lundi 31 décembre 2012

Octave Uzanne (1851-1931), homme de lettres, bibliophile et charmeur d'esprit, par delà le tombeau et l'oubli, parce que demain ne meurt jamais, se joint à moi pour vous souhaiter mille délices pour la nouvelle année 2013 qui s'annonce.



Un grand, un énorme merci à toutes celles et à tous ceux qui m'ont accompagné dans cette aventure aux portes d'Uzannie depuis maintenant une année. Chaque soutien, que ce soit dans mes recherches, dans le partage de mes trouvailles, ou dans la mise en oeuvre de ce blog entièrement consacré à Octave Uzanne, est une perle précieuse au front du curieux que je suis. Mille mercis à vous !

2013 nous réservera son lot de belles surprises, c'est certain.

Je tenais à vous dire encore une fois tout le plaisir que je prends à faire resurgir de l'oubli toutes ces bribes de temps passé, de petite histoire, ces fragments de peu de chose. L'histoire s'écrit aussi dans les interlignes, discrètement, loin du tumulte des vérités grandioses.

En ce 31 décembre 2012, mes pensées vont à celui, qui, bien que trop tôt disparu, n'a jamais cessé d'occuper mes pensées. C'est à lui que je dois ma curiosité et ma soif d'apprendre et de comprendre.

Demain ne meurt jamais.

à Franck.

Bertrand Hugonnard-Roche


dimanche 30 décembre 2012

Jean Lorrain. L'artiste - L'ami. Souvenirs intimes - Lettres inédites, par Octave Uzanne. Les Amis d'Edouard, mars 1913.

En mars 1913 sort des presses de F. Paillart à Abbeville, un petit volume de format in-12 carré (16,5 x 13cm). 65 pages pages entièrement consacrées à la mémoire d'un ami : Jean Lorrain (1855-1906). Octave Uzanne signe d'une plume sensible ce petit mémento sur son ami "décadent fin de siècle".
Il faudrait citer le texte dans son intégralité pour bien comprendre toute l'admiration et le respect qu'Octave Uzanne vouait à l'auteur de la Forêt bleue, de Monsieur Bougrelon, des Buveurs d'âmes et du Vice errant. Sans dissimuler ses vagabondages en pays du vice, sans estomper les outrances de son caractère normand, Uzanne dresse ici de manière délicate un portrait d'ami aimé.

Ce petit volume parait sept ans après la disparation de Jean Lorrain. L'année précédente Uzanne avait donné un article dans la Dépêche de Toulouse (26 juillet 1912). Nous le reproduisons ci-dessous :

"Au lendemain de sa mort, un lâche silence s'était fait sur l'homme et sur son oeuvre. Tous ceux qu'il avait malmenés, dont il avait dénoncé les tares morales, sinon montré les adipeuses bouffissures de vanités outrecuidantes et ridicules, avaient conservé à son égard des haines vives, des rancunes persistantes. L'hypocrisie des grands quotidiens de Paris, auxquels il avait collaboré avec tant de succès, s'en était mêlée. On ne le craignait plus ; on crut pouvoir faire autour de son nom la conspiration de l'oubli ; on s'efforça d'établir un courant d'opinion qui lui serait nettement défavorable et où il disparaîtrait tout entier. Mais le triomphe des audacieux assez impulsifs pour braver les éphémères couardises haineuses des contemporains n'est jamais tardif. La figure et les oeuvres de ceux qui ont su combattre les laideurs morales et ridiculiser les sottises de leur temps ne peuvent guère subir une éclipse de longue durée. Les générations montantes s'empressent généralement de leur rendre justice et honneur. Aujourd'hui, Jean Lorrain apparaît en belle lumière, au-dessus des légendes perverses qui furent créées pour déshonorer sa vie. Les vertus littéraires de celui qui fut le très incomparable metteur en scène des vices de notre heure et qui disait si bien : "Un vice, c'est un goût qu'on ne partage pas" ; ces vertus indéniables faites de mépris de l'opinion, de vaillante honnêteté, du plaisir de démasquer la laideur qui se veut farder de physionomies d'emprunt, ces vertus dominent l'oeuvre et sont presque partout reconnues par la jeunesse.

Les livres de Jean Lorrain souvent imparfaits, abandonnés à l'impression sans révision suffisante, au milieu d'une vie fiévreuse, agitée, angoissée par de fréquentes douleurs et qui n'ont rien de l'existence rangée d'un homme de cabinet, ces romans, ces poésies savoureuses, étranges, venant d'une âme en éternel exil des temps héroïques, somptueux et barbares, ces notes amères et cinglantes sur le Paris moderne et ses "poussières", sur le cosmopolitisme rastaquoueresque de la Riviera, ces contes bizarres de visionnaire et de curieux d'au-delà, toutes ces oeuvres où se heurtent ses opulences, ses nostalgies de couleurs, de fastes orientaux et un goût prononcé des débauches fabuleuses, ces oeuvres véhémentes et sans retouches ont toujours des lecteurs et des admirateurs sincères. Jean Lorrain me fut un ami cher, dont j'appréciai les rares délicatesses, l'âme endolorie et fière, le pénétrant esprit d'observation, l'honnêteté littéraire et surtout le sentiment impérieux, le rare diagnostic de la beauté sous toutes ses formes et origines. Il eut tous les dons de la valeur subtile de sensitivité artistique au suprême degré. Je le vois encore au cours d'un voyage en commun à travers les musées des Flandres et de Hollande, pâlissant ému jusqu'à l'oppression, en extase devant des chefs-d'oeuvre inconnus, fonçant toujours instinctivement sur l'oeuvre incomparable, ayant le flair du beau, la religion de l'original, le culte de la libre technique.

Les hommes de lettres sont le plus souvent des professionnels très bornés en dehors de leur métier et infiniment plus fermés qu'on ne le suppose aux idées d'art. La plupart ne "vibrent" en apparence que par snobisme vis-à-vis des chefs-d'oeuvre conventionnels, étiquetés et qu'on ne discute plus. Mais rarissimes sont ceux qui sont vraiment délicats, passifs du beau, et qui ont la commotion directe de l'art, la divination de la supérieure esthétique, le sentiment de la perfection, de la grâce, de l'harmonie des lignes et des couleurs ; et qui entrent en communion extasiée avec les oeuvres de statuaire ou de peinture, de céramique ou d'art appliqué dignes d'un hommage éclairé. "Une belle oeuvre se ressent comme un coup de poing dans l'estomac", me disait l'admirable sculpteur-potier Joseph Carriès. Lorrain encaissait avec une volupté défaillante ces coups de poing ; sa figure se magnifiait vis-à-vis des toiles magistrales, des oeuvres de primitifs ignorés, devant les portraits expressifs — même devant le cauchemar d'Hyéronimus Bosch — les magots de Téniers, les scènes de Jean Steen ou les interprétations grandioses des légendes chrétiennes. Ce fut un merveilleux instrument de sensations artistiques.

Bien que ses études, ses travaux de linguistique ne l'aient point, à vrai dire, doté d'une suffisante palette, de mots magiques et de termes précis pour traduire ses émotions et exprimer ses visions, il savait, par une miraculeuse intuition, découvrir les vocables qui peignent et les adjectifs qui précisent. Les pages qu'il nous laissa, toutes négligées qu'elles soient, vivent, bien que moins travaillées, reprises ou stylisées, tout autant que celles d'un Huysmans, d'un Théophile Gautier ou d'un Paul de Saint-Victor. Sa vie impétueuse emportait sa pensée en dehors des lexiques orthodoxes, au delà des règles étroites des styles classiques. Tout lui était prétexte à couleurs, à broderies gemmées. Il était écrivain né, avec un tempérament de poète ivre de rythmes et éternellement bercé par la cadence des phrases.

