L'ENVERS D'UNE FÉERIE (*)
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Que de livres n'a-t-on pas écrits,
sur l'Envers au théâtre, dont les
titres plus ou moins fantaisistes,
imprimés sur couvertures multicolores, me dansent encore
dans la tête, bien
qu'entrevus furtivement au hasard des
flâneries, soit aux vitrines
proprettes des librairies modernes, soit dans les poussiéreuses boîtes à quatre sols des parapets de la Seine ? —
Derrière la toile ; - le Manteau d'Arlequin ;
— Au rideau ! — Entre cour et jardin ; —
Foyers et coulisses ; — le Théâtre tel qu'il est ;
— Derrière la rampe ; — les Théâtres en robe de chambre, et tant d'autres monographies des spectacles parisiens vus à l'envers du spectateur dans le
brouhaha des changements à vue et des appels pour l'entrée en scène. —
Le public semble très friand de ces mystères que lui voile le rideau de
pourpre ; il n'est de joli rêve que son imagination ne crée, d'Éden qu'il
n'entrevoie, de plaisirs piquants qu'il ne s'imagine dans sa conception de
ce monde de comédiens. Point ne sert de lui répéter à satiété que rien n'est
plus triste à voir de près que cette mascarade humaine ; ses désirs s'irritent
de cet inconnu des coulisses et il ne comprendra jamais que le carnaval fini
le masque tombe ; que là où le rire s'achève, la tristesse arrive et que la
fiction fait place à la banalité la plus réelle ou à la vulgarité la plus
sotte. — Je ne prétends pas ici m'armer du falot de Diogène pour jeter des
lueurs crues dans les bas-fonds attristants du théâtre ; la toge du censeur
se goderait en plis grotesques sur mon buste d'épicurien et mes jambes
s'empêtreraient aisément dans la jupe philosophique ; je ne veux, en compagnie de mon collaborateur et ami Robida, qu'entr'ouvrir la porte de fer
qui sépare la salle de la scène, et là tous deux, prenant notes et croquis,
faire une de ces courtes chroniques, à propos et dessins rompus, digne de
complaire durant une fugitive seconde à quelque piquante mondaine prise
des vapeurs de l'ennui dans les far niente de sa chaise longue.
Une féerie s'offre à nous : les Mille et une Nuits ; Émile Rochard,
le jeune directeur gentleman, nous accueille au Châtelet avec une bonne
grâce dont feu Roqueplan lui légua sans doute la tradition, et, puisque
nous voici dans la place, nous aurons la consciencieuse ingratitude de
mettre de côté tout esprit de réclame à son égard et de prendre la pièce
qu'il a si superbement conçue et montée uniquement comme le prototype
du genre où Martainville excella, et qui enrichit tant d'auteurs sur le dos
de Perrault, de Mme d'Aulnoy et du bon et vertueux Galland.
Nous arrivons au moment précis où le sifflet du chef machiniste fait
mouvoir des cintres et des dessous les toiles de fond, la ferme et tous les
châssis compliqués du Royaume des Perles. — La bousculade est effrayante
comme en un camp à l'approche de la bataille ou sur un pont de corvette à
l'heure de l'abordage ; les mâts se heurtent, les commandements se croisent, les herses se dressent et les manœuvres font glisser de lourdes charpentes dans une atmosphère de poussière de poudre et de gaz évaporés.
« Attention ! attention ! » crient les machinistes qui rangent les
plantations de Bagdad et d'Ispahan, et les visiteurs effarés, craintifs ne savent où avancer ni comment reculer, se blottissant pour éviter les
chocs le long des murs blancs maculés d'huile, éraflés d'inscriptions, balafrés de caricatures naïves, encharbonnés de silhouettes burlesques.
