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Georges Maurevert (1869-1964) |
Voici un important ensemble documentaire qui vient compléter la chronologie Uzannienne entre 1908 et 1931. Nous devons ces précieuses informations à Madame Luce Abélès qui nous a communiqué dernièrement les notes qu'elle avait prises en 1993 au moment de la vente d'un important lot de lettres autographes d'Octave Uzanne adressées à son ami journaliste et écrivain Georges Maurevert. Nous possédons plusieurs lettres d'Octave Uzanne à Georges Maurevert qui viennent heureusement s'imbriquer dans cette chronologie. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu du lot adjugé en 1993. Peut-être le hasard nous servira-t-il prochainement.
Nous tenons à remercier encore une fois Madame Luce Abélès pour le partage de ces précieuses informations.
Bertrand Hugonnard-Roche
* * *
Source : Vente
à Paris – Drouot Richelieu – Salle n°15. Jeudi et vendredi 17 décembre 1993 à 14h15 par
le ministère de Maîtres Laurin – Guilloux – Buffetaud – Tailleur. Expert :
Thierry Bodin.
Lot n°195. Octave
UZANNE. 90 L.A.S., 1908-1931, à Georges Maurevert, à Nice ; environ 145
pages, formats divers, quelques enveloppes.
Intéressante correspondance. C’est à la
suite d’un article de Maurevert sur Barbey d’Aurevilly que l’amitié se noue.
Ils s’entretiennent de leurs articles respectifs. Camille Mauclair, Maurice
Leblanc, Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck sont souvent évoqués. Uzanne
séjourne à Cannes, voyage en Belgique, en Italie avant de s’installer à
Saint-Cloud. Pendant les années de guerre, il se révolte contre cette
« boucherie internationale » et se montre très pessimiste. Il parle
longuement des livres et des chroniques que fait paraître Maurevert
(principalement dans l’Eclaireur), se réfère aux grands noms de la littérature,
donne des nouvelles de sa santé, etc. On joint 2 l. de Joseph Uzanne, frère
d’Octave, à Maurevert.
Notice : Thierry Bodin (1993). Estimation : N.C. Prix d’adjudication : N.C. Prise de notes : Luce Abélès
(1993). Mise en ligne : Bertrand Hugonnard-Roche (avril 2014).
Lettres à Maurevert
(1908 – 1931) 97, Quai du Midi à Nice. Prise de notes par Luce Abélès.
- 15 octobre 1908 (62 Bd de Versailles – St Cloud –
Montretout (Seine et Oise) : le remercie de son article de l’Eclaireur
sur la préface de J. B. d’Aurevilly. Espère le voir à Nice ou à St-Raphaël et faire sa connaissance.
- 21 octobre 1908 (62 Bd de Versailles – St Cloud –
Montretout (Seine et Oise) : au sujet du monument érigé à J. B.
d’Aurevilly : « je ne sais rien du monument, ni de la date
d’inauguration […] je suis d’ailleurs un contempteur de monuments et
n’assisterai pas à ce concours régional qui sera comme sont toutes ces
inaugurations officielles et bêtes, tout à fait contraires à l’esprit de
l’homme supérieur qu’on veut honorer »
- 2 janvier 1909 (Les Pins, Le Cannet) : espère
faire sa connaissance à Nice le vendredi 8 courant prochain.
- 13 janvier 1909 (St Raphaël, Hôtel Beaurivage) : le
remercie de son envoi de « La Dernière soirée de Brummell »,
tragi-comédie, et le félicite.
- 5 janvier 1911 (Cannes, Maison Blanche, 42) : le
remercie de sa réponse publique dans l’Eclaireur, au sujet de Barbey
(?).
- 21 janvier 1911 (Cannes, Maison Blanche, 42) : lui
fixe rendez-vous mardi 23 janvier à 11 h ¾ à la gare de Nice.
