave Uzanne, et les Badauderies parisiennes ou Les Rassemblements, physiologies de la rue. Paris, H. Floury, Pour les Bibliophiles indépendants, 1896. L'un des ouvrages commandités et dirigés par Octave Uzanne parmi les plus rares et les plus recherchés. Exemplaire relié à l'époque par Charles Meunier en maroquin mosaïqué pour le bibliophile Albert Bélinac.
Voici un exemplaire de choix du superbe ouvrage illustré par Félix Vallotton et commandité par Octave Uzanne pour les Bibliophiles indépendants.
Ce livre est parmi les plus rares mais surtout parmi les plus recherchés de ceux publiés par Octave Uzanne pour ses diverses sociétés de bibliophiles dont il a été le fondateur et directeur artistique. Le nom de Félix Vallotton a durablement été marqué par cette publication bibliophilique de grande qualité. Il s'agit du premier livre dans lequel Félix Vallatton apparaît comme graveur.
Imprimé pour les Bibliophiles indépendants, tout juste fondés par Octave Uzanne, et publié chez le libraire de la société Henri Floury, il a été achevé d'imprimer sur les presses de Crété à Corbeil, le 14 avril 1896.
C'est un volume au format petit in-4 carré (24 x 18 cm) de 232 pages. Le volume est illustré de 30 "gravures" hors-texte de Félix Vallotton (plus une grande illustration de couverture - voir photo ci-dessus) et 3 petites gravures de F. Vallotton qui ornent le prologue. Par ailleurs le volume est illustré de 120 vignettes dans le texte par François Courboin.
Le tirage a été limité à 200 exemplaires pour les souscripteurs et 20 exemplaires pour les collaborateurs littéraires et artistiques de l'ouvrage. Le présent exemplaire porte au composteur le numéro 132. Il a été imprimé au nom du bibliophile Albert Bélinac.
Le tirage du texte a été fait sur papier vélin de cuve (le prospectus annonce un tirage du texte sur Japon, ce qui n'a pas été réalisé) tandis que les hors-texte de Félix Vallotton bénéficient d'un tirage sur papier du Japon. Le prospectus indique que le texte est composé en caractères Didot. Octave Uzanne indique, dans ce même prospectus (relié à la fin du présent exemplaire), qu'il a été tiré un exemplaire spécial contenant 110 à 120 dessins originaux de François Courboin mis en vente au prix de 600 francs (nous n'en n'avons pas retrouvé la trace). Le prix de souscription des 200 exemplaires était de 60 francs (jusqu'au 31 mars 1896). Dès le 8 avril 1896 le prix des exemplaires est porté à 80 francs.
Le présent exemplaire a bénéficié à l'époque d'une très belle reliure mosaïquée par Charles Meunier. La reliure n'est pas signée mais il ne fait aucun doute qu'elle a été exécutée par le maître relieur. Relié pour le bibliophile Albert Bélinac, on le retrouve répertorié dans le catalogue de vente des beaux livres de sa bibliothèque sous le numéro 398 (vendu 155 francs en février 1909). Dans le catalogue Bélinac il est bien indiqué que la reliure est de Charles Meunier.
La reliure de Charles Meunier qui recouvre notre exemplaire est en maroquin havane, dos à deux nerfs saillants, titre doré au dos en diagonale, les deux plats sont ornés de fleurs et feuillages mosaïqués de maroquin vert, caramel et ivoire. Sur le premier plat sont poussées à froid (en noir) deux grandes hirondelles voletantes. Sur le second plat trois petites hirondelles volètent autour d'une composition florale centrale. Au dos du volume quatre petites hirondelles volètent également (poussées à froid). En encadrement intérieur des plats se retrouvent une nuée d'hirondelles dorées. Les doublures et les gardes sont de papier marbré. Les tranches sont dorées. La grande couverture illustrée par Félix Vallotton est reliée en tête et conservée d'un seul tenant repliée. Les plats de chemise sur papier doré avec fleurettes en semis ont été reliés au début et à la fin du volume.
Nous avons répertorié un autre exemplaire de cet ouvrage relié par Charles Meunier de manière similaire avec les hirondelles dans un maroquin de même coloris (exemplaire de la librairie Lardanchet, catalogue Paris 2005, n°38). Nous n'en n'avons pas trouvé d'autres reliés par ce maître relieur.
