Femme de maison, vers 1900 |
Octave Uzanne avait à son service une autre domestique. De cette dernière nous ne savons que peu de choses si ce n'est ce qu'il nous dévoile dans sa correspondance privée échangée avec son frère Joseph entre 1907 et 1909.
Nous savons qu'elle se prénommait Louise et qu'elle était, contrairement à Alphonsine son autre domestique, beaucoup plus jeune qu'Octave Uzanne. "Elle est jeune et a du sang chaud" écrit-il le 22 avril 1908 depuis sa villégiature de St-Raphaël. Nous savons qu'elle accompagne Octave Uzanne à Barbizon entre avril et novembre 1907. Ils logent à la pension Delhomme où Louis a sa chambre. Louise est malade, visiblement une maladie des poumons, peut-être une bronchite surinfectée voire une tuberculose ? Nous ne savons pas. Quoi qu'il en soit, elle accompagne Octave Uzanne à St-Raphaël au printemps suivant. Revenu avant l'été pour effectuer son déménagement à St-Cloud, Louise est à nouveau très malade. Louise est originaire de Chambéry. Octave Uzanne la confie à sa famille depuis la fin de 1908 jusqu'à l'été 1909 pour qu'elle complète sa guérison. Nous ne savons pas ce qu'il advint d'elle ensuite. Compléta-t-elle sa guérison et revint-elle au service d'Octave Uzanne à St-Cloud ? C'est peu probable puisqu'on sait que c'est Alphonsine qui devint sa servante à cette adresse et ce durant plus de 20 ans.
Voici le relevé exhaustif des passages qui concernent Louise dans la correspondance citée. Nous verrons dans un prochain article ce que pensais Octave Uzanne de la domesticité. Il s'est largement confié sur le sujet au lecteur attentif.
Bertrand Hugonnard-Roche
* * *
Lundi
matin 25 mars 1907, Le Cannet
« […] – J’espère que tu as vu Louise, et bien
portante. Ne lui dis rien pour la date de mon retour, j’aime mieux qu’elle ne
soit fixée à ce sujet que par moi et à mon heure. […] »
Lundi
soir 25 mars 1907, Le Cannet
« […] Je viens de recevoir ton mot de dimanche
mon frérot chéri – Je pense que j’ai omis de t’envoyer l’annonce du livre sur
les cures de soleil. Tu le feras prendre chez Fisbacher Rue de Seine. Tu le
liras et me le donnera seulement à mon retour ou bien le remettra à Louise à
l’occasion. […] »
Mercredi
3 avril 1907, Les Pins
« […] Louise m’a envoyé le Mercure du
31. J’ai lu la dernière publication de Mme Sacher Masoch. […] »
Samedi
soir 27 avril 1907, Auxerre (Grand Hôtel de la Fontaine, M. Frèrejean, 12 place
Charles-Lepère)
« […] J’irai m’y installer [à Barbizon] avec
Louise qui me soignera à ma guise pour quelques francs par jour – […] »
Mardi
matin 4 juin 1907, Barbizon (pension Les Pleïades – chez Delhomme)
« […] Une bonne chambre au midi d’environ 20
mètres superficiels, ouvrant sur la campagne, bien baignée de lumière et de
silence, une pour Louise semblable en face, une petite salle à manger
simple et propre et deux propriétaires, le mari et la femme, gentils,
complaisants, n’ayant rien des paysans rapiats et profiteurs du pays –
[…] »
« […] Louise, qui est une campagnarde
invétérée, est très débrouillarde et vaque à ses affaires, ravie d’être loin
des escaliers de service et des pots bouilles des immeubles de Paris.