- 10 novembre 1911 (Cannes) : prend un abonnement à l’Eclaireur
et demande qu’on annonce dans le journal son « hivernage à Cannes,
à titre de grand confrère parisien, rédacteur à l’Echo
de Paris, au Figaro, au Paris-Journal, à la Dépêche de
Toulouse, etc. »
- 20 novembre 1911 (Cannes) : lui demande si M.
Maeterlinck est actuellement à Nice en installation dans son nouveau logis.
- 2 décembre 1911 (Cannes, Maison Blanche) : ira
sans doute déjeuner lundi à la « Villa des Cigales », espère y
rencontrer Maeterlinck. Mauclair pense arriver à Grasse d’ici 15 à 20 jours.
- 30 décembre
1911 : demande des nouvelles de Maeterlinck.
- 2 janvier 1912 : ne peut se rendre à son
invitation car est déjà engagé. Lui donne rendez-vous pour mardi prochain avec
Maeterlinck au restaurant.
- 19 janvier
1912 : annule le rendez-vous au restaurant avec Maeterlinck. A fait 2
articles sur le Cas de Maurice M. (Maeterlinck), l’un dans le Paris-Journal,
l’autre dans la Dépêche.
- 20 avril
1912 : garde le lit.
- 8 mai 1912 : je
suis encore un très fragile convalescent, condamné presqu’à ne pas écrire,
par la Faculté. Va se soigner à Lausanne dans la clinique de son ami le professeur
Bourget. Accepte avec plaisir de faire la préface demandée.
- 19 novembre
1912 : est réinstallé à Cannes.
- 1er
décembre 1912 : vaincu par la grippe et garde le plumard. Espère le
rencontrer à « La Régence », avec Maeterlinck, sauf si ne peut se
lever.
- 9 décembre 1912 (Rome) : carte de Rome où il fait
doux. Rentrera en France le 15 ou 20 janvier.
- 10 décembre 1912 :
va partir à Gènes jeudi soir.
- 18 janvier 1913 (Rome) : retour à Cannes entre le
23 et le 25 janvier.
- 28 janvier 1913 (Cannes) : lui donne rendez-vous à
Nice après le Carnaval, vers le 10 février. S’installera à l’hôtel Scribe.
Espère le voir et lui parler de « mes belles heures d’Italie qui furent
exquises, inoubliables »
- 8 février 1913
(Cannes) : déjeuner avec lui et Maeterlinck lundi ou mardi prochain, à son
choix.
- 12 mars
1913 : espère assister au match Carpentier-Gunther le lundi 17 au soir.
- 15 mars 1913 (Cannes) : ne pourra assister à la
première de notre cher Maeterlinck car se rend à Marseille. « j’écris
à mon frère pour le Mariani wine ». Lui demande son avis sur le roman
d’ensemble de G. Poulet, un modeste, qui lui parait excellent.
- 10 avril 1913 (Cannes) : va quitter Cannes
d’abord pour Barcelone, puis, vers le 3 ou 4 mai pour séjourner en Suisse, à
Lausanne, du 6 au 20 mai. Espère le rencontrer auparavant à Nice
- 19 avril
1913 : carte postale de Barcelone.
- 29 mai 1913 (St Cloud) : arrive de Lausanne.
Aimerait recevoir le service de l’Eclaireur, contre un article. Apprécie
l’Eclaireur. Espère travailler. A mené une « vie sentimentale
toujours excessive et absorbante, dont j’espère être enfin délivré ».
- 16 juin 1913 (St Cloud) : le félicite sur ses
articles contre l’alcoolisme, mais vous ne pourrez rien faire « contre la
Bistrocratie républicaine. Les Mastroquets sont grands électeurs ! »
Espère rester à St Cloud cet été.
- 23 juin 1913 (St-Cloud) : lettre inédite de notre collection
- 9 août 1913 (St Cloud) : très heureux de
pouvoir se réconcilier avec ses nombreux travaux en retard. « Je goûte la
paix divine du labeur, du recueillement dans la sérénité d’une retraite qui
domine tout le panorama de Paris […] » Doit aller aujourd’hui déjeuner à
St Leu Taverny chez les Mauclair. Espère le voir quand il passera à Paris.
