vendredi 29 novembre 2013

Octave Uzanne n'a pas dessiné l'ex libris de Paul Lacroix dit le Bibliophile Jacob (1884). Marius Perret a dessiné l'ex libris du Bibliophile Jacob.



C'est un constat finalement assez simple à faire : Marius Perret (*) a dessiné un ex libris pour Paul Lacroix dit le Bibliophile Jacob, et ce peu de temps avant la mort de l'érudit polygraphe. Paul Lacroix meurt le 19 octobre 1884, soit quelques mois seulement après que l'illustrateur Marius Perret ne lui ait donné un ex libris.
Voici ce qu'écrit Bernard-Henri Gausseron, fidèle collaborateur d'Octave Uzanne à la revue Le Livre, dans la section rétrospective, courant 1884 :

"M. Paul Lacroix songe à dresser un catalogue raisonné de sa collection de romans. Il ferait là une oeuvre bien amusante et bien utile. En attendant, il marque les volumes qui composent cette collection d'un ex libris spirituel et original dont je laisse à mon cher rédacteur en chef [Octave Uzanne] le soin de révéler l'auteur [Marius Perret]. [...]" (Le Livre, Bibliographie rétrospective, p. 247)

L'ex libris en question est reproduit dans l'article en question avec une grande netteté. Une numérisation en haute définition de cet ex libris a permis de voir ceci :


Tout simplement la signature de Marius Perret dans la gravure, au bas de la pile de livres posés à plat ! Ce n'était donc finalement pas très difficile de savoir quel artiste avait travaillé pour Paul Lacroix.

Voici l'ex libris dans son intégralité :


Le thème des chérubins cher au jeune Marius Perret se retrouve ici intact. Quatre chérubins au total : deux chérubins debout devant un grand livre ouvert maintenu debout appuyé contre une pile de livres posés à plat. Une plume dans un encrier. Une lampe à huile sur la gauche. Enfin, une longue banderole virevoltante avec ces mots : LIVRES VIELZ ET ANTIQUES LIVRES NOUVEAUX ETIENNE DOLET. Le Bibliophile Jacob se place sous la protection et l'invocation de l'imprimeur humaniste Etienne Dolet, mort comme on sait, le 3 août 1546, après avoir été étranglé puis brûlé avec ses livres sur la place Maubert.
La mort de Paul Lacroix quelque semaines avant le fin de l'année 1884 n'a pas permis de mettre ce projet de catalogue de ses romans à exécution. Cet ex libris, probablement imprimé à petit nombre, se rencontre ainsi assez rarement collé dans un volume de sa bibliothèque.


Coll. priv.

Mention manuscrite fallacieuse : "Dessiné par Octave Uzanne dans sa jeunesse, né à Auxerre."

La reproduction du document ci-dessus indique que cet ex libris a été dessiné par Octave Uzanne lui-même, dans sa jeunesse. Ce qui est évidemment faux. Le dessin et la gravure de cet ex libris est typique de la production de Marius Perret à cette époque. La collaboration étroite entre Octave Uzanne et Marius Perret depuis le début l'année 1876 pour le Conseiller du Bibliophile et 1878 pour les Caprices d'un Bibliophile (Marius Perret en dessine la couverture) a pu certainement faire écrire, à un amateur un peu trop présomptueux, sous cet ex libris : ex libris dessiné par Octave Uzanne. Le raccourci était facile mais faux.

L'erreur continue à se perpétuer ici ou là dans quelques notices de libraires ou de marchands d'ex libris. Tout au plus est-on en droit de supposer que c'est Octave Uzanne qui a mis en relation Marius Perret et Paul Lacroix pour la réalisation de cet ex libris. Ce serait bien dans le genre d'Uzanne de faire découvrir à son vieil ami le Bibliophile Lacroix un artiste en lequel il croyait et qu'il avait déjà fait travailler pour lui à plusieurs reprises. La Société d'émulation du Bourbonnais n'a pas commis cette erreur grossière de ne pas voir la signature Marius Perret dans cet ex libris. Voir à ce sujet le Bulletin de l'année 1930, page 258. Marius Perret y est clairement désigné comme l'auteur de l'ex libris de Paul Lacroix.

Il ne semble pas qu'Octave Uzanne ait jamais dessiné de manière à produire une seule oeuvre achevée. A peine peut-on noter qu'il est désigné comme étant l'artiste qui dessina le filigrane fleuri du papier d'une de ses œuvres de bibliophilie à la fin du XIXe siècle. Nous y reviendrons bientôt.

Voici un malentendu de plus dissipé concernant Octave Uzanne. Il faut toujours se méfier de ce qu'un bibliophile (ou un libraire) peut écrire de sa main sur un livre ...

Bertrand Hugonnard-Roche


Note : Merci à M. Jean-Paul Fontaine pour son étroite collaboration au cours de cette petite enquête.


(*) Marius Perret est né à Moulins (Allier) en décembre 1851 et est mort à Java (Indonésie) en septembre 1900. De la même génération qu'Octave Uzanne, il semble que ce soit ce dernier qui lui a permis de débuter dans la mise en oeuvre de petites illustrations (vignettes) pour les livres de bibliophilie de l'époque (années 1878-1884). Ayant rapidement quitté la métropole pour les colonies d'Afrique du nord puis pour les pays orientaux lointains, il produit une oeuvre de peintre orientaliste en tant que peintre de la Marine et peintre des Colonies. Il meurt d'une fièvre maligne alors qu'il n'a pas encore 50 ans.


Gravure sur bois par Marius Perret pour un texte
d'Octave Uzanne publié en 1876 dans le Conseiller du Bibliophile.
Octave Uzanne et Marius Perret ont alors tous deux 25 ans.


mercredi 27 novembre 2013

« Je faisais mes études au Lycée de Nice. [...] j'y fus, à vrai dire, plus souvent externe qu'interne et je brillai fort peu dans les classes que j'y fis ou fus sensé y avoir faites. » (5 mars 1911)