[...] »
17
juin 1907, Barbizon
« […] Tu me diras donc quel jour de la
semaine prochaine tu viendras. Tu pourras peut-être chercher à te loger à
l’annexe des Charmettes, car l’américaine avec qui je suis maintenant
bon ami, me dit qu’il y a beaucoup de bruit le matin sur le devant de ma maison
et comme je ne peux te proposer la chambre de Louise, pour si peu, si peu que
tu resteras, autant vaudra choisir à l’hôtel. […] »
Mercredi
4 décembre 1907, St-Raphael
« […] Louise occupera la chambre au nord, près
de la cuisine […] »
Dimanche
15 décembre 1907 (35, boulevard Félix Martin, St-Raphael)
« […] Je suis allé vendredi, après-midi,
me procurer à la villa Andréa, pour y cueillir quelques fleurs avec Louise […]
5
janvier 1908,
Le Cannet
« […] Louise engraisse, me dit-elle, et va
mieux, son docteur, parait-il est très content d’elle – il n’est pas moins vrai
qu’elle a encore un point au poumon et qu’il lui a fait mettre une mouche ou
petite vésication – Peut-être ne sera-ce rien, mais je ne m’emballe pas dans
l’optimisme – D’ailleurs j’avoue que ma vie tout à fait indépendante et même
hôtelière me charme assez pour ne me sentir aucunement pressé de la quitter et
je ne reprendrai Louise que sûrement guérie ou pas … Je me priverais
parfaitement de domesticité assujettissante. […] »
Dimanche
15 mars 1908, (35, Boulevard Félix-Martin, Saint-Raphaël)
« […] Mariani n’est pas venu hier ; il a
rencontré Louise, a pris de mes nouvelles […] »
Mercredi
22 avril 1908, (35, Boulevard Félix-Martin, Saint-Raphaël)
« […] Louise a pris pendant que j’étais à
Cannes son 25e bain – Elle est jeune et a du sang chaud – Je ne m’y
aventurerais pas encore. Tandis que depuis mars elle n’en manque pas un jour.
[…] »
Dimanche
26 avril 1908 (35, Boulevard Félix-Martin, Saint-Raphaël)
« […] J’arriverai mercredi en gare de Lyon
venant de Dijon, à 2 h 40, dans ce cas, tu me garderais et ferait retenir un
omnibus sur lequel avant mon arrivée seraient chargés mes 5 colis et je
n’aurais qu’à partir pour l’Alma –
Je préférerais la 1ère hypothèse – et en
cas de la première hypothèse exécutée, un bon fiacre fermé ou un petit coupé de
la Compagnie me suffirait à mon arrivée pour regagner mon domicile – je
n’aurai, ainsi que Louise qui arrivera avec moi, qu’un petit colis à main, un
simple sac, sans importance – En tout cas, fais pour le mieux, sans te déranger
– voici mon bulletin. […] »
Vendredi
soir 31 juillet 1908, (62 Bd de Versailles à St Cloud-Montretout)
« […] Mon chéri – ce furent deux terribles
journées que celles de mercredi (emballage) et hier jeudi 1er
déménagement à St Cloud –
J’en suis affalé ce matin et las à fonds de nerfs.
Ce que j’ai accumulé est fou – Malgré mes 4 voitures à l’hôtel, j’ai eu deux
fourgons à 2 forts chevaux, hier – tout n’a été terminé qu’à 8 h ½ du soir à St
Cloud – J’ai diné avec Louise au Terminus St Lazare à 9 ½ - Dans quel état de
tenue et de lassitude ! –
Demain samedi je vais faire procéder au déballage
des 50 caisses que j’ai fait mettre dans un appartement en face, inoccupé du Bd
de Versailles – ce sera encore une dure journée, puis, mardi, 50 nouvelles
caisses livres, bibelots, seront faites ici et mercredi dernier déménagement,
si c’est possible – j’en doute, tant j’ai encore de choses malgré le salon vide,
la salle à manger démeublée, le petit salon id(em) – […] »
Mercredi
7 octobre 1908
« […] Louise est toujours bronchitée et à
piètre mine – Je l’envoie chez le remplaçant de mon médecin, un jeune interne
marié, à la veille de s’établir et qui a pris la place du Dr Aguinet pendant
les vacances de celui-ci. […] »
Jeudi
25 octobre 1908, St-Cloud
« […] Louise est encore très bronchitée et
patraque mais toutefois un peu mieux. […] »
Mardi
27 octobre 1908, St-Cloud
« […] La
malade a un peu dormi, même assez bien, elle a relativement peu toussé, elle
rend des crachats plutôt noirs, ce qui est bon signe et elle avait hier soir
38,4 de fièvre, ce matin 37 ½ seulement –
Je veux ne pas désespérer, sans trop espérer, car
une nouvelle crise est encore possible, mais je ne prends plus rien au tragique
même le dramatique, j’attends les évènements et suis prêt à m’y plier et
soumettre avec tout le calme dont je pourrai disposer, ayant la conscience
d’avoir agi comme je le devais et mieux que quiconque à ma place.
