dimanche 31 mars 2013

L'imprimeur Claude Motteroz écrit à Octave Uzanne (2 octobre 1890) : « [...] les quelques raffinés d'imprimerie dont vous êtes le drapeau [...]. »


Portrait photographique de l'imprimeur Claude Motteroz (1838 ? - 1909)
repris en photogravure, tiré en bistre, en madaillon,
en haut à gauche du papier à lettre.
Octave Uzanne a ajouté son nom de sa main
(comme il le faisait presque systématiquement de tous les courriers reçus)


Le Paroissien du Célibataire d'Octave Uzanne sort des presses de May et Motteroz (ancienne Maison Quantin, May et Motteroz directeurs - 7, rue Saint-Benoît) le 10 décembre 1890. Le volume est donc probablement déjà en train lorsque l'imprimeur Motteroz écrit la lettre ci-dessous à Octave Uzanne.

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Collection B. H.-R.
Paris 2 octobre [18]90

Cher Monsieur Uzanne,

Votre intention de reproduire une partie de l'article Bassett (1) est aimable, comme tout ce qui me vient de vous ; mais comment m'y prêter : j'ai prié le Bulletin de l'Imprimerie (Guasco) de ne pas embêter ses lecteurs avec ce développement exotique de la motterozomanie - vous savez de qui est le mot (2).
Impossible d'accepter d'un côté ce que j'ai refusé de l'autre. De plus, j'ai l'honneur d'être votre imprimeur ; tout ce que vous mettriez à propos de moi passerait pour simple condescendance.
Ce motif m'a fait jusqu'ici prier Charavay de ne rien laisser passer me concernant dans son Imprimerie (3).
Il est préférable, s'il y a quelque chose à dire du bonhomme, d'attendre que, lui n'étant plus là, ses ennemis soient disposés à répondre au moins Amen, s'il y a lieu.
D'ici là, les quelques raffinés d'imprimerie dont vous êtes le drapeau, en me donnant un peu de leurs sympathies, me font beaucoup oublier les sentiments contraires que je trouve chez presque tous mes confrères.
Donc, merci pour votre très flatteuse proposition ; mais, si je ne puis l'accepter, elle me fait encore davantage, s'il est possible, votre cordialement dévoué.

Motteroz (4)


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Ce courrier montre en M. Motteroz un homme humble, soucieux de ne pas faire parler de lui plus qu'il ne faut, cherchant à ménager les susceptibilités. Il ne semble pas qu'Octave Uzanne ait finalement donné suite à l'article de Bassett concernant M. Motteroz, sur le conseil avisé de ce dernier. Sans doute Uzanne avait-il l'intention de reprendre l'article de John Bassett dans sa revue bibliographique Le Livre moderne.

Bertrand Hugonnard-Roche


(1) John Bassett, Eminent living printers, Chicago, 1890. Série de biographies des plus importants imprimeurs du moment. Jean-Claude Motteroz y est présenté.
(2) C'est Uzanne qui, fidèle à son habitude de forgeur de néologismes, a dû écrire ou dire un jour motterozomane ou motterozomanie.
(3) Eugène Charavay, fils de Gabriel Charavay était alors directeur du journal L'Imprimerie.
(4) Le typographe Jean-Claude Motteroz, qui avait commencé à travailler dès l'âge de 8 ans, exerça tous les métiers manuels ou presque, d'estampeur à maçon, en passant par la serrurerie et peu de temps — il se rattrapera plus tard — par la typographie, où on le vit compositeur typographe. Après quelques autres métiers, il se consacra à la seule typographie. Compositeur à Saint-Étienne, puis à Lyon, lithographe à Paris, presssier à Dijon, il s'installa à Paris et devint chef conducteur chez Gauthier-Villars, chez Jules Claye, dans d'autres imprimeries encore. En 1863, il fonde, avec Gabriel Charavay, L'Imprimerie, journal de la typographie, de la lithographie et des arts accessoires, où il publiera d'importants articles. En 1873, Hippolyte Marinoni (1823-1904), inventeur de machines à imprimer, plus tard patron du Petit Journal, fait appel à lui pour perfectionner sa nouvelle machine rotative à papier sans fin. Il va l'aider à créer sa première imprimerie, installée d'abord rue Visconti, avec un atelier d'héliographie pour les reproductions de textes, dessins et manuscrits, déménagée rue du Dragon, puis 54 bis rue du Four. En 1877, peut-être avant, il imprime sa marque. Se donnant la devise : TU PENSES J'ŒUVRE, Claude Motteroz se plaçait, à juste titre, sur un plan d'égalité avec les auteurs, construisant une page comme un écrivain construit un paragraphe ou un chapitre de roman, jouant avec le matériel typographique comme un auteur joue avec les mots. Un écrivain se reconnaît à son style, on reconnaissait Motteroz à ses initiales, ses vignettes, à des accolements fantaisistes de caractères ; il avait aussi, en 1881, inventé un caractère de labeur en transformant le trop classique Didot. Influencé dans sa jeunesse par la typographie romantique, il garda toute sa vie le goût d'une ornementation florissante. Imprimeur de livres, il ne dédaigna pas d'imprimer des catalogues pour les premiers magasins de nouveautés, La Ville de Saint-Denis, Le Petit Saint-Thomas, Le Printemps. Timide encore dans l'impression de ces catalogues, il affirmera sa personnalité lorsqu'il imprimera des publicités pour Marinoni, Hetzel, pour les Imprimeries-Librairies réunies. Son élève, le typographe Francis Thibaudeau (1860-1925) admirait son art de faire parler des papiers qui, en effet, devaient s'imposer pour être efficaces : annonces, catalogues, circulaires, prospectus. Quelques fusions d'imprimeries plus tard, en 1897, le voici directeur des Librairies-Imprimeries réunies. On emprunte la conclusion à l'article de Francis Thibaudeau, Motteroz le Typographe (Annuaire graphique 1910-1911), qui fut à l'origine de ces quelques lignes sur Motteroz : « Cet homme bon, ce grand honnête homme, après avoir connu l’aisance, retomba […] à l’état d’extrême pauvreté ; il dut cette catastrophe à un excès de probité commerciale qui honore sa mémoire mais dont on trouverait peu d’exemples […] tout ce qu’il lui avait été permis de conserver comme livres et mobilier fut dispersé au hasard des enchères ». Claude Motteroz fut l'un des imprimeurs d'Isidore Liseux. Quelques pages lui sont consacrées dans Paule Adamy, Isidore Liseux 1835-1894 Un grand "petit éditeur", Bassac, Plein Chant, 2009. [Notice extraite du site de l'éditeur Plein Chant. Source : http://www.pleinchant.fr/marginalia/2013marginalia/motteroz/pageune.html].

samedi 30 mars 2013

Impressions émues d'Octave Uzanne aux obsèques de Stéphane Mallarmé (septembre 1898).

Octave Uzanne publie une chronique dans l'Echo de Paris du vendredi 16 septembre 1898 « Visions de notre heure, Choses et gens qui passent » dans laquelle il décrit les obsèques de Stéphane Mallarmé à Valvins en bordure de la forêt de Fontainebleau. Mallarmé y est mort le 9 septembre.