- 12 octobre 1913 (St Cloud) : va partir pour 10
jours en Belgique et aimerait le voir à Paris au retour. A esquissé un Tristan
Corbière dans la Dépêche de Toulouse du 3 octobre.
- 18 octobre
1913 : l’invite à déjeuner à St Cloud le 22 courant.
- 22 octobre
1913 : « Maurice Leblanc a fait pour le mieux en vous engageant au
déjeuner chez Maeterlinck et Georgette, - malheureusement j’avais engagé
à déjeuner une très rare et charmante anglaise, Miss Florence Simonds ».
Lui fixe un nouveau rendez-vous à St Cloud dimanche. Demande l’adresse de
Maeterlinck à Paris.
- 24 octobre
1913 : se réjouit de le voir dimanche.
- 29 octobre 1913 (Gand) : carte
postale « Amical souvenir » adressée à « M. G. Maurevert,
Cercle d’escrime, 5 rue Volney, Paris 2e »
- 16 novembre 1913 (St Cloud) : s’est remis à
travailler sous un ciel
pustuleux.
- 25 décembre 1913 (Noël – Bruxelles) : est allé
passer Noël dans les Flandres. Ne sait s’il ira à Nice. « Je suis libre de
mes actes » J’ai pris le goût de mon Home et des travaux que j’y achève,
après tant d’années de vagabondage ».
- 26 janvier 1914 (St Cloud) : développement sur l’émotion
scénique du comédien.
- 18 juin
1914 : carte postale de Jutland, Danemark.
- 25 juillet 1914 (St Cloud) : retour d’un
« admirable voyage en Danemark et en Allemagne et qui dura sept
semaines ».
- 28 juillet
1914 : au lit avec la fièvre. Espère le voir le samedi à Reims.
- 15 octobre 1914 (Lormont) : « depuis le début
de l’affreuse tourmente, j’ai souvent pensé à vous » Lui demande de ses
nouvelles, et de celles de Mauclair. Se trouve à Lormont tout près de Bordeaux,
puis ira à Toulouse, Marseille et sans doute le littoral en janvier.
- 5 novembre
1914 : le remercie de ses nouvelles. Va séjourner à Arcachon. Pense que
Maeterlinck [qu’il ne nomme pas]
ne sera pas élu à l’Académie Française dans cette « boîte à conserves
de l’Institution, car intrigues, états intellectuels pitoyables.
- 14 mars 1915 (St Cloud) : « après 6 mois
d’absence, je reviens vers ma bouquinière et mon studio avec la curiosité de
retrouver tout ce que j’avais si bien cru ne jamais revoir lors de mon départ
au début de septembre dernier. Quels temps nous vivons ! » Se
désespère de ne pouvoir plus exercer son métier, la Dépêche ayant tout
supprimé, littérature et politique. Le félicite de ses articles et l’envie de
pouvoir encore travailler.
- 11 novembre
1915 : « Cette guerre se poursuit, s’étend, s’éternise, engloutissant
des millions de jeunes êtres, nous donnant des espérances à longues échéances,
sans nous réconforter par des solutions de victoire ou des poussées vers le
territoire boche – comme nos désirs nous le promettaient »
- 22 décembre 1915 (St Cloud) : lettre inédite de notre collection
- 11 mars 1916 (St Cloud) : « de retour à St
Cloud, j’ai eu la bonne fortune de me sentir en appétit de travail, après 18
mois de dégradante torpeur intellectuelle. Beaucoup d’autres furent
stérilisés, pétrifiés, anéantis moralement par cette vision de boucherie
internationale, digne de dégoûter de tout idéal qui ne soit pas meurtrier ou
vengeur »
- 3 décembre
1916 : « je me réfugie près de vous dans ma douleur de la mort du
cher Verhaeren. Une amitié fraternelle nous unissait. Il était un voisin
cher ; nos communions étaient fréquentes. » […] « Je porte le deuil de mes
croyances »
- 7 janvier 1917 (St Cloud) : très amer sur les
parlementaires et les politiques : « la horde immonde des
parlementaires, la servilité ministérielle vis-à-vis de ces gougeats (sic), les
traitrises des couloirs, l’incompétence des gouvernants, leur lâcheté morale,
constituent des ambiances de dépression qui s’expliquent »
- 26 février 1917 (St Cloud) : « à vrai dire, cette
convulsion effroyable de l’incurable humanité est le choc de deux mondes qui
vont se métamorphoser dans le sens du victorieux […] »
- 7 mars 1917 (St Cloud) : ne pourra se rendre à
Nice du 18 au 25, à cause des rationnements des chemins de fer. Le félicite
pour ses articles. Lui écrira après le « Congrès du livre » et autres
missions à accomplir en ce mars déjà à l’entâme.