Quant à moi, naturellement, la réaction m’a conduit
à l’insomnie – la nuit dernière ni Valérianate, ni Mélisse n’ont pu réduire mon
impuissance à m’assoupir, j’ai donc pris du Bromédia pour obtenir 5 heures de
sommeil. C’est toujours ça – mais la tête n’était pas excitée – une suite
d’ébranlements nerveux seulement paralysaient le sommeil – Alors, si Faisans te
fixe un jour une heure, tu me la diras pour que je sois sous les armes et que
je prévienne le Dr Aguinet – Je tâcherai de sortir si le beau temps persiste
aujourd’hui.
Mes tendresses. Octave »
Dimanche
– Toussaint - 1er novembre 1908
« […] Hélène te dira que Louise va beaucoup mieux –
Je suis bien rentré hier, ma santé est bonne, mais je sens que je la dois
soumettre à la seule vie qui me convienne moralement et physiquement,
c'est-à-dire une vie de recueillement, de solitude, sans aucun des aléas que
comportent les sorties, les fatigues mondaines, les plaisirs en commun et
toutes les autres blagues sociales – C’est pourquoi, cet hiver, je me déterminerai
à vivre à St Raphaël et à répudier les hôtels, quoiqu’il puisse advenir de
Louise en bien ou en mal – […] »
Lundi
9 novembre 1908
« […] – J’ai réfléchi à tout, même au cas où
Louise remise au mieux, me rejoindrait dans le midi, elle serait mieux assurément
dans un hôtel modeste en février ou mars que chez moi où tout l’inciterait au
travail – […] »
Jeudi
26 novembre 1908, Lyon, Gare de Perrache – Hôtel Terminus et Buffet de la Gare
« Mon bon chéri, Mon calvaire est achevé de
gravir – ce matin j’ai été reconnaître le beau frère de Louise à la gare – un
parfait brave homme, franc, plutôt distingué et intelligent – J’ai pu me
convaincre qu’il comprenait sa charge et que Louise serait, chez lui, au mieux,
soignée par ses sœurs et très bien surveillée pour les menus soins de son état.
J’ai emmené ce brave homme déjeuner dans une grande brasserie de la place
Bellecour et suis revenu vite prendre Louise pour la rouler au train de
Chambéry, l’installer avec son beau frère et lui faire des adieux précipités. Ce
fut bien un peu âpre et émotionnant pour moi car on s’attache encore plus par
les soins que l’on donne que par ceux que l’on reçoit - mais il y avait un
tiers heureusement et tout fut étouffé, mais non moins pénible et angoissant.