Mallarmé dans son intérieur de Valvins
11 septembre. - Adieux à Mallarmé. - Il y a quelques semaines [voir notre précédent billet], après avoir passé d'heureuses et bienfaisantes journées en la compagnie du doux et enveloppant Stéphane Mallarmé, je disais ici la fraîcheur et le quiétisme de sa retraite, la bonne grâce souriante du maître auréolé d'une lumineuse sérénité, dont la politesse et la bienveillance avaient conservé la jeunesse et aplani les rides.
Ce lui fut un savoureux plaisir, nous écrivait-il le lendemain, de voir à son gré son cher Valvins exprimé en un paragraphe louageur ; il lui semblait qu'il en restât quelque chose à sa rivière et à ses feuilles, et son âme charmante se complaisait à ce souvenir cependant discret d'un compagnon de passage épris de sa biendisance et de sa philosophie.
Pourquoi faut-il, hélas ! que le chagrin soit tapi jalousement à l'ombre de toute joie et que notre optimisme reste sans cesse menacé ? - Le rare musicien des mots que fut Mallarmé, le chef vénéré des libres disjonctions du vers, l'initiateur des doctes orchestrations du verbe, s'en est allé soudain, foudroyé par un mal anonyme, dans l'accalmie, le ronronnement de rêve, la béatitude de sa vie tour à tour laborieuse et contemplative.
Par cette torride journée septembre, embrasante après-midi d'un faune, au milieu de la gaieté qui monte des berges peuplées de promeneurs du dimanche et de patients pêcheurs à la ligne, nous traversons, venant de Fontainebleau, dans un break chargé de camarades, ce paisible pont de Valvins où, le mois dernier, sous l'ombrelle blanche et verte, j'aimais à surprendre sa silhouette familière, lorsqu’il se dirigeait à ma rencontre vers l'auberge où je gîtais.
Là-bas, au delà du fleuve, derrière les rouges dépôts de briques accumulées, en bordure de sa maisonnette aux volets clos, règne un anormal mouvement. Des voitures sont alignées, des visiteurs arrivent d'un pas inquiet et ralenti et se rassemblent pour saluer le départ du regretté maître, si obscur et si mystérieux pour le profane, mais qui se révélait si profondément à tous ceux qui savaient frotter du phosphore de leur entendement le vigoureux relief de ses phrases.
Il ne faut pas seulement lire Mallarmé, qui fut si peu livrier au sens librairesque du mot ; il faut plutôt écouter et sentir les sons et les parfums qui s'exhalent du carillon de ses vers et s'évaporent du bouquet de ses rythmes.
Déjà nous voici devant le petit banc vert sur lequel s'agitèrent tant de controverses d'art. Le menu jardin qui préface la demeure est envahi comme pour une partie en forêt. Par l'escalier extérieur, chacun gravit pour porter ses condoléances aux deux malheureuses femmes, épouse et fille du poète, qui vivaient si parfaitement fortunées dans son rayonnement d'affection et de bonté. Sur le sable blond de l'allée, à l'ombre de troènes, le cercueil de notre ami repose, couvert d'un drap blanc qui disparaît sous un amas de fleurs librement disposées, largement épanouies. De larges couronnes nouées de satin, celle de la Revue blanche et de la Revue mauve ou Mercure de France, disent la vénération de la jeunesse littéraire militante, de cette génération en marche qui bientôt remplira Paris de noms nouveaux, d'idéal et d'esthétisme inédits.
Des poignées de main, des interrogations s'échangent sur l'origine de ce deuil imprévu ; la mort ne livre pas ses secrets que les médecins croient interpréter d'un mot quelconque. Les yeux rougis de certains assistants familiers du défunt brillent fixement comme des foyers de prières silencieuses ; d'autres expriment avec moins d'intensité le doux désespoir de cœurs résignés.
La cérémonie dépourvue des funèbres vulgarités de coutumières obsèques, est d'une ineffable, d'une grandiose et pénétrante poésie. Le char de fleurs se met en marche dans la campagne embrasée. A l'église de Samoreau, où l'on s'attarde, le tableau apparaît comme mis en scène avec un art infini et touchant. On dirait d'un sujet de genre à la façon de Tassaërt ou de Hawkins, avec un rappel de campagne anglaise, de décor simple, presque shakespearien.
La petite chapelle, plantée de biais sur la droite, a sa porte largement ouverte au delà de laquelle se voient les vitraux multicolores des ogives intérieures, et sous les quinconces de la place villageoise, les ondes sonores des chants liturgiques parviennent sans atténuation aux oreilles de ceux qui ont dû rester au dehors, proche des fermes, du chant des coqs et des mugissements du bétail.
Alors que vers le cimetière, dont on voit les noirs cyprès au loin, le convoi reprend sa marche, suivi de littérateurs de plusieurs générations, de peintres impressionnistes, de jolies femmes en toilettes de campagne et d'humbles paysans à la démarche rigide et lourde, nous nous disons que notre cher Stéphane Mallarmé avait les obsèques qu'il eût désirées, que ce parfait honnête homme restait aimable dans la mort, que son sourire affectueux semblait planer encore sur nous, tant la nature toute entière lui ressemblait, à cette heure reposée et apaisante, et, comme Requiem sur sa tombe, je songeais aux vers de son Apparition :

... J'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

L'air, disait Longfellow, est plein d'adieux aux poètes qui meurent.

La Cagoule [Octave Uzanne]


(*) Réimprimé en volume dans Visions de Notre Heure, Chose et Gens qui passent. Notations d'art, de littérature et de vie pittoresque. 1897-1898. Paris, H. Floury, 1899, pp. 211-214.

Villégiatures en forêt et sur Seine : impressions d'une visite à Stéphane Mallarmé (12 août 1898).


Maison de Mallarmé près de Valvins 
(située à quelques kilomètres de Fontainebleau, au Pont de Valvins, sur la commune de Vulaines)


Octave Uzanne publie une chronique dans l'Echo de Paris du vendredi 19 août 1898 « Visions de notre heure, Choses et gens qui passent » dans laquelle il décrit sa visite à Stéphane Mallarmé à Valvins en bordure de la forêt de Fontainebleau. Mallarmé y meurt le 9 septembre, quelques semaines seulement après le récit de la visite qu'en fait ici Uzanne.