Le dialogue des acteurs en scène, les chansons, les chœurs et les
répliques se perçoivent indistinctement dans ces clameurs confuses des
coulisses, car voici que descendent des étages supérieurs
la cohorte de la figuration et
la colonie des marcheuses et
des ballerines. — Un timbre
électrique roule sa note cuivrée et continue vers la région
des loges pour indiquer l'heure
du premier ballet, et déjà, sur
le côté jardin, l'aristocratie de
la danse se masse lentement ;
petites ondines, langoustes,
hippocampes, crevettes roses,
escargots marins, moules, coraux et bernards l'hermite se
groupent ; mélange d'opulences charnelles et de pauvretés
étiques, singulier bétail féminin où le rire se stéréotype
sur des lèvres carminées, où
le crayon allonge des yeux qui
n'ont plus qu'une expression
de passivité attendrie. Les
caquets marchent dans cette
cohue blonde et rose, c'est un
papotage indicible mêlé de rires et de petits cris parmi lesquels domine parfois la toux rauque et irrésistiblement poignante d'une phtisique.
Dans les bas côtés, on ne peut plus circuler ; le foyer regorge de premiers sujets emmitouflés dans de larges tricots de laine, d'acteurs bâillants, pris de l'impatience de regagner leur lit, d'habilleuses assises avec
un abandon résigné sur les banquettes de velours rouge noircies et éventrées, tandis que près de la cheminée, une fée coquine se cambre, attifant,
en ronronnant un refrain, les rebelles frisons de sa chevelure rousse.
Un mouvement se produit: « En place pour le ballet ! » — près des
plantations de troisième plan, on dispose l'apothéose ; de grandes échelles
sont dressées auxquelles gravissent les nageuses aériennes que doivent suspendre des fils de platine. — D'aimables Bellevillois en casquette de soie, foulard imprimé au cou, serrés dans le bourgeron de toile bleue, montent
aux échelons opposés pour agrafer ce fil à l'anneau de fer du corsage
solidement blindé, et c'est un contraste puissant que de voir, ainsi réunis
au sommet de ces vulgaires échelles de peintre en bâtiments, ces filles en
maillot chair cuirassées d'argent, grelottantes dans leur nudité et ces ouvriers de faubourgs qui se dodelinent et grasseyent voyoucratiquement avec
ce reste du gavroche qui fut en eux, aux heures du lazzaronisme de la rue.
Au moment du « lâchez tout » ! ces vivantes poupées-nageuses, affolées
par le vide, l'œil hagard, les jambes immobiles, grenouillant en l'air, se
cramponnent de la main aux lambeaux de toile qui forment les « bandes
d'eau » du féerique Royaume des Perles, et, tandis que ces infortunées
contemplent l'espace et les dures arêtes de bois des décors, tandis que les fils fonctionnent, les balancent et les promènent sur la largeur de la scène,
des artificiers allument et agitent dans des réceptacles de fer-blanc les
rouges flammes de Bengale qui illuminent cette assomption de la femme-
poisson. — Le public qui bonde la salle, émerveillé à juste titre, applaudit longuement pendant la dernière ritournelle du ballet, le rideau se baisse,
se relève et tombe définitivement. L'acte s'achève, et toute cette population de l'humide séjour se rue à l'escalier pour gravir aux loges, souffler
un instant, et se transfigurer de nouveau. — Nous montons pendant
l'entr'acte à l'une de ces loges de première danseuse.
Une petite porte, au milieu de laquelle une lucarne ronde ; en face,
une fenêtre sur cour ; d'un côté, le vestiaire ou plutôt l'armoire aux costumes ; de l'autre une longue tablette de marbre, quelques miroirs ou
fragments de glaces et tout l'attirail voulu de blanc de perle, de cold-cream, de poudre de riz, de pattes de lièvre, ainsi que les crayons et tous
les tubes où Gautier aurait vu de l'antimoine et des parfums de Judée, et
qui ne contiennent en définitive que des pommades rosat, du blanc et du
rouge pour graduer les pastels du visage. — Devant cette table, trois femmes
déjà au repos, en jupon blanc, dans le déshabillé d'un lever de modistes,
jadis peint par Bernard Lépicié ; l'une faufile un chausson de satin rose,
l'autre fait au crochet une classique courtine de laine, tandis que la troisième, un « Syngnathe » signé Grévin, ajuste sa réchauffante, et fait des
jetés-battus et des fantaisies giratoires dans la petite pièce.
