lundi 28 avril 2014

Octave UZANNE. 90 L.A.S., 1908-1931, à Georges Maurevert, à Nice ; environ 145 pages (Vente à Paris – Drouot Richelieu – Salle n°15. Jeudi et vendredi 17 décembre 1993 à 14h15 par le ministère de Maîtres Laurin – Guilloux – Buffetaud – Tailleur. Expert : Thierry Bodin) Prise de notes par Luce Abélès.



Georges Maurevert (1869-1964)
Voici un important ensemble documentaire qui vient compléter la chronologie Uzannienne entre 1908 et 1931. Nous devons ces précieuses informations à Madame Luce Abélès qui nous a communiqué dernièrement les notes qu'elle avait prises en 1993 au moment de la vente d'un important lot de lettres autographes d'Octave Uzanne adressées à son ami journaliste et écrivain Georges Maurevert. Nous possédons plusieurs lettres d'Octave Uzanne à Georges Maurevert qui viennent heureusement s'imbriquer dans cette chronologie. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu du lot adjugé en 1993. Peut-être le hasard nous servira-t-il prochainement.
Nous tenons à remercier encore une fois Madame Luce Abélès pour le partage de ces précieuses informations.


Bertrand Hugonnard-Roche


* * *

Source : Vente à Paris – Drouot Richelieu – Salle n°15. Jeudi et vendredi 17 décembre 1993 à 14h15 par le ministère de Maîtres Laurin – Guilloux – Buffetaud – Tailleur. Expert : Thierry Bodin.
Lot n°195. Octave UZANNE. 90 L.A.S., 1908-1931, à Georges Maurevert, à Nice ; environ 145 pages, formats divers, quelques enveloppes.

Intéressante correspondance. C’est à la suite d’un article de Maurevert sur Barbey d’Aurevilly que l’amitié se noue. Ils s’entretiennent de leurs articles respectifs. Camille Mauclair, Maurice Leblanc, Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck sont souvent évoqués. Uzanne séjourne à Cannes, voyage en Belgique, en Italie avant de s’installer à Saint-Cloud. Pendant les années de guerre, il se révolte contre cette « boucherie internationale » et se montre très pessimiste. Il parle longuement des livres et des chroniques que fait paraître Maurevert (principalement dans l’Eclaireur), se réfère aux grands noms de la littérature, donne des nouvelles de sa santé, etc. On joint 2 l. de Joseph Uzanne, frère d’Octave, à Maurevert.

Notice : Thierry Bodin (1993). Estimation : N.C. Prix d’adjudication : N.C. Prise de notes : Luce Abélès (1993). Mise en ligne : Bertrand Hugonnard-Roche (avril 2014).


Lettres à Maurevert (1908 – 1931) 97, Quai du Midi à Nice. Prise de notes par Luce Abélès.


- 15 octobre 1908 (62 Bd de Versailles – St Cloud – Montretout (Seine et Oise) : le remercie de son article de l’Eclaireur sur la préface de J. B. d’Aurevilly. Espère le voir à Nice ou à St-Raphaël et faire sa connaissance.

- 21 octobre 1908 (62 Bd de Versailles – St Cloud – Montretout (Seine et Oise) : au sujet du monument érigé à J. B. d’Aurevilly : « je ne sais rien du monument, ni de la date d’inauguration […] je suis d’ailleurs un contempteur de monuments et n’assisterai pas à ce concours régional qui sera comme sont toutes ces inaugurations officielles et bêtes, tout à fait contraires à l’esprit de l’homme supérieur qu’on veut honorer »

- 2 janvier 1909 (Les Pins, Le Cannet) : espère faire sa connaissance à Nice le vendredi 8 courant prochain.

- 13 janvier 1909 (St Raphaël, Hôtel Beaurivage) : le remercie de son envoi de « La Dernière soirée de Brummell », tragi-comédie, et le félicite.

- 5 janvier 1911 (Cannes, Maison Blanche, 42) : le remercie de sa réponse publique dans l’Eclaireur, au sujet de Barbey (?).

- 21 janvier 1911 (Cannes, Maison Blanche, 42) : lui fixe rendez-vous mardi 23 janvier à 11 h ¾ à la gare de Nice.

- 10 novembre 1911 (Cannes) : prend un abonnement à l’Eclaireur et demande qu’on annonce dans le journal son « hivernage à Cannes, à titre de grand confrère parisien, rédacteur à l’Echo de Paris, au Figaro, au Paris-Journal, à la Dépêche de Toulouse, etc. »

- 20 novembre 1911 (Cannes) : lui demande si M. Maeterlinck est actuellement à Nice en installation dans son nouveau logis.