La littérature le tenaillait tout entier et il ne résistait pas au plaisir de découvrir, sans intérêt autre que de révéler leur mérite, les talents des nouveaux venus, et de toutes origines et expressions, dont beaucoup, sans sa ferveur de lecteur, seraient demeurés inconnus. Même de ceux qui le vilipendaient, qui étaient ses plus acharnés ennemis et qu'il avait pu naguère blesser au passage, il citait les oeuvres de valeur, les jolies perles découvertes sur leur fumier et il le faisait inlassablement, loyalement, par la plume ou la parole. C'était l'apôtre sincère de toutes les beautés rencontrées sur sa route." (Dépêche de Toulouse du 26 juillet 1912).

Cet article fut relayé par Remy de Gourmont dès le 16 août 1912, toujours dans les colonnes de la Dépêche de Toulouse : "J'aimais beaucoup Jean Lorrain et je ne passe jamais rue d'Auteuil sans évoquer le salon où pendait dans une encoignure une tête de cire pâle et sanglante, qui semblait sortir toute fraîche de dessous le couperet, ou plutôt, car il avait des intentions romantiques, de dessous le glaive de quelque bourreau florentin ou milanais. Il était de relations agréables et sa littérature avait un attrait singulier de perversité. C'était un chroniqueur redoutablement spirituel ; on aurait pu prendre son esprit pour de la méchanceté, mais il ne se croyait peut-être que pittoresque. J'ai relu quelquefois son premier livre, Dans l'Oratoire, qu'il regrettait peut-être, car il ne le réimprima jamais, et je crois que si c'est le plus équivoque, c'est aussi le meilleur et celui qui sortit le plus franchement de sa verve ironique. Mais, avec tout cela, je me figure mal Jean Lorrain présidant en bronze aux destinées du port à maquereaux de Fécamp et à l'élaboration de la bénédictine. Il était de Fécamp sans doute, mais son esprit n'en était guère."

Il y a une force indéfinissable dans ce Jean Lorrain, L'artiste - L'ami, souvenirs intimes publié par Uzanne pour un nombre très restreint de lecteurs. En effet, ce petit volume n'a été imprimé qu'à 80 exemlaires hors commerce. 76 exemplaires sur Hollande numérotés 5 à 80 et seulement 4 exemplaires sur Japon numérotés 1 à 4, pour les amis d'Edouard (l'éditeur et ami des lettrés Edouard Champion). Ce volume est le 14e de la série (inaugurée en 1911 avec un texte de Maurice Barrès). Cette série comptera 169 volumes (les 112 premiers volumes sont décrits ICI).

Nous avons longtemps espéré trouvé ce petit volume au tirage si restreint. La chance et un peu d’opiniâtreté seuls ont permis que cet espoir devienne réalité. Au delà de nos espérances même puisque nous avons réussi à mettre la main sur un des rares exemplaires imprimés sur papier du Japon (non justifié). Une question demeure d'ailleurs quant à la justification du tirage de ce petit livre. Nous avons répertorié actuellement 2 exemplaires de ce livre. Le premier à la BNF (numérisé sur Gallica - à télécharger ICI), exemplaire qui n'est pas justifié. Le second exemplaire se trouve en vente chez un libraire (parmi l'ensemble des volumes de la collection) et n'est pas justifié non plus (exemplaire sur Hollande). La question est donc : les exemplaires de ce petit livre sont-ils justifiés à la main (à la plume) ? ou bien sont-ils justifiés au composteur ? De même on lit à la justification imprimée : Exemplaire N° .... Pour .... Les exemplaires numérotés sont-ils tous nominatifs ? Le petit nombre d'exemplaires en circulation fait qu'il nous faudra sans doute attendre un peu de temps avant de pouvoir répondre à ces questions.

Nous avons parsemé le texte de ce billet de quelques extraits choisis du texte. Bonne lecture.

Nous renvoyons par ailleurs au site entièrement consacré à Jean Lorrain (qui ne semble malheureusement plus mis à jour) ici : http://www.jeanlorrain.net/ 

Bertrand Hugonnard-Roche

samedi 29 décembre 2012

Le Dr. J.-C. Mardrus, Octave Uzanne et la Reine de Saba (1918).


La Reine de Saba selon le texte et la traduction du Dr. J.-C. Mardrus. Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, Eugène Fasquelle, éditeur, 1918. 1 volume in-12 carré (16,5 x 12,5 cm), 164-(2) pages. Edition originale dont il a été tiré 20 exemplaires numérotés sur papier impérial du Japon. Exemplaire imprimé sur vergé d’Arches avec en guise de justification du tirage cette phrase « comme le camphre et le basilic » (imprimé en cercle). Exemplaire offert par l’auteur à Octave Uzanne avec cet envoi : « A mon parrain Octave Uzanne, l’amitié la plus ancienne. Dr. J. C. Mardrus. 202 Bd St Germain ». Exemplaire avec l’ex libris monogramme d’Octave Uzanne collé au bas de la page de titre. Octave Uzanne a joint à cet exemplaire trois belles lettres autographes de l’auteur, une carte postale et un entier postal. (*)


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En 1918, Octave Uzanne est âgé de 67 ans. Il est déjà allé plusieurs fois en Egypte, notamment au Caire, où il a sans doute visité quelques lieux fameux avec le Dr. Mardrus. (**) On découvre ici un étrange lien parrain – filleul entre les deux hommes (encore inexpliqué). Nous n’avons pas connaissance à ce jour d’autres documents reliant les deux hommes. Ces cinq lettres sont un intéressant témoignage.


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Voici le détail de chacun de ces documents [les lettres I à V, toutes de l’année 1918 sont de notre collection].

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Lettre I. 2 pages in-8. Non datée (1918).

                202 Bd St. Germain

                O mon Parrain, émoi de la fidélité, parangon de la délicatesse, ô père d’une plume qui sait ramasser l’essentiel et le graver dans la pulpe des humains, cher Uzanne de toujours, mon ami,
                Je vous serre contre ma poitrine et vous inscris à jamais sur le livre de la Félicité au nombre des fils de la Divine Amie, des fils de Roi, avec la sauvegarde et les bénédictions sur vous et autour de vous. Amîn !
                
Je le savais, que ce livre était pour vous plaire. Et je sais qu’il sera désormais contre votre cœur, et que vous allez en être l’Apôtre, comme vous venez d’en être l’annonciateur. Cet apostolat est digne certes ! de vous et de votre entendement généreux, et vous rendra les bénédictions de tous ceux que vous aurez ainsi incités vers les hauteurs, vers la pureté, et vers la lumière. Il n’est pas de rôle plus souhaitable que cette influence spirituelle de l’être éclairé sur ceux qui tatônnent au milieu des larves et des ténèbres.
                                                               Votre frère,
                                               Le Vieux de la Montagne
                                                               Dr. J. C. Mardrus

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Lettre II. Carte postale de Bormes (Var) – Vue générale. Cachet de la poste en date du 1er avril 1918.

