mercredi 17 octobre 2012

Petite visite instructive à la sépulture de la famille Uzanne à Auxerre (cimetière Saint Amâtre).


Le 17 octobre 2012 était, me semble-t-il, une bonne journée pour aller rendre visite à quelques défunts tout juste retrouvés dans les registres. Dernièrement je lisais (trouvais par hasard serai plus juste) une petite nécrologie dans un journal de gens de lettres du début du siècle : Madame Elisabeth Laurence Octavie Uzanne, née Chaulmet, mère d'Octave Uzanne, décédée le 24 janvier 1905, sera inhumée à Auxerre. La piste était tracée ... ne restait plus qu'à la suivre. Quelques appels téléphoniques plus tard, la bonne volonté d'un gardien de cimetière compréhensif et quelques heures de routes ... les réponses sans doute seraient au bout ! C'est fait ! Je sais.

Lorsque je suis arrivé à Auxerre (Yonne) ce matin, le temps gris et pluvieux suspendait ses gouttes, comme une attente. Il ne plut pas. Je me rendis en compagnie d'un ami auxerrois devant le cimetière Saint Amâtre (cimetière étendu sur près de trois hectares aux dires du gardien). Ce cimetière est situé sur l'ancienne paroisse du même nom. Il a longtemps été le seul cimetière de la cité bourguignonne. Nous avons frappé à la loge du gardien qui aimablement, plan à l'appui, nous donna accès à la tombe recherchée. Au bout d'une allée bordée de petits cyprès trapus à gauche, se trouvait la sépulture de la famille Uzanne. Sépulture commune pour les Uzanne et les Chaulmet réunis sous deux caveaux côte-à-côte, l'ensemble clos d'une grille rouillée et flanqués en tête d'une grande pierre de marbre blanc sur laquelle était gravée FAMILLE UZANNE-CHAULMET. Je croyais n'y trouver que la mère d'Octave Uzanne, Elisabeth Laurence Octavie Uzanne née Chaulmet (1823-1905), j'y trouvai cinq autres dépouilles indiquées chacune par une petite plaque de marbre recouverte de mousse grisâtre. La mère d'Octave Uzanne était marquée sur la première plaque posée sur le caveau de gauche. Tout de suite derrière elle on pouvait voir la plaque de Louis Eugène Chaulmet (1820-1874), frère de la mère d'Octave Uzanne. La dernière plaque sur ce caveau de gauche portait le nom de la Veuve Louis Chaulmet née Marguerite Geneviève Gremeret (1800-1873) ; c'est la grand-mère maternelle d'Octave Uzanne (dont il fut proche au point d'avoir été témoin sur son acte de décès à Auxerre en 1873 alors qu'il était étudiant à Paris, avec son frère, également témoin). Le caveau de droite contient également trois dépouilles. Le nom présent sur la première plaque est celui de Mary-Louise Millon (Lisette), fille d'un premier mariage de l'épouse du frère d'Octave Uzanne, Joseph Uzanne. Mary-Louise Millon avait divorcé très vite de son époux Marcel Christ. Mary-Louise Millon était née le 24 janvier 1892 et est décédée le 27 janvier 1975. C'est elle la dernière à avoir été inhumée dans le caveau familial. Derrière elle on trouve la plaque de sa mère, Madame Joseph Uzanne née Marie Adenot (1859-1924). Enfin, la dernière plaque est celle de Joseph Uzanne (1850-1937) que je croyais jusque là inhumé à Paris. Il n'en n'était rien. Il aura choisi de revenir sur la terre de ses ancêtres bourguignons auprès de sa mère, de son épouse et de ses oncles et grand-mère. Octave avait choisi, comme on l'a déjà écrit ici, la crémation au Père Lachaise à Paris.

Très heureux de la redécouverte de cette sépulture familiale contenant six membres de la famille Uzanne-Chaulmet, je me pris à rêver que peut-être d'autres Uzanne s'y trouvaient également, dans d'autres allées. Retour à la loge du gardien du cimetière. Consultation des registres. Quelques minutes plus tard j'avais la localisation dans le cimetière de trois autres sépultures dont celle du père d'Octave Uzanne décédé en 1866 à l'âge de 54 ans. Sa sépulture était indiquée sur le plan juste une allée derrière celle de la sépulture familiale dont nous venons de parler. Rendu sur place, une pierre tombale moderne (début XXe s.), sans nom. Sur le registre était d'ailleurs indiqué "exhumé". Chose évidente : la dépouille de Charles Omer Uzanne avait été exhumée et placée dans l'un des deux caveaux cités plus haut (étonnant cependant que son nom n'ait pas été regravé). Antoine Uzannaz dit Uzanne (1784-1858), grand-père paternel d'Octave Uzanne, père de Charles Auguste Omer Uzanne, devait se trouver facilement d'après le plan. Sa sépulture était celle située juste derrière celle du Capitaine Coignet ! Mais rien. La sépulture avait été abandonnée puis la concession reprise un gros monument de pierre avait été érigé à sa place dans les années 1870. Peut-être sa dépouille a-t-elle été exhumée et placée dans le caveau familial. Enfin, Joseph Maurice Uzanne (1787-1860) devait se trouver "le long les murs" d'après le registre, sous le n°136. Mais rien. Une tombe moderne. Idem. Corps exhumé et probablement placé dans le caveau familial.