- 7 octobre 1917 (St Cloud) : a eu des besognes
multiples qui l’ont retenu à Paris. Va faire une tournée sur le front
anglais (8 à 10 jours) pour un journal de grand tirage. « ça fera
monter le niveau de mes ressources … »
- 22 décembre
1917 : aimerait descendre à Nice, mais le PLM est bondé, comme les hôtels
ruineux, le midi envahi par des réfugiés et des bourgeois craintifs. Attend de
ses nouvelles.
- 27 octobre 1918 (Perros-Guirec) : « Nous
arrivons au bout du tunnel et déjà découvrons des horizons victorieux qui nous
dédommagent du long cauchemar qui nous angoissa si longtemps » Implore de
ses nouvelles ainsi que de Maeterlinck. « Depuis 6 mois j’ai si bien
raciné dans cet ensorcelant Pays Breton que je ne puis m’arracher à ses landes,
à ses grèves, à son ambiance ».
« Je me repose, je vis, je me grise du décor de ce pays dont je ne
puis me lasser. » Santé de granit, philosophie sereine.
- 12 novembre 1918 (Perros-Guirec) : la lettre de
Maurevert est arrivée au moment où les cloches bretonnes sonnaient la victoire
« Vive notre Pays ! Jamais il ne fut si haut, si grand, si supérieur
à tous ! » Préface avec joie le livre que prépare Maurevert chez
Payot.
- 4 décembre 1918 (St Cloud) : attend des nouvelles
de la publication Payot.
- 16 décembre
1918 : Payot s’est rétracté. « Je ne sais guère quel éditeur vous
conseiller parmi les vieux, ni vers quelle boutique littéraire orienter votre
œuvre » […] « je ne verrais à vous conseiller que Crès, voisin de
Payot »
- 5 octobre 1920 (St Cloud) : attend de ses
nouvelles. N’ira pas vers la Riviera : trop embouteillé et trop cher.
« Que devient votre œuvre sur les Signes et distinctions nobiliaires ? »
« Avez-vous découvert le rara avis, l’éditeur emballé et marcheur. »
- 21 décembre 1921 (St Cloud) : carte de vœux. Voyage
peu depuis 1914. Depuis juin dernier fait de l’infection vésicale, ma
prostate est devenue mégalomanique.
- 2 janvier 1922 (St Cloud) : a reçu son mot de
veille de Noël « je penserai désormais à votre Livre des plagiats et si je puis vous
constituer un petit dossier de notes, ce me sera un vrai plaisir de vous l’adresser » Son
mal prostatique persiste. Cherche à éviter l’intervention. Porte une sonde à
demeure ->
Excellent sommeil.
- 10 février
1922 : sa prostate est stationnaire. Intervention utile, non urgente.
- 4 mars 1922 (Clinique chirurgicale, 33, rue Antoine
Chantin, Paris 14e) : « de mon lit » Opéré le
samedi 6 courant. Infection vésicale en plus de la prostate. A propos du
plagiat : Scarron qui dévalise les conteurs espagnols fut lui-même
pillé, plagié comme le sont si souvent les intermédiaires de ces sortes de
larcins. Scarron alimenta les plagiaires du 17e et 18e
siècles. Sedaine en écrivant la Gageure imprévue, n’avait fait que calquer
une nouvelle de Scarron empruntée aux Espagnols.
