« De plus, partout, ce pauvre garçon [Emile Rochard], qui marche vraiment au gâtisme érotique, laisse traîner des images immondes, des cartes transparentes, photographies obscènes, qu’il regarde le soir sur sa table de nuit – c’est pitoyable – c’est bien la monomanie de l’impuissant qui cherche l’éréthisme. » (Les Pins, mardi 29 décembre 08)
Voici une suite de cinq extraits de lettres issues
de la correspondance privée entre Octave Uzanne et son frère Joseph (Archives
de l’Yonne, Auxerre, Fond Y. Christ). Ces extraits ont été choisis en rapport
des mentions relatives à la sexualité d’Octave Uzanne, directement évoquée par
lui, dans la confidence, à son frère. Le dernier extrait évoque son rapport à
la sexualité d’autrui, en l’occurrence celle de son ami Emile Rochard.
Inutile de commenter outre mesure ces indications
suffisamment explicites pour en tirer quelques conclusions évidentes. Octave
Uzanne a 56 et 57 ans puisque les dates des courriers s’échelonnent entre avril
1907 et décembre 1908.
On notera seulement qu’Octave Uzanne refuse le
risque de l’excitation sexuelle, refuse l’acte même « mis de côté comme il
faut ». Uzanne ressent le besoin de préciser à son rère qu’il a eut une vie
toujours laborieuse et très allante « vis-à-vis des dames ». Mai
1908, Uzanne ne veut plus « foutre », même « les plus jolies et
les plus intelligentes des femmes ». Uzanne ne se gêne pas pour se moquer
à plusieurs reprises de la « monomanie de l’impuissant qui cherche
l’éréthisme » affichée par son ami Emile Rochard.
Bertrand
Hugonnard-Roche
Voici les extraits de lettres :
« Ma santé se remet bien, je me suis bien
soigné et me trouve solide et en assez belle mine, mais je sais, je sens, que
pour redevenir ce que je veux être, j’aurai besoin d’une vie saine à la
campagne et à la mer, d’aucune
excitation sexuelle, de beaucoup d’exercice physique et au grand air – je
pense bien cette année pouvoir m’accorder tout cela. » (Les Pins, mercredi
3 avril 1907)
« Ma mine est bonne, je supporte la marche que
je sens très salutaire ; ma vie
sexuelle est ralentie, mise de côté comme il faut, je suis donc parfois
mélancolique de me sentir encore mal équilibré, apte à me refroidir, à
retomber malade pour un rien – Ah ! que ma santé de naguère me semble
enviable ! Aujourd’hui je n’oserais voyager seul à l’étranger, je ne vais
plus du côté de la jeunesse et le retour à Paris, l’hiver prochain
m’inquiètent. » (Barbizon, jeudi 1er août 1907)
« Ma santé m’a inquiété ces derniers jours, en
raison d’états nerveux très angoissants, de fébrilités du soir entre 10 et
minuit, poussées de sang, palpitations, tout cela évoquant l’état de notre
chère maman, lors de son retour d’âge avec
variations dues à mon sexe et à la vie toujours laborieuse et très allante
« vis-à-vis des dames » - tout cela s’atténue, s’atténuera ici.
Il serait vain de consulter des médecins aveugles et sourds à ces sortes de
maux et si incompréhensifs. » (Barbizon, 4 août 1907)
« Je n’ai pas besoin de te dire que si ça te chantait
de venir dimanche, je te recevrais avec plaisir, mais tu as immobilisé ton
temps avec cette petite serine de Cladel ce qui t’est moins salutaire qu’une
promenade en plein air – Je le regrette pour toi, Barbizon eut mieux valu –
Moi, je ne me laisse plus aller à ces choses, je
crois avoir raison ; je tâche de diriger ma vie dans les voies
essentielles de la santé, les plus
jolies et les plus intelligentes des femmes ne m’en détourneraient pas … et
pour cause, c’est que je n’en veux et que je m’en fous, ne voulant les foutre. »
(Paris, 15 mai 1908)
« De plus, partout, ce pauvre garçon [Emile
Rochard], qui marche vraiment au gâtisme érotique, laisse traîner des images
immondes, des cartes transparentes, photographies obscènes, qu’il regarde le
soir sur sa table de nuit – c’est pitoyable – c’est bien la monomanie de l’impuissant qui cherche l’éréthisme. » (Les
Pins, mardi 29 décembre 08)
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