Cette lettre non datée, non située, se trouve dans le fonds Y. Christ aux Archives Départementales d'Yonne (Auxerre). Elle peut cependant être datée de fin mai ou début juin 1907, juste avant son départ pour Barbizon. C'est un véritable bulletin de santé adressé à son frère Joseph. Octave Uzanne en profite pour lui donner des conseils pour rétablir sa santé. Cette lettre montre bien l'état d'esprit dans lequel se trouve Octave Uzanne à cette époque. De santé fragilisée, il souhaite le repos et surtout l'isolement le plus complet, loin des « raseurs » (Uzanne tiendra des propos similaires dans une autre lettre de décembre 1907 que nous avons déjà publiée).
Bertrand Hugonnard-Roche
* * *
« Mon cher frérot,
Je vais plutôt mieux, avec des alternatives de dépressions et de fatigues, mais la toux est infiniment moindre, bien que les bronches soient encore grasses et chargées et le cerveau idem.
Laffont hier m’a ausculté et a encore trouvé un petit point de rien, au bas du poumon droit – j’ai sinapisé et sinapiserai ce soir.
Demain samedi je ferai une sortie légère, également, dimanche et lundi, je partirai pour Barbizon – ce que j’avais retenu a été loué à des américains mais je tâcherai de m’arranger provisoirement dans la même maison et j’y suis attendu lundi sans faute. Je tiens à ce que personne ne sache exactement où je serai – je dis à tout le monde que je vais à l’aventure, sauf quoi, tous les ennuyés et raseurs me viendront voir et ma douce vie contemplative et indépendante serait troublée – d’ailleurs dès que j’irai bien je verrai Moret, Montigny, Nemours, etc et chercherai des coins – peut-être irai-je à Recloses, mais je ne veux voir personne et vivre à ma guise. Tu comprends ça.
Je suis navré de te voir si fragile et, par ta faute – tu as détruit les réactions de ta peau en te couvrant outre mesure, si tu ne t’entraines à refaire l’éducation de ta peau, à te couvrir de moins en moins, à t’aguerrir à l’air qui ne fait du mal qu’à ceux qui vivent, comme toi, hors de la normale. Je crains bien que tu ne sois de plus en plus fragile et débile à l’avenir.
J’ai lu la cure de soleil de Rikli, c’est un livre d’admirable logique et de médecine naturelle. Moi, bien que malade-convalescent, je commence à me découvrir, lit, vêtements, etc., et je m’en trouve bien – si je reste, comme je l’espère, cinq à six mois hors Paris, je tonifierai ma peau, je l’acclimaterai aux variations de température et je tâcherai d’être, comme les solides, toujours peu couvert, aéré et prompt à réactionner – Tout est là – Je voudrais te convaincre – des ablutions, des frictions, de l’exercice, valent mille fois les gros vêtements.
J’aurai plaisir à te voir demain samedi, si tu préfères rester chez toi aujourd’hui à te soigner – si je sors, je rentrerai à 4 h environ. Si tu es encore malade, nous pourrons nous voir dimanche P.P.C.
Tâche donc de m’avoir 3 pains de savon Lumière antiseptique pour dimanche. Je prierai Filleul lundi de m’amener à 11 h 25 – une auto-taxi fermée du boulevard pour aller à la gare de Lyon.
Mes tendresses.
Octave »
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