samedi 1 février 2020

Un bel envoi autographe d'Octave Uzanne à Jehan Durieux sur Parisiennes de ce temps (1910).




Exemplaire en vente à la librairie A la Demi-Lune, Jonathan Devaux (01/02/2020). Publié avec son autorisation.

Octave UZANNE. Etudes de sociologie féminine. Parisiennes de ce temps. En leurs divers milieux, états et conditions. Etudes pour servir à l'histoire des femmes, de la société, de la galanterie française, des moeurs contemporaines et de l'égoïsme masculin. Ménagères, Ouvrières et courtisanes, bourgeoises et mondaines, Artistes et comédiennes. Paris, Mercure de France, 1910 [achevé d'imprimer le 15 août 1910 par Ch. Colin à Mayenne pour le Mercure de France.] 1 vol. in-18 de 483 pages. Prix : 7 fr. 50. Il a été imprimé seulement 12 exemplaires sur hollande. 




Exemplaire broché en excellente condition, enrichi d'un long et bel envoi d'Octave Uzanne à l'écrivain Jehan Durieux : 

À M. Jehan Durieux
qui trop longtemps demeura pour moi 
l'ami inconnu,
avec tous mes remerciements de s'être révélé, à cette dernière étape de la route où l'on compte plus de disparus derrière soi que de réconfortantes dilections, pour le viatique suprême. 

Ce 20 XII 25. St Cloud. 

Octave Uzanne


Cette étude de sociologie féminine, consacrée à la parisienne, aborde de nombreux sujets comme le nu moderne, dans l'art et ses diverses expressions (chapitre II) ; la toilette à Paris, la coquetterie de la femme, le luxe des dessous, le triomphe des artifices, les divers budgets des parisiennes, l'élégance et la mode (chapitre III) ; le royaume de la mode, les créatrices parisiennes de la mode, les grands couturiers, le quartier des chiffons et du luxe féminin à Paris, les coulisses des ateliers de mode, les salaires des ouvrières de mode (chapitre IV) ; géographie de la femme à Paris, les deux rives de la Seine, Paris par départements, mes thébaïdes de la rive gauche, le parisianisme spécial de la rive droite, notes de voyage de la place de la Nation à la place de l'Étoile (chapitre V) ; la domesticité parisienne, la femme de chambre, la cuisinière, la bonne d'enfants, la bonne à tout faire, la femme de ménage, la bonne de chez Duval, la nourrice, la lectrice, la gouvernante, la demoiselle de compagnie (chapitre VI) ; les ouvrières de Paris, des manufactures, la porteuse de pain, les blanchisseuses, les fleuristes, les couturières, trottins parisiens, lingères, modistes, journalières, etc. (chapitre VII) ; les marchandes et boutiquières, boulangères, épicières, confiteuses, charcutières, modistes, corsetières, mercières, marchande de frites, vendeuses de jouet d'enfants (chapitre VIII) ; demoiselles et employées de magasin (chapitre IX) ; les dames d'administration, les balayeuses municipales, les buralistes, le personnel des hopitaux, les soeurs et les laïques, les employées de chemins de fer, la demoiselle des téléphones et des postes, la dactylographe, la gardienne du châtelet de la nécessite, etc. (chapitre X) ; les femmes artistes peintres et bas-bleus, les élèves d'ateliers, les copistes du Louvre, les femmes peintres, les femmes de lettres (chapitre XI) ; les femmes de théâtre, comédiennes, chanteuses, danseuses, écuyères, acrobates, actrice moderne, etc. (chapitre XII) ; les femmes de sport et les gynandres, équitation, cyclistes, patineuses, yachting, mail-coach, chasseresses, alpiniste, femmes de sciences, sage-femme (chapitre XIII) ; la bourgeoise parisienne (chapitre XIV) ; la femme hors des lois morales, la basse prostitution, la rodeuse des fortifs, la gigolette et ses souteneurs, les raccrocheuses et pierreuses, les petites bouquetières, les fausses ouvrières, les filles de brasserie, les étudiantes, les fenêtrières (chapitre XV) ; la prostitution moyenne (chapitre XVI) ; la prostitution clandestine (chapitre XVII) ; les phrynés actuelles (chapitre XVIII) ; psychologie de la contemporaine, fille, femme, mère (chapitre XIX). 

Comme le précise Bertrand Hugonnard-Roche, spécialiste d'Octave Uzanne, cette édition de 1910 n'est qu'une nouvelle édition revue et corrigée, sans illustration, et imprimée à grand nombre, de la première édition bibliophilique donnée sous le titre : « La Femme à Paris. Nos contemporaines. Notes successives sur les Parisiennes de ce Temps dans leurs divers Milieux, Etats et Conditions, par Octave Uzanne, en 1894. Cette luxueuse première édition, destinée aux bibliophiles précieux habitués aux riches publications d'Uzanne, ne pouvait alors toucher qu'un public restreint. Le prix de mise en vente du volume broché était de 45 francs or, 55 francs or sous un élégant cartonnage de soie avec broderies et estampages d'or. Il avait été fait un tirage de luxe à 100 exemplaires sur japon avec les planches hors texte en double état (noir et couleurs), 100 francs l'exemplaire ; et 10 exemplaires sur japon, enrichis chacun de trente dessins originaux de Pierre Vidal, 500 francs l'exemplaire. Le volume du Mercure de France est mis en vente en 1910 à 7 francs 50. On distingue bien les deux publics différents visés. 