Nous partîmes du cimetière après avoir visité une autre tombe d'un artiste auxerrois que mon ami cherchait. Nous l'avons finalement trouvé également. Malheureusement à l'abandon total et de plus le sol se dérobant sous elle ... triste fin.

Comme vous allez pouvoir le voir sur les quelques clichés pris ce matin de la sépulture Uzanne-Chaulmet, l'ensemble n'est pas entretenu, et ce depuis longtemps. La dernière inhumation de 1975 doit marquer pour ainsi dire la fin de l'entretien de cette concession à perpétuité. La grille est rouillée et usée, la porte est d'ailleurs démontée (gonds si rouillés qu'elle a dû tomber). Vous pouvez voir le chiffre en fer forgé UC (Uzanne-Chaumet). Le marbre du grand fronton est en bon état et propre. Les pierres recouvrant les deux caveaux sont grises.

Une dernière chose. En partant, passant à nouveau par la loge du gardien, je posai la question suivante armé d'une naïveté qui étonna : "la sépulture est en mauvais état. Puis-je engager à titre privé des travaux de nettoyage et de restauration ?" Le gardien me répondit aussitôt : "Seuls les ayant droits peuvent engager des travaux sur une sépulture. Vous ne pouvez rien faire. Sauf, s'il n'y a plus de descendants connus, à créer une association pour sauvegarder cette sépulture et la restaurer." Je vous avoue qu'un bref instant j'ai songé à me lancer dans cette folle aventure : créer une association des Amis d'Octave Uzanne. Le futur nous le dira. Mais il ne faudra pas attendre trop longtemps. Si le temps estompe les envies, il effrite encore plus vite les pierres abandonnées ...


Si la religion selon le verbe latin est bien ce qui relie les hommes, alors pourtant agnostique et païen des choses saintes, aujourd'hui je me suis senti en religion avec Joseph Uzanne, son épouse, sa mère, et bien sûr Octave. Et la fleur d'octobre, d'un rose pâle sous le gris du ciel chargé d'une pluie qui n'avait pas envie de tomber, s'est laissée poser sur cette tombe oubliée.

Bertrand Hugonnard-Roche

7 commentaires:

  1. Belle et riche promenade en avant-garde de la Toussaint.
    J'ai en son temps aidé à la restauration de la tombe de Joseph-Marie Quérard (un "pays" de Rennes, en plus)...
    Je t'engage (seul toi peut le faire) à créer une Association des Amis des Uzanne et participerai avec bonheur à aider à sa connaissance et participerai avec autant de bonheur que toi à la rénovation et entretien de cette tombe.

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  2. J'en suis !
    Bravo Bertrand ! C'est une chance d'avoir retrouvé cette sépulture déjà ancienne et qui apparemment a vu le dernier passage en 1937. Lorsque j'arpente les cimetières de Savoie sur les traces de mes ancêtres maternels, le résultat est souvent décevant.
    T

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  3. Merci T.
    En fait, la fille adoptive de Joseph Uzanne et de Marie Adenot (fille qu'elle avait eu d'un premier mariage avec un certain Millon de Dijon), c'est à dire Mary-Louis Millon, est décédée en 1975 seulement (née en 1892). Donc je pense en toute logique que c'est elle qui jusqu'à cette date ou presque, a entretenu cette sépulture où se trouvait sa maman (Marie Adenot) et son beau-père (Joseph Uzanne). Je l'ai écrit ailleurs, mais je le rappelle ici, Mary-Louise Millon se maria avec un certain Marcel Christ (nom qu'on lit sur la plaque d'ailleurs) mais en divorça très vite (1922 je crois me souvenir), de cette union était né un petit garçon qui se prénommait Yvan. Yvan Christ était le petit-fils adoptif de Joseph Uzanne donc. Il est mort en 1998. Je ne sais pas s'il entretenait ou non la tombe de sa mère à Auxerre tandis que lui vivait à Paris. C'est possible. Je doute cependant que le dernier nettoyage date de 1998 ... 1975 serait plus plausible.

    Pour l'asso : Textor Président ! (moi j'ai vraiment trop de choses sur le feu...)

    On y réfléchit malgré tout.

    Merci de me lire.

    B.

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  4. Bonjour,

    merci pour tout !

    Yvan Christ, celui-là même de "Paris Utopies" (et de quelques autres livres ) ?

    Adrià

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  5. Oui Adrià ! Celui-là même, Yvan Christ (1919-1998), historien de l'art, historien de l'architecture. C'est bien sa maman (Mary-Louise Millon) et son beau-père (Joseph Uzanne) qui sont inhumés dans le cimetière d'Auxerre dont il est question ici.

    Merci de me lire.

    B.

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  6. Oh incroyable !

    Merci cher Monsieur de vos précieux travaux ! Quel plaisir de lire tous ces articles.

    Adrià

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  7. Où en est l'Association des Amis d'Uzanne (Textor président) ?

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