- 25 novembre 1911 (Cannes, Maison Blanche) : lui adresse son Sottisier des mœurs paru assez récemment, dont Camille Mauclair a rendu compte dans la presse genevoise.

- 25 novembre 1911 (Cannes) : envoi autographe sur le Sottisier des Moeurs (exemplaire de notre collection)

- 2 décembre 1911 (Cannes, Maison Blanche) : ira sans doute déjeuner lundi à la « Villa des Cigales », espère y rencontrer Maeterlinck. Mauclair pense arriver à Grasse d’ici 15 à 20 jours.

- 30 décembre 1911 : demande des nouvelles de Maeterlinck.

- 2 janvier 1912 : ne peut se rendre à son invitation car est déjà engagé. Lui donne rendez-vous pour mardi prochain avec Maeterlinck au restaurant.

- 19 janvier 1912 : annule le rendez-vous au restaurant avec Maeterlinck. A fait 2 articles sur le Cas de Maurice M. (Maeterlinck), l’un dans le Paris-Journal, l’autre dans la Dépêche.

- 20 avril 1912 : garde le lit.

- 8 mai 1912 : je suis encore un très fragile convalescent, condamné presqu’à ne pas écrire, par la Faculté. Va se soigner à Lausanne dans la clinique de son ami le professeur Bourget. Accepte avec plaisir de faire la préface demandée.

- 19 novembre 1912 : est réinstallé à Cannes.

- 1er décembre 1912 : vaincu par la grippe et garde le plumard. Espère le rencontrer à « La Régence », avec Maeterlinck, sauf si ne peut se lever.

- 9 décembre 1912 (Rome) : carte de Rome où il fait doux. Rentrera en France le 15 ou 20 janvier.

- 10 décembre 1912 : va partir à Gènes jeudi soir.

- 18 janvier 1913 (Rome) : retour à Cannes entre le 23 et le 25 janvier.

- 28 janvier 1913 (Cannes) : lui donne rendez-vous à Nice après le Carnaval, vers le 10 février. S’installera à l’hôtel Scribe. Espère le voir et lui parler de « mes belles heures d’Italie qui furent exquises, inoubliables »

- 8 février 1913 (Cannes) : déjeuner avec lui et Maeterlinck lundi ou mardi prochain, à son choix.

- 12 mars 1913 : espère assister au match Carpentier-Gunther le lundi 17 au soir.

- 15 mars 1913 (Cannes) : ne pourra assister à la première de notre cher Maeterlinck car se rend à Marseille. « j’écris à mon frère pour le Mariani wine ». Lui demande son avis sur le roman d’ensemble de G. Poulet, un modeste, qui lui parait excellent.

- 10 avril 1913 (Cannes) : va quitter Cannes d’abord pour Barcelone, puis, vers le 3 ou 4 mai pour séjourner en Suisse, à Lausanne, du 6 au 20 mai. Espère le rencontrer auparavant à Nice

- 19 avril 1913 : carte postale de Barcelone.

- 29 mai 1913 (St Cloud) : arrive de Lausanne. Aimerait recevoir le service de l’Eclaireur, contre un article. Apprécie l’Eclaireur. Espère travailler. A mené une « vie sentimentale toujours excessive et absorbante, dont j’espère être enfin délivré ».

- 16 juin 1913 (St Cloud) : le félicite sur ses articles contre l’alcoolisme, mais vous ne pourrez rien faire « contre la Bistrocratie républicaine. Les Mastroquets sont grands électeurs ! » Espère rester à St Cloud cet été.

- 23 juin 1913 (St-Cloud) : lettre inédite de notre collection

- 9 août 1913 (St Cloud) : très heureux de pouvoir se réconcilier avec ses nombreux travaux en retard. « Je goûte la paix divine du labeur, du recueillement dans la sérénité d’une retraite qui domine tout le panorama de Paris […] » Doit aller aujourd’hui déjeuner à St Leu Taverny chez les Mauclair. Espère le voir quand il passera à Paris.

- 12 octobre 1913 (St Cloud) : va partir pour 10 jours en Belgique et aimerait le voir à Paris au retour. A esquissé un Tristan Corbière dans la Dépêche de Toulouse du 3 octobre.

- 18 octobre 1913 : l’invite à déjeuner à St Cloud le 22 courant.