Me voici enfin seul – Je t’écris du salon de lecture du Terminus ou j’attends
une servante lyonnaise, veuve et, remarquable, m’a dit Sallès et qui ne viendra
peut être pas au rendez-vous, mais je m’en fiche – En tout cas, je me sens
heureux d’être à bout de ma tâche et délivré du gros souci de cette malade, de
sa toux, de tous les menus soins qui m’incombaient – J’ai fait plus qu’il
n’était de mon devoir de maître et d’ami et je suis épuisé de forces morales,
d’émotions et de dépenses matérielles un peu excessives pour le cas – enfin
l’argent c’est secondaire. Je veux donc me reprendre tout entier et me refaire
santé, morale, existence totale – crois bien que d’ici 48 heures, je serai déjà
redevenu moi même. […] Enfin, tout est bien qui bien s’achève et,
maintenant je me considère comme tout à fait irresponsable de Louise et de son
avenir – Je lui écris encore pour lui donner conseils, mais, peu à peu les
choses reprendront leur place et tout sera pour le mieux – Je ne sais
qu’augurer de Louise, mais je ne veux m’inquiéter de ce qui peut advenir. […] »
Vendredi
27 novembre 1908, Terminus Hôtel et des Négociants Duranton à St-Raphaël
« […] Toute ma mésaventure s’évanouit, peu à
peu – ici, naturellement, on me demande nouvelles de La Pauvre Louise, dont je
n’ai encore aucune nouvelles. – J’espère toutefois qu’elle est bien dans sa
famille – […] »
Dimanche
29 novembre 1908, Les Pins, Le Cannet
« […] – J’ai eu d’excellentes nouvelles de ma
pauvre Louise qui est arrivée dans sa famille en bon état, et me déclare se
sentir tout à fait mieux, heureuse d’être entourée de l’affection des siens –
peut-être va-t-elle vivement regrimper ver la pleine santé, en grande chèvre
maigre et solide qu’elle est – Je le souhaite – mais, en tout cas, je me sens
sorti d’une effroyable impasse et suis heureux d’être seul, de me retrouver et
de sentir tout mon indépendance reconquise. […] »
1er
décembre 1908, Les Pins
« […] –
Je pense que Louise va toujours mieux. […] »
3
décembre 1908, Les Pins
« […] –
Les nouvelles de Louise me semblent fort bonnes – […] »
Lundi
après-midi 7 décembre 1908, St-Raphaël – 35, Bd Félix Martin (rayé)
« […] Ma grippe se dissipe – Elle fut assez
profonde et conséquente à mes tracas de Paris – St Cloud – Je te remercie de me
donner des nouvelles de Louise, je n’en ai pas eu depuis huitaine. […] »
Vendredi
11 décembre 1908, St-Raphaël - 35 Bd Félix Martin (rayé)
« […] J’apprends que Louise est infiniment
mieux ; son beau frère m’écrit qu’elle n’est plus reconnaissable depuis
qu’il l’a prise à Lyon, et, dans ses lettres, elle me parait tout à fait
remontée – J’ai écrit à son médecin de Chambéry, dont j’attends la réponse –
c’est un Dr Schalle, jeune et savant, je lui demande son diagnostic et son
pronostic.
Tout ce cauchemar de St Cloud me parait si loin
maintenant, si loin – et je n’y puis penser sans angoisses. Il était temps que
ça finisse. […] »
Mardi
15 décembre 1908, Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël
« […] Je rentrerais alors vers le 12 ou 15
avril, pour faire le salon et me réinstaller à St Cloud ou à l’hôtel à Paris provisoirement.
Je ne me hâterai pas de faire revenir Louise – Son médecin ne m’a pas encore
écrit – […] »
25
décembre 1908 au soir, Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël
« […] –
J’ai de bonnes nouvelles de Louise – […] »
Lundi
soir 8 mars 1909, Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël
« […] Je
pense rentrer avant Pâques – je m’arrange pour laisser Louise à Chambéry cet
été, sauf avis contraire de son médecin auquel je viens d’écrire et qui lui
fera (d’après ma lettre confidentielle) entendre raison en lui disant l’urgence
de compléter sa guérison près des siens – etc. […] »
Samedi
soir 13 mars 1909, Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël
« […] je prépare mon retour. Je partirai le 1er
avril au soir, je m’arrêterai à Marseille une grande journée, puis à Valence et
Grenoble, d’où j’irai voir Louise à Chambéry ; de retour à Grenoble, je
filerai sur Lyon, puis après arrêt à Lyon d’une journée, à Dijon et enfin Paris
où je serai sans doute le jeudi 8 avant Pâques. […] »
6
avril 1909, Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël
« […]
Louise m’écrit qu’elle n’a jamais été si bien ; même avant d’être malade,
qu’elle sort, qu’elle grimpe sans s’essouffler et que sa mine est superbe – je
la verrai au passage à Chambéry, je
verrai aussi son docteur, en tout cas je reviendrai seul et je ne crois pas la
faire revenir avant quelque temps. […] »
Dimanche
25 avril 1909, Chambéry - Hôtel de la Paix & Terminus, E. Lebrun
propriétaire
« […] J’ai aperçu Louise, sa sœur et sa nièce à
l’arrivée. Je vais les voir tout l’heure (9 h du matin) et j’irai déjeuner chez
ses braves gens de parents. Hier soir je me suis promené dans cette ville
et j’ai fini heureusement par découvrir le médecin de Louise le Dr Shall, élève
de Teissier de Lyon. Drôle de type. Nous avons causé une heure environ. D’après
son avis, pas très net, mais dans le but de l’interpréter au mieux de ma
quiétude je laisserai Louise encore ici six mois au moins et je m’occuperai de
quelqu’un à Paris. […] »
[carte-lettre à l’adresse de St Cloud] Jeudi 4 h.