Dans une chronique publiée le 5 mars 1911 (Octave Uzanne a 60 ans) dans les colonnes de la Dépêche de Toulouse, sous la rubrique Notre époque et intitulée Sur la Riviéra, la vogue du soleil, Uzanne donne un aperçu de la mode des vacances au soleil de la Côte d'Azur, à Nice notamment, des personnalités attirées par cette lumière aveuglante. Nous ne reprendrons pas ici l'intégralité de cette chronique par ailleurs fort intéressante mais nous donnerons le début qui concerne un point crucial de la biographie d'Octave Uzanne. Un point jusque là négligé, sinon ignoré de pratiquement toutes les personnes qui se sont intéressées à sa vie. Comme toujours, c'est à Uzanne qu'il faut demander si l'on veut apprendre des choses sur Uzanne ! Et c'est le plus souvent assez directement qu'il nous donne les clés pour mieux le connaître. Ainsi, ici, il précise qu'il fût pensionnaire au Lycée de Nice. Apparemment pendant plusieurs classes. A quelle date ? De quelles classes s'agit-il ?
Uzanne fait remonter ses souvenirs d'étudiant à Nice à trente ans et plus. Que savons-nous des études menées par Octave Uzanne ? Nous savons donc qu'il suivit les cours du Collège d'Auxerre (Yonne), Collège Rollin à Paris, et les cours du Lycée de Nice. Il semble que l'ordre soit le suivant : Ecole communale d'Auxerre puis Collège d'Auxerre (ceci devant théoriquement emmener jusque vers fin 1866, peu après le décès de son père), ensuite il semble que la veuve et ses deux fils (Octave et Joseph) migrent sur Paris. Octave et Joseph sont sans doute alors placés au Collège Rollin (1866 ? à 1867 ? 1868 ?). Octave a alors 17 ans environ, peut-être un peu moins lorsqu'il intègre le Lycée de Nice. Pourquoi Nice ? Ne serait-ce pas plutôt vers 1870 pour éviter la guerre qui fait rage aux portes de Paris ? Nous ne savons pas. Nous savons seulement qu'Octave Uzanne est allé également en Angleterre (pensionnaire libre au Collège de Richmond) pour parfaire son éducation, et ce justement pendant la guerre de 70 (peut-être pour s'en éloigner).
La période du Lycée de Nice apparaît donc très incertaine entre 1868 et 1871. Quoi qu'il en soit, à la mi-décembre 1871 Octave Uzanne est installé à Paris où il mène une vie étudiante mêlée aux bamboches de son âge. Il semble, d'après la lettre qu'il écrit à son ami Emile Rochard le 14 décembre 1871, qu'il soit installé là depuis déjà un petit moment et qu'il profite de son quartier pour faire la fête et étudier simultanément (sans doute à Rollin). Nous retiendrons donc pour les années probables de son passage à Nice : 1868, 1869 (si l'on considère qu'en 1870 il est à Londres). Ces deux années correspondent à sa 17ème et 18ème année. Sans doute celles de son baccalauréat. Savons-nous seulement s'il l'obtint ? à Nice au Lycée Massena (lycée impérial) ou à Paris au collège Rollin ? Ni Fathi Ghlamallah (dans sa thèse de 1999 sur Octave Uzanne revuiste), ni Maurice Kunel (Lettres de Félicien Rops à Octave Uzanne, Bulletin du Bibliophile, 1961, n°3-4) ne s'accordent sur des dates et des lieux précis. Octave Uzanne aurait achevé ses études de droit à Paris. Ni Fathi Ghlamallah, ni Maurice Kunel n'ont eu visiblement connaissance de ce passage au Lycée de Nice. Cependant cette information a déjà été communiquée dans une courte notice de présentation d'Octave Uzanne à l'occasion de la vente de la bibliothèque John Quinn (1923).
De nouvelles découvertes nous permettront de mettre un peu d'ordre dans cette chronologie estudiantine encore chaotique. Voici le passage en question extrait de l'article de la Dépêche de Toulouse :

Bertrand Hugonnard-Roche


« Je me souviens déjà lointainement de ce que fut la Côte d'Azur, il y a trente ans et plus, avant même que la désignation de sa céruléenne beauté ait été fixée par une expression imagée qui aujourd'hui semble définitive. Je faisais mes études au Lycée de Nice. Le soleil m'attirait si fréquemment hors des salles d'études, vers les panoramas enchanteurs de Villefranche, du cap Ferrat ou de Beaulieu, que j'y fus, à vrai dire, plus souvent externe qu'interne et que je brillai fort peu dans les classes que j'y fis ou fus sensé y avoir faites. [...] »

Octave Uzanne

Charles Monselet (1825-1888) irrévélé, par Octave Uzanne (Le Figaro, samedi 6 octobre 1923)



Charles Monselet irrévélé (*)


Une plaque commémorative sera apposée prochainement à Nantes sur la maisonde Charles Monselet, l'écrivain de talent et le gastronome célèbre qui fut un assidu collaborateur du Figaro. A cette occasion, M. Octave Uzanne, l'érudit lettré qui fut l'ami et le confident de Monselet, veut bien nous envoyer cet intéressant article :
Charles Monselet
(1825-1888)

L'écrivain des Oubliés et des Dédaignés devint vivement, au lendemain de sa mort, un de ces petits maîtres qu'on néglige, et dont on ne se souvient plus guère, peut-être parce qu'il fut trop représentatif d'un style d'esprit subtil et conventionnel que le réalisme et l'impulsivité des temps nouveaux s'empressèrent de répudier. Charles Monselet était déjà sous le second Empire, un rescapé de la Révolution, une sorte de ci-devant de l'aristocratie des encyclopédistes, il avait tout le charme d'un abbé galant du XVIIIe siècle, la grâce d'un Voisenon alliée à l'observation ingénieuse d'un Sébastien Mercier et à la philosophie souriante d'un Choderlos de Laclos. A ces titres, il était recherché et accueilli dans ces derniers bureaux d'esprit du journalisme de l'ancien boulevard, où l'on prisait encore la curiosité flâneuse et butineuse des érudits. La brûlante et fugitive actualité de la presse d'information ne s'imposait pas alors, avec toute la tyrannie exclusive de sa dictature, aux rédacteurs des feuilles publiques. On y goûtait toujours les fantaisies littéraires alertes, saupoudrées de sel attique, relevées par l'élégance d'un style diapré, malicieux, chatoyant, captivant et d'allure essentiellement parisienne.
Monselet écrivait drôlatiquement comme Rivarol conversait. C'était l'épicurien épris de bonne chère, de propos correctement gaulois, le savant enjoué dissimulant la pesanteur de l'érudition dans l'envolée des rythmes de la phrase souple, ondulante, virevoltante. Nul ne fut moins pédant dans la mise en oeuvre de ses connaissances et surtout moins lourd parce qu'il montrait la sautillante écriture d'un Boufflers en correspondance avec Voltaire.
Cependant, ces légères voltiges à la Vestris coûtaient cher à l'écrivain, qui les multipliait devant son public dilettante. Monselet qui l'eût pensé ! connaissait non moins que Flaubert le labeur de la prose. La vie de ce disert apôtre des écrits légers, précis, lucides, coulant de source, était, sans que personne ne s'en doutât, le sisyphe des coquettes bulles de savon azurées qu'il semblait lancer dans l'air du bout de sa pipette. En vérité, il limait et routait chaque jour ses phrases avec efforts conscients. Cet Aramis, mousquetaire de lettres, déployait pour faire court et subtil l'énergie d'un Porthos.
Ce qu'il ne faut pas oublier, en effet, c'est que ce lazarone d'esprit qui se chauffa au soleil de tous les printemps et au feu de toutes les cuisines, fut une victime de l'implacable labeur quotidien sur les idées dans l'air qui lui dévora tout son temps et ne lui permit pas de l'employer au gré de ses caprices, de son ambition et de ses rêves.
D'ailleurs, ce rénovateur des Almanachs Gourmands, qui eut le réputation d'un fin gourmet et conquit, sans y prétendre, à la réputation d'un Grimod de La Reynière ou d'un Carème, ne fut point un aussi rare appréciateur de la bonne chère qu'on se l'imagine.
Sa mine de gras abbé prébendé, ses airs de papelardise, ses regards inquisiteurs en appétit de friandises, ses lèvres voluptueuses, quêteuses de franches lippées, avaient contribué plus que tout, avec son sonnet dédié au "cochon", à faire de lui un roi de la dégustation. L'épistolier des Lettres gourmandes, le poète des Vignes du Seigneur n'eut pas toujours la bonne fortune de pouvoir être un raffiné. Il fut plus souvent un affamé. Ceux qui connurent sa vie frugale, son déjeuner de midi, constitué par une simple tasse de chocolat, prise au Café de Foy, savent que son existence matérielle fût âpre et que le plus souvent il fut le contraire d'un Arbiter Deliciae generis humani.