                Mon très-cher Uzanne,
                Je vous invite à déjeuner ici, au fond des forêts des « Maures » où vit une race arabe aux beaux yeux bleus asiatiques.
                Je vous attends, précédé d’une lettre avec détails multiples sur notre pauvre Paris – si vous en avez le loisir.
                Votre ami inoublieux.
                Docteur Mardrus
                à Bormes (Var)

[Cette carte est adressée à Monsieur Octave Uzanne 62 Boulev. de Versailles à Saint-Cloud (Seine et Oise].

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Lettre III. 2 pages in-8. Non datée (1918). Papier à en-tête du Pavillon de la Reine à Honfleur (Calvados).

                Cher ami, cher confrère en asinophilie egyptiaque,

                Donc vous nous faites beaucoup de peine par tout ce que vous nous dites de votre indisposition et de cette impossibilité de venir à ce Pavillon qui se faisait beau à votre intention. Et voilà encore, pour vous, une joie qui ne se réalise pas. Tant pis !
                Au moins, tâchez de lire le « Femina » du 1er août où vous trouverez des souvenirs qui vous plairont sur nos chers danseurs – âniers ivres de gaîté et de haschisch.
                A Paris donc ! Mais maintenant je vous envoie, pour nous deux, le salam de l’amitié un peu déçue et de la ferveur.
                Dr. J. C. Mardrus.

                Nos souvenirs charmés à monsieur votre frère, je vous en prie.

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Lettre IV. 2 pages in-8. Non datée (1918).

202 Boulev. St. Germain

                O ami de race, vos paroles, votre amour pour cette œuvre de mystère et de lumière que l’on vient, après vous, de définir par deux mots magnifiques et, je pense, excessifs : « C’est du jamais vu et du jamais lu ! » (la philosophie asiatique dont je suis nourri me préserve de tout vertige et se charge de me remettre en équilibre si je fais mine de flancher) – votre colère contre l’atmosphère de demi-compréhension et de demi-tout, votre révolte contre l’Europe et son ciel, mon cher, dont cela me donne de la joie fraternelle, et un tel encouragement !
                Nous aurons à parler de choses faites pour le transport ! Vous n’auriez qu’à me fixer vous-même le jour de votre choix pour déjeuner ensemble, selon notre mutuel désir, dans quelque local que nous pourrions imaginer quelque peu semblable à ce divin souterrain où je vous conduisis, un soir, du pas de nos ânes sublimes, admirer les nègres noirs buvant l’ivresse de la « bouza » laiteuse. Vous en souvenez-vous ? Il n’y a, non loin de chez moi, du côté du Panthéon, un petit cabaret à relent gréco-turc où il serait possible de nous sustenter d’éléments asiatiques.
                Au revoir, ami très-attendu, et voici mon salam embaumé de souhaits.
                Dr. J. C. Mardrus

Vous ai-je déjà dit ce que signifie, en arabe, votre nom, cher Uzanne ? – « Etalon ! » ni plus ni moins … Ainsi soit-il !

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Lettre V. Entier postal. Adressé à Octave Uzanne au 62 Boulevard de Versailles à St-Cloud. La date du cachet n’est pas lisible (1918).

                202 Bd. St. Germain

                Tout me va, ô cher entre les chers, l’heure, la rencontre, le lieu, mais non le jour de jeudi, pour mon regret. Veuillez atténuer ce regret en choisissant vendredi, samedi, dimanche, etc … je répondrai par l’ouïe et l’obéissance, en ne répondant pas à votre mot que j’espère.
                Il ne faut guère compter sur baklavas et sucreries, puisque tout le sucre est raflé par les fils de veaux, les vaches, les salopes, les vieilles calamiteuses et les avariés impotents qui survivent et profitent de la boucherie européenne, ô honte !
                Votre filleul. Dr. J. C. Mardrus

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(*) Volume et documents de notre collection.

(**) Joseph-Charles Mardrus (1868 au Caire, Égypte d'origine arménienne - 1949 à Paris) est un médecin, poète et traducteur français. Il fut, en son temps, un éminent orientaliste et un acteur important de la vie parisienne. « Musulman de naissance et Parisien par accident », ainsi qu’il se définissait lui-même bien qu’Égyptien et catholique, Mardrus fut un grand voyageur, parcourant les mers à la recherche des légendes de son Orient natal. Aimant les fleurs, les pierres précieuses, les tables fastueuses, les tissus chamarrés et la photographie, il fut de ceux qui insufflèrent au monde parisien un engouement pour l'orientalisme, tout comme son ami Paul Poiret avec qui il créa la « Mille et Deuxième Nuit ». Il fit ses études au Liban avant de s'installer à Paris. Avant la Première Guerre mondiale, il connut une période de voyages, il a été médecin sanitaire auprès du ministère de l'Intérieur et chargé de mission au Maroc et en Orient, médecin aux Messageries maritimes, puis il sillonna l’Orient avec sa première épouse, la poétesse Lucie Delarue-Mardrus. À partir de 1915, il voyagea moins, mais eut une vie tout aussi riche aux côtés de Gabrielle Bralant – rebaptisée Cobrette. Encouragé par Stéphane Mallarmé, il traduisit, de 1898 à 1904, une nouvelle version des contes des Mille et Une Nuits, en seize volumes et 116 contes, dans une perspective plus érotique, au texte non expurgé, faisant ressortir les transgressions et les ellipses amoureuses se nichant dans le texte initial d'Antoine Galland. Il se servit d’un ensemble varié de textes (l’édition de Boulaq, la traduction de Scott, le recueil d’Artin Pacha et de Spitta bey), et même des histoires hindoustanies, tout en prétendant, invraisemblablement1, disposer d’un manuscrit inédit. Ses histoires de Douce Amie, d’Ali Baba ou de La Reine de Saba enchantèrent le Paris des années 1900-1920, d’autant plus que les textes furent merveilleusement illustrés par de nombreux artistes qui assurèrent les illustrations de plusieurs éditions, tels Léon Carré, François-Louis Schmied, Van Dongen, André Derain, Antoine Bourdelle et Picart Le Doux. D’autres artistes s’inspireront de son ouvrage pour leurs créations, tels Léon Carré et Ketty Carré, Eloïse Carolyn Huitel, Louis-Auguste Veillon, Albert Besnard, Pascin, Othon Friesz, sculptures de Lucien Gibert et Antoine Bourdelle, marionnettes de Jacques Chesnais habillées par Paul Poiret, des costumes et maquettes de François Quelvée. Ami de personnalités aussi différentes que Paul Poiret, l’abbé Mugnier, José-Maria de Heredia, Robert de Montesquiou, André Gide, Auguste Rodin, Élisabeth de Gramont et Catulle Mendès, il eut également une importante correspondance suivie avec des personnalités du monde intellectuel de l’époque, tels André Gide, Pierre Louÿs, Maurice Maeterlinck, Henri de Régnier, Remy de Gourmont, José-Maria de Heredia, Robert de Montesquiou et Natalie Clifford Barney. (source : Wikipedia, décembre 2012 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Charles_Mardrus).


Nous n'en savons pas plus que ce que contient ces cinq lettres sur les relations entre le Docteur Mardrus et Octave Uzanne. Leur amour commun de l'Orient et notamment de l'Egypte a dû, bien au delà des lettres, les rassembler sur place en plus d'une occasion. D'autres découvertes restent à faire en ce domaine.