« 12 août. - Villégiatures en forêt et sur Seine. - Valvins, que des ironiques riverains osent nommer Vavins-les-Bains, Valvins-sur-Seine, en bordure de la forêt de Fontainebleau ; toute une courbe du fleuve entre Thomery et Héricy, avec les jolies blancheurs des Plâtreries dans le soleil, un pays calme, de beauté, de repos que fréquentent des Anglais, que peu de Parisiens connaissent.
J'y venais jadis au temps ou Adrien Marx y menait grand train en son petit palais d'été, où le graveur Prunaire recevait des artistes en sa maisonnette de la rive droite, dissimulée dans un long boyau de jardin taillé dans la plaine en morceau de fromage de Brie. J'y revins chez le sculpteur Godebski avec Rops, Haraucourt, A. Silvestre, les Natanson. C'est bien le coin charmant qui invite à un temps de repos entre deux voyages à l'étranger.
Actuellement, non loin du pont aux arcatures de fonte, derrière un dépôt de briques rouges et de tuiles, se dissimule la maisonnette aux volets verts, la paisible thébaïde du doux, du charmeur, de l'apaisant et parfait Stéphane Mallarmé.
Depuis vingt ans, chaque été, il vit là, le poète de l'Après-midi d'un faune, tout à son oeuvre et à son rêve, donnant par sa quiétude souriante et son expression de bonheur enclos dans une seule religion d'art, l'envie d'une semblable réclusion aux rares amis qui le visitent.
Dans le minuscule jardin en fichu qui, derrière la grille, péristylise sa demeure, notre cher Stéphane apparaît toujours de même, dans un décor de fleurs, vêtu de son costume forestier, le châle fixé aux épaules pour parer à ses frilosités, la cravate lâchement nouée au col, le visage rose, accueillant, bienveillant et bienheuré, l’œil mobile, bon, écouteur et comme allumé de facettes diamantées d'esprit.
C'est une ineffable griserie intellectuelle d'écouter ses dires lentement, sobrement, délicatement exprimés, son verbe souple, caressant, d'observer sa dextre, accentuant d'un geste précis ses théories et ses souvenirs, ou bien de suivre son attentive physionomie noyée à demi dans la fumée de la pipe, lorsqu'on lui conte quelque grandiloquente fantaisie de Villiers de l'Isle-Adam, de Flaubert, de Whistler ou de d'Aurevilly. [...] ».


La Cagoule [Octave Uzanne]


(*) Réimprimé en volume dans Visions de Notre Heure, Chose et Gens qui passent. Notations d'art, de littérature et de vie pittoresque. 1897-1898. Paris, H. Floury, 1899, pp. 198-200. L'extrait cité ci-dessus se poursuit quelques lignes encore avec la visite non loin de là, près de Samois, à son ami Elémir Bourges « depuis dix années déjà évadé du bagne parisien » (nous y reviendrons bientôt).

vendredi 29 mars 2013

Une lettre de Stéphane Mallarmé à Octave Uzanne. Sans lieu [Paris, cachet de la poste Rue des Batignolles], dimanche 26 janvier 1890. Il demande à Uzanne de l'inscrire à un dîner.


Stéphane Mallarmé (1842-1898)
photographié par Nadar


Actuellement en vente sur le site internet de la librairie KOTTE Autographs, une lettre autographe de Stéphane Mallarmé à Octave Uzanne.

Description du libraire :

Mallarmé, Stéphane, poète français (1842-1898). L.A.S. Adressée à Octave Uzanne. Sans lieu [Paris, cachet de la poste Rue des Batignolles], dimanche 26 janvier 1890. 1 page, in-12.

« Mon cher Monsieur Uzanne, Veuillez m’inscrire, tout en retard que je suis, parmi ceux du dîner à Bauchar, et accepter mon cordial serrement des mains. Stéphane Mallarmé »

Prix demandé : 12 500 euros

[fin de la fiche du librairie] (*)

On sait qu'en cette année 1890 Octave Uzanne organisa plusieurs « dîners occultes » rassemblant plusieurs personnalités des arts et des lettres, tels Claude Monet, Paul Cézanne, Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau, J.-K. Huysmans, Maurice Bouchor, etc. On ne sait rien de ces dîners seulement mentionnés ici ou là dans quelques rares correspondances ou notes.

Ainsi Octave Mirbeau écrit-il de son côté à Stéphane Mallarmé, vers le 15 avril 1890 :

 « Cher ami,
Monet et moi nous irons au dîner du 18. J'aurais grande joie à vous y rencontrer [...] ».

Octave Mirbeau, pas toujours très sympathique écrit aussi à Gustave Geoffroy le 17 avril 1890 :

« Mon cher ami,
Demain soir Monet et moi allons à Paris dîner à cet imbécile de dîner occulte. Vous seriez bien gentil de venir nous y demander de très bonne heure, vers les 9 heures et 1/2 si vous pouvez. [...] P.S.  Le dîner se tient au café Riche ».

D'après la lettre de Mallarmé citée plus haut, il semble donc que ces dîners aient commencé, s'ils s'agit bien du même type de dîner, dès fin janvier ou début février 1890. Quand au terme « Bauchar », il reste énigmatique, n'ayant rien trouvé de concordant. Ne pourrait-il s'agir de « Bouchor » (allusion à Maurice Bouchor qui était également convive des dîners occultes organisés par Octave Uzanne) ? N'ayant pas la graphie de Mallarmé sous les yeux ... le doute subsiste.

Bertrand Hugonnard-Roche



Cette lettre se retrouve proposée par la maison de vente américaine RRauction sous le numéro #858 de la vente du 13 novembre 2013, avec le descriptif et la photographie suivants : 

Major French symbolist poet and critic (1842–1898) whose work anticipated and inspired several revolutionary artistic schools of the early 20th century, such as Dadaism, Surrealism, and Futurism. ALS in French, one page, 8 x 6.25, January 26, 1890. Letter to French bibliophile Octave Uzanne. In full (untranslated): “Veuillez m’inscrire, tout en retard que je suis, parmi ceux du di^ner a` Bauchar, et accepter mon cordial serrement des mains.” Also addressed on the reverse in Mallarme’s hand. In fine condition, with a tiny tear to the bottom and show-through from postmarks. RR Auction COA.

Prix de départ : $ 200


Photographie RRauction 2013


(*) site internet http://www.autographenhandlung.de/ consulté le vendredi 29 mars 2013. (Art. 48966)

L'appartement d'Octave Uzanne à Saint-Cloud (62, Bd de Versailles) enfin localisé avec précision !


L'appartement d'Octave Uzanne à Saint-Cloud retrouvé !
Cartes postales anciennes vers 1910-1915


Octave Uzanne écrit à son frère le [jeudi] 13 août 1908 ; son déménagement à peine achevé sur les hauteurs de Saint-Cloud :

« Je pensais pouvoir te téléphoner de chez mon quincaillier en bas de chez moi, hier mercredi, mais la besogne ne me permit de sortir. Comme je dors merveilleusement, je me repose assez confortablement pour poursuivre au bon air mon installation – D’ici quinzaine tout sera à peu près en ordre [...] ». (*)


Photographies Google Map (mai 2008)
La pharmacie en travaux ...


Pharmacie des Hauts de St Cloud Selas
86 Bd de la République
(anciennement 62 Bd de Versailles)

Nous avons été un temps trompé car le Boulevard de Versailles a été renuméroté lors de son nouveau baptême sous le nom de Boulevard de la République certainement vers la fin des années 30. Donc le 62 Bd de la République actuel correspond en réalité au 38 Bd de Versailles ! Il nous fallait donc remonter le Boulevard pour retrouver le 62. Nous avons cherché dans les adresses de magasin, fouillé, et nous avons finalement retrouvé un hypothétique 62 Bd de Versailles à l'angle dudit Boulevard et de la rue Coutureau. C'est bien une quincaillerie (et une pharmacie) qu'on voit dans les années 1910 au rez-de-chaussée de cet immeuble avec une baie vitrée montée sur bois extérieurs en façade (2e et 3e étage). Le rez-de-chaussée est  encore aujourd'hui occupé par une pharmacie. Nous avons la chance que ce bâtiment et sa baie extérieure en bois existent toujours, très peu modifiés (voir photo).