*
**

Nantes, ville natale de Charles Monselet
Charles Monselet se sentit frappé physiquement vers 1887. Il avait déjà senti, à cette époque, une cruelle et redoutable atteinte morale, celle de se voir, non point encore oublié, mais déjà dépaysé dans une nouvelle génération qui n'avait plus ni les moeurs, ni les coutumes, ni l'insouciance et le laisser-aller d'autrefois. Il avait vécu naguère avec Baudelaire, Théophile Gautier, Glatigny, Banville, Delvau, Charles Battaille et Amédée Rolland. Il avait vu croître la gloire d'Alphonse Daudet et s'était attardé à écouter le petit filtre aigu de Paul Arène. Il se sentait donc un retardataire dans un monde littéraire où la lutte pour la vie devenait chaque jour plus âpre et où les manières de la bohème n'avaient plus aucun droit de cité.
Je le connus vers cette époque, le cher bonhomme à mine de vieil abbé galant, grassouillet. Il me souvient encore de certain souper de bal masqué, chez Mme Adam, au sortir duquel il se révéla à moi sous un jour singulièrement poignant. Comme nous revenions ensemble vers la rive gauche, dans la lumière d'améthyste des premières lueurs matinales, l'auteur de Monsieur Cupidon, costumé en marié de village, m'apparut avoir l'ivresse triste et le moral enclin aux confidences. Je concevais fort bien qu'il s'adressait à moi comme l'un des représentants d'une promotion de lettres qui allait succéder à la sienne et de laquelle il serait justiciable. Il avait perdu son rire gras de prélat de Vibert et abandonné son allure féline de ciseleur de Concetti. En me citant volontiers certaines de ses oeuvres de cabinets de lecture publiées naguère, et vraiment trop peu considérées, il vitupéra durement sa vie gâchée dans le petit journalisme, entraînée vers des camaraderies de café, prostituée dans la fréquentation de cabarets équivoques. Il me dit ses souffrances de n'avoir point eu l'énergie de se sortir de ces milieux compromettants et de n'être point entré et maintenu dans la rédaction des grandes revues. "J'étais fait, cher jeune ami, me disait-il péniblement, pour être un assidu de la Maison Buloz, pour écrire des oeuvres mûries et délicates, pour être reçu et fêté parmi les Quarante où j'aurais tant aimé faire un savoureux discours. Il y avait en moi, je crois du moins le sentir, l'esprit de causerie des derniers salons, où pouvait encore briller l'enjouement intellectuel du XVIIIe siècle. Il me semble, ne croyez-vous pas ? que j'aurais pu "rivaroliser" dans un monde infiniment plus digne de ma verve et de mes spéculations intellectuelles, que celui ou ne n'ai que trop vécu."
Ce matin-là, je vis Monselet pleurer sincèrement et amèrement. Je devinai par quel suint d'amertume était lubréfié ce masque onctueux de bon vivant éternellement rieur, sceptique et prompt à lancer l'épigramme légère, en se gardant toujours de la rosserie corrosive,car ce fut la bonté même. Je compris aussi à quel point geignait et peinait ce formidable producteur de copie, dont le travail paraissait si délicat et si aisé à ses lecteurs. La vérité, c'est que le fin et gracieux prosateur des Tréteaux avait le travail patient, raboteux et pénible. Il lui fallait, m'avoua-t-il, plus d'une heure pour produire une page d'allure primesautière. Après les quatre heures de pupitre nécessaires à la confection d'une chronique légère, il se sentait le sang aux yeux, le feu aux pommettes, et l'esprit aussi las et déprimé que s'il eût écrit un long chapitre d'histoire ou de philosophie transcendantale.
Monselet disait un jour, non sans une pointe de mélancolie : "On me traite de paresseux et tout le monde croit à ma paresse légendaire. Or, j'ai, à moi tout seul, beaucoup plus écrit que Voltaire et Diderot, et je crois bien qu'on emplirait toute une bibliothèque rien qu'avec tous mes articles."
Il disait vrai. Lorsqu'on voyait, le soir, ce disciple de Grimod de La Reynière, dans l'éclat lumineux des cafés et des restaurants, on ne se doutait guère de son labeur de jour dans son triste logis, sur une cour froide et triste du quai Voltaire, avait été considérable, et surtout onéreux.
Je ne sais rien de plus digne d'être cité, de cet épicurien, que certain passage absolument inconnu d'une de ses premières oeuvres :

Le lecteur est prévenu - dit-il en préface - qu'ayant vendu mon âme et mon corps à la littérature, il doit s'attendre de ma part à une série non interrompue de productions. Résolution calme, belle humeur, mon passeport est en règle. J'irai de la sorte jusqu'au bout. Quel sera ce bout ? Peu importe : ma vie est là et avec ma vie, mon bonheur. Le bonheur des écrivains est dans leur pensée. Ils portent le paradis dans leur tête.
Du fond de leur pauvreté, ceux-ci peuvent encore braver les riches et les plus riches. Ils souffrent, mais ils ne s'ennuient jamais. Pour une secouée d'arbre qui leur envoie des odeurs au visage, ils ont des délices dont l'identité ne sera jamais comprise par les hommes qui vont à la Bourse. Je vous le dis, une vie de poète vaut une mort de poète. Des extases telles que les nôtres ne peuvent s'acheter trop cher.
Amis, soyons bons pour ceux qui n'ont pas la pensée, ne leur envions rien de ce qu'ils possèdent. Au fond, voyez-vous, ils ne possèdent rien ; ce sont des castors, nous sommes des oiseaux. Ils se construisent des petites huttes avec leur queue-truelle, nous suspendons nos nids aux branches des chênes. Ils barbotent, nous planons.

Monselet semble n'avoir été qu'un viager de la gloire. Cependant voici qu'une projection lumineuse dans la nuit du passé éclaire un instant sa mémoire. Qui pourrait dire s'il ne sortira pas quelque jour de sa pénombre d'oubli ! Sa figure toute de frivolité souriante séduira nos arrière-neveux. Les petits maîtres reviennent plus aisément à la mode que les maîtres, leur légèreté même les y porte.


Octave Uzanne
Le Figaro,
Samedi 6 octobre 1923




Nous vous invitons à lire ou à relire deux autres billets consacrés à Charles Monselet sur le blog Octave Uzanne :


- Octave Uzanne écrit à Charles Monselet pour lui signifier l'arrêt de sa collaboration au Livre (31 décembre 1883).


Bertrand Hugonnard-Roche




(*) Charles Monselet, né à Nantes le 30 avril 1825 et mort à Paris le 19 mai 1888, est un écrivain épicurien, journaliste, romancier, poète et auteur dramatique français, surnommé « le roi des gastronomes » par ses contemporains. Il est avec Grimod de la Reynière, le Baron Brisse et Joseph Favre l'un des premiers journalistes gastronomiques. Il n'habite à Nantes que les neuf premières années de sa vie. Après une jeunesse bordelaise, sa carrière littéraire se passe à Paris où sa mort émeut le milieu intellectuel nantais qui est aux XIXe et XXe siècles un farouche défenseur et illustrateur de l'identité culturelle bretonne et revendique à ce titre la postérité de Monselet (à l'époque la Loire-Atlantique, appelée Loire-Inférieure est encore en Bretagne, les pays de la Loire sont nés en 1955). En effet, dans ses pérégrinations littéraires, l'auteur, en passant de Chateaubriand à Fréron, avec une affection particulière pour le poète Auguste Brizeux, à laissé une large place aux écrivains bretons. De plus, à la fin de sa vie il sera en recherche de ses racines bretonnes et nantaises auprès de sociétés parisiennes comme la Société normanno-bretonne de la Pomme où, pour le citer « les Bretons en exil se donnent rendez-vous ». Olivier de Gourcuff, auteur d'articles au service du régionalisme littéraire (La Revue de Bretagne et de Vendée, La Revue illustrée de Bretagne et d'Anjou, L'Hermine, L'Union Bretonne, etc...) et fort de ces arguments sera à la tête d'un projet de réalisation d'un buste de Charles Monselet dont il s'expliquera en ces termes : « cet exil, mesdames et messieurs vous allez le faire cesser. Dans un coin ombragé et fleuri du Jardin des Plantes vous hospitaliserez le buste de celui que vous allez conquérir définitivement sur Paris, le grand accapareur des gloires françaises... Ainsi sauvé de l'indifférence et de l'oubli, placé sous votre garde, Charles Monselet, le bon Français et le bon Nantais est assuré de ne plus mourir ». Il dut, faute de moyens financiers, revoir son projet à la baisse et se contenter d'un médaillon du statuaire Charles Lebourg inauguré le 26 juin 1904. Nantes en 1894 a donné son nom à une rue. La mort de son ami Baron Brisse au cours d'un dîner lui vaut ce mot d'esprit (citation probablement apocryphe) « Passons tout de même à table ! Il n’a jamais aimé les fricots trop cuits ». Instantanés littéraires, nouvelles folâtres et romans d'amour, sa bibliographie compte une quarantaine de volumes pleins de couleur, de gaieté et de naturel. Son poème Les petites blanchisseuses connut une grande notoriété au xixe siècle. Il est très souvent évoqué par les journalistes parisiens dans leurs articles parlant des blanchisseuses au moment de leur fête : la Mi-Carême. De ce poème libertin ils ne citent jamais que le premier quatrain, très correct, qui ne laisse pas entrevoir la suite :