- 22 octobre 1913 : « Maurice Leblanc a fait pour le mieux en vous engageant au déjeuner chez Maeterlinck et Georgette, - malheureusement j’avais engagé à déjeuner une très rare et charmante anglaise, Miss Florence Simonds ». Lui fixe un nouveau rendez-vous à St Cloud dimanche. Demande l’adresse de Maeterlinck à Paris.

- 24 octobre 1913 : se réjouit de le voir dimanche.

- 29 octobre 1913 (Gand) : carte postale « Amical souvenir » adressée à « M. G. Maurevert, Cercle d’escrime, 5 rue Volney, Paris 2e »

- 16 novembre 1913 (St Cloud) : s’est remis à travailler sous un ciel pustuleux.

- 25 décembre 1913 (Noël – Bruxelles) : est allé passer Noël dans les Flandres. Ne sait s’il ira à Nice. « Je suis libre de mes actes » J’ai pris le goût de mon Home et des travaux que j’y achève, après tant d’années de vagabondage ».

- 26 janvier 1914 (St Cloud) : développement sur l’émotion scénique du comédien.

- 18 juin 1914 : carte postale de Jutland, Danemark.

- 25 juillet 1914 (St Cloud) : retour d’un « admirable voyage en Danemark et en Allemagne et qui dura sept semaines ».

- 28 juillet 1914 : au lit avec la fièvre. Espère le voir le samedi à Reims.

- 15 octobre 1914 (Lormont) : « depuis le début de l’affreuse tourmente, j’ai souvent pensé à vous » Lui demande de ses nouvelles, et de celles de Mauclair. Se trouve à Lormont tout près de Bordeaux, puis ira à Toulouse, Marseille et sans doute le littoral en janvier.

- 5 novembre 1914 : le remercie de ses nouvelles. Va séjourner à Arcachon. Pense que Maeterlinck [qu’il ne nomme pas] ne sera pas élu à l’Académie Française dans cette « boîte à conserves de l’Institution, car intrigues, états intellectuels pitoyables.

- 14 mars 1915 (St Cloud) : « après 6 mois d’absence, je reviens vers ma bouquinière et mon studio avec la curiosité de retrouver tout ce que j’avais si bien cru ne jamais revoir lors de mon départ au début de septembre dernier. Quels temps nous vivons ! » Se désespère de ne pouvoir plus exercer son métier, la Dépêche ayant tout supprimé, littérature et politique. Le félicite de ses articles et l’envie de pouvoir encore travailler.

- 11 novembre 1915 : « Cette guerre se poursuit, s’étend, s’éternise, engloutissant des millions de jeunes êtres, nous donnant des espérances à longues échéances, sans nous réconforter par des solutions de victoire ou des poussées vers le territoire boche – comme nos désirs nous le promettaient »

- 22 décembre 1915 (St Cloud) : lettre inédite de notre collection

- 11 mars 1916 (St Cloud) : « de retour à St Cloud, j’ai eu la bonne fortune de me sentir en appétit de travail, après 18 mois de dégradante torpeur intellectuelle. Beaucoup d’autres furent stérilisés, pétrifiés, anéantis moralement par cette vision de boucherie internationale, digne de dégoûter de tout idéal qui ne soit pas meurtrier ou vengeur »

- 3 décembre 1916 : « je me réfugie près de vous dans ma douleur de la mort du cher Verhaeren. Une amitié fraternelle nous unissait. Il était un voisin cher ; nos communions étaient fréquentes. » […] « Je porte le deuil de mes croyances »

- 7 janvier 1917 (St Cloud) : très amer sur les parlementaires et les politiques : « la horde immonde des parlementaires, la servilité ministérielle vis-à-vis de ces gougeats (sic), les traitrises des couloirs, l’incompétence des gouvernants, leur lâcheté morale, constituent des ambiances de dépression qui s’expliquent »

- 26 février 1917 (St Cloud) : « à vrai dire, cette convulsion effroyable de l’incurable humanité est le choc de deux mondes qui vont se métamorphoser dans le sens du victorieux […] »

- 7 mars 1917 (St Cloud) : ne pourra se rendre à Nice du 18 au 25, à cause des rationnements des chemins de fer. Le félicite pour ses articles. Lui écrira après le « Congrès du livre » et autres missions à accomplir en ce mars déjà à l’entâme.

- 7 octobre 1917 (St Cloud) : a eu des besognes multiples qui l’ont retenu à Paris. Va faire une tournée sur le front anglais (8 à 10 jours) pour un journal de grand tirage. « ça fera monter le niveau de mes ressources … »

- 22 décembre 1917 : aimerait descendre à Nice, mais le PLM est bondé, comme les hôtels ruineux, le midi envahi par des réfugiés et des bourgeois craintifs. Attend de ses nouvelles.