« […]
Merci, mon chéri – j’ai eu une lettre du Dr Bloch que je verrai samedi – ma
malade a bien dormi, 7 heures de suite – et moi aussi – je suis très bien
aujourd’hui et reposé et d’aplomb. Le docteur « Marcou » est revenu
ce matin – à l’auscultation il a trouvé le haut du poumon droit encore très,
très congestionné – mais Louise se sent mieux ; je lui ai donné un
salutaire lavage intestinal, ses règles arrivent, j’espère en une modification
heureuse sans vouloir être ni optimiste ni pessimiste pour l’avenir –
l’essentiel est qu’elle se relève d’abord je verrai demain Laffont et, si je
puis sortir je te téléphonerai demain vendredi 3 à 3 ½ pour t’aviser de la
situation. […] »
[papier libre] Ce lundi 10 h.
« […] Je
te prie de demander à Filleul de cueillir sur le boulevard vers 3 h une bonne
auto-taxi bien fermée qui pourrait être à ma porte à 3 h 10 3 h ¼ au plus tard
– il y viendrait avec elle pour me prévenir et je filerai aussitôt avec Louise.
[…] »
[papier libre] Mardi 9 h matin.
« […] Mon bon chéri,
Louise va toujours de mieux en mieux, aucune
élévation de température, toujours 37 à 37 ½, elle s’alimente bien, ne tousse
pour ainsi dire point, sinon pour expertorer blanc, son poumon se dégage avec
une rapidité considérable – n’étaient les pronostics de Faisans et Aguinet, je
serais pleinement satisfait et plein d’espoir – le mieux est attendre et voir.
[…] – si ce n’avait été la maladie de Louise, sûrement j’aurais avancé mon
départ pour le midi – car ce temps est malfaisant – […] »
[papier libre] Mardi soir 8 h. (Juin ? - Barbizon)
« […] Je
viens de faire, avec l’américaine que j’invitai et Louise, une promenade en
calèche vis-à-vis, de Barbizon à Fontaine – le port par la vallée de la Sole,
la Croix de Toulouse etc, en revenant par Chartrettes, Bois le Roi, Brolles,
etc – Temps exquis. […] »
[papier libre] Dimanche soir.
« Mon chéri, comme convenu, je pense que rien
ne m’empêchera de démarrer de St Cloud ce prochain mardi – La malade me semble
en mesure d’affronter le trajet en auto ou autrement – je ferai descendre les
malles à la gare et enregistrer pour Paris, grande (et petite vitesse pour le
midi à transporter le lendemain matin) – je n’aurai pas besoin de Filleul et
j’arriverai vers 4 à 4 ½ au terminus ou sa sœur fera coucher Louise, la
déshabillera et la laissera – je te prierai seulement d’envoyer Filleul au
Terminus pour demander à l’heure que je te fixerai les numéros des chambres qui
me seront attribuées au 3e ou 4e (côté gare) afin que je
n’aie pas à descendre au bureau et à attendre dans les courants d’air – je te
téléphonerai lundi après midi ou bien t’écrirai pour préciser toutes choses.
Filleul viendrait au devant de moi avec les clefs de chambres – c’est le plus
important.
