lundi 7 mai 2012

Lettre autographe de Remy de Gourmont à Octave Uzanne [17 avril 1909].



Lettre autographe de Remy de Gourmont à Octave Uzanne [17 avril 1909]. 3 pp. in-16 sur papier fin. (Coll. Bertrand Hugonnard-Roche)

[Paris ?] 17 avril 1909

Cher confrère et ami,
Que devenez-vous ? Je pense que vous n’allez pas tarder à rejoindre St Cloud, maintenant que le froid n’est plus à craindre. Je serais très heureux de causer un peu avec vous, de n’importe quoi, de toutes les affaires de ce temps, de celles du moins qui peuvent nous intéresser.
Avez-vous eu connaissance de la conférence de Bourget (1) sur Barbey. Assez curieuse au point de vue anecdotique. Je n’en ai lu que les comptes rendus, et je ne crois pas qu’elle ait été encore imprimée ; du moins je l’ai guettée en vain.
La ménagerie académique vient de s’enrichir de deux beaux spécimens. L’un d’eux surtout… Si Barbey revenait, il ne trouverait même plus matière à ses médaillons satiriques : c’est le néant.
Je n’ai pas vu Huc (2) depuis cet hiver. Si la signature Braud (3) se manifeste encore pendant quelques jours, je passerai faub. Montmartre.
Donnez-moi de vos nouvelles et croyez-moi, je vous en prie, votre ami.
Remy de Gourmont


(1) La conférence sur Barbey d’Aurevilly par Paul Bourget date du 26 mars 1909 à la Société des Conférences (salle de la Société de Géographie)

(2) Arthur Huc (1854-1932), Journaliste et homme de pensée, Arthur Huc débute à La Dépêche en 1890 en tant que correspondant parisien avant d'être nommé rédacteur en chef en 1894, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort en 1932. Sous son influence, le journal devient une véritable puissance politique dans la République de la « Belle époque ». Authentique homme de gauche, d'un anticléricalisme féroce, ses articles signés du pseudonyme Pierre et Paul incarnent la doctrine radicale tout en dévoilant les multiples facettes de son talent. Ce grand polémiste scrute de sa plume les affaires politiques et sociales, mais c'est aussi un amateur d'art éclairé, dont les articles signésHomodei s'évertuent à éveiller le public de province aux innovations de l'avant-garde parisienne. De son style simple, rigoureux mais subtil, il captive le lecteur le plus modeste comme la haute bourgeoisie toulousaine. (Archive de La Dépêche).

(3) BRAUD est une signature pseudonyme encore non identifiée, probablement à La Dépêche. Il doit s’agir de Louis Braud, rédacteur pour ce journal. Les bureaux de La Dépêche à Paris étaient au 4, Faubourg Montmartre.


Vous pouvez retrouver les autres lettres autographes de Remy de Gourmont adressées à Octave Uzanne en cliquant ICI.


Bertrand Hugonnard-Roche

2 commentaires:

  1. les 2 immortels mentionnés sont sans doute Jean AICARD et René DOUMIC, élus le 1er avril 1909.
    Sur René Doumic (1860-1937), le site de l'Académie indique :
    "L’ampleur de ses travaux et leur érudition faisaient de René Doumic un candidat idéal pour l’Académie française. Après un premier échec en 1907, il fut élu au fauteuil de Gaston Boissier, le 1er avril 1909, par 16 voix contre 15 à Denys Cochin. Son autorité, sa rigueur, un certain conformisme aussi lui avaient attiré de solides ennemis. Léon Daudet, dont le talent était souvent nourri de méchanceté outrée brossa du nouvel académicien, dans ses Souvenirs littéraires, un portrait féroce où il écrivait : « A qui demandera comment ce néant de Doumic a fait figure d’homme de lettres et de critique, comment il a obtenu une collaboration de vingt ans à La Revue des deux mondes et un fauteuil à l’Académie, je répliquerai : par la platitude. » Tel était le ton de l’époque."

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  2. Merci Calamar ! Vous complétez utilement ce billet. C'est une note qu'il serait utile d'ajouter.

    B.

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