C'est donc bien là (actuel 86 Boulevard de la République) qu'Octave Uzanne vécut entre le mois d'août 1908 et sa mort à la fin du mois d'octobre 1931.

Mission accomplie !

Bertrand Hugonnard-Roche 


(*) Fonds des Archives de l'Yonne, coté 1 J 780, legs Y. Christ, Correspondance active d'Octave Uzanne avec Joseph son frère (et à divers).

L'édition de La France juive en 1886 : la librairie Ernest Flammarion, Darantière imprimeur à Dijon, Edouard Drumont et Octave Uzanne (d'après Elisabeth Parinet).

A-t-on tout dit sur l'historique de la publication de La France Juive d'Edouard Drumont en 1886 ? Certes non, beaucoup de choses restent encore à découvrir au gré des archives perdues et retrouvées.
Cepedant l'historique le plus complet tracé à ce jour est celui donné par Elisabeth Parinet dans son histoire de La Librairie Flammarion (*) publiée en 1992.
Nous donnons ci-dessous les extraits qui nous intéressent dans le chapitre intitulé Editeurs de Drumont :

« L'édition de La France juive fut-elle un signe de cet « éclectisme » revendiqué par Ernest Flammarion ou une preuve de sa sympathie pour l'antisémitisme ? Il semble bien qu'elle ne fut ni l'un ni l'autre. En effet, les conditions de publication du livre de Drumont montrent que Marpon et Flammarion accueillirent sans déplaisir le succès que rencontra le livre, mais qu'ils n'avaient rien fait pour le susciter.
En 1885, Edouard Drumont est un journaliste qui écrit dans Le Monde, quotidien conservateur de petite audience, après avoir collaboré à l'Univers, au Bien Public, au Gaulois, au Nain jaune. Ses articles ne lui valent pas plus de célébrité que les deux livres qu'il a déjà publiés : un livre nostalgique de souvenirs historiques, Mon vieux Paris, paru en 1878 chez Charpentier, puis un roman, Le Dernier des Trémolin, publié en 1879 par Palmé.
Il cherche un éditeur pour son nouveau livre, La France juive et essuie plusieurs refus. Alphonse Daudet dont il est un grand ami depuis plus de dix ans, décide de s'entremettre auprès de Charles Marpon.
« Mon père », se souvient Léon Daudet, « croyait au succès, en dépit des dimensions de l'ouvrage qui comportait deux forts volumes. Il finit par emporter la décision de Marpon qui avait confiance en son jugement. »
Ce ne fut pas sans difficultés ni conditions :
« Cet excellent Marpon avait une façon funèbre de prononcer : "Deux volumes" Il demandait ce qui allait nous arriver et il insistait d'un air inquiet "Vous répondez des procès, n'est-ce pas ?". »
Puisque Daudet, auteur à succès depuis la publication de Fromont jeune et Rissler aîné, se porte garant pour son ami, l'affaire est conclue : Marpon et Flammarion se chargeront de la distribution du livre dont tous les frais (impression, publicité, etc.) seront supportés par Drumont. La concession faite à Daudet est mince !
L'auteur se met aussitôt en quête d'un imprimeur et demande conseil à Octave Uzanne dont les confidences sont rapportées par Edmond de Goncourt : « C'est Uzanne qui a trouvé à Drumont un éditeur à Dijon, un certain Darantière. Ça faisait d'abord 4 volumes que Uzanne affirme avoir corrigés et réduits à deux. »
Les propos sont ambigus et peuvent laisser croire à une participation d'Uzanne à la composition du livre ; or, s'il a bien joué un rôle actif d'intermédiaire entre Drumont et Darantière, ses conseils semblent être restés purement techniques ; mais une fois le succès venu, les rapports s'étant considérablement détériorés entre les trois intéressés, Uzanne est peu-être enclin à surestimer le rôle qu'il a joué.
Le premier devis qu'obtient Uzanne est sans doute trop élevé pour les finances de l'auteur puisque, dans une lettre du 2 décembre 1885, l'imprimeur expose comment « on pourrait encore baisser, s'il était absolument nécessaire » en jouant sur la qualité du papier et, quinze jours plus tard, Uzanne donne à Drumont une dernière estimation à 5 000 F, assortie de conseils de mise en page pour économiser le papier (**). Drumont donne son accord, et commencent ses angoisses :
« Beaucoup de politiciens et de financiers étaient mis en cause, des procès en diffamation étaient à craindre et Drumont n'avait pas un sou. Il alla mettre des cierges à Sainte-Clotilde, sa paroisse (...) Le livre parut enfin. Pendant une dizaine de jours, silence complet. »
Drumont a beau morigéner son éditeur, personne ne semble remarquer « ces deux volumes qu'on se préparait à descendre dans les caves puisqu'on en avait vendu pendant la première semaine 25 exemplaires sous les galeries de l'Odéon » et Drumont considère ses « chétives économies » comme définitivement perdues. Alors, « Alphonse Daudet qui voyait son ami se désoler, alla trouver Magnard, directeur du Figaro. (...) Quelques jours après paraissait un article de tête, bref et cinglant. » Ce « papier », comme on dit, fit un bruit énorme, comparable à celui de la trompette de Jéricho. Des piles de France juive s'écoulèrent d'abord sous l'Odéon, puis dans toutes les librairies de Paris, notamment chez Achille, boulevard des Italiens, qui donnait le mouvement aux nouveautés. Les uns criaient au chef d'oeuvre. D'autres, les amis d'Israël, criaient : C'est affreux. C'est le Bottin de la diffamation. »
L'article de Francis Magnard, paru le 19 avril, a entraîné la publication de nombreux comptes rendus dans les journaux de toute tendance politique, parmi lesquels Drumont distinguera plus tard La Croix « qui a tant contribué à faire connaître (son) livre ». Mais, si décisif qu'ait été l'article du Figaro, il semble que le bouche-à-oreille avait commencé à fonctionner avant sa publication puisque les archives Flammarion conservent deux lettres de collaborateurs du Gaulois, l'une de Louis Teste, l'autre d'Yveling Rambaud, réclamant dès le 18 avril un exemplaire du livre pour en faire le compte rendu.
Le 22 avril, Drumont peut triompher : « Il n'y a plus un seul exemplaire, les deux mille sont partis. Marpon me presse de retirer ... on va mettre huit machines ! »
Enfin, le duel avec Arthur Meyer, le 27 avril, et la polémique qui le suit amplifient encore le mouvement d'intérêt, comme le rapporte La France, qui se montre ici bien informée :
« M. Drumont a fait tirer tout d'abord de son ouvrage 2 000 exemplaires. En douze jours, il en a vendu 500. Il a fallu que les intéressés protestassent pour que le public apprît l'existence du pamphlet et l'achetât.
Le jour où Le Matin annonça que M. Edouard Drumont avait reçu deux provocations, les 1 500 exemplaires de La France juive qui étaient restés sur les rayons de MM. Marpon et Flammarion et qu'on se préparait à descendre dans les caves, les 1 500 exemplaires furent enlevés. Pendant les journées suivantes, les commandes affluèrent. Aujourd'hui, plus de 20 000 volumes sont achetés à l'avance et à chaque heure il arrive de nouveaux ordres de Paris, de province, de l'étranger. »
Les 2 000 exemplaires imprimés par Darantière ne suffisant plus, Marpon et Flammarion se sont aussitôt montrés prêts à prendre en charge la réédition du livre. L'imprimerie Lahure va reprendre la tâche ; c'est l'imprimeur attitré de Flammarion et sa situation à Paris évite les problèmes de transport à un moment où il faut produire et livrer très vite, tant la demande est forte mais (peut-être) passagère. Le 23 avril, Sénac accuse réception des empreintes que lui a fait parvenir Darantière :
« J'ai le regret de vous annoncer qu'elles sont mauvaises. Je vais cependant faire fondre mais j'entends de ne pas être rendu responsable soit du mauvais tirage soit du peu de service que feront les clichés. »
Il faut néanmoins régler la facture à Darantière qui n'a pas été encore payée. Or, Drumont conteste la note que lui présente l'imprimeur, épisode dont Edmond de Goncourt donne une version quelque peu partisane, sur la foi du récit d'Uzanne :
« Le livre paru, le livre vendu avec le succès qu'il a eu, Drumont, sans aucune reconnaissance de la confiante avance faite par l'éditeur, l'aurait marchandé ignoblement et lui aurait imposé une réduction qui lui imposait une perte dans la composition des quatre volumes primitifs. Au fond, cet éreinteur de la juiverie serait le plus terrible des Juifs. »
L'évidente acrimonie du chroniqueur, qui prend l'hypocrite précaution d'utiliser le conditionnel, le pousse à prêter une oreille complaisante à des propos qui déforment un peu la réalité. En effet, le 24 avril, Darantière, qui vient de transmettre les clichés du livre à Flammarion, envoie sa facture à Drumont et y joint un mot dont le ton ne dénote encore aucune rancœur :
« Je vous accuse réception de votre lettre, je croyais, en effet, devoir faire la seconde édition de votre vol. mais puisque vous en décidez autrement c'est sans doute pour l'excellentes raisons, je n'en suis pas moins très heureux de voir que vous êtes dans la nécessité de la faire aussi rapidement ; cela constate le très grand et très légitime succès de votre oeuvre. »
Il semble que, au vu de la facture, d'un montant de 7 506 F, Drumont ait été surpris et se soit fâché, arguant que les empreintes effectuées par Darantière sont de si mauvaises qualité que le nouvel imprimeur doit majorer ses prix. A partir de ce moment, les uns et les autres ont étalé des griefs dont il est difficile de déterminer le bien-fondé. Tout juste peut-on dire que Darantière ne fut sans doute pas aussi lésé que le suggère Goncourt et que le succès ne faisait pas perdre à Drumont le sens des réalités financières ! Finalement, Drumont abandonna le règlement de l'affaire aux soins d'Ernest Flammarion :
« Darantière écrit à Uzanne qu'il est prêt à donner quittance contre un chèque de 6 325 F sur Dijon. Faites si vous voulez un dernier effort pour transiger à 6 000 ; si Darantière refuse envoyez le chèque et finissons-en. Je compte sur vous pour terminer cette affaire d'ici 2 à 3 jours. »
Ce qui est fait, à la satisfaction de Drumont qui se plaint que Daranyière leur « ait tenu la dragée un peu haute ». Désormais, Flammarion a pris en main la destinée de La France juive et les intérêts de son auteur, qui ne cesse pas pour autant d'être actif [...] »

