mercredi 22 mai 2013

Léon Bloy écrit à Joseph Uzanne pour réclamer du vin Mariani : "Toutes les réclames vous seraient acquises pour tous les albums. La plus belle de toutes n'est-elle pas ceci que ma femme ne voit plus d'autre moyen de vivre que ce remède ?"


Mon cher Joseph Uzanne,

Nous voilà revenus de Danemark, à moitié morts. Voulez-vous nous faire envoyer sur le champ quelques bouteilles de vin Mariani ?
Toutes les réclames vous seraient acquises pour tous les albums.
La plus belle de toutes n'est-elle pas ceci que ma femme ne voit plus d'autre moyen de vivre que ce remède ?
Voici notre adresse nouvelle.
Léon Bloy
Consommateur de vin Mariani
9, rue Saint Laurent
à Lagny
Seine & Marne
Votre
Léon Bloy
15 avril 1901

Cette lettre se trouve jointe à un exemplaire du Désespéré (Paris, Crès, 1913) qui sera vendu aux enchères le lundi 27 mai 2013 par Savoie Enchères (Chambéry). La photographie de l'autographe est celle fournie par l'étude sur son site internet.

Joseph Uzanne était le petit mamamouchi de la maison Mariani (un esclave dira son frère Octave en privé) juste derrière le grand patron Angelo Mariani. Directeur de la publicité aussi bien que Directeur des publications et Rédacteur en chef des Notices biographiques des Albums Mariani, autrement appelés Figures Contemporaines (14 volumes publiés entre 1894 et 1926 - avec une large interruption pendant et après la grande guerre).

Ce n'est pas la seule fois que Léon Bloy (*) fait appel à Joseph Uzanne pour le dépanner en vin Mariani. On en trouve plusieurs mentions dans son Journal inédit et dans sa correspondance. Mais il n'est pas question seulement de vin entre Uzanne, Bloy et Mariani, mais aussi d'argent.

En juin 1902 Bloy écrit dans son journal : "Lettre de Joseph Uzanne en réponse à l'envoi de l'Exégèse. Il m'annonce six bouteilles de Mariani pour ma femme. (...) Bloy écrit plus loin qui pense à demander de l'argent à Joseph Uzanne. Il est sans le sou. En Juillet 1902 Bloy écrit : "Je suis invité à retirer un télégramme venu en mon absence. J'y cours. C'est Uzanne qui m'informe que je recevrai cent francs envoyés par Mariani."

En décembre 1902 il écrit encore : "A 9 h le facteur me demande ma signature. Encore une ironie. C'est Uzanne qui renvoie mon portrait en demandant une signature pour la notice de Jeanne, disant que le ton un peu amer de ce travail, qu'il croit être le mien, ne peut pas être épousé par l'anonyme et mielleux auteur des autres notices. Soit. Jeanne signera son oeuvre. Ce pharmacien de Mariani voudrait des lavements. Telle est sa conception littéraire. Réponse à Uzanne. Je lui apprends que la notice est de ma femme qui consent à la signer si on veut lui envoyer une nouvelle caisse de Mariani. (...)"

Le 28 octobre 1896 Bloy avait eu le secours de 10 francs par Joseph Uzanne en échange de livres dédicacés.

Le 14 octobre 1902 Léon Bloy rend visite à Joseph Uzanne (Boulevard Saint-Germain) et ce dernier lui explique que Mariani n'est pas riche. Joseph Uzanne promet du vin Mariani pour la femme de Bloy qui est, selon ses propres mots singulièrement débilitée en ce moment. Bloy n'est pas toujours tendre avec Uzanne dont il note les retards ou les oublis de livraison de vin Mariani dans son journal. Le petit Uzanne comme l'appelait Léon Bloy dans son journal.

Nous reviendrons prochainement sur les relations entre Léon Bloy et Joseph Uzanne (et Octave Uzanne).

Bertrand Hugonnard-Roche


(*) Léon Bloy (1846-1917) Lire à son propos un article récent par Pierre Assouline dans la République des Livres

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