Les petites blanchisseuses
Que l'on voit, chaque lundi,
Aux pratiques paresseuses
Porter le linge à midi

Il est l'un des auteurs du pastiche le Parnassiculet contemporain. Il fut l'ami de Jean-Gabriel Capot de Feuillide auquel il consacra une critique favorable dans la Lorgnette littéraire, Dictionnaire des Grands et des petits auteurs de mon temps, . Il est le rédacteur en chef et fondateur du journal le Gourmet. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (66e division). (Source Wikipédia)

lundi 25 novembre 2013

Un exemplaire remarquable de reliure sur l'Eventail d'Octave Uzanne (1882). Birdsall & Son à Northampton.



Exemplaire de l'Eventail relié en Angleterre en 1882
par Birdsall & Son à Northampton

Voici un spécimen de reliure remarquable sur un exemplaire de l'Eventail d'Octave Uzanne (achevé d'imprimer le 1er décembre 1881). Ce joli volume illustré publié à l'occasion des étrennes de l'année 1881 a fait l'objet d'un tirage courant sur papier vélin de cuve (papeteries des Vosges) et d'un tirage à 100 exemplaires sur papier du Japon. Il a été tiré une suite des illustrations à part sur Japon et sur vélin pour joindre au tirage de luxe.
L'exemplaire présenté ici fait partie du tirage ordinaire sur papier vélin des Vosges (sans doute tiré à 1.000 ou 1.500 exemplaires sur ce papier). Notre exemplaire, comme nous le verrons dans un billet ultérieur, fait partie du tirage dit "Artiste" par Brunox. Différenciation des exemplaires qui ne manqua pas de faire sourire Octave Uzanne lui-même, comme nous le verrons bientôt également.

Pour le moment, c'est la reliure du présent exemplaire qui fait l'objet de ce billet de présentation. Il s'agit d'une reliure anglaise de l'époque. Elle sort de l'atelier de reliure Birdsall & Son à Northampton. Cet atelier est l'un des plus importants de Grande-Bretagne au XIXe siècle. Il est fondé à la fin du XVIIIe siècle par William Birdsall (1792) et est repris par ses fils Robert et James, puis par Ann, la veuve de James. En 1844 l'atelier de reliure est repris par le petit neveu de William, Anthony Birdsall (1819-1893). C'est à cette époque que l'atelier de reliure prend son essor et devient le premier atelier du pays. Richard (1842-1909) succède à son père. D'importantes réorganisations voient le jour entre 1882 et 1888 (période qui nous intéresse ici). L’entreprise poursuit son activité jusqu'en 1961.

La reliure que nous présentons a donc été réalisée sous la direction de Richard Birdsall, en 1882. Voici la description de cette reliure étonnante. Il s'agit d'un plein vélin turquoise, dos lisse. Les plats sont richement ornés au fer à dorer. Le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage a été doré au centre des plats dans une couronne florale dorée également. Le dos est titré en long du nom de l'auteur et du titre de l'ouvrage, avec en queue et en pied quelques filets dorés, roulettes et fleuron. Il y a une roulette sur les coupes. L'encadrement intérieur des plats et composé d'un jeu de filets et fines roulettes dorées. La doublure des plats ainsi que les gardes sont faits de moire ivoire. A noter une charnière cuir (beige) qui solidifie l'ensemble. Les tranches du volume sont rognées et dorées. Les deux plats de couverture sont conservés en parfait état (seul le dos de la couverture n'a pas été conservé). A noter également, les plats sont épais et biseautés sur les bords comme cela peut se rencontrer parfois. La reliure est signée à l'or dans la marge inférieure de la doublure intérieure. Il est curieux de constater que le volume a été relié à la manière d'un bradel (emboîtage) avec une gorge profonde au niveau de la jonction dos/plats. Les tranchefiles sont des tranchefiles faites main bicolores, rouge et argent. Le dos du corps d'ouvrage n'est pas collé au dos de la reliure. Il semble bien après examen qu'il s'agisse d'un véritable emboîtage à la bradel, avec charnières cuir en renfort intérieur.

Il s'agit de l'unique spécimen de ce genre que nous avons rencontré à ce jour provenant de cette maison de reliure anglaise.
Ce volume confirme combien l'ouvrage d'Uzanne fut apprécié à l'époque en Angleterre, et habillé par les meilleurs relieurs du temps.

Note : la reliure a été vendue pour du veau mais il s'agit bien de vélin teinté en surface puis doré à chaud. La reliure est presque parfaitement conservée, très solide. A noter quelques infimes éraflures et décolorations discrètes.


 Bertrand Hugonnard-Roche

dimanche 24 novembre 2013

Octave Uzanne donne quelques détails sur la mise en oeuvre complexe de son volume à succès : l'Eventail (décembre 1881)

Couverture de l’Éventail,
dessinée par Paul Avril
Paris, le 26 Xbre 1881 [26 décembre 1881] [papier vergé bleu à en-tête du Livre, 7, Rue St-Benoît, A. Quantin, imprimeur-éditeur / Octave Uzanne, rédacteur en chef] (*)

Cher monsieur,

Je trouve votre mot à mon retour de Belgique où je viens de passer quelques jours.
La question est embarrassante – comment résumer l’établissement d’un ouvrage qui est si compliqué et dont la fabrication – sans parler du texte – m’a demandé de si longues recherches et m’a fait franchir tant d’obstacles ?
Le lecteur ou le curieux n’a pas à s’inquiéter de toute cette cuisine terrible d’un beau livre, et je vais tâcher de répondre succinctement à votre obligeante demande, dans le sens de l’insertion que vous pouvez faire.
Les illustrations de ce livre offrent cette originalité qu’elles contournent le texte et l’encadrent ingénieusement. L’auteur et l’illustrateur ne font qu’un, le dessin interprète dans les marges les idées de l’auteur, et ces dessins sont d’une variété et d’une finesse d’exécution dont l’héliogravure seule pouvait rendre en les fac-similant les divers caractères : fusain, gouache, crayon, sépia, camaïeu, croquis au trait, sanguine, esquisses à la plume très poussées, tous les procédés en un mot dont un artiste peut se servir pour réaliser ses conceptions.
Toutes ces illustrations gravées sur cuivre et tirées suivant les « manières » en différentes couleurs, ont d’abord été imprimées sur des presses en taille douce et il a fallu repérer ensuite, sur des presses à bras typographiques, le texte noir de l’ouvrage ; travail difficultueux au possible, si l’on songe au retrait du papier mouillé, aux inégalités du pointage, au foulage « à rendre imperceptible » dans la « retiration », à tous ces labeurs d’impression dont le public se rend malaisément compte.
Pour arriver à la possibilité réelle de cette mise en œuvre originale, il a fallu que l’auteur fut à la fois inventeur, calculateur, artiste, chromiste, taille-doucier, typographe metteur en page et le reste – car ses idées même devaient se repérer dans les dessins déjà imprimés, alors que pour le lecteur, les dessins ne font que paraphraser le texte. Il faudrait plus de dix pages de détails techniques pour conter l’histoire de ce livre qui ouvre la série des ornements de la femme et qui ne pouvait être exécuté que par celui qui en a conçu la nouvelle manière, c'est-à-dire par

Votre confrère aux Amis des Livres

Octave Uzanne

Si ce panégyrique ne vous suffit pas, je me tiens à votre disposition chez moi le matin de 10 h à 2 h pour vous expliquer de vive-voix sans en rien négliger les différentes triturations de l’Eventail.
Ce sera assez long, je vous en préviens, - mais nous pourrons nous délasser en causant de notre société sur laquelle il y a tant à dire et pour laquelle il y aurait tant à faire.

