samedi 7 septembre 2013

Octave Uzanne et Alphonsine : « c’est un cœur d’or et je suis très heureux de l’avoir » (1909)


Qui était Alphonsine ? Voici le relevé exhaustif des fragments de texte la concernant issus de la correspondance conservée aux Archives de l'Yonne à Auxerre dans la fonds Yvan Christ.

Alphonsine était sa « bonne » certes, sa « fidèle bonne Alphonsine, si vieille et si dévouée » écrivait Georges Normandy en 1931. Une véritable amitié et un respect profond liait ces deux personnes. Nous ne savons pas à quelle date exactement Alphonsine fut mise au service d'Octave Uzanne. Ce qui est certain à la lecture des extraits qui suivent, c'est qu'elle était à son service à son adresse Place de l'Alma. Elle suivit Octave Uzanne à St-Cloud et resta à son service jusqu'à son décès le 31 octobre 1931. Elle fut une des rares personnes à assister à la crémation d'Octave Uzanne au Père Lachaise le 2 novembre 1931. On sait qu'elle était plus âgée que lui de quelques années. Nous ignorons son nom de famille. Seul le hasard de quelque découverte nous permettra désormais d'en savoir plus.


Bertrand Hugonnard-Roche

* * *

« [...]Je ne m’inquiète pas du chauffage de mon appartement de Paris, où j’arriverai vers 3 h ½ - je ferai allumer le calorifère par la concierge, et Alphonsine qui m’approprie tout depuis plusieurs jours, déjà tiendra le feu prêt – je connais mon local très tiède, facile à tenir en bonne température et chauffé par les voisins – je n’y ai eu jamais froid et ai toujours pris mes grippes dehors. [...] » (St-Raphael, 23 avril 1908)

« [...] Ces colis pourront être montés au 5e soit successivement en 3 fois par l’ascenseur et là haut, Alphonsine, qui sera dans l’appartement aidera à les rentrer ou à laisser les grosses malles à la porte. [...] Je préviendrai Alphonsine et tout pourrait être porté chambre du fond. [...] » (St-Raphaël, dimanche 26 avril 1908)

« [...] Je suis pris cette semaine, un jour pour déjeuner avec Alphonsine et lui dire adieu, un autre P.P.C. à la môme Chevillard, puis samedi je déjeunerai chez Paul Margueritte. [...] » (Lundi 9 novembre 1908)

« [...] La mère d’Alphonsine se plait à la Salpêtrière elle est ravie – La fille se lamente mais je n’y peux rien. Elle a trouvé moyen de s’aliéner tout le monde et se plaint maintenant de la solitude, mais il faut bien qu’elle s’y fasse, car je ne penserai jamais à vieillir avec des vieux ou des vieilles – c’est trop attristant et embêtant – chacun sa vie. [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Samedi soir 19 décembre 1908)

« [...] Faute de quitter Paris combien nombreux ceux qui en crèvent. Moi, il me semble que je commence à peine à vivre. Tu verras on a vu Alphonsine sans dents, qui se dit très vieille « centenaire » la pauvre fille. Elle est bien seule, évidemment, mais c’est un lot que je ne puis lui échanger à la loterie de la destinée humaine sans galvauder celui que j’ai pu acquérir et désire conserver pour ma dernière étape ici bas. [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Lundi matin 18 janvier 1909)

« [...] Je te prierai peut être avant ton départ de voir Alphonsine et de lui fixer rendez-vous après midi – ça lui fera plaisir et tu me donneras de ses nouvelles. Elle a été malade du côté de la machoire. [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Mardi soir 6 h 1/2, non daté)

« [...] tu les remettras à Alphonsine quand tu la verras avec les 50 frs convenus ce qui fera 60 f somme exacte que je lui donne par mois – [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Vendredi soir 5 mars 1909)

« [...] Quand tu auras ta bonne et seras paisible du côté servante, tu m’obligeras, comme tu te le propose de voir Alphonsine et de lui témoigner un peu d’affection et d’intérêt. Elle fut si bonne, si tendre, si vraiment dévouée pour moi, sans mots, sans phrases, avec une si rare simplicité, que je lui en suis profondément reconnaissant – c’est un cœur d’or et je suis très heureux de l’avoir – si je pouvais trouver ici un petit logis tout à fait à mon goût, et que sa mère soit partie pour un autre monde, je l’appellerais ici ou l’amènerais avec moi l’an prochain. J’adore l’hôtel, j’y suis heureux et si libre, mais je suis devenu si amoureux de sobriété, de vie végétarienne le soir que j’ai trop de tentations de céder à mes appétits gloutons à table et ici la cuisine est trop tentatrice. Cette pauvre chère Alphonsine serait aussi si heureuse de cette lumière et de cette tiédeur ! Je t’embrasse affectueusement et aussi Mme M(illon). [...] » (Fragment non daté, 1909)

« [...] J’avais envoyé 40 frs à Alphonsine par mandat, je ne sais si la lettre est arrivée. – [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Vendredi soir 19 mars 1909)

« [...] Tu vas voir cette pauvre chère Alphonsine qui fut asphyxiée et noyée chez elle – elle te dira ça – pauvre fille, ça me fit gros chagrin ; je serai si heureux de la voir près de moi partager mon repos dans ce pays merveilleux qui la ravirait et lui ferait tant de bien. [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Mardi 7 décembre 1909)

« [...] Tu me diras comment tu as trouvé cette brave Alphonsine. [...] » (St-Raphaël, Hôtel Beau-Rivage, Mercredi 8 décembre 1909)

« [...] Demain – travaux et resterai chez moi toute la journée dominicale – j’ai en attente experts de gravures, dessins, Nepper, etc, mais si tu veux venir bavarder de 4 à 7 tu me trouveras très probablement délivré de tout le monde – sauf Alphonsine. [...] » (Samedi, non daté)

« [...] Alphonsine qui fut à Paris mercredi y a été indisposée et à du rentrer à St Cloud, - j’espère que ce ne fut pas grave. Téléphone lui au reçu de ce mot, informe toi et écris le moi – si tu étais inquiet, je partirai pour rentrer aussitôt. [...] » (Caen, Vendredi 14 mai 1926)

« [...] J’irai demain matin à Paris, déjeunerai P.P.C avec Alphonsine, puis dentiste, impossible songer à te voir. [...] » (Fragment non daté)


« [...] Ce matin, je déjeunerai au Bercail avec Alphonsine. [...] Alphonsine va bien. [...] » (Etretat, Dimanche 22 mai 1927 - Coll. privée)

« [...] J’espère te téléphoner demain – si tu appelles vers 11 ½, ce ne sera peut être pas Alphonsine mais moi qui répondra mais moi – sinon ce serait le soir. [...] » (Etretat, Mercredi 3 juillet 1929)

1 commentaire:

  1. Pendant la lecture, je me suis mis à fredonner, sur un air bien connu... : "Alphonsine, c'est ma cousine,.." Pas sérieux ! mais c'est la rentrée !

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