Des murs nus, sur lesquels, par place, un artiste décorateur, quelque
ancien pensionnaire, a peint « en trompe-l'œil » des assiettes de vieux
Rouen, une horloge en cartel et un parapluie jeté dans un coin où il projette une ombre fausse. — Aux patères est accroché le fouillis des costumes
de ville ; les chapeaux fleuris, les manteaux-dolmans bordés de chat-noir,
les jupes, les pantalons et les lingeries les plus intimes et, sur des chaises
en désordre, des maillots reprisés et déteints par place, des chaussons
troués, des ceintures abandonnées, tout un mêli-mêlo d'objets ; jusqu'au
petit nécessaire de cuir que ces dames emporteront tout à l'heure à la sortie.
Ici mon collaborateur Robida est l'objet de toutes 1es gracieusetés ;
son crayon qui erre sur l'album tente ces filles d'Eve : « Pour quel journal...
Dites ?... » et de se démener, de sourire, de se mettre de profil ou de trois
quarts, à cheval sur un siège, héroïques devant la réclame entrevue, joyeuses
à la pensée de voir leur silhouette provocante reproduite en public.
Mais les personnages de la cour de Cléopâtre doivent songer dès ce
moment à revêtir les costumes de l'Alexandrie décadente, et nous descendons de nouveau sur la scène, où de formidables praticables se sont
dressés en un clin d'œil, encombrant de leur charpente massive les passages déjà trop étroits ; sur le côté cour, les éléphants attendent sous leur
harnachement de velours que le cornac les accote flanc à flanc sous le
même panneau qui doit supporter la divine reine d’Égypte et ses esclaves
favorites ; — les énormes pachydermes épandent par leur seule présence une
odeur puissante et fauve qui monte à la tête ; ils sont aimables, fouillent
dans les poches et promènent de tous côtés leur longue trompe grise semblable à un tuyau de pompe d'incendie. Le cortège de Cléopâtre, les prêtres, les guerriers, les porteurs d'étendard arrivent peu à peu et jettent des
notes d'or, de pourpre et de satin azur, au milieu des équipes populaires et dégingandées des machinistes, lampistes, et garçon d'accessoires. — Le
contraste est bien fait ici pour charmer la rétine d'un artiste, d'un coloriste
ou même pour un simple piqueur de croquis et de documents, et je m'étonne
qu'en ce temps d'impressionnistes, de naturalistes et d'intentionnalistes, dans
cette fièvre d'étrange qui passionne notre époque, je m'étonne, dis-je, qu'il
ne se soit pas trouvé un seul peintre de talent pour tenter quelque pochade,
même un tableau très étudié de ces coins de coulisse où la plus curieuse
friperie humaine s'étale avec tant de pittoresque de heurté et d'imprévu.
Il y a, entre certains portants, des aspects de salle bondée jusqu'aux
cintres qui prennent, dans leur gradation populeuse et par les gigantesques
remous des têtes, une allure grandiose d'arène romaine ou de cirque espagnol
un jour de « toros ». — Cette salle, — de la scène, — offre à l'œil comme
une muraille circulaire de spectateurs dont tous les yeux convergent au
même point, depuis le rayon visuel horizontal ou oblique jusqu'au perpendiculaire qui tombe du paradis avec d'autant plus de fixité qu'il est plus
élevé. Rien de baroque et de saisissant, dans un amphithéâtre aussi remarquablement vaste que celui du Châtelet, et pour un curieux de sang-froid,
comme cette agglomération d'hommes et de femmes réunis en hauteur et qui inspirent ce rêve Poësque « d'une bibliothèque vivante rangée sur
diverses galeries et dont un géant pourrait tirer à lui, comme autant de
livres, les personnalités variées ou les tomaisons d'une même famille. »
Je le répète, un peintre assoiffé de couleur et de bizarre, même un
« tachiste » trouverait une jolie mine de « modernisme» à exploiter dans
ces milieux des grands théâtres ; le crayon rend mal ce
que la couleur seule pourrait
interpréter avec ses reliefs, ses
demi-teintes et ses vigueurs
éclaboussantes. — Voici, par
exemple, derrière un châssis, dans la pénombre, une fée
et des sultanes qui guettent
leur entrée en scène, presque
frileuses sous la mante qui les
protège ; c'est à peine si elles
marchent librement dans les
chaussures de satin qui emprisonnent leurs pieds mignons, et dont les talons élévés font saillir les muscles
de la jambe ; le décor, troué
par places, laisse filtrer des
rayons de lumière qui se promènent sur la soierie ou les
broderies des étoffes et des
maillots, allumant tout à coup
des scintillements sur les costumes comme un éclat de soleil sur un vitrail gothique ; — ces jeux de lumière des coulisses, surtout
avant quelque changement à vue, eussent affolé Rembrandt lui-même par
leur étourdissante fantaisie et leurs zébrures fluctuantes et spirituelles à
force d'oppositions brutales.