Elisabeth Parinet décrit ensuite le succès de La France juive : 65 000 exemplaires vendus en un an. Un succès à la hauteur d'un Zola ou d'un Ohnet. 200 000 exemplaires vendus avant 1914. Marpon et Flammarion ont signé avec Drumont un contrat avantageux puisqu’il touche 4 000 F pour les 3 000 premiers exemplaires, puis 75 centimes par volume, soit 1,50 F par livre vendu. En 1888 les droits passent à 1,75 F pour les deux volumes. Entre avril 1886 et juin 1891, Drumont toucha 100 500 F de Flammarion pour ce livre. L'éditeur, de son côté, fit un bénéfice brut de 165 000 F environ. 

Quel rôle a finalement joué Octave Uzanne dans l'impression des deux premiers mille de l'édition originale de La France Juive ? S'est-il effacé discrètement lorsque Darantière fut bousculé par Edouard Drumont ? Nous avons déjà donné la notice qu'Uzanne consacre à cette affaire dans le catalogue de la vente de ses livres en mars 1894. Pour en savoir plus il nous faudrait retrouver l'exemplaire cité de La France juive, truffé de lettres autographes relatives à cette entreprise éditoriale. Nous aurons très probablement encore à y revenir très bientôt.

Bertrand Hugonnard-Roche
Note : un lecteur attentif de ce blog nous informe : Arte a diffusé un reportage-téléfilm, qu'on peut encore voir en Vod (Arte+7), sur Drumont. Dans ce reportage, il est indiqué que c'est Alphonse Daudet qui a avancé l'argent nécessaire à la première publication, et qui a mis Drumont en rapport avec Marpon. [il semblerait qu'Octave Uzanne ne puisse être qu'un éternel oublié ... NDLR].

(*) La librairie Flammarion 1875-1914 par Elisabeth Parinet. IMEC Editions, 1992.
(**) Lettre inédite d'Octave Uzanne à Edouard Drumont, 17 décembre 1885. A. F.

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Octave Uzanne évolue encore sur la toile ! Avec la création du Groupe « Les Amis d'Octave Uzanne » c'est un espace documentaire 100% dédié à l'homme de lettres, au journaliste et à l'homme privé que je vous propose de rejoindre. La page Facebook qui lui était dédiée de manière éponyme continuera à diffuser des informations dans une moindre mesure.

Je vous invite donc à rejoindre nos rangs dès maintenant si Octave Uzanne vous intéresse, sa vie, son oeuvre, son époque.

Rejoignez-nous ICI

Au plaisir de vous lire !

Bertrand Hugonnard-Roche
Administrateur des Amis d'Octave Uzanne

mercredi 27 mars 2013

Jehan Rictus évoque avec Joseph Uzanne « le coeur délicat et généreux, l'ami fidèle des écrivains et des artistes. [...] du frère regretté »


Jehan Rictus (*), écrit à Joseph Uzanne et évoque le coeur délicat et généreux des frères Uzanne. Octave Uzanne est mort depuis un an et demi environ. Jehan Rictus meurt en novembre 1933.

Paris 22 juillet 1933

Mon cher Uzanne, j'ai été très touché de votre lettre, de vos compliments et de votre bon souvenir. Je n'aurais pas cru que la Légion d'Honneur conservait encore tant de prestige (car on l'a bien galvaudée) ni que je pus intéresser tant de gens connus et inconnus. Savez-vous que depuis le 13 juillet ; j'ai reçu une moyenne de 40 lettres par jour ? Et une foule de télégrammes, de cartes de visite, de pneumatiques, etc etc ? Je suis débordé, submergé, et peu à peu je réponds ... J'en ai pour un bout de temps à le faire ! Mais votre lettre est arrivée parmi les premières. Aussi je vous en remercie encore et vraiment je ne sais comment vous en exprimer ma reconnaissance. C'est vrai qu'il y a déjà pas mal d'années que nous nous connaissons et que j'ai toujours apprécié en vous, comme en votre frère regretté, le coeur délicat et généreux, l'ami fidèle des écrivains et des artistes.