- 17 avril 1922 (St Cloud) : retour au logis après
52 jours de clinique. Récupère.
- 22 avril 1922 (St Cloud) : en juin ira peut-être
faire une petite cure vésicale en station thermale.
- 28 juin 1922 (La Roche-Posay – Vienne) : va quitter
la station thermale poitevine pour les Pyrénées, près Luchon. Retour à St Cloud
le 26 ou 27 juillet.
- 10 juillet 1922 (Hautes Pyrénées) : « Paradis
terrestre inconnu, comme tous les Paradis ». Retour à St Cloud vers le 26.
Espère le voir là-bas.
- 28 juillet 1922 (St Cloud) : vient de retrouver St
Cloud. Lui fixe rendez-vous le samedi ou le dimanche.
- 7 décembre
1922 : « reçu, dear Maurevert, The Plagiarism’s book »
Fera une petite chronique de 150 lignes – no more.
- 28 juillet
1923 : reçu « Fisc et Blason » En fera une chronique dans la
Dépêche, vers le 20 août.
- 11 août 1923 (St Cloud) : compte se rendre dans
le sud et lui demande de lui trouver un gîte à prix abordable. « Je
lis votre Fisc et Blason qui me plonge davantage dans le mépris de
l’insondable sottise humaine et me montre l’inanité des révolutions » Va
faire un petit écrit sur la sottise des titres et le fix-pressoir des vanités.
- 24 septembre 1923 (St Cloud) : l’article de la
Dépêche sur le livre de Maurevert vient de paraitre. Parle plus de l’œuvre
que de l’auteur, mais c’est mieux ainsi.
- 29 septembre 1923 (St Cloud) : à propos du livre Rien
n’est de Poulet (1913) qui vient d’être republié : ouvrage magnifique,
les autres livres du même auteur et l’auteur lui-même sont très décevants.
Peut-être le roman n’est-il pas de ce poulet éthique, esprit pitoyablement
quelconque.
- 19 décembre
1923 : meilleurs vœux. A congé de son appartement. Doit trouver autre
chose.
- 17 juillet 1924 (St Cloud) : n’est plus allé sur
la côte niçoise depuis 12 ans environ. Aimerait le voir.
- 7 octobre 1924 (St Cloud) : le remercie pour
l’envoi de la chronique « Les goûts et couleurs »
« Mélancolique désir de vous revoir »
- 11 décembre
1924 : vœux cordiaux de bonne année. Le remercie pour ses notes sur
« les livres du temps » et sa mention d’un de ses ouvrages.
- 10 février 1925 (St Cloud) : a passé tout janvier
au pays basque dans « l’azur et l’or solaire » A trouvé un article de
Maurevert « Les Maîtres de la Plume » qui le salue du titre de «
Prince des écrivains » : « Ce n’est pas mon affaire !
j’aime trop l’intimité pour régner sur des médiocrités nombreuses, vaniteuses,
rosses, souvent d’une
pauvreté morale pitoyable. Je préfère choisir les élites qui m’agréent et construire
mon bonheur à ma guise. J’y
réussis assez bien. » « Cet oubli de mes contemporains et
des jeunes, croirez-vous que je le savoure comme un bienfait de ma destinée si
volontiers solitaire » « Aultre ne veut estre ! disait
Montaigne. J’ai la vie que je désire, dirai-je, et rénovant Victor Hugo
écrivant à de Vigny, je vous écris : « Vous avez voté pour moi,
cher Maurevert, je suis élu ! » Demande des nouvelles de
Maeterlinck : « je l’ai vu vieilli, alourdi, plutôt affaissé, dans le
métro sud, il y a 6 ou 7 semaines. Il m’a dit s’occuper de son achat du château
de Médan. Je n’ai plus eu la sensation de sa force, ni de sa pleine possession
de soi-même »
- 28 janvier 1926 (St Cloud) : le remercie pour les
lignes consacrées à Canaletto. N’ose plus espérer le revoir.