Mais nous voici tirés de notre contemplation esthétique par le bruit
que ne peut manquer de faire le cortège de la reine Cléopâtre, dont les différentes parties se forment sur le grand praticable du fond. — Les porteurs de palmes, sacrées, les gardes, les dignitaires, les joueuses de cistre,
les lévites, les harpistes bleues, les prêtres brûle-parfums, les eunuques, les
esclaves porteuses de chasse-mouches en plumes d'ibis, les seigneurs, les
guerriers conducteurs, se disposent pour le défilé que scandera un « pas
redoublé » de l'orchestre. Tout ce monde vu de profil, de la coupe du praticable, donne l'illusion d'une foire aux costumes historiques, magistralement
conçue par Gustave Doré, et, dans l'éloignement, la vibration des couleurs
évoque les étonnantes débauches de palette d'un Monticelli.
Le défilé de côté, avec la vision générale du spectateur en moins, prend,
une allure très originale ; quelque chose de ce que devait être pour le public de la rue, à Vienne, lors des fêtes des noces d'argent, le fameux cortège historique du peintre Mackart. Au moment où Cléopâtre fait son
entrée couchée entre quatre filles d'honneur sous le vaste dais de soie bleue
pâle frangé d'or, il semble que le théâtre doive s'effondrer sous les pas des
gros éléphants attelés côte à côte. Les costières tremblent sous le faix ; la
maîtresse de Marcus-Antonius veut agiter encore un monde tout nouveau.
Pendant le temps que dure le ballet égyptien, ces éléphants, remisés
dans la coulisse, se dandinent en cadence avec des grâces titanesques, faisant grincer l'édifice de bois qui les harnache, comme un navire en rade,
pris de gros temps, menacerait de briser. ses amarres.
Au milieu de la poussière de la danse, de l'âcre odeur pachydermique, des senteurs du gaz et de toutes les émanations humaines qui se confondent, la nausée de la scène monte alors à la gorge. — Voici la meute des
chiens danois, vendéens et anglais tenus en laisse par de grossiers piqueurs, voilà les chevaux qui montent du manège pour la Chasse infernale ; puis arrivent les sonneurs de trompe, les rabatteurs, toute la figuration du grand Lancé courre au tigre qui doit se terminer par une curée
aux flambeaux d'un réalisme si saisissant qu'il enlève le public tout entier
en frénétiques applaudissements. — Rien de plus navrant, j'ose le dire,
que cette exhibition canine vue de près. Ces pauvres bons toutous de race,
réduits sans doute par le fouet et le jeûne à tenir un rôle ; la grande fatigue résignée qui se lit dans leurs yeux, leur joie à sentir une main qui les
caresse, et leur ahurissement dans ce pourchas sans merci sous des futaies
de toile et des buissons de carton éclairés par des incandescences d'artificiers ; ce travestissement du meilleur ami de l'homme a quelque chose de profondément poignant ; — un honnête musulman s'indignerait, mais un
chrétien civilisé est au-dessus de ces apitoiements. — La phrase du placide Fénelon d'un spectacle « fait pour le plaisir des yeux » a singulièrement dérivé de son sens originel ; ce n'est plus la nature, les sources, les berceaux de verdure et les frais bocages que cette phrase appelle ici
à l'imagination, c'est l'apothéose théâtrale, la chasse fantomatique où
passent éperdus, hors d'haleine, des animaux bizarres et des cavaliers
géants comme dans la légende du Beau Pécopin.