- 27 octobre 1918 (Perros-Guirec) : « Nous arrivons au bout du tunnel et déjà découvrons des horizons victorieux qui nous dédommagent du long cauchemar qui nous angoissa si longtemps » Implore de ses nouvelles ainsi que de Maeterlinck. « Depuis 6 mois j’ai si bien raciné dans cet ensorcelant Pays Breton que je ne puis m’arracher à ses landes, à ses grèves, à son ambiance ». « Je me repose, je vis, je me grise du décor de ce pays dont je ne puis me lasser. » Santé de granit, philosophie sereine.

- 12 novembre 1918 (Perros-Guirec) : la lettre de Maurevert est arrivée au moment où les cloches bretonnes sonnaient la victoire « Vive notre Pays ! Jamais il ne fut si haut, si grand, si supérieur à tous ! » Préface avec joie le livre que prépare Maurevert chez Payot.

- 4 décembre 1918 (St Cloud) : attend des nouvelles de la publication Payot.

- 16 décembre 1918 : Payot s’est rétracté. « Je ne sais guère quel éditeur vous conseiller parmi les vieux, ni vers quelle boutique littéraire orienter votre œuvre » […] « je ne verrais à vous conseiller que Crès, voisin de Payot »

- 5 octobre 1920 (St Cloud) : attend de ses nouvelles. N’ira pas vers la Riviera : trop embouteillé et trop cher. « Que devient votre œuvre sur les Signes et distinctions nobiliaires ? » « Avez-vous découvert le rara avis, l’éditeur emballé et marcheur. »

- 21 décembre 1921 (St Cloud) : carte de vœux. Voyage peu depuis 1914. Depuis juin dernier fait de l’infection vésicale, ma prostate est devenue mégalomanique.

- 2 janvier 1922 (St Cloud) : a reçu son mot de veille de Noël « je penserai désormais à votre Livre des plagiats et si je puis vous constituer un petit dossier de notes, ce me sera un vrai plaisir de vous l’adresser » Son mal prostatique persiste. Cherche à éviter l’intervention. Porte une sonde à demeure -> Excellent sommeil.

- 10 février 1922 : sa prostate est stationnaire. Intervention utile, non urgente.

- 4 mars 1922 (Clinique chirurgicale, 33, rue Antoine Chantin, Paris 14e) : « de mon lit » Opéré le samedi 6 courant. Infection vésicale en plus de la prostate. A propos du plagiat : Scarron qui dévalise les conteurs espagnols fut lui-même pillé, plagié comme le sont si souvent les intermédiaires de ces sortes de larcins. Scarron alimenta les plagiaires du 17e et 18e siècles. Sedaine en écrivant la Gageure imprévue, n’avait fait que calquer une nouvelle de Scarron empruntée aux Espagnols.

- 17 avril 1922 (St Cloud) : retour au logis après 52 jours de clinique. Récupère.

- 22 avril 1922 (St Cloud) : en juin ira peut-être faire une petite cure vésicale en station thermale.

- 28 juin 1922 (La Roche-Posay – Vienne) : va quitter la station thermale poitevine pour les Pyrénées, près Luchon. Retour à St Cloud le 26 ou 27 juillet.

- 10 juillet 1922 (Hautes Pyrénées) : « Paradis terrestre inconnu, comme tous les Paradis ». Retour à St Cloud vers le 26. Espère le voir là-bas.

- 28 juillet 1922 (St Cloud) : vient de retrouver St Cloud. Lui fixe rendez-vous le samedi ou le dimanche.

- 7 décembre 1922 : « reçu, dear Maurevert, The Plagiarism’s book » Fera une petite chronique de 150 lignes – no more.

- 28 juillet 1923 : reçu « Fisc et Blason » En fera une chronique dans la Dépêche, vers le 20 août.

- 11 août 1923 (St Cloud) : compte se rendre dans le sud et lui demande de lui trouver un gîte à prix abordable. « Je lis votre Fisc et Blason qui me plonge davantage dans le mépris de l’insondable sottise humaine et me montre l’inanité des révolutions » Va faire un petit écrit sur la sottise des titres et le fix-pressoir des vanités.

- 24 septembre 1923 (St Cloud) : l’article de la Dépêche sur le livre de Maurevert vient de paraitre. Parle plus de l’œuvre que de l’auteur, mais c’est mieux ainsi.

