Voici un petit bilan de l'état de santé (moral et physique) d'Octave Uzanne alors qu'il est âgé de 56 ans. Il est en retraite à Barbizon dans une pension. Voici ce qu'il écrit à son frère adoré.
Lettre inédite d'Octave Uzanne à son frère Joseph. Barbizon
ce 13 août 07
Mon bon chéri,
Je me sens de mieux en mieux – Le bromure a
merveilleusement calmé mon état nerveux devenu sédatif et les compotes et
fruits cuits ont régularisé les fonctions intestinales, sans autre aide. Je
pense, j’espère que je me trouve en bonne voie de santé intégrale. C’est si bon
de se sentir bien.
Tes passages ici sont trop rapides pour que tu puisses
comprendre la douceur de ma vie : très supérieure comme repos, nourriture,
hygiène et exercice à celle que je mènerais en communauté dans quelque
ville d’eau ou sur quelque plage à l’hôtel. Tu vois cela rapidement avec ton
habitude de Paris et de mouvement des stations thermales et tu trouves ce genre
de vie, à ton point de vue, triste sans doute, monotone et replié sur
soi même – mais c’est une erreur – il faut, même pour juger l’existence des
autres, la partager quelque peu et ainsi la comprendre.
J’ai reçu, du Dr Laffont, une lettre de 5 pages. lettre
conseil sur mon état – c’est beau de sa part, lui qui jamais n’écrit – il y
a de très bonnes choses et d’autres à dédaigner peut-être – c’est tout un
régime quotidien – intelligent en somme et précieux en plus d’un point.
Laffont me dit avec justesse que je n’ai aucune tare
cardiaque et par conséquent que je n’en ai jamais eu – il me le jure –
il ajoute qu’à notre âge ça ne bouge plus le cœur, et que si on a été indemne
jusque là on est sur de ne plus se donner de lésion avec une vie d’hygiène
telle que la mienne – Il me confirme également l’excellence de mon estomac et
me reproche seulement de l’avoir compromis par mon excessive complaisance à
user d’une droguerie persistante – ce qui au fond est vrai.
Je pense que tu es rentré sans trop de fatigue
dimanche – (je t’écris avant la venue du facteur) toutefois ces petits voyages
sont encore fatigants en une journée. Il est regrettable que tu ne puisse faire
autrement – D’autre part, comme tu redoutes un peu la marche et que tu la crois
contraire, que tu n’es pas installé, les distractions à t’offrir me
semblent maigres et cela me parait regrettable de penser te donner des journées
peu réjouissantes et qui ne sont agréables que pour moi.
Le temps s’est voilé – il est doux – les soirées sont
fraîches, je ne sors plus après diner, éprouvant des sensations de pénétration
frigide qui m’indiquent la prudence.
Affectueux baisers.
Octave
Quand tu auras l’analyse de mon urine – envoie la moi
– c’est 10 frs – je suppose – si oui je te les enverrai ou remettrai pour que tu
règles aussitôt.
Source : Archives départementales de l'Yonne (89), Fonds Yvan Christ. [ref. numérisation 1907.29]