Le texte est un ensemble de 30 physiologies de la rue par divers auteurs la plupart du temps liés à la Revue Blanche : Paul Adam, Tristan Bernard, Léon Blum, Romain Coolus, Félix Fénéon, Gustave Kahn, Jules Renard. Les autres auteurs sont : Alfred Athys, Victor Barrucand, Ernest La Jeunesse, Lucien Muhlfeld, Thadée Natanson, Edmond Pilon, Pierre Veber et Eugène Veek. Le Prologue est écrit par Octave Uzanne.
Voici le détail des textes et de leurs auteurs :
1 - Le Bureau d'omnibus par Gustave Kahn
2 - Le pêcheur à la ligne par Tristan Bernard
3 - L'enterrement par Romain Coolus
4 - L'Epervier par Pierre Veber
5 - Travaux de voirie par Thadée Natanson
6 - L'Accident de voiture par Ernest La Jeunesse
7 - Le Noyé par Victor Barrucand
8 - Le Ballon par Eugène Veek
9 - L'Ivrogne par Paul Adam
10 - L'Affichage moderne par Lucien Muhlfeld
11 - L'Oiseau envolé par Jules Renard
12 - La Sortie du Palais Bourbon par Léon Blum
13 - La Musique militaire par Alfred Athys
14 - La Bombe par Edmond Pilon
15 - Le Camelot par Tristan Bernard
16 - Les Affiches lumineuses par Romain Coolus
17 - Chanteurs des cours par Victor Barrucand
18 - Le Mariage par Gustave Kahn
19 - Sortie de Théâtre par Paul Adam
20 - Autour du Café-concert d'été par Thadée Natanson
21 - Le Panier à salade par Tristan Bernard
22 - L'Incendie par Félix Fénéon
23 - L'Hercule de carrefour par Edmond Pilon
24 - Le Cheval emporté par Pierre Veber
25 - Le Président par Ernest La Jeunesse
26 - A la porte des casernes par Thadée Natanson
27 - Le Charmeur d'oiseaux par Félix Fénéon
28 - L'Attente par Eugène Veek
29 - Outrage aux agents par Lucien Muhlfeld
30 - Les Manifestants par Ernest La Jeunesse
Reparlons des illustrations de Félix Vallotton pour ce livre. Octave Uzanne explique que contrairement à ce qui se passe habituellement, c'est Félix Vallotton lui-même qui a d'abord dessiné ces "Rassemblements", ces foules de la rue ; les textes n'ont été écrits qu'ensuite, de manière à coller le mieux possible aux illustrations fournies par l'artiste. C'est Octave Uzanne lui-même qui demanda à Félix Vallotton une série d'estampes brutalistes sur la badauderie parisienne. Octave Uzanne lui donna les sujets sur lesquels il devait fixer son observation. Octave Uzanne explique dans son Prologue qu'il avait l'intention d'écrire ce livre lui-même, mais finalement il laissa tracer ces physiologies de la rue à d'autres.
Concernant la technique de la gravure sur bois propre à Félix Vallotton, il faut dire qu'il s'agit ici en réalité de reproductions par gillotage, non pas de bois gravés mais bien de dessins à l'encre de Chine réalisés par l'artiste. La preuve en est la suite complète des dessins originaux ayant servi à l'illustration de ce volume qui a été proposée à la vente aux enchères publiques en décembre 2012 (estimation 250.000 / 350.000 euros - Drouot, Piasa, Paris - mercredi 19 décembre 2012). Lire à ce sujet l'article que nous avions donné pour l'occasion (http://www.octaveuzanne.com/2012/12/suite-complete-des-30-dessins-originaux.html). Le dessin original de la couverture manquait à cet ensemble extraordinaire.
Ce ne sont donc pas des gravures sur bois qui sont à l'origine de ce livre contrairement à ce qu'on aura essayé de faire croire. Cet état de fait n'enlève rien à la beauté des tirages sur papier du Japon.
Le reste nous vous laissons l'admirer ci-dessous en images.
Bertrand Hugonnard-Roche
lundi 14 juin 2021
Un exemplaire remarquable. Antoine Laporte (bouquiniste). Les Bouquinistes et les Quais de Paris ... Pamphlet contre Octave Uzanne. Rare sur Japon (1/25 ex.). Très bel exemplaire habillé par Edouard Pagnant (relieur recommandé par Octave Uzanne).
