mardi 9 octobre 2012

Les maîtres de l’estampe et de l’affiche : M. Toulouse-Lautrec. Article d'Octave Uzanne paru dans le Monde Moderne au mois de juin 1899.


Les maîtres de l’estampe et de l’affiche : M. Toulouse-Lautrec[1]

Henri de Toulouse-Lautrec
(1864-1901)
Si quelqu’un de ces aegipans[2] ou satyres imaginés par la mythologie capricante des anciens pour égayer de fantastiques Lupercales[3] renaissait à notre monde en puissance d’œuvre d’art et se mettait à fréquenter les milieux du Paris qui s’amuse, il est fort probable que ce dieu à pied de chèvre, à vision sautillante et perverse, reproduirait ses sensations à la manière heurtée et parfois incohérente de M. Toulouse-Lautrec[4]. Il lui serait, d’ailleurs, difficile de rendre avec plus de vérité, de passion, de soubresauts et d’humour la furie mimallonique[5] des professionnelles de la danse des Cythères de Paris, le désordonné affolant des mouvements, les contorsions des membres, le grouillement et le trémoussement des danseurs dans un bal public. Ne cherchez pas toutefois en M. Toulouse-Lautrec le dessin en tant que figuration de galbes, dans ces scènes notées « sur nature » ; il n’y en a réellement pas et il ne peut pas y en avoir. Dans une foule qui s’agite, se désarticule et transforme à chaque instant le rythme à la fois simiesque et dément de ses ondulations, ce ne sont plus des formes que l’œil de l’observateur perçoit, mais quelque chose d’inexprimable comme des jeux de lignes brisées et des sarabandes de taches multicolores. Ces lignes et ces taches, M. Toulouse-Lautrec est arrivé à les percevoir, à les surprendre, à en posséder la technique insane ; et il les manie en virtuose consommé ; même à force de les étudier et d’en jouer, il a pris pour ainsi dire inconsciemment l’habitude déjà invétérée de disloquer à peu près tous les personnages qu’il représente, fantoches de la vie moderne, cristallisés en une singulière configuration dans le cadre en faux équerre du guignol de sa rétine. Il semble avoir fait le meilleur de son éducation d’artiste au milieu des Cythères parisiennes et devant les infernaux quadrilles des bastringues, comme d’autres ont fait la leur devant les bas-reliefs du Parthénon, sinon au Louvre et au Musée des estampes, et, plus heureux que maints académiques figés en deux dogmes rigides, au moins M. Toulouse-Lautrec réalise-t-il de la vie, de l’agitation, du mouvement en une danse prodigieuse des couleurs.

Toulouse-Lautrec
devant son chevalet.
Rien de l’instantané photographique dans ses curieuses recherches, rien non plus du groupe reconstitué et posé dans l’atelier ; c’est de l’observation traduite avec beaucoup d’à-propos selon le mode impressionniste. Et il faut bien convenir que ce mode très large et très vibrant donne des résultats surprenants lorsqu’il s’agit pour l’artiste d’interpréter certains effets fugaces, tableaux de vie contemporaine qui brillent un instant sous l’éclat des pâles lueurs électriques ou sous cette expression de foule enfiévrée qu’allume un éclair de gaieté ; il est difficile de les exprimer à son gré surtout sur le banal papier ou sur la froide pierre lithographique. Aussi chercherait-on en vain un peintre capable d’évoquer mieux que M. Toulouse-Lautrec l’a fait jusqu’alors certains intérieurs de bals et leur atmosphère fébricitante certains coins de café-concert, ou quelque vision d’un tout autre milieu déséquilibré de Paris. N’aurait-il accompli que cela, avec l’apport de sa personnalité, qu’il faudrait encore le compter au nombre de nos grands impressionnistes ou tachistes, diviseurs de lumière et autres tenaces chercheurs de rendu nouveau.
Cet original artiste a débuté aux « Indépendants », dont il est resté pendant longtemps une des plus curieuses attractions. En 1893 seulement, il traça sa première affiche : Jane Avril, bientôt suivie par une série très remarquée : Reine de Joie, le Divan Japonais, le Matin, la Goulue (Moulin-Rouge), Babylone d’Allemagne, Aristide Bruant (Ambassadeurs), Elles (affiche divisée en vignettes), Caudieux, Divan Japonais, Confetti, les Drames de Toulouse, le Pendu, May-Milton, May-Belfort, Salon des Cent, la Revue Blanche, jusqu’à cette étonnante affiche de l’Aube, l’une des plus récentes de toutes et qui, très différente de celles qui l’ont précédée, nous montre en quelque sorte l’âme de l’auteur sous un angle inattendu. Sur un quai de grande cité d’où s’aperçoit à l’horizon, l’albescence du jour naissant, de pâles miséreux traînent la voiture qui contient leurs pauvres meubles. Et ils vont, le corps harassé, mais la tête énergique, et, dans les yeux, l’espoir des lendemains vengeurs. Cette page de l’Aube vigoureusement silhouettée intéresse comme un tableau social et affecte comme un cri de tribun.

