lundi 18 juin 2012

15 juillet 1904 « Octave Uzanne n’aime pas qu’on chasse sur ses terres » (Emile Pouvillon et la Dépêche de Toulouse)



Lettre autographe d’Emile Pouvillon [1] à un poète (indéterminé), 3, rue Corail à Montauban le 15 juillet 1904. 1 page in-12.

Mon cher poète,

Emile Pouvillon (1840-1906)
J’ai écrit à Le Goffic [2], quoique, à vrai dire, la recommandation me parut inutile. Sa sympathie vous est entièrement acquise, autant que la mienne.
J’aurais bien voulu vous la marquer, dans la Dépêche [3] ; mais mon collaborateur Uzanne [4], qui y écrit la quinzaine des livres, n’aime pas qu’on chasse sur ses terres, et comme j’y ai fait une récente incursion à propos d’un roman de mon jeune ami Delbousquet [5], je n’ose pas récidiver.
Croyez à tous mes regrets et à mes souhaits les plus sincères pour le succès de votre beau livre.

Cordialement à vous,
Emile Pouvillon

15 juillet 1904




Bertrand Hugonnard-Roche



[1] Emile Pouvillon est un écrivain français né en 1840 à Montauban et mort en 1906 à Chambéry. Après des études de Droit à Paris, il revient dans sa ville natale où il commence à écrire quelques poésies et des nouvelles. Il réside dans le quartier de Villenouvelle, qui accueille son aîné quercynois, l'écrivain régionaliste Léon Cladel. En 1867, un séjour à Paris lui permet de côtoyer le milieu littéraire et de voir ses premiers textes publiés par Jules Vallès dans sa revue La Rue. Mais ce n'est qu'en publiant ses Nouvelles réalistes en 1878 qu'il acquiert une certaine notoriété. Parmi ses écrits les plus connus, des peintures du monde paysan du Quercy au XIXe siècle : Césette, histoire d'une paysanne, feuilleton paru en 1880 dans Le Temps, publié en volume par Alphonse Lemerre en 1882 et couronné par l'Académie française. L'Innocent, roman dédié à Pierre Loti, paru chez le même éditeur en 1884. Jean-de-Jeanne, roman publié en 1886. Chante-Pleure, roman paru en 1890. Les Antibel, tragédie paysanne, publiée en 1892, puis adaptée pour le théâtre avec la collaboration d'Armand d'Artois et représentée en 1899 au théâtre de l'Odéon à Paris. Des romans psychologiques : Mademoiselle Clémence, Ollendorff, 1896. L'Image, chez le même éditeur, 1897. Le Vœu d'être chaste, Editions de la Revue blanche, 1900. Et un dernier roman historique, situé en Roussillon lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851: Jep, paru chez Fasquelle en 1904. Des recueils de nouvelles et de contes : Le Cheval bleu, chez Lemerre, 1888. Petites âmes, 1893.  Petites gens, Fasquelle, 1905.Des œuvres dramatiques : Bernadette de Lourdes, mystère, édité par Plon-Nourrit en 1894. Le Roi de Rome, drame historique publié et représenté en 1898. En 1894, Pouvillon se prononce en faveur du capitaine Dreyfus et rompt ainsi avec certaines de ses relations littéraires. De 1898 à sa mort, il devient un des chroniqueurs réguliers du quotidien toulousain La Dépêche. (source Wikipedia)

