Paris
24 juillet 1885[1]
Vendredi.
Chère madame[2],
D’après une lettre, que je reçois ce matin de Chatel
Guyon[3],
ma mère[4] m’apprend
qu’avant de rentrer en Bourgogne[5],
elle compte passer deux ou trois jours à Vichy.
Elle y arrivera lundi prochain 27 courant à
4. H 52 – Ma chère mère vous serait très obligée de lui retenir une chambre au nord,
soit à l’hôtel du Parc[6],
soit ailleurs, et elle comme elle ne veut point vous déranger pour son arrivée,
je vous serai très reconnaissant de lui écrire demain un mot, à Chatel
Guyon (Puy de Dôme) au Splendid hôtel[7]
afin qu’elle sache où descendre en arrivant en gare de Vichy lundi soir.
Je vous prie, chère madame, de présenter mes
meilleurs souvenirs et mes amitiés cordiales à M. Livet[8] ;
je lui écrirai ces jours prochains, en lui envoyant quelques livres ; je n’oublierai
point d’y joindre un lot de bons romans, si tant est que les bons romans soient
nombreux en ce temps de médiocratie littéraire.
Agréez, chère madame, tous mes remerciements pour
votre aimable accueil fait à Vichy ; excusez moi d’en user sans gène avec
vous, au sujet de ma mère et trouvez ici l’expression de mes sentiments les
meilleurs et les plus respectueux.
Octave
Uzanne
[1] Papier blanc
sans marque. 2 pages. Lettre conservée dans le fonds Carlton Lake (manuscrits français 286.21) du Harry Ransom
Humanities Research Center (Austin, Texas, U.S.).
[2] Lettre adressée
à madame Charles-Louis Livet. Charles-Louis Livet fut nommé inspecteur des eaux
de Vichy en 1874. Les Livet résidaient à Vichy certainement depuis cette
date et au moins jusqu’à la date de cette lettre (juillet 1885).
[3] Chatel-Guyon
(Puy-de-Dome, Auvergne) était un lieu de cure réputé pour son eau minérale
naturelle purgative, diurétique. Situé à 25 kilomètres environ de
Clermont-Ferrand.
[4] Elisabeth-Laurence-Octavie
Chaulmet (1823-1905). 62 ans au moment de ce voyage en cure entre Chatel-Guyon
et Vichy.
[5] Dans sa
propriété de La Villotte (par
Villefargeau, près d’Auxerre dans Yonne).
[6] L’hôtel du Parc
à Vichy n’existe plus et a été depuis transformé en appartements. C’était à l’époque
de cette lettre (1885) le plus grand palace de la ville.
[7] Le Splendid Hôtel à Chatel Guyon existe
toujours. C’est un superbe hôtel construit à la fin du XIXe siècle (quelques
années seulement avant 1885 sans doute). C’était et c’est encore l’hôtel privilégié
par les curistes.
[8] Charles-Louis Livet
(1828-1897), spécialiste du XVIIème siècle français, à qui l'on doit de
nombreuses études sur Molière, les précieuses, les grammairiens français du
XVIème siècle, les langues romanes. Charles-Louis Livet eut des carrières
diverses : administration préfectorale, inspection des écoles d'arts et métiers
(1870), inspection des Eaux de Vichy (1874). Il collabora à plusieurs reprises
à la revue bibliographique Le Livre dirigée par O. Uzanne.
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