dimanche 9 octobre 2016

Lettre inédite d'Octave Uzanne à son frère Joseph. Etretat le 3 juillet 1929. "Je rentre en bon état, très reposé, côté cérébral et dépouillé de tout pessimisme de vieillard attardé sur un globe si transformé par les faits."



Uzanne écrit à son frère Joseph. Octave est âgé de 78 ans. Il est en villégiature à Etretat.

[enveloppe-lettre / Collection Dubonnet] Etretat. Mercredi 3 juillet 29.

Mon chéri,
J’espère te téléphoner demain – si tu appelles vers 11 ½, ce ne sera peut être pas Alphonsine(1) mais moi qui répondra – sinon ce serait le soir.
Je prends aujourd’hui un autobus en service depuis 2 jours (Dieppe maritime Etretat – le Havre par le littoral il doit me conduire à la gare du Havre en 1 h ¼ vers 4 h 45, à temps j’espère pour prendre le rapide de 17 h 15 qui me fera coucher, soit à Rouen soit à Paris – je verrai en route.
Hier l’après midi fut pluvieux de façon indésirante comme disait ce normand d’Aurevilly qui s’y connaissait en crachins du pays – je suis sorti tout de même.
Je rentre en bon état, très reposé, côté cérébral et dépouillé de tout pessimisme de vieillard attardé sur un globe si transformé par les faits.
Bons baisers.
Octave

(1) sa domestique

Source : Archives départementales de l'Yonne (89), Fonds Yvan Christ. [ref. numérisation Mel.10]

mercredi 5 octobre 2016

Lettre inédite d'Octave Uzanne à son frère Joseph. Barbizon le 13 août 07. Bilan de santé morale et physique.



Voici un petit bilan de l'état de santé (moral et physique) d'Octave Uzanne alors qu'il est âgé de 56 ans. Il est en retraite à Barbizon dans une pension. Voici ce qu'il écrit à son frère adoré.

Lettre inédite d'Octave Uzanne à son frère Joseph. Barbizon ce 13 août 07

Mon bon chéri,

Je me sens de mieux en mieux – Le bromure a merveilleusement calmé mon état nerveux devenu sédatif et les compotes et fruits cuits ont régularisé les fonctions intestinales, sans autre aide. Je pense, j’espère que je me trouve en bonne voie de santé intégrale. C’est si bon de se sentir bien.
Tes passages ici sont trop rapides pour que tu puisses comprendre la douceur de ma vie : très supérieure comme repos, nourriture, hygiène et exercice à celle que je mènerais en communauté dans quelque ville d’eau ou sur quelque plage à l’hôtel. Tu vois cela rapidement avec ton habitude de Paris et de mouvement des stations thermales et tu trouves ce genre de vie, à ton point de vue, triste sans doute, monotone et replié sur soi même – mais c’est une erreur – il faut, même pour juger l’existence des autres, la partager quelque peu et ainsi la comprendre.
J’ai reçu, du Dr Laffont, une lettre de 5 pages. lettre conseil sur mon état – c’est beau de sa part, lui qui jamais n’écrit – il y a de très bonnes choses et d’autres à dédaigner peut-être – c’est tout un régime quotidien – intelligent en somme et précieux en plus d’un point.
Laffont me dit avec justesse que je n’ai aucune tare cardiaque et par conséquent que je n’en ai jamais eu – il me le jure – il ajoute qu’à notre âge ça ne bouge plus le cœur, et que si on a été indemne jusque là on est sur de ne plus se donner de lésion avec une vie d’hygiène telle que la mienne – Il me confirme également l’excellence de mon estomac et me reproche seulement de l’avoir compromis par mon excessive complaisance à user d’une droguerie persistante – ce qui au fond est vrai.
Je pense que tu es rentré sans trop de fatigue dimanche – (je t’écris avant la venue du facteur) toutefois ces petits voyages sont encore fatigants en une journée. Il est regrettable que tu ne puisse faire autrement – D’autre part, comme tu redoutes un peu la marche et que tu la crois contraire, que tu n’es pas installé, les distractions à t’offrir me semblent maigres et cela me parait regrettable de penser te donner des journées peu réjouissantes et qui ne sont agréables que pour moi.
Le temps s’est voilé – il est doux – les soirées sont fraîches, je ne sors plus après diner, éprouvant des sensations de pénétration frigide qui m’indiquent la prudence.
Affectueux baisers.

Octave

Quand tu auras l’analyse de mon urine – envoie la moi – c’est 10 frs – je suppose – si oui je te les enverrai ou remettrai pour que tu règles aussitôt.



Source : Archives départementales de l'Yonne (89), Fonds Yvan Christ. [ref. numérisation 1907.29]

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