Bien à vous.


Oct.

(*) Coll. priv. Cette lettre était jointe à un exemplaire de l'Eventail d'Octave Uzanne. Ce volume a été achevé d'imprimer sur les presses d'Albert Quantin le 1er décembre 1881. Elle s'adresse à un des membres de la société de bibliophiles fondée par Eugène Paillet un an plus tôt. Octave Uzanne en est membre mais ne manque pas de faire remarquer à son correspondant que cette société n'est pas exempte de critiques. La personne à qui est adressée cette lettre doit faire une communication sur l'Eventail : dans quelle revue ? dans quel journal ? Nous ne savons pas pour le moment. Moins d'un an après paraît l'Ombrelle (Paris, A. Quantin, 1883 - achevé d'imprimer le 15 novembre 1882), deuxième et dernier volume consacré aux Ornements de la femme (série qui devait primitivement compter d'autres volumes). Ces deux volumes ont été illustrés par Paul Avril. Nous donnons ci-dessous quelques exemples de pages illustrées par cet artiste pour ce volume.





Illustrations pour l’Éventail d'après les dessins de Paul Avril (héliogravures)

« à mon vieux complice, Paul Segond, j'offre ce « miroir du monde » que je tiens à lui voir accepter comme le « Speculum amititiae » Son affectionné, Octave Uzanne » (1888)



Coll. priv.


« à mon vieux complice,
Paul Segond
j'offre ce « miroir du monde » que je tiens à
lui voir accepter comme le « Speculum amititiae »
Son affectionné,
Octave Uzanne »


Envoi autographe d'Octave Uzanne au chirurgien anatomiste Paul Segond (1851-1912) sur un exemplaire du Miroir du Monde (Paris, A. Quantin, 1888).

Paul Segond (1851-1912)
Octave Uzanne ne donne pas le titre de "vieux complice" à n'importe qui. Nous découvrons avec cet envoi autographe probablement une amitié très ancienne entre un homme de lettres et un scientifique renommé.
Paul Segond est né la même année qu'Octave Uzanne, à Paris le 8 mai 1851. Premier au concours de l'externat de 1874, il est reçu interne des Hôpitaux dès l’année suivante. Segond est nommé aide d'anatomie à la faculté de médecine en 1877, et prosecteur l’année suivante. En 1880, il est reçu docteur en médecine et couronné par la Société de chirurgie et l'Académie des sciences pour sa thèse sur les abcès chauds de la prostate et le phlegmon périprostatique. En 1883, il soutient sa thèse sur la cure radicale des hernies et devient professeur agrégé de chirurgie. Reçu la même année, encore une fois premier, au concours de chirurgien des Hôpitaux, il est nommé chef de clinique à l’hôpital de la Salpêtrière. Promu en 1900 chirurgien en chef du même hôpital, il travaille parallèlement à la clinique Baudelocque. En 1905, il succède à Paul Tillaux à la chaire de médecine opératoire de la faculté et, en 1909, à Paul Reclus à celle de clinique chirurgicale, qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1912.
Paul Segond est reconnu pour plusieurs de ses travaux, notamment ceux relatifs à la chirurgie des organes uro-génitaux. Il se tourne ensuite vers les opérations gynécologiques et son principal apport dans ce domaine concerne l’hystérectomie par la voie vaginale, voie naturelle par laquelle Segond opère également des carcinomes et des myomes.
Enfin, Segond est un des plus éminents spécialistes du genou au XIXe siècle en France. Reprenant les expériences d’Amédée Bonnet (1820-1858), il publie en 1879 une étude sur « les épanchements sanguins du genou par entorse ». Il observe la fracture par arrachement du bord antérolatéral du plateau tibial qui s’accompagne généralement d’une rupture du ligament croisé antérieur, dont il décrit les autres signes cliniques. Ce traumatisme porte aujourd’hui le nom de « fracture de Segond ». Segond ayant inventé ou perfectionné un très grand nombre de procédés opératoires, parmi lesquels l’« opération de Péan-Segond », il a tout naturellement créé aussi de nombreux instruments, auxquels son nom reste également attaché : aiguille, spatule, tracteur, érigne, pinces ou valve de Segond.

Que savons-nous de la relation entre les deux hommes ? Paul Segond est membre fondateur de la société des Bibliophiles contemporains emmenée par Octave Uzanne en novembre 1889, où il est dénommé professeur à la Faculté de médecine de Paris, 11, quai d'Orsay. Il est toujours membre de cette société en 1894 (cinquième et dernier exercice). Paul Segond bibliophile contemporain assidu donc. Cela ne fait aucun doute.
Paul Segond a-t-il suivi Octave Uzanne dans l'aventure des Bibliophiles indépendants ? Nous ne savons pas.

L'exemplaire du Miroir du Monde dont il est question ci-dessus a été vendu en 2010 à Paris, chez Rossini (maison de ventes aux enchères) où il était estimé 80 - 100 euros. Nous ne connaissons pas le prix d'adjudication et l'exemplaire a été perdu de vue depuis.

On sait par ailleurs que Paul Segond était marié avec la fille de Juliette Adam et qu'il était un des médecins de Tourguénev. L'amitié semble-t-il forte et ancienne qui liait Uzanne au chirurgien date-t-elle du lycée Rollin ? C'est probable. Segond a-t-il soigné Octave Uzanne ? Aucune mention d'une éventuelle prise en charge ne se trouve consignée dans la correspondance des frères Uzanne que nous étudions actuellement (années 1906-1910).

En tous les cas il s'agit d'une « vieille complicité » qu'Uzanne aime à relever. Nous ne possédons aucune correspondance nous permettant d'en savoir plus pour le moment. Encore une fois nous devons nous en remettre au hasard des découvertes futures.


Bertrand Hugonnard-Roche

jeudi 21 novembre 2013

Exemplaires offerts à J. Carleton Young "The King of Books" par Octave Uzanne "Le Prince des Bibliophiles" (1916)

James Carleton Young
(1856-1918)
Qui était James Carleton Young ? (*)

James Carleton Young est né le 29 juillet 1856 à Marion dans l'Iowa et est mort le 7 janvier 1918 d'une embolie. Il fait partie de ces Américains qui se sont enrichis en achetant pour moins de $1 l'acre de terre dans le Minnesota, l'Iowa et les deux Dakota. Revendus plusieurs centaines de dollars l'acre, il devint rapidement riche à millions. Il se retire des affaires en 1913 pour se consacrer à sa passion : la construction d'une bibliothèque idéale ! Son grand projet s'articule autour de la collecte des exemplaires des textes classiques contemporains revêtus de dédicaces autographes. Dénommé Le Bibliophile dans son pays et "Le Roi des Livres" (King of Books) en France, Young n'a cessé de collecter ces ouvrages précieusement dédicacés à son nom la plupart du temps. Young fut membre des Amis des Livres, des Bibliophiles contemporains d'Octave Uzanne, des Bibliophiles indépendants d'Octave Uzanne. Malheureusement l'ensemble de sa collection fut mise aux enchères à New York chez Anderson Galleries en 1916, de son vivant. Il se consola de cette perte en sachant que ces beaux livres iraient rejoindre de grandes collections et d'importantes bibliothèques publiques. (**)

Avec cette bibliothèque très spéciale composée de milliers de livres dédicacés au même homme : James Carleton Young, c'est également la découverte d'un ensemble unique d'ouvrages d'Octave Uzanne dédicacés. Ces exemplaires doivent avoir été dispersés un peu partout entre amateurs, institutions publiques et privées, d'Amérique et d'Europe. Le hasard nous a fait retrouver l'exemplaire coté 1082 pour lequel nous reproduisons l'envoi autographe d'Uzanne à son ami James Carleton Young.