Bertrand Hugonnard-Roche

Un livre de travail pour l'édition de l'Eventail (1er décembre 1881) retrouvé : L'éventail ou Zamis et Delphire, poème en quatre chants (1780), par M. Milon de Liège. Essai de reconstitution de la bibliothèque d'Octave Uzanne.


Frontispice de l'édition originale de 1780 de
L'Eventail ou Zamis et Delphire,
Poème en quatre chants,
par M. Milon


Le 1er décembre 1881 parait chez A. Quantin L’Éventail par Octave Uzanne, avec des illustrations de Paul Avril. C'est un beau volume de format grand in-8, de 143-(1) pages. Les illustrations en couleurs sont imprimées en héliogravure. Le tirage ordinaire est sur beau papier vélin des Vosges tandis qu'un tirage de luxe à 100 exemplaires est fait sur papier du Japon (avec un tirage à part des illustrations). Ce volume marque son temps tout autant que la carrière littéraire de son auteur. Avec ce livre, Uzanne devient "Le Monsieur de ces Dames à l'éventail" (dixit le bouquiniste Laporte). Cette réputation de préciosité et de texte maniéré sur un sujet pour le moins voué à la coquetterie des dames modernes déplaira à Uzanne tout autant qu'elle l'aura servi. Il s'en plaindra à plusieurs reprises et donnera quelques dix années plus tard, un peu amer sur le sujet, une édition "populaire" sans illustrations de ses deux textes sur les Ornements de la femme (L'éventail et L'ombrelle).

Uzanne a placé sous le faux-titre de l’Éventail un mot de Sylvain Maréchal (l'homme sans dieu) : "L'éventail d'une belle est le sceptre du monde." Passé l'avant-propos, on trouve en tête du volume une épître dédicatoire à Madame Louise ***, dont le titre est suivi de ces vers signés Milon :


... La pomme fut décernée à Cypris.
Offrant cet Eventail je dis comme Pâris :
Il est pour la plus belle.


                                         MILON.


Obscur Milon ! Qui est-il ? C. Milon ? Milon de Liège ? Énigmatique auteur de l'Eventail ou Zamis et Delphire, Poème en quatre chants. Ouvrage rare publié sous l'adresse de Londres (et se trouve à Paris chez la Veuve Duchesne, libraire, rue Saint-Jacques, au Temple du Goût, en 1780. Publié sans privilège ni achevé d'imprimer, on ne peut que supposer le lieu d'impression de ce volume : Londres ? Amsterdam ? Bruxelles ? La bibliothèque municipale de Mâcon, qui en possède un exemplaire, indique Maestricht, sans preuve. Le volume, de format in-8 (19 x 12 cm), se compose, d'un feuillet de faux-titre, d'un joli frontispice gravé à l'eau-forte signé Boulland, d'une page de titre imprimée en noir ornée d'un bois gravé (couple de colombes dans un nuage), d'une épître dédicatoire (2 pp.) "à son altesse sérénissime Madame la Duchesse de Bourbon" (c'est à la fin de cette épître qu'on trouve les trois vers empruntés par Uzanne et donnés ci-dessus), d'un avertissement (2 pp.), des quatre chants formant 36 pages. L'exemplaire que nous avons sous les yeux est imprimé sur beau papier vergé de Hollande épais et est relié en veau de l'époque (dos long orné à la grotesque avec une pièce de titre de maroquin rouge dorée en long, tranches rouges). La reliure présente des traces d'usage.
Nous avons répertorié plusieurs éditions de ce texte écrit à la manière des Dorat, des Lambert et autres écrivains de la femme, de ses heures et de ses ornements dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Celle-ci est la première. Il y a une édition datée 1781 (Paris, Maestricht, Veuve Duchesne) ; une autre en 59 pages datée 1782 (Paris, Liège, Lemarié). Cette dernière édition étant marquée "seconde édition" sur le titre et Milon étant désigné comme "Milon, de Liège".
Le Mercure de France du samedi 17 août 1782 consacre une longue notice à cet ouvrage et à son auteur : "L'auteur de cet opuscule, qui se dit fort jeune, et dans la préface et dans son poème, ne prétend pas du moins en imposer au public sur le motif qui l'a déterminé à courir les risques de l'impression. Il avoue qu'il a ambitionné son suffrage. Cette sincérité ne saurait lui nuire ; elle est bien préférable au charlatanisme de ceux qui veulent faire croire qu'ils se sont vus contraints par leurs amis, ou par des personnes à qui ils sont obligés d'obéir ; cette coquetterie littéraire est trop usée, et en même temps trop ridicule. L'essai poétique que nous annonçons est une imitation de l’Éventail de Gay, Poème en trois chants, plein de longueurs et vide d'action, comme presque tous les ouvrages anglais de ce genre. M. Milon y a fait plusieurs additions ; et le poème, qui n'était déjà que trop long, a un chant de plus. Avec un goût plus mûr, l'auteur eût réduit le tout à un seul. On sent aussi que son style n'est point fait. Il est toujours diffus et souvent prosaïque. La description de l'éventail est très faible. (...)Tout l'ouvrage n'est pas aussi défectueux (...) mais il y a peu de morceaux bien travaillés, les meilleurs manquent de précision. Ce n'est pas qu'on ne rencontre souvent des vers très agréables. (...) L'auteur, en conseillant aux femmes le goût de la simplicité dans la parure, a eu occasion de rendre hommage à une Princesse aussi chérie que respectée, et que l'on peut louer sans flatterie (Madame la Duchesse de Bourbon) (...) Nous n'étendrons pas plus loin et nos citations et notre critique. Nous ne voulons point affliger l'auteur, et encore moins le décourager. C'est pour l'animer à mieux faire que nous avons fait mention de son ouvrage. Les jeunes versificateurs, encore pleins des illusions d'un Art dont ils ne connaissent que les charmes sans en soupçonner les difficultés, et vivement éblouis par le phosphore de la gloriole littéraire, attachent beaucoup d'importance à leurs moindres essais, et n'ont rien tant à coeur que d'obtenir une mention quelconque dans les ouvrages périodiques. Ce désir, qui tient beaucoup à l'émulation, doit paraître tout simple dans un débutant. Il y a une sorte d'équité à parler d'un ouvrage qui, sans être bon et sans avoir assez d'importance pour mériter l'attention du public, annonce néanmoins dans l'auteur quelques dispositions et un goût pour les lettres qui ne peut être blâmable, pourvu qu'il soit bien dirigé, et qu'il ne devienne pas une prétention ridicule. Les jeunes écrivains, abstraction faite du plus ou moins de talent, sont intéressants aux yeux d'un vrai littérateur par une qualité bien précieuse, c'est qu'ils sont enthousiastes de bonne-foi, et qu'ils ne connaissent point l'esprit de parti. Aussi l'auteur de cet article se fera-t-il un devoir d'avoir toujours beaucoup d'égards pour ses jeunes confrères."

Uzanne a-t-il lu cette critique ? C'est probable encore qu'il ne cite pas cette source dans la liste des ouvrages consultés placée à la fin de son volume. Il cite cependant le Mercure de France (octobre 1759) : Analyse du poème : l’Éventail, de Gay. L'ouvrage de Milon figure également dans sa nomenclature : M. Milon : l’Éventail ou Zamis et Delphire, poème en quatre chants, 1780.