- 25 février 1927 (St Cloud) : à reçu son Erôs et
la Riviera et le
remercie de sa pensée. Se plaint de ne plus l’avoir vu depuis si longtemps.
- 24 mars 1927 (St Cloud) : lui envoie « un
petit livre très rare dès sa naissance, en raison de son tirage ultra-limité et
hors commerce. J’y évoque fragmentairement la figure de d’Aurevilly
telle qu’elle m’apparut lors de mon entrée en religion des lettres » Le
félicite des divers films tournés sur la Riviera pour sa dernière publication.
- 31 mars
1927 : le remercie de son souvenir fidèle dans l’Eclaireur du soir.
- 2 avril
1927 : C. Mauclair part pour Nice. Lui envoie un pli à lui remettre.
- 14 mai 1928 :
apprend que Maurevert a écrit un mot sur l’édition des Mémoires de Casanova,
dans l’Eclaireur. Se réjouit d’avance de cet article et lui demande de
le lui envoyer.
- 17 décembre
1928 : Vœux de nouvel an.
- 20 décembre
1929 : « Loin de tout, la solitude, le silence, cette perfection des
lectures de tant d’œuvres nouvelles et dont je goûte l’originalité, les
expressions de jeunesse et le travail, encore, me confèrent un bonheur
supérieur à toutes les formes de félicités que je connus naguère – aux lumières
éclatantes de ma vie. »
- 22 décembre
1930 : « Fidèle pensée, à travers le temps, l’espace, les faits, le
monde nouveau. Je suis un
fantôme du Passé.
Je vis en retraite après avoir subi une très grave opération dont la
convalescence seule m’a tenu 8 mois dans les cliniques parisiennes. » Se
réjouit de sa solitude et de son indépendance.
- 29 décembre
1930 : Maurevert opéré de la prostate, comme Uzanne en 1922. Uzanne s’est
fait mettre un anus iliaque à Dépressions affreuses, cœur
défaillant, vacance de toutes mes forces. Je récupère mon potentiel de
puissance avec une lenteur indicible. Vis reclus, plus libre que ne le fus
jamais … Heureux de ma retraite.
- Avril 1931 :
s’inquiète que Maurevert prolonge sa convalescence en clinique. Lui donne des
conseils. Parle de la mort, attend le Néant seul. « Tout ce que promettent les religions aux
croyants en l’au-delà me fait pitié et rien ne me serait plus pénible que
d’avoir des devoirs et obligations lorsque j’aurai cessé d’être. J’ai
aimé l’indépendance follement et désiré la conserver jusqu’au tombeau »
- 7 avril 1931 (St Cloud) : lettre inédite de notre collection
- 19 avril
1931 : reçu un mot fort aimable de Blaise Cendrars qui ne me fixe
pas son adresse toujours variable. Je crois que si vous faites demander
le Rhum à Grasset, il vous en enverra un exemplaire.
- sans date :
récuse le titre de « Prince des Ecrivains » « Ah que non ! j’aime trop l’ombre
des cryptes, leur fraîcheur et solitude – la couronne et le costume des princes
réels ou fictifs sentent trop le clinquant, la paillette, le décrochez-moi ça
des mascarades. » « Je
suis désabonné de tous Cutting-Papers, Argus et Courrier de
Presse, et ne tiens pas à savoir ce qu’on dit de moi. »
2 lettres de Joseph Uzanne à
Maurevert :
- 10 mars
1922 : Octave se remet bien de son opération. (en-tête : Album
Mariani, Figures Contemporaines, Direction Joseph Uzanne 172 Bd St Germain)
- 18 novembre 1931
(172 Bd St Germain, VIe) : le remercie de « votre belle lettre
émue ». [Son frère]
est entré dans l’éternel repos ainsi qu’il le souhaitait, subitement, sans
souffrance.