Aristide Bruant pour les Ambassadeurs,  1892
Nous comparions, en commençant, l’art de M. Toulouse-Lautrec à celui d’un capripède ou d’un faune épris de peinture ; si l’on examine l’esprit de ses œuvres, la métaphore se comprend peut-être infiniment mieux encore. Notre peintre de modernes bacchantes imprègne, en effet, tous ses traits d’une haute et mordante ironie. Voyez plutôt les têtes de ses personnages ordinaires, classez-les, scrutez-les, et dites si ce n’est pas là une étonnante ménagerie humaine ! Avec quelle joie maligne n’a-t-il pas accusé les tares de celle-ci, les apophyses ou les lèpres morales de celui-là ! Avec quelle forcènerie gouailleuse n’a-t-il pas, notre bon Lautrec, de ci de là, en ses pages plutôt maculées qu’écrites, reproduit les beautés flétries, les visages fanés et tous ces masques où la luxure et les basses passions ont laissé leurs lamentables stigmates ! Vraiment, nos dégénérés des deux sexes peuvent se contempler dans ces diverses compositions lithographiées comme dans un sordide, mais fidèle miroir, peut-être un peu convexe ou même concave ; mais les images, pour y apparaître grossies et déformées parfois, ne nous en apparaissent pas moins d’une absolue netteté et justesse d’expression.

Divan Japonais, 1893
Voulez-vous contempler un type ravagé de noctambule impénitent ? Voilà Valentin « le désossé », dont l’effigie se découpe en ombre chinoise sur l’affiche élevée à la gloire déjà si profondément décadente de la Goulue. Ce n’est qu’une silhouette frottée d’un ton sombre ; mais, telle qu’elle se présente, elle suffit pour révéler l’homme, tant elle est fixée par l’artiste dans le caractère fantasmagorique voulu ; aussi absorbe-t-elle l’intérêt de l’affiche.
Vous plaît-il de voir accouplés, en un groupe de forçats de la vie, l’amateur de voluptés tarifées qui achète humblement des plaisirs, et la pauvre fille de fête qui en tient commerce pour vivre ? Regardez l’annonce de Reine de Joie, roman de Victor Joze, affiche parue il y a bientôt quatre ans : vous y verrez en un simple coin de table le vieux beau, triste type de boursier juif et de « vieux marcheur », à l’état de ruine dans sa veulerie de débauche, et la soupeuse, fille cynique, provocante dans sa formidable et triomphante bêtise. Tout l’abêtissement, sinon l’abrutissement de la vie de fête niaise et crapuleuse, toute la lassitude de ces conjoints instantanés se lit ici dans les postures comme dans les physionomies crayonnées à larges traits plaqués de taches vivantes. Cette fille à peine indiquée par des à plats d’enluminures, avec ses lèvres carminées et ses yeux menteurs, qui dépose un simulacre de baiser sur la face congestionnée du vieil apoplectique, cela dépasse en hideur le baiser de Titania sur le mufle de Bottom !
La femme des bals et des cabinets où l’on soupe n’a pas d’interprète plus psychologique, par l’enlaidissement moral qu’il fait transparaître, que M. Toulouse-Lautrec ; il la connait comme un naturaliste passionné connait telle famille ornithologique ou tel groupe de quadrupèdes mammifères. Elle n’est pas seulement synthétique par le dessin, cette danseuse silhouettée pour le « Jardin de Paris », elle l’est principalement par ce qui se dégage de son type. Voilà bien la professionnelle ! Pauvre créature, qui, chargée d’amuser la galerie, attriste comme un pitre dégrimé. Quel ennui sur ce visage presque simiesque, quelle lassitude surtout dans cette vague pose d’acrobate, plutôt que de chorégraphe qu’elle exprime ! N’a-t-elle pas l’air d’accomplir une fonction lamentable, voire d’exécuter un sombre exercice ? Et de fait, ne décompose-t-elle pas un mouvement, comme un simple gymnasiarque le pourrait faire en vue d’assouplir ses muscles ?

