Que faisait Octave Uzanne en 1923 ? Quatre cartes postales adressées à son frère Joseph et conservées aux archives départementales de l'Yonne à Auxerre nous apprennent qu'il suivait une cure à la Roche Posay dans la Vienne. Voici le texte de ces quatre cartes postales écrites entre le 16 et le 23 juin 1923. Octave Uzanne est âgé de 72 ans. Son frère Joseph en a 73.
[Carte postale de la station thermale de la Roche Posay (Vienne) – Le
Pont suspendu et le Donjon] Ce 16 juin 1923.
Mon vieux,
Toujour à mieux,
Comme les sardines d’Amieux.
Le temps est à souhait pour moi, frais, mais doux,
sans température lourde, c’est bien ce qu’il me faut pour mon traitement qui en
est à
son 11e jour, et dont je suis vraiment ravi.
J’ai fait une jolie balade hier dans l’auto des
Lancelot (mari & femme), par un temps superbe.
J’ai bon appétit et fait honneur aux repas de
l’hôtel qui sont bons. Je dors comme il y a longtemps que je ne le faisais plus
d’un bon bloc, ce qui est de bon indice pour l’état vésical. Bref, je n’ai rien
à demander de mieux, et je me félicite d’être revenu dans cette station où nul
médecin ne m’aurait envoyé, dont j’ai flairé l’excellence et, qui me plait et
réussit à souhait.
J’ai bien reçu la bile bovine. Je suis en essai de
la Cholésine Camus (2 pilules à chaque repas) on m’en dit merveille pour la
constipation. Je verrai.
Affectueuses tendresses pour vous tous.
Octave
[Carte postale de la station thermale de la Roche Posay (Vienne) –
Hostellerie du Prieuré] Ce lundi 18 juin
1923.
Toujours dans la béatitude de ce pays séducteur, en
santé très retapée, me sentant plénitude de bien être physique et moral. Quelle
détente après mon nervosisme aigu d’il y a quinzaine !
Beaucoup de départs déjà et d’autres arrivées.
Casino et jeux ouverts – mais ces flons-flons de cinéma, et les jeux de boule
(style petits chevaux) ne m’emballent aucunement. Je jouis pleinement du
silence et de la solitude et conserve mon indépendance en ne me liant pas à
autrui. Affectueusement. Octave
[Carte postale de la station thermale de la Roche Posay (Vienne) – Vue
générale prise au bord de la Creuse (vaches au bord de la Creuse, village à
l’arrière plan)]. Ce mardi 19 juin 1923.
J’ai eu ta lettre ce matin, mon chéri. Le temps est
fort joli, très tiède, à souhait !
Je vis toujours dans un bien être délicieux. L’air
est ici d’une merveilleuse qualité, pour moi comparable aux vertus des eaux qui
me sont si salutaires.
Il est probable que je
prolongerai mon séjour bien au-delà des 21 jours rituels – sans doute ne
quitterai-je guère avant le 2 ou 3 juillet. Je laisse le temps passer et me
sens si bien de mon séjour qu’aucun autre, je le crains, ne lui serait ailleurs
supérieur ou comparable. Affectueuses tendresses. Octave
[Carte postale de la station thermale de la Roche Posay (Vienne) – Vue
générale (côté Nord)] Ce samedi 23 juin 1923. (adressée à Joseph Uzanne au 172 Bd
St Germain Paris VIe).
Mon vieux chéri,
J’ai eu ce matin ta lettre de samedi – le temps est
joli et tiède – c’est ma 18e journée de traitement. Mes habitudes
sont prises, mes relations faites ; je poursuis ; tout en douceur, ma
vue dans ce décor si à mon gré en tous points et qui m’attirera désormais. Je
suis stupéfait de mon appétit, de tout ce que j’absorbe à la table qui est
excellente et copieuse et de l’aisance de mes digestions. Il est vrai qu’après
le repas de midi je m’étends et sommeille un peu et que, le soir, dédaigneux
des flons flons du dancing, casino, cinéma, music hall et salle de jeux, je
suis généralement au lit de 9 à 9 ½ pour être éveillé et debout à 6 h du matin.
Je suis donc aussi bien que je le puis désirer et ma dernière semaine
confirmera, je l’espère, mon état de plénitude reposée. [la carte n’est pas
signée].
Pour aller en cure à La Roche-Posay et, d'après ce qu'il dit de ses médications, Octave devait avoir un prurit en relation avec des troubles hépato-biliaires, conséquences de son appétit "d'ogre" !
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