Si nous nous sommes particulièrement intéressé à cet ouvrage oublié de M. Milon de Liège, c'est tout simplement parce que le hasard a mis dans nos mains l'exemplaire lu et conservé par Octave Uzanne.

Ainsi, l'exemplaire précédemment décrit, porte-t-il au contre plat l'ex libris d'Octave Uzanne (ex libris d'Aglaüs Bouvenne, daté 1882, épreuve en noir. - voir reproduction ci-contre).

Exemplaire de travail donc pour Octave Uzanne, et conservé comme tel dans sa bibliothèque. Ce livre n'a figuré dans aucune des deux premières ventes Uzanne (mars 1894 et avril 1899).

Une étiquette du libraire Edouard Rouveyre (collée au contre plat du volume) nous permet de penser que ce volume a été acheté par Uzanne chez ce jeune libraire avec qui il avait par ailleurs publié ses premiers ouvrages (Les Caprices d'un Bibliophiles en 1878, mais surtout Du Mariage par un philosophe du XVIIIe siècle, avec une préface par Octave Uzanne, publié à la librairie ancienne et moderne Edouard Rouveyre, en 1877, mais aussi le Bric-à-Brac de l'amour en 1879, Le Calendrier de Vénus en 1880 et Les Surprises du Coeur en 1881).

A la vue de cet exemplaire de l’Éventail de Milon (1780), on s'aperçoit qu'Octave Uzanne n'était pas très regardant quant à la qualité des exemplaires qu'il pouvait avoir dans sa bibliothèque lorsque ceux-ci lui servaient de base de travail. C'est d'ailleurs ce que nous avons pu constater avec d'autres exemplaires lui ayant appartenu. On peut dire que la bibliophilie d'Octave Uzanne était double, d'une part des exemplaires contenant des textes rares, pour son travail d'écrivain et d'essayiste, souvent dans des reliures d'époque usagées ou très simplement reliés ; d'autre part une bibliophilie résolument moderniste avec des exemplaires de livres modernes, de livres d'art et d'artistes, d'éditions originales de ses amis, soit cartonnés artistiquement mais simplement par Carayon, Pierson et autres, soit superbement reliés par les meilleurs artisans comme Petrus Ruban, Carayon,  Meunier, etc, pour ce qui concerne les exemplaires uniques avec pièces ajoutées. Cette dichotomie bibliophile se perçoit aisément pour peu qu'on se plonge un peu dans le détail des catalogues de vente de quelques parties de sa bibliothèque.
Un mystère demeure cependant quant à ces "petits livres de travail" dont on ne trouve trace nulle part. Sans doute ceux-ci ont-ils été vendus après son décès, en lot, par son frère ? ou bien à la fin de sa vie, discrètement dans quelque vente non cataloguée ? Ou encore peut-être après le décès de son frère Joseph après 1937 ? Ces livres de peu de valeur ont sans doute subi l'encan dans les pires conditions sans réel égard vis à vis de la somme de recherches qu'ils représentaient pourtant. Peut-être en retrouvera-t-on un jour prochain la trace dans quelque catalogue de vente ?

Nous tenons à remercier ici Vincent Pannequin grâce à qui cet exemplaire a pu rejoindre notre bibliothèque, retrouvant ainsi quelques autres volumes de même provenance, sur nos humbles rayonnages.

Bertrand Hugonnard-Roche


Complément d'information sur Charles Millon ou Milon, homme de lettres et professeur de philosophie (source : http://www.textesrares.com/philo19/noticeAuteur.php?nom_aut=Millon&prenom_aut=Charles)


Charles Millon ou Milon (1754-1839), homme de lettres et professeur de philosophie.

Né le 13 septembre 1754, à Liège [Pays-Bas, aujourd'hui Belgique] ; mort le 21 juillet 1839, à Paris. 


1774. Carrière littéraire à Paris. 
À vingt ans, Charles Millon se rend à Paris, pour faire une carrière dans les lettres. Il a déjà publié des poèmes de circonstance et de célébration. En latin : In obitum Ludovici XV carmen [Paris. In-4, 1774]. Puis vers sur l’avènement de Louis-Auguste au trône [1774. In-8]. Épître en vers sur Frédéric, roi de Prusse [In-8, 1775]. 



Un peu plus tard, en1781, imité du poète anglais Gay, fait paraître L’Éventail, poème en quatre chants [Maestricht et Paris : Vve Duchesne. In-8, 1781]. Avec un frontispice daté de 1780 et gravé par Boulland. Dédié à la duchesse de Bourbon. On trouve des exemplaires de cette édition, avec un titre renouvelé portant deuxième édition et la date de 1782. En réalité la deuxième édition est une contrefaçon liégeoise publiée chez Lemarié en 1782. Des exemplaires de cette dernière ont été ajoutées aux Bagatelles de l’abbé de Lille, imprimées par Lemarié en 1799, avec l’adresse supposée de P. Fr. Fauche à Hambourg. 
L’Éventail est réédité en 1799, en tête d’un recueil, comprenant plusieurs textes, intitulé L’Éventail, poème en quatre chants. L’Esprit du jour ou de la Littérature et des mœurs, satyres et autres poésies, par C. Millon [Paris : Cerioux et Moutardier. In-12, IV-132 p., frontispice gravé. An VII-1799]. 



Il est sous-bibliothécaire de Louis Joseph prince de Condé, établi au château de Chantilly. 



Est arrêté quelques jours, en août 1783 [du 5 au 18 août], après avoir été dénoncé, faussement, comme auteur d’un libelle dirigé contre le gouvernement de la France. Il quitte Paris et va se réfugier quelque temps en Allemagne, principalement à Clèves. Puis retourne en France. 



Tandis qu’il est à l’étranger, publie : Le Cri du cœur ou étrennes liégeoises [1785]. Ce poème est édité à l’intérieur d’un recueil intitulé, selon le goût de l’époque Almanach nouveau contenant toutes les poésies […] composées pour l’élection de S. A. Mgr. de Hoensbroeck [Liège : L. J. Bernimolin. In-12, 1785]. Comprend des poésies de Ch. Million, Saint-Péravi et Henkart, dont quelques unes on été mises en musique par Hamal.



Et alors qu’il est à Clèves, en Allemagne [Rhénanie-Westphalie], publie Poème sur la mort de Frédéric II, roi de Prusse, avec des notes historiques [Clèves : J. W. Hannesmann. In-4, 1786]. En effet Frédéric II [1712-1786] vient de mourir le 17 août 1786 à Postdam, au château de Sans-Souci. 



1782-1798. Travaux variés en histoire. 
Publie, sans les signer, différents ouvrages d’histoire : 
Une Histoire des voyages des papes depuis Innocent I, en 409, jusqu'à Pie VI, en 1782, avec des notes [Vienne : chez les libraires associés. In-8,˚350 p., 1782]. 



Comme traduction : Une Introduction à l'histoire des troubles des Provinces-Unies, depuis 1777 jusqu'en 1787, traduite de l'anglais [Londres. In-8, 224 p., 1788] 



Une Histoire des descentes qui ont eu lieu en Angleterre, Écosse, Irlande et isles adjacentes, depuis Jules-César jusqu'à nos jours, suivie d'observations sur le climat... la population [Paris : L. Prudhomme, In-8˚ , XVI-150 p., cartes. An VI (1798)], qui connaît la même année une seconde édition. 