[Octave Uzanne - bouquinistes des quais de Paris]. Antoine Laporte (bouquiniste).
Les Bouquinistes et les Quais de Paris tels qu'ils sont Réfutation du Pamphlet d'O. Uzanne, le Monsieur de ces Dames à l'Eventail, à l'Ombrelle, etc. Par Ant. Laporte, Bouquiniste Auteur de : l'Histoire littéraire du XIXe siècle, de la Bibliographie clérico-galante, de la Bibliographie jaune, du R.P. Cornutus, des Estiennes magnuskisés, etc.Paris, chez tous les bouquinistes des quais, dans les boîtes à prix divers, 1893
1 volume in-12 (19,3 x 12,5 cm) de 82 pages.
Tirage à 525 exemplaires.
Celui-ci, 1 des rarissimes 25 exemplaires de tête sur Japon, celui-ci portant à la plume le n°10 et paraphé des initiales de l'auteur éditeur.
Le volume a été imprimé à Tours chez Deslis Frères.
Violent pamphlet dirigé par le bouquiniste bibliographe Antoine Laporte contre son ennemi juré Octave uzanne, à propos du livre de ce dernier sur les bouquinistes des quais de la Seine à Paris. Antoine Laporte y avait été maltraité par Uzanne qui l'avait désigné comme un moine défroqué ... Ce sont donc 82 pages de bile fumante et cuisante qui se déversent ici en totale liberté sur beau papier Japon pour l'occasion de cet exemplaire. Outre le côté pamphlétaire, ce livret est un rare témoignage des années 1880-1890 sur la vie des bouquinistes des quais, leurs us et coutumes, le tout rédigé avec verve et style par un membre de la confrérie.
mardi 18 mai 2021
Quelques "nouveaux" mots d'Octave Uzanne à la gloire du vin Mariani (1902) : Dans le Mariani-Coca, de l'ennui Nous trouvons le plus sûr antidote. Il nous invigore, et sans lui, L'homme ne vit pas, il vivote.
jeudi 8 avril 2021
Une pensée mystique d'Octave Uzanne (1896-1897 ?). " [...] L'artiste qui tient ses dons du ciel sent plus ou moins vaguement qu'en v(r)endant au riche il restitue à dieu."
jeudi 18 mars 2021
Figures de Paris. Ceux qu'on rencontre et celles qu'on frôle. Publication dirigée par Octave Uzanne pour les Bibliophiles Indépendants (1901). Exemplaire offert par Octave Uzanne à Hugues Rebell (auteur de deux textes de l'ouvrage).
Trottant, trottant, trottant, trottant,
Trottinant, toutes très gentilles,
Le pied menu, l'œil éclatant,
Elles s'en vont, les belles filles.
Qu'elles sont reines, quand leur main
Soulève un petit pan de robe,
Qui laisse flotter en chemin
Un parfum que l'air nous dérobe !
Oh ! qu'on aime à les voir souvent
Avec leur gaîté claire et blonde !
Comme, avec leur sourire au vent,
Chacun ferait le tour du monde !
Jusqu'au jour où, peu résolus
A trottiner, trotter sans cesse,
De par la faveur d'une. altesse,
Les beaux trottins ne trottent plus.
Ce sont là des versiculets légers, faciles à mettre en musique ; beaucoup d'autres sont de la même famille et pourraient servir de couplets à des romances de beuglants qui seraient frontispicées d'un dessin suggestif à la façon de M. Jean Béraud, le grand provocateur de la chromolithographie contemporaine et le maître de l'article de Paris.
Mais les Trottins, lors d'une grève récente des Demoiselles de la couture, ont eu mieux que la chanson sentimentale. Ils ont obtenu la Marche Révolutionnaire des Couturières et des camelots vendirent et chantèrent même dans les rues et carrefours une Carmagnole faite pour leur complaire :
Que demande un petit Trottin (bis)
De chez Worth ou de chez Paquin? (bis)
Un peu plus de salaire,
Moins de travail à faire,
Et trois coups de torchon,
Vive le son, vive le son,
Et trois coups de torchon,
Vive le son du violon !
L'Industrie a des chevaliers (bis)
Qui régalent leurs ateliers. (bis)
Mais, ô jeunes compagnes,
Il vaut mieux, hors du bagne,
Se nourrir de chanson !
Vive le son, vive le son,
Se nourrir de chanson,
Vive le son du violon !