samedi 8 juin 2013

Les frères Uzanne sociétaires de la Marmite ou Marmite Républicaine en 1900. Avec Angelo Mariani, Albert Robida, Oscar Roty, Edmond Haraucourt, etc.


Octave Uzanne, son frère Joseph Uzanne, Angelo Mariani et Albert Robida étaient membres de la Marmite ou Marmite républicaine en 1900. On les trouve photographiés dans l'annuaire de cette société publié en 1901.
Qu'était donc la Marmite ou Marmite républicaine ? Jules Clarétie fait son historique lors du toast qu'il porte au dîner du 29 décembre 1893 :

« [...] Il y a vingt ans, en Novembre 1873, quelques amis - qui n'étaient pas superstitieux - se réunissaient, un vendredi, dans un petit restaurant du Palais-Royal et, après avoir dîné tant bien que mal et causé délicieusement, décidaient, dans un élan de coeur, de se retrouver tous les mois, à pareil jour. Ces amis, attirés par le bon esprit qui fait les bons amis plus encore que la bonne chère qui fait les bonnes digestions, étaient sept au premier dîner d'il y a vingt ans et se trouvaient, un mois après, au nombre de quinze. Ce fut l'origine de ce dîner de la Marmite, dont vous m'avez fait l'honneur de me nommer président [...] Au début, la Marmite avait été la réunion mensuelle de quelques membres de la Société pour l'Instruction Elémentaire, groupés autour de notre ami Charles Lefebvre ; Potel, avocat à la Cour de cassation, un homme infiniment d'esprit ; Alphonse Ligier, docteur en médecine, et qui est maintenant sous-directeur à la Maison mationale de Charenton ; Génin, le fils du grand lettré qui fut l'ami de Michelet ; Ridoux, inspecteur d'Académie, avaient inauguré le dîner du Vendredi, et nous ne nous serions pas doutés que notre Marmite, où toutes les conditions sont représentées, avait eu des origines presque exclusivement universitaires. Deux mois après, Courcelle-Seneuil, Paul Bert, Charles Lepère, dont Lefebvre avait été le secrétaire, Vavasseur, Edouard Millaud, Feyen-Perrin, le colonel Denfert-Rochereau, tous ces amis et ces présidents de la première heure dont nous saluons les noms aimés, se joignaient aux dîneurs de Novembre 1873 et la Marmite était fondée. Fondée, mais non pas encore baptisée. L'élément politique domina tout d'abord. L'Assemblée nationale siégeait alors à Versailles ; Charles Lefebvre, que je cite à tout moment parce qu'il fut à tous les moments l'homme indispensable, zélé, actif, qui fit bouillir et reliure la Marmite, Lefebvre, sténographe à l'Assemblée, ramenait chaque fois quelque député, heureux de se trouver coude à coude avec quelque aimable convive, dans un milieu républicain. On discutait, on faisait connaissance. [...] En ce temps-là, au temps où la Marmite venait de Versailles, notre monde, notre France, n'était pas gouvernée très libéralement. Les préfets et sous-préfets, mis à pied par le 16 mai, se réfugiaient dans nos dîners, et ce fut alors qu'Edouard  Millaud donna à notre réunion ce nom qui a je ne sais quoi de familial à la fois et de démocratique : - la Marmite. Il y a marmite et marmite comme il y a fagots et fagots. La nôtre est la marmite du pot-au-feu populaire, qui vaut bien la poule-au-pot légendaire ; ce n'est pas la marmite de la haine, c'est la marmite nourricière de la fraternité autour de laquelle toutes les bonnes gens se groupent, unis par une même pensée, comme les soldats autour de la gamelle. [...] Nos usages veulent que le dîner de la Marmite ait lieu le troisième vendredi de chaque mois. [...]. »


La Marmite rassemblait donc l'élite des Arts, des Sciences, des Lettres, Etc., unis par la même sensibilité républicaine. Société « gaie et charmante, gauloise et correcte, patriote et parisienne » selon Jules Clarétie.
Cet annuaire, assez rare, a été imprimé à 452 exemplaires par Protat Frères à Mâcon le 17 juin 1901, et n'a pas été mis dans le commerce. Les portraits figurant dans l'annuaire sont exécutés d'après les clichés de la Maison Braun, Clément et Cie.
On y trouve outre le discours ci-dessus, les anciens Présidents de "La Marmite", le détail du bureau de "La Marmite" pour l'année 1900, la liste des membres, la liste des artistes auteurs de dessins pour les menus de "La Marmite", les poètes qui ont bien voulu se faire entendre à "La Marmite", les artistes ayant prêté leur gracieux concours aux dîners et fêtes de "La Marmite", les peintres, les poètes (poésies écrites spécialement pour l'Album de "La Marmite", la liste des dîners et fêtes, et enfin les portraits des membres du Comité et des Sociétaires en 1900. On trouve à la fin la nécrologie de "La Marmite".
C'est donc un épais volume, très lourd car imprimé sur papier glacé, riche de plus de 500 portraits d'après la photographie. Très riche et irremplaçable iconographie.
Le Président de la Marmite en 1900 est Louis Barthou (député, ancien ministre). Le Conseil de la Société se compose de : Paul Eudel, Alfred Gérardin, Jules Lefebvre, Angelo Mariani, Lucien Paté, Paul Robert du Costal, G. Pfeiffer et Oscar Roty. Le Dr Emile Goubert est questeur. Léon Pourlier est trésorier.
Nous avons compté au total 309 sociétaires y compris les membres du Conseil.


Il y aurait quantité de noms remarquables à citer et qui parlent encore aujourd'hui, d'autres sont bien sûr oubliés. Nous citerons pour mémoire les noms de A. Bartholdi (statuaire), Jules Chéret (artiste peintre), F. Cormon (artiste peintre), Emile Goudeau (homme de lettres), Edmond Haraucourt (homme de lettres), Jean-Jacques Henner (artiste peintre), Adolphe Lalauze (graveur), Antoine Lumière (inventeur du cinématographe, industriel), Angelo Mariani (négociant), Xavier Paoli (ministère de l'intérieur), Ou-Tai-Tchan (directeur de la Mission Chinoise à Paris), le Docteur Pozzi (chirurgien), Théodore Rivière (statuaire), Albert Robida (artiste peintre et homme de lettres), Oscar Roty (graveur de médailles), et comme nous l'avons mentionné en tête de cet article, les frères Octave et Joseph Uzanne (hommes de lettres).


Nous ne savons pas à partir de quelle date les frères Uzanne rejoignent la Marmite républicaine. De même pour Angelo Mariani, Albert Robida et Oscar Roty. Tous sont hommes du cercle des amis proches du célèbre et très courtisé pharmacien corse inventeur du vin à la coca. Peut-être est-ce Angelo Mariani qui a proposé les frères Uzanne pour devenir membre de la Marmite ? Pour le moment nous ne savons pas.
Ce magnifique album de photographies est l'occasion de fixer la physionomie de nombreuses personnalités des lettres, des arts et de la politique des années 1890-1900.
Concernant les frères Uzanne, qui nous intéressent ici, était-ce une adhésion de principe (aux valeurs républicaines et démocratiques) ou bien une adhésion de convenance (pour faire partie de la Marmite et être ainsi dans un cercle de personnes influentes et toujours utiles à fréquenter) ? Nous ne savons pas.


Bertrand Hugonnard-Roche

1 commentaire:

  1. la photo du repas en plein air, qui a donné lieu à d'intenses recherches et moult spéculations, pourrait-elle être celle d'un repas de la Marmite ?

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