Lettre autographe de Remy de Gourmont à Octave Uzanne. [Paris?] le 9 novembre 1909. 1 page 3/4. Papier vélin teinté. (Coll. Bertrand Hugonnard-Roche).
Cher confrère et ami,
Je vous remercie de me faire partager aussitôt ces bonnes nouvelles. Sans être infiniment inquiet, un doute pleuvait sur mon existence. Il vaut mieux être rassuré : après nous les révolutions !
Par la Dépêche, j'ai vu que vous jouissiez du soleil et d'un bel automne au moment que nous sentons déjà l'hiver. Je regrette parfois de n'avoir pas votre humeur voyageante : il y a là une source de plaisirs à laquelle je n'ai guère goûté. Je suis casanier. Vous dirais-je que j'ai un parcours disponible pour la côte d'azur et que je n'en profiterai sans doute pas. Je vais le faire reporter à l'année prochaine ! Tant de paresse me fait un peu honte parfois.
Ne m'oubliez pas en Egypte, écrivez-moi ou envoyez-moi l'image de ce cher Sphinx, je compte d'ailleurs donner dans la Dépêche des échos de votre excursion. La terre des Pharaons n'est-elle pas, depuis Hérodote, un merveilleux sujet de chroniques ?
Adieu, mon cher confrère et ami, Croyez-moi bien votre tout dévoué,
Remy de Gourmont
Vous pouvez retrouver les autres lettres autographes de Remy de Gourmont adressées à Octave Uzanne en cliquant ICI.
Bertrand Hugonnard-Roche
D'après ma recension des contributions de Gourmont à la Dépêche, le projet de donner "des échos" de l'excursion égyptienne d'Octave Uzanne ne fut pas réalisé.
RépondreSupprimer"Je regrette parfois de n'avoir pas votre humeur voyageante", écrit Gourmont : je me demande s'il ne faudrait pas voir dans cet échange entre le "casanier" et le "baroudeur" la cause de certaines causeries de Gourmont sur des sujets exotiques. Je pense à deux notamment, parues en mars 1910, soit quatre mois après ce touchant aveu : "Au Thibet" et "De Lhassa en Chine".
Gourmont semble se projeter en Uzanne, reconnaître en lui, au moins sur ses questions, un double fantasmé. Et je trouve signifiante et amusante la coïncidence (mais en est-ce une ?) qui a fait se succéder, les 24 juillet et 3 août 1911, toujours dans le quotidien, "Un témoin de la vie" (causerie consacrée à Uzanne, et à son Sottisier des mœurs) et une causerie intitulée "Celui qui ne voyage pas", qui sonne comme un autoportrait et qui s'achève par cette phrase : "Je laisse au voyageur Octave Uzanne la psychologie de celui qui voyage".
Merci pour cette note très intéressante Mikaël. Il semble en effet que Remy de Gourmont se soit plut à suivre de loin Octave Uzanne dans ses voyages de toutes sortes, lui, restant immobile ou presque, reclus volontaire.
RépondreSupprimerB.