Comme le précise encore Bertrand Hugonnard-Roche, Octave Uzanne décrit lui-même ce livre comme de "noires sociologies de Paris - Pays noir - de la femme.". (envoi autographe dans un autre exemplaire de ce livre), comme un " défilé de parisiennes qui témoignent que les apparences sont trompeuses, que le Paradis dissimule souvent des enfers pitoyables, et que le vice même a souvent ses vertus". Octave Uzanne se souvient, encore une fois dans un envoi autographe qu'il signe quelques jours seulement avant de mourir : "Ces Parisiennes qui furent mes contemporaines et qui s'enfoncent dans ce gouffre du passé que l'oubli recouvre." 

Remy de Gourmont, son ami, publiera une élogieuse critique dans ses Promenades littéraires (Quatrième série, 1912). Il écrit : 

"L'ouvrage qu'il réédite aujourd'hui est, au contraire, du genre suivi, de ceux qui ont un commencement et une fin et forment un tout parfaitement complet. Il date évidemment d'une période de la vie de l'auteur où il jouissait d'une grande stabilité d'esprit, car c'est faire preuve d'une singulière persévérance que d'étudier, un à un, tous les types de cet être multiforme que l'on nomme la Parisienne. La voilà selon tous ses états, selon tous ses contrastes, depuis la grande dame jusqu'à la balayeuse des rues. Vouloir donner une juste idée de ce livre en quelques lignes serait fort présomptueux. C'est un tableau du Paris d'aujourd'hui et presque complet, quoiqu'il n'étudie que la femme, car on ne peut parler d'un sexe sans laisser entrevoir l'autre. Quels que soient non métier ou sa profession, la femme est femme avant tout et c'est ce qui donne de l'unité à cette enquête nécessairement fragmentée. Un professeur et un employé de commerce forment deux types sociaux parfaitement distincts ; entre la jolie institutrice et la jolie vendeuse, Don Juan ne fait pas de différence, et le point de vue de Don Juan sera toujours un peu celui de l'observateur le plus désintéressé. Tout livre de ce genre sera donc moins une étude sur les métiers exercés par les femmes que sur les femmes qui exercent des métiers, et c'est ce qui en fait, en dehors de tout autre point de vue, l'agrément. Y-a-t-il un type de la Parisienne ? Cela n'est plus bien certain. La facilité avec laquelle la provinciale, l'étrangère même, prennent les différents aspects de la Parisienne donne à réfléchir. De plus, la plupart des Parisiennes ne sont pas nées à Paris, où beaucoup d'indigènes n'ont aucune des qualités que l'on reconnait généralement à cette catégorie de Françaises. Je crois qu'il y a des Parisiennes dans toutes les villes et surtout les grandes villes de France, ou, si elles n'en sont pas encore, elles peuvent le devenir en une saison. Peut-être que ce qui caractérise le mieux la Parisienne, c'est sa manière de comprendre et de sentir l'amour, mais cela tient à la grande liberté de sa vie, au peu de jalousie des hommes qui sentent l'impuissance de leur attention dans cette immense fourmilière. Cette confiance est d'ailleurs la meilleure tactique. Attaquée de trop de côtés à la fois, la Parisienne passe sa vie à parler de l'amour, bien plus qu'à le pratiquer. Au reste, il y a bien des sortes de Parisiennes et il est naturellement d'elles comme des femmes en général : tout ce qu'on en dit est à la fois vrai et faux, juste et injuste. Le livre d'Uzanne, écrit à un point de vue purement objectif, ne mérite pas ce reproche ; précis dans son observation, il est équitable dans son jugement philosophique. Veut-on le titre complet de l'ouvrage ? C'est presque une analyse : « Etudes de sociologie féminine. Parisiennes de ce temps en leurs divers milieux, états et conditions. » Etudes pour savoir « l'histoire des femmes, de la société de la galanterie française, des moeurs contemporaines et de l'égoïsme masculin. Ménagères, ouvrières et courtisanes, bourgeoises et mondaines, artistes et comédiennes. » Cela a une petite senteur dix-huitième siècle qui n'est pas désagréable et ne gâte rien. On pense à Sébastien Mercier et à Restif de la Bretonne, et on n'a pas tort. C'est entre ces deux grands observateurs des moeurs françaises et du coeur humain que se place naturellement Octave Uzanne."


Merci Jonathan, 

Bertrand Hugonnard-Roche

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...