Sur ce mon cher Uzanne avec mes remerciements renouvelés, acceptez mes meilleurs voeux et croyez moi votre fidèle et amical

Jehan-Rictus

8 R. Camille Tahan
Paris (18e)

(*) Gabriel Randon, dit Jehan-Rictus, né à Boulogne-sur-Mer le 23 septembre 1867 et mort à Paris le 6 novembre 1933, est un poète français, célèbre pour ses œuvres composées en langue populaire. Source : Wikipedia

mardi 26 mars 2013

Émouvante lettre d'Octave Uzanne à Georges Maurevert - Saint-Cloud, le 7 avril 1931 (6 mois avant sa mort) - Évoque Blaise Cendrars et Georgette Leblanc, et sa mort qu'il souhaite proche.


Collection B. H.-R.


Octave Uzanne meurt le 31 octobre 1931, soit un peu plus de six mois seulement après avoir rédigé cette émouvante lettre à son ami le critique et homme de lettres Georges Maurevert (déjà cité dans ce blog).

Uzanne a été très malade, a subi plusieurs opérations depuis plusieurs mois, avec de nombreuses et longues périodes en clinique à Saint-Cloud. S'il décrit ses graves ennuis de santé et ses sentiments de lassitude face à la vie qui s'efface peu à peu, il n'en perd pas pour autant l'envie de commenter l'actualité littéraire ni ses anciennes amitiés trahies par le potinage. Il évoque Blaise Cendrars mais ce sont surtout les Souvenirs de Georgette Leblanc, cantatrice, ancienne compagne de Maurice Maëterlinck, son ami, qui occupent ses pensées du moment.

Les passages soulignés dans le texte de la lettre ont été soulignés dans la transcription ci-dessous afin de respecter l'accentuation sur certains mots que souhaitait appuyer Uzanne (le mot pitoyable est quant à lui souligné deux fois).

Bertrand Hugonnard-Roche

*
**
*

Lettre d'Octave Uzanne à Georges Maurevert - Saint-Cloud, le 7 avril 1931

Je compatis d'autant mieux, cher vieil ami, aux ennuis de votre nouveau séjour en clinique, que j'ai connu, avant de subir l'énucléation prostatique « en un temps », des mésaventures trop longues à narrer ici - mais vous dirais-je que la vie de clinique ne m'est pas hostile ; que je supporte à merveille l'alitement même prolongé et que rien n'arrête mon goût d'écrire. - en situation horizontale - je n'ai pas raté un article ni avant ni après opération et je n'ai connu l'impuissance d'agir de ma plume que cette dernière période de maux qui m'ont mis en obligation de renoncer à tout, car je fus aussi mort qu'on peut l'être, sans arrêt total du moteur, vidé de toute force.
Je ne connais pas Blaise Cendrars. Il m'intéresse parce que très original et d'une personnalité qui surpasse celle des écrivains courants - J'ai acquis Rhum et ne le regrette pas car cette physionomie de Galmot m'a passionné vivement.
Oui, j'ai reçu le livre de Georgette. Je l'ai trouvé pitoyable, sans fierté et aussi sans intérêt véritable - Je lui ai écrit mon sentiment, brutalement. J'étais attristé de ces misérables « Souvenirs » et de l'ensemble des menus faits exposés - Georgette sera désormais, pour moi, ainsi que son frère des ennemis déchaînés, mais qu'est-ce que cela peut faire ? La préface de Grasset est grotesque et indique une incurable sottise chez cet éditeur.
J'écrirai un article vague, ne nommant personne, pour stigmatiser ces moeurs de femmes plaquées ou décollées par le temps, qui se racontent ainsi publiquement et comptent sur un succès de scandale ou de curiosité généralisée, ce qui ne saurait être - l'opinion ne marche pas dans la combine - Tous ces ragots l'embêtent ferme et cela est normal et logique - il n'y a là rien qui puisse accrocher notre esprit ni retenir notre attention.
Affectueux souvenirs, cher vieil ami. - Nous reverrons-nous jamais désormais ? Je crains que non, car je ne voyage plus. J'arrive au terme de mon transit, et je n'en suis pas fâché. Je n'ai plus rien à faire ni à dire qui m'exalte le moins du monde, la société actuelle m'est aussi étrangère que celle des Mèdes ou des Perses et j'ai vraiment envie de mourir tout comme on dit : « Je tombe de sommeil ».
Bons voeux de restauration définitive et affectueuse pression de dextre de votre très cordial ami.

Octave Uzanne

Octave Uzanne chez les Spartiates - « Les Spartiates de Paris » par Arsène Houssaye.


Arsène Houssaye (1814-1896)
Président des Spartiates


Octave Uzanne faisait partie du petit cénacle des Spartiates. Qui étaient-ils ?

Voici l'historique des Spartiates par Arsène Houssaye publié dans le tome cinquième de ses Confessions :

Les Spartiates de Paris

Faute de grandes dames pour réunir à sa table la belle compagnie littéraire et artistique panachée d'ambassadeurs, de ministres et de généraux, je créai la petite académie des Spartiates.
On a beaucoup parlé du dîner des Spartiates, dont on m'a donné la présidence, parce que je m'entends au brouet noir.
Cette année, quand Lord Lytton, un des nôtres, revint en France à titre d'ambassadeur, je lui écrivis que nous voulions commencer 1888 sous ses auspices. Il me répondit ainsi :

Ambassade d'Angleterre

Ce samedi soir.

Mon cher roi de Sparte,

La gracieuse salutation dont je viens d'être honoré de la part de Votre Majesté a bien réjoui le coeur de votre exilé.
Je ne suis arrivé ici qu'en particulier pour installer ma famille, et je repars demain matin, pour prendre congé de la Reine ; mais je compte être de retour le jour de l'an. Il me tarde de rejoindre mes compatriotes dans votre beau pays, et je prends pour témoin les dieux tutélaires de votre Sparte. Vous savez que, depuis treize ans, je suis resté votre sujet fidèle,

LYTTON.