Pour le mercredi matin, j’ai commandé à la Cie de
l’ouest cour d’Amsterdam un omnibus 6 places qui viendra à l’hôtel terminus à 7
h 45 pour enlever malles et colis. Filleul n’aurait donc qu’à se trouver
mercredi gare de Lyon à 8 h ½ environ à l’arrière des voitures. Il conduirait
Louise et sa sœur dans le compartiment que tu ferais réserver par Fritz avec le
réservé permanent : tu peux t’occuper de cela dès lundi ! Je
m’occuperai alors de l’expédition des bagages, du timbrage, des billets, de la
grande et petit vitesse, avec Filleul – au besoin Filleul enverrait la petite
vitesse après mon départ et en port du, à St Raphaël ou à Cannes.
Je crois qu’ainsi tout s’arrangerait – je pourrais
mardi à l’heure que je te déterminerais pour mon arrivée à Terminus remettre à
Filleul mes permis à ½ droit et complets pour qu’il les fasse timbrer avant mon
arrivée voilà – je vais bien – je te téléphonerai lundi pour préciser le tout.
Tendresses. Octave »
[papier à en-tête de l’Hôtel Terminus PLM Lyon-Perrache]
« […]
Mon bon frérot chéri,
Voyage excellent et sans le moindre anicroche, à
Lyon, avec une chaise roulante, j’ai conduit la malade à l’hôtel ou deux
délicieuses chambres communiquant au 2e attendaient vraiment claires
et coquettes et supérieures au chez soi – ce n’est plus l’infâme Terminus de
l’ouest.
Louise s’est mise au lit – je vais la faire un peu
dîner et demain sa dernière étape avec son beau frère sera relativement aisée
bien qu’elle doive changer de voiture à Culoz – ce qui est embêtant, mais
j’arrangerai toutes choses au mieux. […] »
[papier libre] Samedi.
« […] – j’ai eu de Mazure le permis pour Louise
½ droit ; j’attends encore le mien de la Dépêche où je viens de télégraphier
sauf quoi je verrai à m’arranger autrement.
Toute ma vie est prise et fixée heure par heure,
jusqu’à mon départ, sorties, visites, réceptions et travaux nombreux –
oh ! combien ! […] »
[carte-lettre à en-tête de l’Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël (Var)]
Samedi.
« […] –
les nouvelles de Louise me paraissent excellentes, du moins la
« convalescence continue » - son médecin m’écrira sans doute la
semaine prochaine – […] »
[papier libre] Ce vendredi matin.
« […] – je te prie de dire à Filleul de me
faire suivre la lettre qui peut m’arriver (de Louise) confiée à tes soins –
qu’il la fasse suivre ici à St Cloud ou me la réexpédie sous enveloppe –
inutile de lui donner aucune explication sauf lettre à me faire suivre. […] »
[papier libre] St Raphaël – Jeudi soir – 8 h. (fin novembre 1907 ?)
« […] Je ne cesse de m’émerveiller de ce ciel,
de ce soleil chaud et vivifiant de ces senteurs balsamiques, de ces fleurs qui
poussent partout, à la stupéfaction de Louise qui se fleurit à toutes les
clotures de roses qui vaudraient deux ou 3 frs pièces à Paris, de ces
arbousiers qui sont chargés de fruits exquis – c’est vraiment idéal et je pense
que quand on est libre comme je le suis, maître de son travail et de ses gains,
il faut être idiot pour vivre dans la boue, la folie, le brouillard, le manque
d’air, la saleté parisienne. […] »
[carte-lettre à l’adresse de St Cloud] Ce mercredi soir 8 h.
« […] Ce soir la malade a fait de la
température vers 4 ½ 38 ½ ; je suis descendu chez le médecin qui m’a dit
de lui donner 50 mg de Cryogénine (des frères Lumière) et de renouveller ce
soir, si la température est à 39. A 6 h ½, il y avait 39 ½ de témpérature, j’ai
fait prendre un cachet de 50 mg Cryogénine pour obtenir une température de 39 ½
à 7 ½ et de la transpiration – ce qui n’est pas mauvais – j’ai bien fait de ne
pas aller à Paris, il ne faut guère quitter ses malades qui si vite dans des
cas tels ont des variations si brusques, de telles poussées empiriques souvent
– ce soir je veillerai à assurer la bonne nuit calme, si c’est possible.
[…] »
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