lundi 9 octobre 2023

Octave Uzanne commente la réédition bibliophilique par le libraire Théophile Belin des Contes de l'abbé de Colibri, nouvelle édition (1881). Le Livre, juin 1881.


Page de titre de la nouvelle édition donnée pour le libraire Théophile Belin en 1881



Contes de l'abbé de Colibri, nouvelle édition, Paris, Théophile Belin. Un vol. in-8° - Prix : 10 francs. (*)

Pourquoi Contes de l'abbé Colibri ? n'eût-il pas mieux valu intituler ce volume de son véritable titre : Le Soupé des petits-maîtres, ouvrage moral en deux parties, par Cailhava d'Estandou ? Les plus érudits dans la littérature du XVIIIe siècle se trompent à ces Contes de Colibri qui ne renferment que le Soupé, oeuvre délicate s'il en fut dans cette note charmante de satires légères telles que Angola, Acajou et Zirphile, Thémidore, Grigri, les Mémoires turcs ou les Quizolin. La dernière édition de ce roman de moeurs fut donnée par Didot le jeune vers la fin du dernier siècle et il est certain que d'édition originale de 1772 et autres réimpressions subséquentes sont recherchées à juste titre.


M. Théophile Belin a donc été bien inspiré en offrant aux amateurs une nouvelle édition de cet opuscule charmant, dans un joli format in-8°, imprimé par Hérissey d'Evreux sur beau papier de Hollande avec toute la correction désirable. Il était difficile de faire un meilleur choix dans les petits Romans galants qui reviennent à la mode du jour, comme des petits chefs d'oeuvre de grâce, de hardiesse heureuse, d'esprit souriant, de pointes malicieuses et aussi comme des guides curieux à consulter pour l'histoire des costumes féminins. Ainsi dans ce Souper des petits-maîtres, les petites-maîtresses foisonnent et éclairent de leur lucéfique beauté les promenades et parties fines du temps, montrant avec les termes exacts des brimborions de toilettes exquises, grasseyant des mots d'un charmant argot de Cythère et laissant entrevoir un coin réel de la vie libertine d'il y a cent ans.

Tous les curieux qui liront ce Souper des petits maîtres y trouveront plaisir et profit, utile dulci, mais l'agréable tient la corde et ce n'est que le véhicule d'une note exacte, quelque chose comme des chiffons du temps qu'on regarde en passant.

U. [pour Octave Uzanne]


(*) Article publié dans la revue bibliographique Le Livre, dirigée par Octave Uzanne (1880-1889), sixième livraison de l'année 1881 (10 juin 1881), dans la rubrique Chroniques du Livre, Editions de bibliophiles et livres d'amateurs.



Exemplaire de l'édition de Didot Jeune, an VI en 2 volumes.


Reliure de la seconde moitié du XIXe siècle.

Photographie : Bertrand Hugonnard-Roche | Librairie L'amour qui bouquine

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