Quadrille au Moulin-Rouge, 1892
M. Toulouse-Lautrec compte au nombre de ceux dont les sensations sont tellement intenses qu’ils ne peuvent en donner une idée que par des audaces d’interprétation qui semblent extravagantes à détailler et des outrances absolues d’exécution. Et pour accuser le caractère qui le frappe, pour camper le type qu’il imagine, aucune audace, semble-t-il, ne le ferait reculer.
Souvenez-vous de la femme en noir de la très belle affiche dite du Divan Japonais, spectatrice silhouettée en moderne esthète, moitié morphinomane, moitié phtisique, si curieuse sous le chapeau qui la casque de deuil ; ne l’avons-nous pas tous rencontrée en tous les coins de Paris, cette chercheuse d’aventures galantes au sombre costume ? Rappelez-vous enfin l’extraordinaire tête de l’affiche de Bruant, burinée d’un poing énergique pour les Ambassadeurs. Cette tête exsangue, anguleuse, se détachant sur un ample cache-nez rouge, était d’un effet féroce ; et elle inquiétait mille fois plus par la blague froide qui transsude de son rictus et de son regard que par son apparence macabre.
C’est encore avec une imagination de faune qu’il tire un parti comique des particularités de certaines gens et de la singularité des choses. Dans l’affiche de Jane Avril, ayant besoin d’un repoussoir au premier plan, il y a collé une tête de violoncelliste dont la chevelure irritée se découpe en toupet clownesque. Le manche de l’instrument lui-même, allongé outre mesure, sert de motif ornemental et, pour ajouter à l’effet drolatique, la main qui s’y crispe exhibe, ainsi que dans certaines caricatures japonaises, des poils hérissés.
Un effet analogue anime la grande et victorieuse affiche : Babylone d’Allemagne, de Victor Joze ; la raideur militaire, que les Teutons poussent au paroxysme, en fournit les éléments. Le fantassin au port d’armes, et les officiers qui passent devant lui sont écrits par des moyens empruntés à l’imagerie d’Epinal, mais avec une verve sarcastique dont l’intensité serait difficilement dépassée.
Dans le domaine de l’art, aux terrains si mouvants et variés, M. Toulouse-Lautrec s’est choisi un petit coin d’observation analytique, et il a cette supériorité sur beaucoup, qu’il a su comprendre et prendre ce qui convenait à ses dons naturels. L’important en art, ce n’est pas de s’adonner à tel ou tel genre plus ou moins noble, selon les directions d’esprit et les modes régnantes ; c’est par-dessus tout et avant tout d’exprimer sa vision en artiste.
Pour l’avoir compris, M. Toulouse-Lautrec restera comme une des plus curieuses figures parmi les maîtres de l’Estampe et de l’Affiche de ce temps.

                                                                                 Octave Uzanne.