Traduit de l’anglais en français, du voyageur Richard Twiss [1747-1821], le Voyage en Irlande contenant des observations sur la situation, l'étendue de ce pays ; le climat, le sol, les productions des trois règnes de la nature. Traduit de l'anglais par C. Millon [Paris : Prudhomme. In-8, 180 p., planche, carte gravée par P.-F. Tardieu d'après E. Mentelle et P.-G. Chanlaire, an VII. 1799]. L’ouvrage était paru initialement en 1776 : A Tour in Ireland by Richard Twiss, London. in-8, 1776. 



1797. Autour de la Révolution anglaise. 
Il quitte la France pour l’Allemagne au début de la Révolution française. Revient en France après la Révolution. 
Publie une Histoire de la révolution et de la contre-révolution d’Angleterre [Paris : Moutardier. In-8, XVI-240 p. An-VII, 1798]. Deuxième édition en 1799. 



1797. Éditeur du Philosophe de Dumarsais. 
À la même époque [1797], édite avec Marie Émile Guillaume Duchosal [1763-1806], dans les Œuvres de César Chesneau Dumarsais [Paris : impr. de Pougin, 7 volumes in-8, 1797], le texte de Dumarsais intitulé Le Philosophe [correspondant au tome 6]. C’est la première fois qu’on regroupe les œuvres du grammairien et philosophe César Chesneau Dumarsais [1690-1756]. 
Le texte de Dumarsais est réédité comme document électronique par BNF. Données textuelles 1997. 



1800-1809. Enseignant 
Est nommé professeur de législation et de langues anciennesà l’École centrale du Panthéon [10 mars 1800]. Il y a pour élève François Villemain, Chomel, Le Clerc, Claude Nau de Champlouis. 
En 1809 [11 octobre 1809] est nommé professeur de philosophie au lycée Charlemagne. 



1802-1821. Reprise d’un livre d’histoire. 
Reprend, et complète, l‘édition d’un ouvrage de l’abbé Claude François Xavier Millot [1726-1785] Élémens de l'histoire de France, depuis Clovis jusqu'à Louis XV, par M. l'abbé Millot [Paris : Artaud. 3 volumes, in-12, 1802]. Connaît plusieurs éditions successives, 1806, 1814, 1817, 1821, corrigées, continuées et augmentées. 
L’ouvrage de l’abbé Millot, membre de l’Académie française, est paru initialement en 1768. Il sera réédité tout au long du XIXème siècle. 



1803. Traducteur d’Aristote. 
Traduit du grec en français : Politique d’Aristote, traduite du grec, avec des notes et des éclaircissemens, par Charles Millon [Paris : Artaud, 3 volumes in-8, 1803]. 



1809. Professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Paris. 
Les différentes chaires de la Faculté des lettres de Paris se mettent en place en 1808-1809. 
La première chaire, intitulée Philosophie et opinion des philosophes [créée le 6 mai 1809], a pour titulaire Emmanuel Pierre Pastoret [1756-1840], qui est en même temps doyen de la Faculté [6 mai 1809-décembre 1809]. Mais Pastoret n'assurant aucun enseignement, Charles Millon fait cours à sa place comme Professeur adjoint de philosophie [de mai 1809 à 1811]. À la démission de Pastoret, appelé comme sénateur, Charles Millon devient Professeur titulaire [novembre 1811]. 
La deuxième chaire, intitulée Philosophie [créée le 19 septembre 1809], est confiée à Pierre Laromiguière [1756-1837] qui en sera titulaire du 19 septembre 1809 au 12 août 1837. [Jean] François Thurot* [1768-1832] sera suppléant puis adjoint de 1811 à 1824. 
Une troisième chaire, Histoire de la philosophie ancienne, sera créée un peu plus tard, en 1814. Charles Millon passe alors de la première chaire [dont le titre initial : Philosophie et opinion des philosophes, est devenu Histoire de la philosophie moderne] à la troisième chaire comme titulaire. Il y reste jusqu’en 1830, date à laquelle il est mis à la retraite. 
V. Cousin lui succèdera en septembre1830, passant lui-même de la chaire Histoire de la philosophie moderne, où il est professeur-adjoint de Royer-Collard, à celle d’Histoire de la philosophie ancienne, où il devient en 1830 professeur titulaire. 



1841. Une importante bibliothèque d’ouvrages anciens. 
Deux ans après sa mort, un volumineux catalogue de sa bibliothèque littéraire et philosophique, de plus de deux cents pages, est édité en 1841, pour une vente publique à Paris [du 15 février au 10 mars], sous le titre : Catalogue des livres imprimés et manuscrits, et des pièces autographes, composant la bibliothèque de feu M. Charles Millon, ancien professeur d’histoire de la philosophie ancienne à la Faculté des lettres [Paris, Merlin, in-8. 2ff. 256 p. 1841]. Selon la mode de l’époque la bibbliothèque contient non seulement des livres anciens mais aussi des autographes [d’Alembert, Leibniz, Malebranche]. 



1841. Cousin et la jalousie du collectionneur. 
En 1841, deux ans après la mort de Charles Millon, V. Cousin l’évoque, dans une communication faite à l’Académie des sciences morales et politiques : 
3-10-17 juillet 1841 Communication par M. Cousin d'une Correspondance entre Malebranche et Mairan, à l'occasion de la publication par un collectionneur [Feuillet de Conches] de la correspondance Malebranche-Mairan. Cette communication fait l'objet d'une publication dans Compte-rendus des Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques [1841], pages 480-488. 
Le texte publié dans Compte-rendus des Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques n'est pas tout à fait le même que celui qui est paru dans le Journal des savants. 
Incipit « Depuis que les lettres du père André nous ont appris d'une manière certaine que Malebranche avait été en correspondance avec plus de cinq cent cinquante personnes, il vient d'être découvert un fragment de cette correspondance, dont l'existence n'avait pas été jusqu'ici soupçonnée. ». 
V. Cousin, au passage, stigmatise l'attitude de M. Milon [sic] : « Il paraît que ces précieux documents se trouvaient entre les mains d'un professeur de la Faculté des lettres, M. Milon, qui les conservait avec un soin jaloux, dans le secret de son cabinet, et qui, par des motifs restés inconnus, les avait dérobé à tous les yeux jusqu'à la fin de sa vie. ». 



Collaboration 
Collabore, en vers ou en prose, à divers journaux, dont l’Esprit des journaux [1775-1793]. 



Publications. 
Histoire des voyages des papes depuis Innocent I, en 409, jusqu'à Pie VI, en 1782, avec des notes [Vienne : chez les libraires associés. In-8,˚350 p., 1782]. Paraît anonyme. 



Charlotte Belmont [Amsterdam.In-8, 1789]. 



Histoire de la révolution et de la contre-révolution d’Angleterre [Paris : Moutardier. In-8, XVI-240 p. An-VII, 1798]. Deuxième édition en 1799. 



Une Histoire des descentes qui ont eu lieu en Angleterre, Écosse, Irlande et isles adjacentes, depuis Jules-César jusqu'à nos jours, suivie d'observations sur le climat... la population [Paris : L. Prudhomme, In-8˚ , XVI-150 p., cartes. An VI (1798)], qui connaît la même année une seconde édition. 



Notice historique sur l’état actuel, les mœurs et les productions des îles de Malte et de Gozzô. [in-8. 1799]. 



