jeudi 29 novembre 2012

Trois lettres de Georges Monval à Octave Uzanne (1878-1886).

Lettres de Georges Monval à Octave Uzanne.
(Lettres de notre collection)

* * *

Mardi 10 décembre 1878

Cher Mr. Uzanne,

à peine étiez-vous sorti hier que je recevais la visite de mon jeune frère, sous-lieutenant de cavalerie, qui va rejoindre son régiment à Bar-le-Duc.
Il part jeudi matin et nous devons passer en famille la dernière soirée.
Vous seriez bien aimable de remettre notre rendez-vous à samedi, puisque j'ai deux ventes jeudi et vendredi.
Sauf avis contraire, je serai samedi à 6 h 1/2 précises sous les galeries de l'Odéon. Nous nous verrons seul à seul chez Marpon !

Bien à vous,

Georges Monval,
Archiviste


* * *

Samedi 7 octobre 1882

Mon cher Uzanne,

J'ai été très heureux du bon hasard qui m'a conduit chez M. Bouvenne le soir même où vous y étiez ; j'ai si peu d'occasions de vous voir depuis que le mariage m'a retiré du monde des vivants !
J'ai fait aussitôt la petite recherche qui vous intéresse, et je puis vous annoncer que Godard d'Aucourt appartient au Théâtre-Français par la petite comédie qu'il y fît représenter, en collaboration avec Bret et Villaret-Dorval, comédie de province, sous ce titre :
"Le Quartier d'Hyver."

Cette pièce, en 1 acte, en vers libres, avec divertissement dont la musique était de Grandval père, fut donnée pour la 1ère fois le 4 décembre 1744, et eut sept représentations.
Elle parut imprimée in-12 à la date de 1745, et la brochure doit être assez rare, car nous  ne l'avons pas dans notre bibliothèque, et elle ne figure pas dans les Oeuvres de Bret.
Heureusement, le manuscrit est conservé dans nos archives, vu et signé par Crébillon, avec le permis de représenter.
Il est fort curieux, car il contient d'énormes suppressions (dont le rôle d'Apollon en entier) qui n'ont pas été rétablies pour l'imprimeur, et des corrections de la main d'un des auteurs, ce qui peut permettre de pénétrer le secret de cette collaboration.
Avez-vous des lettres de Godard ? Nous, nous n'avons que l'écriture de Bret. Tout cela est curieux à examiner, et j'espère vous voir un de ces jours, à nos archives, entre 2 et 5 heures, muni de la pièce imprimée, si vous avez pu vous la procurer.
Pensez à moi toutes les fois que vous verrez ou entendrez le nom de Molière, et croyez-moi toujours, mon cher ami,

Votre bien dévoué,

Georges Monval

Si vous désirez une analyse de la pièce et quelques détails sur le genre de succès qu'elle obtint, voyez donc le Mercure de Janvier 1745 : il doit y avoir quelque chose. Ah ! si les frères Parfaict avaient poussé plus loin que 1721 ! et personne ne les a continués !


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Vendredi 12 novembre 1886

Mon cher Uzanne,

En vous félicitant de votre spirituelle et amusante causerie sur les Femmes Bibliophiles, je vous demande la permission de vous dire que je constate avec chagrin l'absence du sommaire de notre Moliériste à la page 610.
Vous signaler cet oubli, c'est vous dire, mon cher ami, le prix que j'attache à la simple mention de mon modeste périodique dans le Livre que vous dirigez avec tant de goût. Je n'ai jamais fait ni désiré de réclame, sollicité d'éloges de qui que ce soit ; je ne demande qu'un certificat de vie, à ma place alphabétique, dans une revue qui doit rester et qui restera.
Croyez-moi toujours, mon cher Uzanne, en dépit des Livet, Ménard et consorts,

Votre tout dévoué,

Georges Monval

Qu'a donc fait Auguste Menar (faussement dit Louis Ménard) à votre collaborateur F. G. pour que ce dernier ait fait un tel éloge de son Hamlet au préjudice de Dumas et Meurice, et de la Comédie Française ?


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Georges Hippolyte Mondain dit Monval est né le 1er avril 1845 à Monceau-près-Avon (Seine-et-Marne) et décédé le 28 juin 1910 à Paris. Avocat, acteur et archiviste français, il fut archiviste à la Comédie-Française. Il fonde en 1879 une revue consacrée à Molière, Le Moliériste. Elle paraîtra pendant 10 ans. En 1891, il retrouve par hasard un manuscrit autographe original du Neveu de Rameau de Denis Diderot. Sa publication du texte est la première en français basée sur un manuscrit original. (Source Wikipédia)

Chaque lettre est rédigée sur papier à en-tête de la Comédie Française. Trois lettres comme autant de fragments d'une correspondance qu'on imagine beaucoup plus importante entre 1878 et 1886 au moins. Uzanne avait à sa disposition les archives de la Comédie Française par l'intermédiaire de Georges Monval, son archiviste.




Bertrand Hugonnard-Roche

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