[1] In Le Monde Moderne, revue mensuelle illustrée, n°54 de juin 1899, pp. 819-826. (Paris, A. Quantin, éditeur. Bureau : 5, rue St-Benoît, Paris). Illustrations en noir dans le texte.
[2] Dans les mythologies grecque et romaine, l'ægipan était une divinité champêtre mi-homme mi-animal, la plupart du temps dotée de pieds et d'oreilles de chèvre. Associée au dieu Pan, elle s'apparentait aux faunes, satyres et chèvre-pieds. Elle pouvait prendre parfois la forme d'une créature chimérique représentée la plupart du temps avec un corps de chèvre et une queue de poisson, tel le Capricorne représenté dans le Zodiaque, mais aussi de lions à queue de poisson, taureaux, etc. (Source Wikipedia, consulté le 9 octobre 2012).
[3] Les Lupercales dans la Rome antique, sont des fêtes annuelles célébrées par les luperques du 13 au 15 février, près d'une grotte nommée le Lupercal (située au pied du mont Palatin et probablement découverte en novembre 2007), en l'honneur de Faunus, dieu des troupeaux qui les défendait également contre les loups, d'où le qualificatif de Lupercus qui lui est attribué. (Source Wikipedia, consulté le 9 octobre 2012).

[4] Henri de Toulouse-Lautrec est né le 24 novembre 1864 à Albi et mort le 9 septembre 1901 au château Malromé. Fils du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa (1838-1913) et d'Adèle Tapié de Celeyran (1841-1930), il grandit entre Albi, le château du Bosc (demeure de ses grands-parents) et le château de Celeyran. Henri de Toulouse-Lautrec est né dans l'une des plus vieilles familles de France, descendant en effet en droite ligne des comtes de Toulouse, qui furent jusqu'au XIIIe siècle parmi les plus puissants féodaux du royaume. Cependant, cette branche cadette, malgré son nom illustre, ne vit que comme une famille aisée de la noblesse de province. Au XIXe siècle, les mariages dans la noblesse se faisaient couramment entre cousins afin d'éviter la division des patrimoines et l'amoindrissement de la fortune. Ce fut le cas des parents d'Henri, Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et Adèle Tapié de Celeyran, qui étaient cousins au premier degré. Ils eurent deux garçons dont Henri était l'aîné ; quatre ans plus tard naquit son frère Richard-Constantin, qui mourut un an après.
L'incompatibilité d'humeur entre les deux époux entraîna leur séparation et Henri resta sous la garde de sa mère. Henri de Toulouse-Lautrec eut une enfance heureuse jusqu'au moment où, par suite de la consanguinité de ses parents, débuta en 1874 une maladie qui affectait le développement des os, lapycnodysostose. Ses os étaient fragiles et entre mai 1878 et août 1879, il souffrit d'une fracture au fémur à chaque jambe, qui l'empêcha de grandir au-delà d'une taille de 1,52 m. On essaya de le guérir au moyen de décharges électriques et en lui plaçant à chaque pied une grande quantité de plomb. Son tronc était d'une taille normale, mais ses jambes étaient trop courtes. Il avait des lèvres et un nez épais. Il avait un cheveu sur la langue, ce qui le faisait zézayer en parlant. Il en jouait, faisait le provocateur dans les salons. Il se fit photographier nu sur la plage de Trouville-sur-Mer, en enfant de chœur barbu, ou avec le boa de Jane Avril (dit « Mélinite »), tout en étant très conscient du malaise que son exhibitionnisme suscitait. En juillet 1881 Henri échoue au baccalauréat à Paris, mais est reçu à Toulouse à la session d'octobre. C'est alors qu'il décida de devenir artiste. Soutenu par son oncle Charles et René Princeteau, ami de son père et peintre animalier, il finit par convaincre sa mère. De retour à Paris, il rend visite à René Princeteau, dans son atelier au 233, de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Incapable de participer aux activités qu’un corps normal aurait permises, Toulouse-Lautrec vécut pour son art. Il devint un peintre du postimpressionnisme, un illustrateur de l’Art nouveau et un remarquable lithographe ; il a croqué le mode de vie de la Bohème parisienne à la fin du XIXe siècle. Au milieu des années 1890, il a contribué par des illustrations à l'hebdomadaire