Poésies. 
L’Éventail, poème en quatre chants [Maestricht et Paris : Vve Duchesne. In-8, 1781]. Avec un frontispice daté de 1780 et gravé par Boulland. Dédié à la duchesse de Bourbon. On trouve des exemplaires de cette édition, avec un titre renouvelé portant deuxième édition et la date de 1782. En réalité la deuxième édition est une contrefaçon liégeoise publiée chez Lemarié en 1782. Des exemplaires de cette dernière ont été ajoutées aux Bagatelles de l’abbé J. de Lille, imprimées par Lemarié en 1799, avec l’adresse supposée de P. Fr. Fauche à Hambourg. 
L’Éventail est réédité en 1799, en tête d’un recueil, comprenant plusieurs textes, intitulé L’Éventail, poème en quatre chants. L’Esprit du jour ou de la Littérature et des mœurs, satyres et autres poésies, par C. Millon [Paris : Cerioux et Moutardier. In-12, IV-132 p., frontispice gravé. An VII-1799]. 



Le Cri du cœur ou étrennes liégeoises [1785]. Ce poème est édité à l’intérieur d’un recueil intitulé, selon le goût de l’époque Almanach nouveau contenant toutes les poésies […] composées pour l’élection de S. A. Mgr. de Hoensbroeck [Liège : L. J. Bernimolin. In-12, 1785]. Comprend des poésies de Ch. Million, Saint-Péravi et Henkart, dont quelques unes on été mises en musique par Hamal. 



Poème sur la mort de Frédéric II, roi de Prusse, avec des notes historiques [Clèves : J. W. Hannesmann. In-4, 1786]. 



Reprises et compléments. 
Éléments de l’histoire d’Angleterre, depuis la conquête romaine, par l’abbé Millot. 6ème édition revue, corrigée et augmentée des règnes de Georges II et Georges III, par Ch. Million [Paris. 3 volumes in-12. 1800]. 



Élémens de l'histoire de France, depuis Clovis jusqu'à Louis XV, par M. l'abbé Millot [Paris : Artaud. 3 volumes, in-12, 1800]. Connaît plusieurs éditions successives, 1802, 1806, 1814, 1817, 1821, corrigées, continuées et augmentées. 
L’édition de 1800 est la septième édition corrigée et augmentée d’observations sur le règne de louis XV, concernant les mœurs de la cour, le ministère, les finances et les progrès de l’esprit humain, et continuées jusqu’à la mort de Louis XVI [Paris. 3 volumes, in-12. 1800] 



Traductions. 
Introduction à l’histoire des troubles des Provinces-Unies depuis 1777 jusqu’à 1787, constituant un précis de l’origine des discussions de la République, trduit de l’anglais. [Londres : Simons. In-8. 1788]. 



Tableau sommaire et philosophique du génie, du caractère, du gouvernement et de la politique des Bataves, traduit de l’anglais. [La Haye. In-8, 1789]. 



Traduit de l’anglais en français, de Richard Twiss, Voyage en Irlande contenant des observations sur la situation, l'étendue de ce pays ; le climat, le sol, les productions des trois règnes de la nature. Traduit de l'anglais par C. Millon [Paris : Prudhomme. In-8, 180 p., planche, carte gravée par P.-F. Tardieu d'après E. Mentelle et P.-G. Chanlaire, an VII. 1799]. L’ouvrage était paru initialement en 1776 : A Tour in Ireland by Richard Twiss, London. in-8, 1776, 



Les soirées de Windsor, ou les Loisirs d’une famille anglaise, traduites de l’anglais. [Paris : 2 volumes in-8, an VI-1798]. 



Voyage en Irlande, par Arthur Young […], traduit de l’anglais […] et suivi de Recherches sut l’Irlande par le traducteur [Paris : Moutardier et Cerioux, 2 volumes in-8, avec gravures, an VIII-1800]. Cette traduction est plutôt un abrégé remanié du voyage de Young. 



Traduit du grec en français : Politique d’Aristote, traduite du grec, avec des notes et des éclaircissemens, par Charles Millon [Paris : Artaud, 3 volumes in-8, 1803]. 



Référence. 
Biographie nationale, publiée par l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Bruxelles : Émile Bruylant. 1897. 



Christophe Charles. Les Professeurs de la Faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique 1809-1908. Volume 1. Paris : 1985.

mercredi 26 décembre 2012

Portrait d'Octave Uzanne par Ramon Casas (vers 1900 ?), conservé au Musée National d'Art de Catalogne à Barcelone (Espagne).


Portrait d'Octave Uzanne (vers 1900 ?)
par Ramon Casas (1866-1932)
Fusain, craie blanche, bleue et beige.
Conservé au Museu Nacional d'Art de Catalunya
(Musée National d'Art de Catalogne)
à Barcelone (Espagne).

(Source : wikimedia consulté le 26 décembre 2012)


Ramon Casas Carbó (né à Barcelone le 4 janvier 1866 - décédé dans la même ville le 29 février 1932) est un peintre et affichiste Catalan, promoteur du modernisme catalan. Il est surtout connu pour ses portraits et caricatures de l’élite catalane, espagnole et française.

Portrait photographique
de Ramon Casas
vers 1900-1910.
Ramon Casas i Carbó naît à Barcelone en 1866. Son père a fait fortune à Cuba et sa mère appartient à une famille bourgeoise catalane. À l’âge de 11 ans il quitte l’école pour être disciple de Joan Vicenç, portraitiste et professeur à l’école de la Llotja. En 1881, il publie son premier dessin nommé Records d’altre temps dans le magazine moderniste l’Avenç. La même année, il part à Paris où il suit un cours à l’académie de Carolus-Duran. En 1883, il expose la peinture institué Autoretrato en traje de flamenco au salon des Champs-Élysées de Paris, et il est admis au Salon Officiel de la Société des artistes français. Pendant l'été, il part à Madrid chez le peintre Mauricie Lobre avec lequel il découvre les œuvres d’art du musée du Prado. En 1884, il expose à Barcelone l’œuvre Corrida de Toros. Il part souvent à Paris à l’Académie Gervex où il rencontre les peintres Santiago Rusiñol, Théophile Barrau, Eugène Carrière, Puvis de Chavannes ... En 1889, il part en voyage avec son ami l’artiste post-impressionniste Rusiñol. Il s’installe à Paris en 1890 au Moulin de la Galette de Montmartre avec ses amis Rusiñol, Miquel Utrillo et Ramon Canudas. Il expose le portrait d’Erik Satie au Salon du Champ-de-Mars et au Salon de la Société National de Beaux-Arts où il obtient le titre d'Associé qui lui permet d’exposer deux œuvres chaque année sans être évalué par le jury d’admission. C’est aussi la première exposition de Rusiñol, Casas et Clarasó à la salle d’exposition Parés. En 1891, il expose une de ses œuvres plus connues intitulée Intérieur du Moulin de la Galette et il obtient une médaille à l’exposition internationale de Berlin où il expose les œuvres Retrat de dama et Treball. L'année suivante, il gagne la médaille d’or à l’exposition Internationale de Madrid avec l’œuvre Aire Lliure. Il expose aussi à l’exposition universelle de Chicago en 1893. Il revient finalement à Barcelone en 1896 et il installe son atelier chez ses parents. Avec l’œuvre ball de tarda, il gagne le deuxième médaille à l’exposition de Belles Arts de Barcelone et il expose les œuvres Bona artilleria et Angoixa à l’exposition d’art de Berlin. L'année 1898 marque le début de sa facette d’affichiste. Il gagne le concours publicitaire de la boisson anís del mono et commence une période comme affichiste et dessinateur d’affiches publicitaires pour des marques comme Codorniu, Cigarillos Paris et autres. Par la suite, il commence sa collaboration avec les magazines modernistes Els cuatres gats et Pèl i Ploma où il publie ses illustrations. En 1900, le comité international espagnol choisit deux de ses œuvres pour les présenter à l’exposition universelle de Paris. L’année suivante, il gagne sa première médaille à l’exposition de Munich avec l’œuvre garrote vil. En 1903, il expose au salon du Champ-de-Mars l’œuvre la càrrega. Deux ans plus tard, il y expose l’œuvre retrat eqüestre de d’Alfons XIII, qui est achetée par le millionnaire nord-américain Charles Deering qui lui commande le portrait de ses filles. À partir de ce moment-là, il commence une forte amitié avec le millionnaire qui le mène à faire plusieurs voyages avec lui et à rester quelques mois aux États-Unis où il fait des portraits des amis du millionnaire. En 1918, il visite le champ de bataille de la Première Guerre mondiale où il peint autorretrato con Cope Militar. En 1922, il se marie avec Julia Perarie qui était son modèle pour plusieurs portraits et il repart aux États-Unis. En 1931, il participe à une exposition conjointe avec Rusiñol, Clarasó et Casas. Finalement, il meurt à Barcelone en 1932 à l’âge de soixante six ans.