[2] Charles Le Goffic est né le 14 juillet 1863 à Lannion où il est mort le 12 février 1932. Poète, romancier et critique littéraire français dont l'œuvre tout entière célèbre la Bretagne. Il est le fils de Marie-Aimée Le Tulle et d'un libraire-imprimeur de Lannion, Jean-François Le Goffic, qui mourut l'année suivant sa naissance. Alors que sa mère ne tire que peu de ressources de l'entreprise, le petit Charles passe ses étés avec sa nourrice, soit à Perros-Guirec (Ploumanac'h exactement), soit à Trégastel. En octobre 1888, il épouse Julie Fleury. À la faveur d’une adjudication, il achète peu après une petite ferme à Rûn-Rouz en Trégastel. Son roman Morgane, la sirène a pour cadre cette ferme de Rûn-Rouz. Il est enseignant successivement à Gap, Évreux, Nevers et au Havre. En 1886, il fonde avec Maurice Barrès et Raymond de La Tailhède la revue littéraire Les Chroniques. Proche de Charles Maurras, il collabore à la Revue d'Action française (1899), qui deviendra L'Action française (quotidien) (1908), ainsi qu'à la Revue critique des idées et des livres. Bien que républicain convaincu, son régionalisme militant et ses idéaux traditionalistes lui font appuyer le projet maurrassien de restauration monarchique comme en témoigne sa lettre publiée dans L'Enquête sur la monarchie (1900) du chef de file de l'Action française. Il prend la vice-présidence de l'Union régionaliste bretonne, créée en 1898, et lui sert de relais parisien en suscitant la parution d'articles dans la presse. Parlant parfaitement le breton, il ne voulait pas l'utiliser à l'écrit de peur "de se montrer inférieur à sa réputation". Il est barde d'honneur de la Gorsedd de Bretagne sous le nom d'Eostik ar Garante (Le Rossignol de l'Amour). Le Goffic est élu membre de Académie française en 1930 au 12e fauteuil. En 1895 il a introduit en Bretagne la Great Highland Bagpipe (grande cornemuse écossaise) devenue le "biniou bras". Sa tombe, surmontée de son buste sculpté, érigé par souscription nationale, est visible dans l'enclos de l'église du bourg de Trégastel, il y est enterré avec sa femme Julie et sa fille Hervine-Marie morte à l’âge de 17 ans des suites d’un accident de battage survenu à Trégastel. (source Wikipedia)

[3] La Dépêche de Toulouse.

[4] Octave Uzanne (1851-1931)

[5] Il s’agit du poète landais Emmanuel Delbousquet. Emmanuel Delbousquet, né le 17 avril 1874 à Sos en Lot-et-Garonne où il est mort le 19 mai 1909, est un poète et romancier français. Il consacra sa courte existence à la lande qu’il aimait parcourir à cheval et dont il fit le thème récurrent de ses œuvres, en langue française et en langue d’oc. Durant son bref séjour à Toulouse, au petit séminaire de L’Esquile, il fonde en 1891 avec Louis Magre et Marc Lafargue la première revue poétique de l’école toulousaine, Les Essais de Jeunes, devenue L’Effort en mars 1896. Il collabore par ailleurs àLa France de Bordeaux et au Télégramme de Toulouse. Conscient d’une renaissance méridionale, le jeune poète fédère autour de lui l’enthousiasme de Joseph Bosc, Jean Viollis, Maurice Magre. De retour à Sos, il s’essaie au roman autobiographique avec Le Reflet, écrit en 1901, mais refuse au dernier moment de publier son œuvre jugée trop maladroite et emphatique. Préférant traduire sa terre, il élabore une écriture à la palette colorée et impressionniste. Soucieux de réalisme, ce travailleur acharné part à la reconquête de la langue des origines et du souvenir, l’occitan, sous la houlette de son ami et maître Antonin Perbosc et émaille son œuvre romanesque d’expressions et de termes gascons. Toutefois, il faut attendre la publication posthume de son recueil poétique, Capbat la Lana, par Antonin Perbosc en 1924, pour assister à la naissance du félibre Delbousquet. Œuvres : En les Landes, préface de René Ghil, Melle, 1892. Le Mazareilh, Paris, 1901. Margot, Toulouse, 1903. L'Écarteur, roman, Paris, 1904. Rééd. David Chabas, Capbreton, 1974. Miguette de Cante-Cigale, roman landais, Paris, 1908. Le Chant de la race, poèmes 1893-1907, Paris, 1908. Contes de la lande gasconne, Paris, 1923. Capbat la Lana, dab un estampèl d'Antonin Perbósc, Auch, 1924. En Gascogne, Saint-Sever-sur-Adour, 1929. Le Renard, recueil de nouvelles parues dans La France de Bordeaux de 1905 à 1907, Garein (40420, Labrit) : Éd. Ultreïa, 1990. Œuvres complètes, Nérac : Amis du Vieux Nérac, 5 vol., 2000-2002. (source Wikipedia)

1 commentaire:

  1. On comprend pourquoi Uzanne n'avait pas que des amis ...
    Le destinataire de cette lettre pourrait être le prêtre-poète Louis Le Cardonnel (1862-1936)qui venait de publier ses "Poèmes" au Mercure de France.

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