humoristique Le Rire. On le considérait comme « l’âme de Montmartre », le quartier parisien où il habitait. Ses peintures dépeignent la vie au Moulin Rouge et dans d’autres cabarets et théâtres montmartrois ou parisiens, il peintAristide Bruant ainsi que dans les maisons closes qu’il fréquentait et où peut-être il contracta la syphilis. Il avait notamment une chambre à demeure à La Fleur blanche. Trois des femmes bien connues qu’il a représentées étaient Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert, et Louise Weber, plus connue comme La Goulue, danseuse excentrique qui créa le « cancan » et enfant de Clichy dans les Hauts-de-Seine où elle travailla comme blanchisseuse avec sa mère. Toulouse-Lautrec donnait des cours de peinture, et il encouragea les efforts de Suzanne Valadon, un de ses modèles qui fut probablement sa maîtresse. Alcoolique pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte (il avait coutume de mélanger à son absinthe quotidienne du cognac au mépris des convenances de l'époque), il entra dans un sanatorium peu avant sa mort à Malromé, la propriété de sa mère, à la suite de complications dues à l’alcoolisme et à la syphilis, à près de 37 ans. Il est enterré à Verdelais (Gironde) à quelques kilomètres de Malromé. Ses derniers mots furent adressés à son père qui était présent au moment de sa mort, faisant allusion aux goûts de cet aristocrate fantasque et passionné de chasse : « Je savais que vous ne manqueriez pas l'hallali ». À noter qu'au musée "Toulouse LAUTREC" (Albi, Tarn), il est fait allusion aux dernières paroles de l'artiste, adressées à sa mère (à compléter). Les relations que Lautrec entretenait avec son père ont été sujettes à de nombreuses divagations non fondées. Le peintre n'a jamais été un artiste maudit par sa famille, bien au contraire. Voici la lettre que le comte Alphonse, père de Lautrec, écrit à Gabrielle de Toulouse-Lautrec, sa mère et donc grand-mère du peintre, le soir de la mort de son fils : « Malromé, 9 septembre 1901 : Ah chère Maman, que de tristesses. Dieu n'a pas béni notre union. Que sa volonté soit faite, mais c'est bien dur de voir renverser l'ordre de la nature. J'ai hâte de vous rejoindre après le triste spectacle de l'agonie longue de mon pauvre enfant si inoffensif, n'ayant jamais eu pour son père un mot enfiellé. Plaignez-nous. Alphonse. » Malgré une vie courte et marquée par la maladie, l’œuvre du peintre fut très vaste : le catalogue raisonné de ses œuvres publié en 1971 énumère 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies (y compris les affiches) et environ 5 000 dessins. Dans sa jeunesse les chevaux constituaient pour lui un sujet habituel. Depuis l’enfance, il aimait l’équitation et devoir y renoncer à cause de sa maladie fut pour lui quelque chose de très douloureux, et c’est pourquoi il décida de continuer à faire vivre dans ses œuvres sa passion pour les chevaux. Au début de sa carrière, il peignit quelques nus masculins comme exercices, mais ses meilleurs nus représentent des femmes. En général, il préférait partir d’ébauches, mais beaucoup de ses nus doivent avoir été faits d’après nature. D’habitude ses modèles ne sont pas de belles jeunes filles, mais des femmes qui commencent à vieillir. Pour peindre ce genre de tableaux il s’inspirait d’Edgar Degas. Il ne cessait de dessiner : quelques dessins sont des œuvres en eux-mêmes, mais beaucoup sont des ébauches pour des peintures ou des lithographies. Quelquefois ses dessins ressemblaient à des caricatures qui, en quelques traits, rendaient un geste ou une expression ; pour les réaliser il employait divers moyens (crayon, encre, pastel et fusain). N’ayant pas besoin d’exécuter des œuvres sur commande, Lautrec choisissait des sujets qu'il connaissait bien ou des visages qui l’intéressaient et, comme il fréquentait des gens de toute sorte, ses tableaux couvrent une vaste gamme de classes sociales : nobles et artistes, écrivains et sportifs, médecins, infirmières et figures pittoresques de Montmartre. Beaucoup de ses tableaux montrent des prostituées parce qu’il les considérait comme des