Les armes de lord Lytton : couronne de marquis, portent cette devise : Hoc virtutis opus.
Le 17 janvier, le Figaro et le Gaulois publiaient notre histoire :
« Hier, les Spartiates de Paris ont donné, au Lion d'Or, un festin au brouet noir à leur fidèle Spartiate lord Lytton, ambassadeur d'Angleterre, qui est de la confrérie depuis quinze ans. Quand il était vice-roi des Indes, il envoyait tous les ans son toast à ses chers Spartiates. Mais donnons la parole à l'ancien président, l'historien du 41e Fauteuil de l'Académie française. Voici comment, hier, il a fait en quelques mots l'historique de ce fameux dîner :
« Après avoir porté à Lord Lytton un toast très chaleureux, il s'est fait ainsi l'historiographe des Spartiates :
« En 1869, à la veille des révolutions plus ou moins sociales, déjà nous songions à serrer les rangs, nous autres, pour qui les joies de l'esprit et des lèvres sont la seule ambition, et nous avons créé, Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor et moi, le dîner des Spartiates. On m'en donna la présidence, parce qu'on disait - dans ce temps là - que je portais bonheur (je n'ai pas l'orgueil de me comparer au cochon porte-veine). Le bibliophile Jacob, le duc de Persigny, Edmond de Goncourt, le comte Nigra, Henry Houssaye, Paul Baudry, le duc d'Acquaviva, voulurent être de la fête. Mal dîner cela les changeait.
« Il nous vint bientôt d'autres convives : Gaston Jollivet, le comte de Laferrière, Raoul Duval, du Boisgobey, Banville, Coppée, Dupray, Valfrey, Molinari, le général Read, le prince Galitzine, le général Schmitz, Ziem, pour finir par la dernière lettre de l'alphabet.
« Nous avions déjà deux ambassadeurs : Nigra et Read, quand Lord Lytton, vice-roi des Indes, voulut, pour changer son menu, prendre place à notre table. Nous élûmes ensuite Ferdinand de Lesseps, Dumas, Magnard, Jules Clarétie, Gaston Bérardi, Octave Uzanne, de Lescure, Albéric Second, le prince Stirbey, P. Gille, Meilhac, du Sommerard, Paul Perret, Monselet, Hérédia, Mitchell, José Paz et Bardoux, ci-devant ministre des lettres et des arts. Il y a aussi des absents : Lafayette, le marquis de Rougé, le baron de Heeckeren, Qui encore ? Madrazzo, si je me souviens bien.
« Par malheur, il y a des absents qui ne reviendront pas.
« Tous les jours au 41e régiment d'infanterie, à l'appel du matin, on ne manque jamais d'évoquer la figure de La Tour-d'Auvergne. Le sous-officier de semaine répond : « Mort au champ d'honneur. » Tradition sublime !
« Pourquoi ne ferais-je pas ici l'appel des soldats de la pensée, de nos amis les Spartiates qui sont morts au champ de gloire ? Théophile Gautier, Persigny, Paul de Saint-Victor, du Sommerard, le bibliophile Jacob, Albéric Second, Raoul Duval, Paul Baudry, Monselet et le duc d'Acquaviva.
« Tous ces noms, dignes du Livre d'or de l'Amitié, prouvent que, si les alouettes rôties manquaient quelquefois à notre table, l'esprit courait sur la nappe. C'a été, en effet, une encyclopédie vivante. Nous  nous sommes toujours placés au-dessus de toutes les politiques et de toutes les écoles, parce qu'il n'est pas un seul d'entre nous qui n'eût le haut scepticisme du dédain pour tout ce qui n'est pas l'éternelle vérité, c'est-à-dire la raison armée d'esprit.
« Cette académie des Spartiates a été créée, comme toutes les belles choses, sans préméditation. Dieu n'avait prémédité ni la vigne, ni la rose, ni la femme. On a mis en gerbes des amitiés franches comme le blé. Dans chaque génération, les esprits fraternels s'appellent les uns les autres, quels que soient le devoir, le travail, l’aspiration contraires. L'harmonie se fait par les oppositions. Nous sommes soldats et poètes, artistes et rêveurs, historiens et hommes d'état ; nous sommes un monde et non une secte ; nous touchons à tout.
« Et nous représentons tout, vraie synthèse de l'homme libre et vaillant. Ce nom de Spartiates, nous le méritons par notre mépris des préjugés, notre dédain des vanités - et surtout par la frugalité de notre dîner. - Cueillir l'heure, c'est la sagesse quand l'heure est charmante et que le brouet n'est pas trop noir.
« Les anciennes académies ont trop psalmodié le dialogue des morts.
« Savez-vous pourquoi ces académies sont tristes ? C'est parce qu'on n'y dîne pas.
« Ce qui fait la force de l'académie des Spartiates, c'est qu'elle ne siège qu'à table. Sa fourchette, c'est sa plume. Elle ne prononce pas d'oraisons funèbres, parce que ceux des siens qui tombent sur le champ de bataille de la vie se relèvent plus vivants dans le pays des âmes, qu'il ne faut pas confondre avec le pays des ombres.
« Nous voulons tous porter un toast à Lytton, non pas seulement parce qu'il a été vice-roi des Indes et qu'il est ambassadeur d'Angleterre, mais aussi, mais surtout parce que ce rare esprit, fils de Bulwer, ce grand cousin de lord Byron, est un des meilleurs écrivains de l'Angleterre de par la poésie, l'imagination, l'ironie et l'humour.
« Lord Lytton n'a-t-il pas créé toute une comédie humaine par ses fables lyriques où, comme La Fontaine, il a montré par les bêtes et les choses toute la folie et toute la sagesse de l'humanité. Ecoutez ces belles strophes, ne les dirait-on pas tombées de la plume d'or de lord Byron ? [suit un poème intitulé L'idéal et la possession]
« Mon toast à lord Lytton a été trop applaudi grâce à un dîner où il y avait pas mal de truffes hachées dans le brouet noir des Spartiates. Lord Lytton a répondu par une improvisation ruisselante d'esprit, de philosophie et d'humour.
Si on avait parlé politique, on aurait parlé de tout ; mais chez les Spartiates la politique, on aurait parlé de tout ; mais chez les Spartiates la politique reste dans l'antichambre. Lord Lytton avait dépouillé sa majesté des Indes et sa dignité d'ambassadeur pour reprendre son esprit ironique et sa verve byronienne.
A un autre dîner, j'ai rappelé que l'article 3 obligeait les Spartiates à faire un sonnet sans défaut ou un discours ne dépassant pas les quatorze lignes du sonnet sur les Spartiates partis pour l'autre monde. [suivent les sonnets et discours d'Arsène Houssaye pour Paul de Saint-Victor, d'Acquaviva, Persigny et Théophile Gautier].

[fin du chapitre VIII des Confessions d'Arsène Houssaye]

Octave Uzanne avait ouvert les colonnes de sa revue Le Livre (bibliographie rétrospective - pp. 359-363 - livraison de décembre 1881) au même Arsène Houssaye qui y présente le même discours que ci-dessous, à quelque variantes près. Houssaye y expose les lois du dîner des Spartiates qui tiennent en 4 articles, les voici :

Article premier.

« Le dîner des Spartiates, fondé pour dîner en causant - pour causer en dînant, - continuera à tenir ses assises chez Paul Brébant Ier, restaurateur des lettres.

Article II.

« Le nombre des sociétaires est de vingt ; les remplaçants seront élus par une majorité de quinze voix, sans vouloir faire les quinze-vingts.

Article III.

« Le Spartiate élu en remplacement d'un Spartiate parti pour l'autre monde sera obligé, à son premier dîner, de faire un sonnet sans défaut ou un discours en quatorze lignes sur les vertus de son prédecesseur.

Article IV.

« Un tout petit livre discret confié au secrétaire non perpétuel renfermera ces sonnets et ces discours qui marqueront un souvenir de brave amitié. On commencera par les épitaphes des quatre Spartiates qui manquent à l'appel, le duc d'Acquaviva, le duc de Persigny, notre très cher Théophile Gautier et notre très cher Paul de Saint-Victor. » [suivent les mêmes sonnets que ci-dessus].