Coll. B. H.-R., 2013


"à mon ami J. Carleton Young
Hommage d'un amoureux du XVIIIe siècle.
Octave Uzanne."


L'exemplaire est resté broché, tel que paru et tel qu'offert à James Carleton Young dans les années 1880. Nous l'avons d'ailleurs retrouvé sur le territoire américain, à New York très exactement, chez le libraire James Cummins, et pour la somme de $250 (mars 2013). Tous les autres exemplaires restent à localiser.


Bertrand Hugonnard-Roche


* * *

Catalogue des livres d'Octave Uzanne offerts à Mr. James Carleton Young :

699. UZANNE (OCTAVE). Caprices d'un Bibliophile. Paris, 1878. One of the limited edition on Holland papier vergé, with an etched frontispiece by Adolphe Lalauze. Author's presentation inscription on half-title : "My first Book ! So far ! so far ! behind me ... to James Carleton Young. A new near friend. Octave Uzanne. "

700. UZANNE (OCTAVE). Son Altesse la Femme. Paris, 1885. One of 100 copies printed on Japan paper with the full-page illustrations in colors, etchings in two states. Presentation copy from the Author with inscription in French : "Her Highness Woman ! Presented by a bachelor, who became her faithful subject and her High Priest, - but the Catholic priests never marry. To James Carleton Young. Friendly Octave Uzanne. "

701. UZANNE (OCTAVE). Le Miroir du Monde. Paris, 1888. Limited edition on Vellum paper. Presentation copy with inscription on half-title in French : " To James Carleton Young. This villainous mirror which is appreciated only by the friendships wich it reflects. Octave Uzanne. "

702. UZANNE (OCTAVE). Les Ornements de la Femme. L'Eventail - L'Ombrelle - Le Gant - Le Manchon. Paris, 1892. Inscribed on half-title by Octave Uzanne.

703. UZANNE (OCTAVE). La Femme à Paris. Nos contemporaines. Paris, 1894. One of a small number printed with the 20 full-page illustrations engraved by Massé and other illustrations hand-colored. Inscribed by Octave Uzanne on the half-title.

704. UZANNE (OCTAVE). L'Ecole des Faunes. Contes de la Vingtième Année. Paris, 1896. One of a limited edition on tinted Scotch satin paper, with author's inscription on half-title : "A mon ami James Carleton Young these novels of a Youngster. Octave Uzanne. "

705. UZANNE (OCTAVE). L'Art dans la décoration extérieure des livres en France et à l'Etranger. Paris, 1898. Limited edition on Vellum paper, with author's presentation inscription in French : " To James Carleton Young, a friend of dedicated book, for whom very willingly I offer in exterior decoration of this one the signature of his friend - Octave Uzanne. "

706. UZANNE (OCTAVE). La Cagoule. Visions de notre Notre Heure. Choses et gens qui passent. Paris, 1899. Limited edition on papier vélin teinté, with author's presentation inscription on half-title.

707. UZANNE (OCTAVE). The French Bookbinders of the Eigtheenth Century. Chicago, Caxton Club, 1904. Inscribed, " Au Bibliophile et à L'ami, Souvenir de Sincère Cordialité, Octave Uzanne. "

911. UZANNE (OCTAVE). Le Calendrier de Vénus. Paris, 1880. One of 16 copies printed on China paper, with a fine etched fonstispiece by Perret. Author's presentation inscription in French covering the whole page [giving his opinion of women].

912. UZANNE (OCTAVE). The Fan. First English Edition. London, 1884. Inscription on half-title in French : " A coquette without a fan is like a gentleman without a cane in his hand, a soldier without a sword, a bull-fighter without a mantle. Immediatly she has to renounce the conquest of the Flirt. She has no more the beautiful ornament of her deportment, which is her offensive and defensive weapon, her sovereign sceptre. - Octave Uzanne. "

913. UZANNE (OCTAVE). Les Zigzags d'un Curieux. Causeries du l'art des livres et la littérature d'art. Paris, 1888. Limited edition on Holland paper. Inscribed by Octave Uzanne.

914. UZANNE (OCTAVE). Le Paroissien du Célibataire. Paris, 1890. One of [50] copies on Japan paper. With the frontispiece in 2 states. Inscribed by the author.

915. UZANNE (OCTAVE). La Femme à Paris. Nos Contemporaines. Paris, 1894. Author's presentation copy, with inscription on half-title in French : " To Mr. James Carleton Young. This book entitled ' Les Contemporaines ' will become so soon the books of the grandmothers. - Octave Uzanne. "

916. UZANNE (OCTAVE). Dictionnaire Biblio-Philosophique. Paris, 1896. One of 176 copies issued for members of Académie des Beaux Livres. Mr Young's copy. Inscribed by Octave Uzanne.

917. UZANNE (OCTAVE). La nouvelle Bibliopolis. Paris, 1897. Limited edition, with autograph inscription on the half-title.

918. UZANNE (OCTAVE). Les Modes de Paris. Paris, 1898. One of 10 copies on Japan paper, with the full-page illustrations in two states in black and in colors. Inscription on half-title in French : " To James Carleton Young. This evocation of Parisian modes, these moving pictures of the women of the XIXth Century is offered to a sincere Book-Lover of Minneapolis. - Octave Uzanne. "

919. UZANNE (OCTAVE). Figures de Paris. Ceux qu'on rencontre et celles qu'on frôle. Paris, 1901. One of the 200 copies published on Holland paper for the Bibliophiles Contemporains [i.e. Indépendants]. Inscribed on the half-title by Octave Uzanne.

947. UZANNE (OCTAVE). Caprices d'un Bibliophile. Paris, 1878. Limited edition on Holland paper, inscribed on the half-title by Octave Uzanne.

948. UZANNE (OCTAVE). Le Bric-à-Brac de l'Amour. Paris, 1879. Presentation copy from the author with inscription : " A James Carleton Young this Loves Book ... When I was 'Young' myself. Friendly, Octave Uzanne. "

949. UZANNE (OCTAVE). Le Calendrier de Vénus. Paris, 1880. Author's presentation inscription, " A James Carleton Young This book of a 'young one' now old Devil. Octave Uzanne. "

950. UZANNE (OCTAVE). Anecdotes sur la Comtesse Du Barry. Paris, 1880. Limited edition on Whatman paper. Presentation from the author with inscription on half-title in French : " To James Carleton Young. These anecdotes on amiable Queen of the 'left-hand' who expiated her follies on the scaffold. In friendly remembrance. Octave Uzanne. "

951. UZANNE (OCTAVE). La Gazette de Cythère. Paris, 1881. One of only a small edition. Presentation copy with half-title inscription by Octave Uzanne.