modèles idéaux pour la spontanéité avec laquelle elles savaient se mouvoir, qu’elles fussent nues ou à moitié habillées. Il peignait leur vie avec curiosité, mais sans moralisme ni sentimentalisme et, surtout, sans chercher à leur attribuer le moindre caractère fascinant. En tant qu'illustrateur, Henri de Toulouse-Lautrec a réalisé des affiches devenues célèbres et, partie moins connue de son oeuvre, il a également illustré une quarantaine de chansons, des succès principalement interprétées dans les trois grands cabarets parisiens de l'époque : Le Moulin Rouge, Le Mirliton d'Aristide Bruant et Le Chat Noir. Après la mort de Toulouse-Lautrec, Maurice Joyant son ami intime, son protecteur, marchand de tableaux voulut mettre en valeur son œuvre avec l'accord de la comtesse de Toulouse-Lautrec, ils donnèrent les fonds nécessaires pour qu’un musée soit créé à Albi, ville où naquit l'artiste. La comtesse Alphonse de Toulouse-Lautrec (1841-1930) et Maurice Joyant (1864-1930) offrirent leur superbe collection de tableaux au musée Toulouse-Lautrec d'Albi. On dit que Toulouse-Lautrec est un artiste génial dont les remarquables capacités d’observation se sont accompagnées d’une sympathie profonde envers l’humanité. Il n’a jamais laissé voir quelque regret que ce fût en raison de sa difformité. Il vécut sa vie pleinement, se fit de nombreux amis et fut toujours accepté malgré sa taille étriquée. Malgré une vie courte et marquée par la maladie, l’œuvre du peintre fut très vaste : le catalogue raisonné de ses œuvres publié en 1971 énumère 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies (y compris les affiches) et environ 5 000 dessins. Dans sa jeunesse les chevaux constituaient pour lui un sujet habituel. Depuis l’enfance, il aimait l’équitation et devoir y renoncer à cause de sa maladie fut pour lui quelque chose de très douloureux, et c’est pourquoi il décida de continuer à faire vivre dans ses œuvres sa passion pour les chevaux. Au début de sa carrière, il peignit quelques nus masculins comme exercices, mais ses meilleurs nus représentent des femmes. En général, il préférait partir d’ébauches, mais beaucoup de ses nus doivent avoir été faits d’après nature. D’habitude ses modèles ne sont pas de belles jeunes filles, mais des femmes qui commencent à vieillir. Pour peindre ce genre de tableaux il s’inspirait d’Edgar Degas. Il ne cessait de dessiner : quelques dessins sont des œuvres en eux-mêmes, mais beaucoup sont des ébauches pour des peintures ou des lithographies. Quelquefois ses dessins ressemblaient à des caricatures qui, en quelques traits, rendaient un geste ou une expression ; pour les réaliser il employait divers moyens (crayon, encre, pastel et fusain). N’ayant pas besoin d’exécuter des œuvres sur commande, Lautrec choisissait des sujets qu'il connaissait bien ou des visages qui l’intéressaient et, comme il fréquentait des gens de toute sorte, ses tableaux couvrent une vaste gamme de classes sociales : nobles et artistes, écrivains et sportifs, médecins, infirmières et figures pittoresques de Montmartre. Beaucoup de ses tableaux montrent des prostituées parce qu’il les considérait comme des modèles idéaux pour la spontanéité avec laquelle elles savaient se mouvoir, qu’elles fussent nues ou à moitié habillées. Il peignait leur vie avec curiosité, mais sans moralisme ni sentimentalisme et, surtout, sans chercher à leur attribuer le moindre caractère fascinant. En tant qu'illustrateur, Henri de Toulouse-Lautrec a réalisé des affiches devenues célèbres et, partie moins connue de son oeuvre, il a également illustré une quarantaine de chansons, des succès principalement interprétées dans les trois grands cabarets parisiens de l'époque : Le Moulin Rouge, Le Mirliton d'Aristide Bruant et Le Chat Noir. (Source Wikipedia, consulté le 9 octobre 2012).

[5] Mot peu usité utilisé ici comme un néologisme par Uzanne. Vient de Mimallon ou Mimallonide (Mimallonis), nom que l’on donnait aux femmes qui célébraient les orgies. On les appelait autrement Thyades, Ménades et Bacchantes.

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