Les tableaux succèdent aux tableaux. Le Royaume d'Aladin ou le
monde des Lampes apparaît, mais nous sommes harassés par cette très
rapide excursion à travers une féerie. Ma foi ! tant pis, s'écrie Robida ; —
qu'importe que l'on dise : Desinit in piscem ; finissons en cul-de-lampe par
ce croquis de Lampes qui défilent. — Et tandis que les quarante voleurs rôtissent dans leurs jarres, et que se démènent dans un acte final tous les
sujets brillants d'Aroun-al-Raschild, alors que les palais de porphyre,
d'agate et de jaspe s'écroulent pour la plus belle moralité d'un amour qui
veut rester pauvre afin de demeurer plus noblement grand ; tandis enfin
que le spectacle enchanté s'achemine à l'évanouissement de tous ces contes
bleus de Ma Mère l'Oie, nous fuyons, les yeux secs de poussière, la gorge
aride, la tête cerclée d'une légère migraine, heureux de nous retrouver sous
la morne clarté des becs de gaz, de respirer l'air de la rue et de humer les
gouttes de la pluie bienfaisante qui bruine dans la nuit.
Il ne nous restait plus qu'à envier la sérénité heureuse du public qui
s'écoulait lentement à la sortie, et de voir des yeux de femmes se fermer
lentement comme pour mieux emporter avec elles la vision des merveilles
entrevues dans ces Mille et une Nuits, songeant à part nous à cette vérité
ressassée que voir l'envers des plaisirs est une sottise, que la doublure importe peu à l'habit qui flatte, que la trituration de la meilleure cuisine dont
on regarde les apprêts dégoûte souvent des plus fins ragoûts, et qu'avec
le vieil Horace il faut bien répéter Nocet empta dolore vôluptas (fui la volupté qui amène la douleur).
OCTAVE UZANNE.
Paris, 6 mars 1882.
(*) Octave Uzanne (30 ans) et son ami et collaborateur Albert Robida (33 ans) assistent donc à une représentation (sans doute la première) des
Mille et une nuits, féerie en trois actes et trente et un tableaux, de MM. Adolphe d'Ennery et Paul Ferrier, au théâtre du Châtelet, sous la direction de M. Emile Rochard. Cette première représentation a lieu le 14 décembre 1881. C'était un mercredi soir. Octave Uzanne a très certainement dû être invité à cette première grandiose par son ami de jeunesse Emile Rochard. Nous avons déjà traité du cas Emile Rochard dans les colonnes de ce blog. Emile Rochard fut l'ami des années de bohème parisienne des deux frères Uzanne, c'est-à-dire les années 1871 et 1872. L'amitié des deux frères Uzanne avec Emile Rochard se prolongera jusque dans les années 1910 et sans doute même jusqu'à la mort de ce dernier en 1917. Rochard qui fut bohème, riche, en partie ruiné, noceur, célibataire pour finir bredin-bigot. L'article que donne ici Octave Uzanne, assisté des dessins de son ami Albert Robida dans la revue
La Vie élégante (pp. 153-163, troisième livraison du 15 mars 1882 - l'article étant daté du 6 mars). Le texte est ampoulé et rempli de néologismes et phrases alambiquées pas toujours très heureuses, les dessins de Robida sont là pour simplifier la chose. Néanmoins, il se dégage de ces descriptions des coulisses du théâtre un parfum de naturalisme (honni par Uzanne) assez intéressant. C'est le seul article qu'Octave Uzanne livrera pour cette revue (sous son nom tout au moins - car quelques articles signés de pseudonymes nous intriguent et pourraient bien sortir de sa plume également). Albert Robida quant à lui fut un grand collaborateur de cette revue éphémère que ne dura que 12 livraisons (1 an) -Nous avons reproduit l'intégralité des dessins de l'article dans ce billet. On trouve de nombreuses illustrations sorties de sa plume caricaturale ainsi que quelques textes savoureux tout au long de la revue. Pour en savoir plus sur cette féerie des
Mille et une nuits librement adaptée de Galland, voir les Premières illustrées (1881-1882, pp. 77-84). Vous pouvez retrouver les billets consacrés à Emile Rochard
ICI.
Bertrand Hugonnard-Roche