952. UZANNE (OCTAVE). L’Éventail. Paris, 1882. Inscribed on the half-title by Octave Uzanne.

953. UZANNE (OCTAVE). L'Ombrelle - Le Gant - Le Manchon. Paris, 1883. [exemplaire richement relié par RIVIERE en maroquin vert avec ombrelle dorée sur le premier plat]. Inscription on half-title in French : " To Mr. James Carleton Young. The author is glad to have in his hands this book about elegances of former times and who hopes to know some day, in France, if not beyond the ocean, the possessor of this book who was so kind as to honor it by a request to have it autographed. Octave Uzanne. "

954. UZANNE (OCTAVE). Les Moeurs Secrètes du XVIIIe Siècle. Paris, 1883. One of only a small edition printed. Presentation with inscription on half-title by the author.

955. UZANNE (OCTAVE). Son Altesse la Femme. Paris, 1885. Special copy on Japan paper for Mr. Ellie Beithet. Full-page illustrations in two states. Presentation copy from the author with inscription on half-title. " A James Carleton Young. God save the woman, the kind and sweet Majesty ! - Friendly Octave Uzanne. "

956. UZANNE (OCTAVE). La Française du Siècle. Paris, 1886. Author's presentation copy with inscription on half-title, in French : " To Mr. James Carleton Young. This Dilemma of French ladies with good American grace. Cordial homage. Octave Uzanne. "

957. UZANNE (OCTAVE). Nos amis les Livres. Paris, 1886. Limited Holland paper edition ; with autograph inscription by Octave Uzanne.

958. UZANNE (OCTAVE). Le Miroir du Monde. Paris, 1888. Limited edition on Vellum paper with autograph inscription and a dedication on a special page with decorative border (loose in covers). The inscription reads : " A mon ami James Carleton Young. The paper of 'The Miroir du Monde' is really blotting paper ... so I am obliged to write my dedicace upon this decorative vellum. Octave Uzanne. "

959. UZANNE (OCTAVE). Le Paroissien du Célibataire. Paris, 1890. Special copy on Japan paper. Frontispiece in two states. Presentation copy with inscription on half-title by Octave Uzanne.

960. UZANNE (OCTAVE). Le Livre Moderne. Paris, 1890-1891. Limited de Luxe edition on Holland paper. Every part contains a very characteristic and interesting inscription by the author. [en livraisons sous couvertures, il manque les livraisons 8 de 1890 et 15 de 1891].

961. UZANNE (OCTAVE). L'Art et l'Idée. Paris, 1892. Papier vélin. With a very interesting inscription by the author to Mr. Young in each volume. Contains also two bookplates etched by Henri Boutet.

962. UZANNE (OCTAVE). The Book-Hunter in Paris. London, 1893. Presentation copy from the author to Mr. Young with a very interesting and long inscription.

963. UZANNE (OCTAVE). La Cagoule. Visions de notre Notre Heure. Choses et gens qui passent. Paris, 1899. One of 50 copies printed on fine China paper and having the author's presentation inscription on half-title in French : " To James Carleton Young. These instantaneous photographs of vagabond, literary man. Octave Uzanne. "

1082. UZANNE (OCTAVE). La Chronique Scandaleuse. Paris, 1879. One of only a small edition printed. Presentation inscription on half-title by Octave Uzanne. [VOIR PHOTO]

1083. UZANNE (OCTAVE). Les Surprises du Coeur. Paris, 1881. Limited edition. Inscribed on the half-title by Octave Uzanne.

1084. UZANNE (OCTAVE). La Reliure Moderne artistique et fantaisiste. Paris, 1887. Limited edition on papier vélin, contains 72 plates of book-bindings printed in tints. Inscribed on the half-title by Octave Uzanne.

1085. UZANNE (OCTAVE). The Mirror of the World. London, 1889. First English edition. One of the 10 copies on large Japan paper. Inscription on half-title in French : "The Mirror of the World is pleasing only to fops, they see themselves in it with satisfaction and the vanity which makes them blind to themselves lends them all the indulgences for others. " Contains also a bookplate of W. H. Shir-Cliff.

1086. UZANNE (OCTAVE). Bouquinistes et Bouquineurs. Physiologie des Quais de Paris. Paris, 1893. Limited edition. Inscribed on half-title, in French : " In remembrance of flourished Quais of Bookishness which the Seine waters, This old book about the Parisian old book dealers to the citizen of Minneapolis dedicated by his affectionnate friend Octave Uzanne. "

1087. UZANNE (OCTAVE). La Femme à Paris, Nos Contemporaines. Paris, 1894. Author's presentation inscription on half-title, in French : " To James Carleton Young. The contemporary of these contemporaries dedicates this book of the women of Paris, with his cordial regards. Octave Uzanne. "

1088. UZANNE (OCTAVE). Voyage autour de ma [i.e. sa] Chambre. Paris, 1896. Special copy of 210 issued by the members of the society Bibliophiles Independants. Author's inscription on fly-leaf : "I wrote this chapter of sensation in an hour of belated youth, when my heart beat tumultously, at the suggestion of a friend of twenty years standing. I consider that it has preserved some impression of the state of my soul, which was sincerely touched. Only sadness reigns ; vulgar joy is lacking. Octave Uzanne. " (Translation)

1089. UZANNE (OCTAVE). William Nicholson. Almanach des Douze Sports. Paris, 1898. Limited edition. Printed for members de la Société des XX. Inscribed by Octave Uzanne.

1090. UZANNE (OCTAVE). La Panacée du Capitaine Hauteroche. Limited edition. Author's presentation copy to the illustrator of this book with inscription on half-title, in French : " La Panacée du Capitaine Hauteroche which you have so beautifully made the pictures for the epic poem. I dedicate to you, my dear Courboin, with grateful and cordial friendship. Octave Uzanne. "



* * *

Catalogue des livres ayant appartenu à Octave Uzanne et faisant partie de la bibliothèque de Mr. James Carleton Young :

377. HALEVY (LUDOVIC). Deux Mariages. Paris, 1883. Envoi de l'auteur à Octave Uzanne. 1 L.A.S. de l'auteur. Ex libris Octave Uzanne.

620. LA FAYETTE. Histoire d'Henriette d'Angleterre. Paris, 1882. Envoi de l'auteur (éditeur) à Octave Uzanne.

621. LOVENJOUL (CHARLES DE). Les Projets littéraires de Théophile Gautier. Extrait du "Livre" (mars 1882) Paris, 1882. Un des 100 exemplaires tirés à part. 4 L.A.S. par Lovenjoul, une caricature de Théophile Gautier et les ex libris de Théophile Gautier et d'Octave Uzanne.

713. OMAR KHAYYAM. Les Quatrains d'Omar Khayyam. Paris, Carrington, 1902. Exemplaire spécialement imprimé pour Octave Uzanne. (broché non coupé).