Caricature d'Arsène Houssaye par André Gill


A quelle date Octave Uzanne a-t-il été adoubé chez les Spartiates ? Probablement peu de temps avant la date de publication de cet article dans le Livre, dans le courant de l'année 1881. Octave Uzanne introduisait ainsi le texte d'Arsène Houssaye :

« Les Spartiates de Paris sont des bibliophiles de race. A ce titre nous en parlerons ici, ou plutôt nous donnerons la parole à leur ancien président [Arsène Houssaye]. »

D'après divers témoignages, notamment ceux de Goncourt et d'Edouard Drumont, Uzanne était un assidu du dîner des Spartiates. Nous ne savons pas à quelle date se terminèrent les dîners des Spartiates. Uzanne y fut présent probablement de 1881 à 1889 ou 1890 puisqu'il y est décrit dans un article en tant que Président des Bibliophiles contemporains. Ces réunions dînatoires lui permirent d'ailleurs sans aucun doute de tisser sa toile bibliophilique et éditoriale tout au long de ces années au Livre chez A. Quantin.

Arsène Houssaye était de 37 années l'aîné d'Octave Uzanne. Ce dernier n'étant âgé que de 30 ans à peine lorsqu'il intègre les Spartiates. Près de deux générations d'écrivains séparent les deux hommes.

Bertrand Hugonnard-Roche

lundi 25 mars 2013

Octave Uzanne, Edouard Drumont, Les Spartiates et la France Juive (1886).

Edouard Drumont écrit une lettre à Salomon Reinach en date du 14 mai 1908, lettre qui sera publiée dans son livre de souvenirs intitulé Sur le chemin de la vie publié en 1914 (*). Cette lettre vise à faire tomber les affirmations de M. Salomon Reinach selon lesquelles le financement de la France Juive (1886) et la fondation de la Livre Parole, auraient été le fait de l'aide du R. P. Jésuite Du Lac et d'une manière plus générale par les Jésuites français. Drumont répond :

« [...] Tous vos collègues historiens de l'Académie des Inscriptions vous assureront que la meilleure méthode pour débrouiller une période d'histoire, c'est d'interroger les témoins vivants quand il y en a. Quant à moi, pour le point spécial dont je vous parle, je vous indique trois témoins : le Père du Lac, M. Joseph Odelin, Octave Uzanne. [...] Quant à mon excellent ami Octave Uzanne, il a été, avec Raoul Duval, le seul confident de mes intentions de publier la France juive. Expert en matière d'imprimerie, il m'a mis en rapport avec Darantière, imprimeur à Dijon, et il sait que j'ai publié mon livre avec mes seules économies de journaliste. Vous voyez, Monsieur, que votre affirmation ne repose absolument sur rien [...]. »

De cet extrait on retiendra qu'Octave Uzanne, encore « excellent ami » d'Edouard Drumont à la date de 1908, a pris une part importante sinon déterminante dans l'édition de la France Juive en 1886. On retiendra également que le nom de l'imprimerie Darantière apparaît comme un choix entièrement dicté par Octave Uzanne et les bonnes relations qu'il pouvait entretenir avec cette maison qu'il avait fait travailler plusieurs fois pour ses ouvrages.

Ailleurs dans ce volume, à propos des Spartiates, Drumont écrit :

« [...] Mon ami Octave Uzanne, un des fidèles et des assidus des Spartiates, a cette plaquette, mais il m'écrit qu'il est à Saint-Raphaël « en espalier au soleil » et naturellement il n'a pu me l'envoyer. »

S'adressant à son ami Gaston Joliivet, Drumont évoque les dîners des Spartiates :

« [...] Dîner des Spartiates, où nous nous réunissions jadis entre amis, et où pour la première fois j'annonçai que j'allais publier un livre sur les juifs. [...] C'était un dîner de fondation déjà ancienne quand je commençai à en faire partie [...] Le dîner était assez fermé dans un sens, mais très peu exclusif au point de vue des idées politiques ou autres. Des hommes très différents par la situation qu'ils occupaient dans la vie, avec la certitude que leurs propos ne seraient pas colportés partout. [...] Il y avait là l'ambassadeur d'Angleterre, Lord Lytton, poète dans sa jeunesse, et qui avec ses cheveux longs et ses yeux perdus dans le vague, ressemblait plus à un artiste incompris qu'à un membre du corps diplomatique. [...] » Drumont évoque encore le comte Nigra, Raoul Duval, Arsène Houssaye, le peintre Ziem, Dupray, Goncourt, Paul de Saint-Victor. Drumont écrit plus loin : « [...] Au dîner des Spartiates ne figurait aucun Juif et l'atmosphère n'était pas une atmosphère favorable aux idées cosmopolites et faussement humanitaires. Lord Lytton, le prince Galitzine, Nigra, Meredeath étaient des Anglais, des Russes, des Italiers, des Américains ; on était plein de courtoisie pour eux, on les aimait pour leurs qualités, mais on n'éprouvait pas le besoin de fraterniser avec toutes les nations et de boire tous dans le même verre. Chacun avait son verre. On plaisantait les financiers cousus d'or, on racontait à l'occasion des anecdotes sur les Rothschild ou des opérations fantastiques d'usuriers juifs. [...] »

Il est très intéressant de savoir qu'Octave Uzanne se trouvait au milieu de ses gens « admis à l'unanimité », dans ce bouillonnement d'idées à fois progressistes et réactionnaires, mélange savamment dosé de politiques et de littérateurs. Les réunions mensuelles avaient lieu chez Brébant autrement parfois appelés  « Dîners Brébant ». En 1875 les réunions se déplacent  « chez Laurent, des Champs-Elysées. » En 1888, le dîner est définitivement déplacé « Au Lion d'Or ». Nous n'avons encore que peu d'informations concernant l'intégration d'Octave Uzanne aux Spartiates, mais il apparaît d'ores et déjà évident que ce cénacle dut lui être d'un grand secours pour le placement de ses éditions de luxe et de ses abonnements de revue (Le Livre). Nous verrons très bientôt plus en détail cette aventure d'Octave Uzanne au sein des Spartiates.

A lire ou à relire :




Bertrand Hugonnard-Roche

(*) Edouard Drumont. Sur le chemin de la vie (souvenirs). Paris, collection « Les proses », Georges Crès et Cie, 1914 [achevé d'imprimer le 31 mars 1914], pp. 132-133, chapitre intitulé « Encore une légende à détruire » (lettre adressée à M. Salomon Reinach et datée du 14 mai 1908).

Note : Le 24 avril 1886, Darantière (imprimeur dijonnais) qui vient de remettre les clichés du livre à Flammarion, envoie sa facture à Drumont. Finalement Drumont abandonna le règlement de l'affaire aux soins d'Ernest Flammarion : Darantière écrit à Uzanne qu'il est prêt à donner quittance contre un chèque de 6 325 F sur Dijon. Faites si vous voulez un dernier effort pour transiger à 6 000 ; si Darantière refuse envoyez le chèque et finissons-en. Je compte sur vous pour terminer cette affaire d'ici 2 à 3 jours. (in la librairie Flammarion 1875-1914, Ed. IMEC, 1992)

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