Principales Œuvres :

Abans del bany (1894), huile sur papier, 72,5 × 60 cm, musée de Montserrat.

Au Moulin de la Galette (1892), huile sur papier, 117 × 90 cm, musée de Montserrat

Autoretrat vestit de flamenc (1883), huile sur papier, 115 x 96.5 cm, musée MNAC de Barcelone.

Cursa de braus (1884), huile sur papier, 53.7 x 72.4 cm, musée de Montserrat Autoretrat vestit de bandoler (1885), huile sur papier, 100 x 81 cm, Barcelona, musée de Montserrat.

Retrat de Montserrat Casas (1888), huile sur papier, 202 x 92 cm, collection Banco Hispano Americano. 

Retrat d'Elisa Casas (1889), huile sur papier, 200 × 100 cm, collection particulière

Retratant-se (1890), huile sur papier, 59 x 73 cm, Sitges, Cau Ferrat, 1890

La vídua (1890), huile sur papier, 186 x 115 cm,

Vilanova i la Geltrú, Bibliothèque Muséum Víctor Balaguer.

Club Nàutic de Barcelona (1890-1891), huile sur papier, 100 x 140 cm, musée de Montserrat.

Domèstic domesticat (1890), huile sur papier, 42,2 x 32 cm, musée de Montserrat

Retrat de les senyoretes N.N (1890)., huile sur papier, 220 × 160 cm, collection particulière.

Plein Air (1891), huile sur papier, 115 x 82 cm, Barcelona, MNAC.

Interior (1891), huile sur papier, 102 x 82 cm, Barcelona, MNAC.

Sacré Cour (1891), huile sur papier, 67 x 55.5 cm, Barcelona, MNAC.

Interior a l'aire lliure, 160,5 x 121 cm, Barcelona, Collection Carmen Thyssen-Bornemisza

Ball al Moulin de la Galette (1893), huile sur papier, Sitges, Cau Ferrat.

Garrot vil, huile sur papier (1894), 127 x 166,2 cm, Centre d’art Reine Sofia.

Ball de tarda (1896), huile sur papier, 170 x 230 cm, Cercle del Liceu.

Processó de Santa Maria del Mar, huile sur papier, Barcelona, MNAC, 1896

Ramon Casas i Pere Romeu en un tàndem (1897), huile sur papier, 191 x 215 cm, MNAC.

Jove decadent (1899), huile sur papier, 46,5 × 56 cm, musée de Montserrat

Toros (Estesa de cavalls) (1886), 73,7 x 64,8 cm, MNAC.

Dama amb foulard vermell (1901), Museu del Modernisme Català

(Source : Wikipedia - consulté le 26 décembre 2012)

Nous avons trouvé parmi les ressources en ligne ce texte d'accompagnement du portrait d'Octave Uzanne par Ramon Casas. Ce texte est publié en français et est signé des initiales M. U. (?). Le voici :

OCTAVE UZANNE


Nous publions avec le plus grand plaisir le portrait du charmant écrivain Octave Uzanne, dessiné avec sa maîtrise habituelle, par Ramón Casas. Ce n'est point un gage d'amitié que ce portrait ; il s'agit plutôt de l'acquit d’une dette de reconnaissance. Octave Uzanne très répandu dans la presse française, a su mettre au clair toute l'attirance de la vraie Espagne artistique qui gît enlisée sous le fatras du pittoresque : ce fameux aspect de pays déchu qui nous poursuit depuis les romanesques dessins de Doré, jusqu'aux commentaires malveillants et antiesthétiques de l'actuel Graphic. Octave Uzanne, a mis bon ordre à tout cela, et dans les milieux vraiment renseignés sur l'Espagne artistique, on fait le plus grand cas des chroniques de notre ami, qui sait démêler les villes artistiques enchâssées dans des pâtés de fabriques, et les vrais chefs-d'oeuvre méprisés par les généraux de Napoleon, tout autant que par Dumas le père, ou par le bon Doré cher aux âmes qui se sentent lyriques les samedis soir, et les jours de d'été. Voyageur infatigable, Octave Uzanne sait s'identifier avec l'ambiance des pays qu'il parcourt et méprisant les faits-divers et les anecdotes qui plaisent aux d'Amicis, il pénètre rapidement la vraie valeur des choses et des gens qu'il observe. Forma, tout en rendant hommage à la haute valeur littéraire d'Octave Uzanne, salue en lui, l'ami français qui a su expliquer clairement à ses compatriotes, le Madrid du Prado, le Tolède du Greco et la Barcelone hautement artistique qui tressaille dans le vacarme des filatures, des autres usines et parmi tout un tas de bruits facheux. M. U. (Source : publication de la Bibliotheca Nacional de Espana).

Photographie publiée dans l'annuaire
de la Marmite Républicaine en 1900.
(La photographie doit dater
de plusieurs années)
Les liens d'amitié entre Ramon Casas et Octave Uzanne ne nous sont pas connus à ce jour. Nous savons seulement qu'Octave Uzanne voyagea en Catalogue en compagnie de la famille du peintre affichiste Alexandre de Riquer (1856-1920). Nul doute que Ramon Casas et Alexandre de Riquer furent le trait d'union entre Octave Uzanne et la Catalogne.
Le portrait d'Uzanne par Ramon Casas est très proche de la photographie publiée en 1900 dans l'Annuaire de la Marmite Républicaine dont nous reparlerons bientôt. Voir ci-contre.

Photogaphie prise à la
Maison Notre-Dame à Ligugé,
chez J.-K. Huysmans,
en 1900.
Le portrait de Ramon Casas est-il d'après nature ou a-t-il été fait d'après une photographie ?

Nous donnons ci-contre le portrait photographique d'Octave Uzanne à la Maison Notre-Dame (Ligugé) chez J.-K. Huysmans en 1900. Les dates doivent être assez proches entre cette photographie, celle publiée dans l'annuaire de la Marmite Républicaine et le fusain de Ramon Casas.



Bertrand Hugonnard-Roche

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