771. RICHEPIN (JEAN). Monsieur Scapin. Paris, 1886. Envoi de l'auteur à Octave Uzanne.


* * *


(*) M. James Carleton Young a entrepris de réformer la bibliophilie. Il a entrepris de se former une bibliothèque dans le goût de Ce qu’il faut lire dans sa vie, de M. Henri Mazel, c’est-à-dire composée de livres de valeur et de livres instructifs. Plus de ces babioles rares et curieuses auxquelles les maniaques du livre attachent tant de prix. Plus de ces frivoles reliures sans intérêt pour un bon esprit. Du reste, voici la psychologie du personnage par M. Alexandre Mavroudis, d’après L’Opinion : «J’ai eu le plaisir de rencontrer ces derniers jours M. James Carleton Young, Américain richissime et roi du livre. De taille moyenne, le visage boucané, les yeux intenses, Sa Majesté porte en guise de pourpre royale un costume de voyage au veston brun vert, fermé jusqu’au col. Il parle en égrenant ses paroles et, chose étrange, il connaît à merveille les affaires de son royaume. Mais en quoi consiste ce royaume du livre, quelle en est l’étendue et quels en sont les confins ? Il y a quelque trente ans déjà, M. James Carleton Young alors en pèlerinage à Athènes, assis sur une marche roussie par le soleil en admirant la beauté pure du Parthénon, fit un raisonnement simple et original : « En peinture et en sculpture on essaie de conserver les chefs-d’œuvre des maîtres. Pourquoi les grandes bibliothèques se sentent-elles obligées d’abriter tout ce qui est imprimé, sans considérer la qualité intrinsèque des livres ? Et ne pourrait-on pas réunir en un rayon éclectique tout ce qu’il y a de plus beau en littérature ? » À cette époque, M. James Carleton Young possédait une fortune médiocre. De retour à son pays il déploya toute son énergie en d’importantes entreprises, acheta des terrains fertiles dont la valeur s’accrût rapidement et enfin, devenu roi des métairies, il abdiqua volontiers pour se magnifier d’une couronne plus noble, celle du roi du livre. Depuis 1891, M. James Carleton Young consacre son temps et sa fortune à la réalisation de son projet de bibliothèque idéale, entreprenant dans ce but de longs voyages, dénichant des auteurs, courant après les premières éditions, passant au crible la surabondante production de nos temps, avec une méthode plus que plausible. – « Ce n’est pas le succès, me dit-il, qui me guide dans le choix des livres; c’est plutôt l’opinion de l’élite. Si un écrivain jouit d’une haute estime auprès des littérateurs de son pays, toutes ses œuvres ont droit d’entrer dans ma bibliothèque. Si parmi les ouvrages d’un écrivain il n’y en a qu’un qui ait des chances d’immortalité, alors on reçoit celui-là en excluant tous les autres. Mais je veux aussi que les œuvres des contemporains portent des inscriptions autographes de leurs auteurs. Chaque exemplaire renfermera ainsi quelque chose de la personnalité intime de l’écrivain. » Bien qu’original M. James Carleton Young n’a tout de même pas le tempérament d’un futuriste. Il n’abolit rien, mais il cherche à préserver de la destruction certaines œuvres qui semblent être la fleur de la création intellectuelle. Pour être plus exact, si M. Carleton Young abolit quelque chose, c’est un préjugé, celui qui nous fait trop souvent conserver avec une pieuse naïveté tous les bouquins bons, mauvais ou même absurdes, pourvu qu’ils soient imprimés. Nos grandes bibliothèques d’aujourd’hui sont des cimetières, M. James Carleton Young rêve de les rendre à la vie, en expulsant de là tout ce qui sent le moisi. Pas de respect pour la poussière des vieilles pages, point d’indulgence pour tout ce papier vainement noirci que d’énormes édifices contiennent à peine, aucun amour du livre pour le livre. Dans le jardin de la pensée humaine, ce souverain inflexible et logique veut trier, labourer, faucher, il a grande envie d’en écarter les arbres desséchés pour laisser plus de place, plus d’air, plus de lumière à ceux qui débordent de sève. Non point de crainte que ceux-ci ne meurent avant l’heure, mais pour que nous autres flâneurs puissions sentir plus aisément les saines odeurs qui en émanent. Ces louables sentiments n’ont aucun rapport avec ceux d’un vrai bibliophile, qui ne voudrait pas avoir chez lui la plupart des livres vantés par cet homme naïf qui a mis son idéal dans Sully-Prudhomme et Paul Bourget. (R. de B.) Source : http://agora.qc.ca/documents/bibliotheque--la_bibliotheque_ideale_de_james_carleton_young_par_alexandre_mavroudis

(**) James Carleton Young was born July 29, 1856 in Marion, Iowa and died on January 7, 1918 from having been "stricken by apoplexy" (such as a stroke, embolism, or thrombosis). He graduated with an M.A. from Cornell College in 1876, and in 1909 Cornell presented him with its first-ever Doctor of Literature degree. In 1880 he stood on the steps of the Parthenon and wondered why the world's best literature had not been collected under one roof. For the purpose of building this envisioned library himself, and without financial means at that time, he decided to raise the necessary fortune by conducting a large land and colonization business to buy up vacant acreage in Minnesota, Iowa, and the Dakotas, often for less than $1.00, which he then sold for hundreds of dollars per acre in order to purchase first editions. In 1913 he retired to devote himself to building his collection, with the intention of either presenting it when completed to the Library of Congress, the Smithsonian, or to an American university, or instead constructing a library in Loring Park. Indulging his lifelong love of literature, Young collected first editions of both contemporary and non-contemporary works (including pre-inscribed works by Hugo, Daudet, Dumas, Kipling, and Hans Christian Anderson) then sent the contemporary monographs to their authors with a request that they likewise inscribe them, earning Young the term "bibliophile," and in Europe, "Le Roi des Livres" ("King of Books"). Young was named honorary commissioner to the Paris exposition of 1878, elected as one of the three foreign members to the Socit Des Amis Des Livres in Paris, awarded the Cross of the Legion of Honor in 1910, and made a Fellow to the Royal Geographical Society of London, as well as many other important American bookclubs and societies. The books in his library ultimately numbered in the tens of thousands and required the services of a full-time librarian and bookkeeper, several assistants, catalogers, translators, and agents. His sent up to 5000 letters a year seeking autographs, and insisted upon responding personally to each reply, resulting in bad health, which prompted his physician to advise him to end his work. Mounting obstacles to his dream of keeping the collection together forced him to allow it to be auctioned off in installments by the Anderson galleries in New York in 1916, and Young took consolation that his books would "pass into the possession of my fellow collectors and enrich hundreds of public and private libraries." He ended up being better known abroad than in America, and relatively unknown in Minneapolis. He was survived by his wife, Etta May Rogers, and one daughter, Marguerite. (Source : http://www.hclib.org/pub/search/specialcollections/personalarchives.cfmAD=Young,%20James%20Carleton

mercredi 20 novembre 2013

Estampe réalisée à l'occasion de l'emménagement d'Octave Uzanne au 17, Quai Voltaire à Paris, entre septembre et décembre 1885 (et non 1886 comme nous l'avions cru tout d'abord).



Estampe (eau-forte) fait par Octave Uzanne à l'occasion de son emménagement
sur le Quai Voltaire entre septembre et décembre 1885 (et non 1886 comme nous l'avions cru tout d'abord)..

"Octave Uzanne,
avec ses meilleurs compliments, vous donne avis de sa
nouvelle adresse à dater de ce jour.
17, Quai Voltaire
Paris"

Nous avons traité récemment de la petite histoire de l'appartement d'Octave Uzanne situé au 17, Quai Voltaire à Paris. Nous en avons conclu, en tenant compte des éléments actuellement portés à notre connaissance, qu'il a emménagé à cette adresse entre septembre et décembre 1885 (et non 1886 comme nous l'avions cru tout d'abord).. Mais nous ne savons rien de la date exacte ni des conditions de déménagement depuis sa précédente adresse au 72 bis, Rue Bonaparte. Nous savons toutefois une chose : c'est qu'à l'occasion de son emménagement sur le Quai Voltaire, Octave Uzanne fait les frais d'une belle carte gravée pour en informer ses amis et collaborateurs. Nous en donnons une reproduction ci-dessus. Nous ne possédons pas l'original qui semble désormais fort rare et devra être trouvé "par le plus grand des hasards" au milieu des vieux papiers et autres cartes postales anciennes ...

L'eau-forte que vous pouvez voir ci-dessus n'est visiblement pas signée. Nous la reproduisons d'après une image "internet" (vente par un libraire ? brocanteur ? marchand de vieux papiers ?) dont nous avons perdu l'origine ... hélas ! Nous ne savons pas les dimensions de cette carte. Pas plus que nous ne connaissons le nom de l'artiste qui l'a conçue. Autant d'éléments qu'il nous reste à découvrir.

Inutile de vous dire que si vous la croisez, nous sommes particulièrement intéressé pour en faire une reproduction de qualité (ce qui n'est pas de le cas ici).


Bertrand Hugonnard-Roche

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