- 29 septembre 1923 (St Cloud) : à propos du livre Rien n’est de Poulet (1913) qui vient d’être republié : ouvrage magnifique, les autres livres du même auteur et l’auteur lui-même sont très décevants. Peut-être le roman n’est-il pas de ce poulet éthique, esprit pitoyablement quelconque.

- 19 décembre 1923 : meilleurs vœux. A congé de son appartement. Doit trouver autre chose.

- 17 juillet 1924 (St Cloud) : n’est plus allé sur la côte niçoise depuis 12 ans environ. Aimerait le voir.

- 7 octobre 1924 (St Cloud) : le remercie pour l’envoi de la chronique « Les goûts et couleurs » « Mélancolique désir de vous revoir »

- 11 décembre 1924 : vœux cordiaux de bonne année. Le remercie pour ses notes sur « les livres du temps » et sa mention d’un de ses ouvrages.

- 10 février 1925 (St Cloud) : a passé tout janvier au pays basque dans « l’azur et l’or solaire » A trouvé un article de Maurevert « Les Maîtres de la Plume » qui le salue du titre de « Prince des écrivains » : « Ce n’est pas mon affaire ! j’aime trop l’intimité pour régner sur des médiocrités nombreuses, vaniteuses, rosses, souvent d’une pauvreté morale pitoyable. Je préfère choisir les élites qui m’agréent et construire mon bonheur à ma guise. J’y réussis assez bien. » « Cet oubli de mes contemporains et des jeunes, croirez-vous que je le savoure comme un bienfait de ma destinée si volontiers solitaire » « Aultre ne veut estre ! disait Montaigne. J’ai la vie que je désire, dirai-je, et rénovant Victor Hugo écrivant à de Vigny, je vous écris : « Vous avez voté pour moi, cher Maurevert, je suis élu ! » Demande des nouvelles de Maeterlinck : « je l’ai vu vieilli, alourdi, plutôt affaissé, dans le métro sud, il y a 6 ou 7 semaines. Il m’a dit s’occuper de son achat du château de Médan. Je n’ai plus eu la sensation de sa force, ni de sa pleine possession de soi-même »

- 28 janvier 1926 (St Cloud) : le remercie pour les lignes consacrées à Canaletto. N’ose plus espérer le revoir.

- 25 février 1927 (St Cloud) : à reçu son Erôs et la Riviera et le remercie de sa pensée. Se plaint de ne plus l’avoir vu depuis si longtemps.

- 24 mars 1927 (St Cloud) : lui envoie « un petit livre très rare dès sa naissance, en raison de son tirage ultra-limité et hors commerce. J’y évoque fragmentairement la figure de d’Aurevilly telle qu’elle m’apparut lors de mon entrée en religion des lettres » Le félicite des divers films tournés sur la Riviera pour sa dernière publication.

- 31 mars 1927 : le remercie de son souvenir fidèle dans l’Eclaireur du soir.

- 2 avril 1927 : C. Mauclair part pour Nice. Lui envoie un pli à lui remettre.

- 14 mai 1928 : apprend que Maurevert a écrit un mot sur l’édition des Mémoires de Casanova, dans l’Eclaireur. Se réjouit d’avance de cet article et lui demande de le lui envoyer.

- 17 décembre 1928 : Vœux de nouvel an.

- 20 décembre 1929 : « Loin de tout, la solitude, le silence, cette perfection des lectures de tant d’œuvres nouvelles et dont je goûte l’originalité, les expressions de jeunesse et le travail, encore, me confèrent un bonheur supérieur à toutes les formes de félicités que je connus naguère – aux lumières éclatantes de ma vie. »

- 22 décembre 1930 : « Fidèle pensée, à travers le temps, l’espace, les faits, le monde nouveau. Je suis un fantôme du Passé. Je vis en retraite après avoir subi une très grave opération dont la convalescence seule m’a tenu 8 mois dans les cliniques parisiennes. » Se réjouit de sa solitude et de son indépendance.

- 29 décembre 1930 : Maurevert opéré de la prostate, comme Uzanne en 1922. Uzanne s’est fait mettre un anus iliaque à Dépressions affreuses, cœur défaillant, vacance de toutes mes forces. Je récupère mon potentiel de puissance avec une lenteur indicible. Vis reclus, plus libre que ne le fus jamais … Heureux de ma retraite.

- Avril 1931 : s’inquiète que Maurevert prolonge sa convalescence en clinique. Lui donne des conseils. Parle de la mort, attend le Néant seul. « Tout ce que promettent les religions aux croyants en l’au-delà me fait pitié et rien ne me serait plus pénible que d’avoir des devoirs et obligations lorsque j’aurai cessé d’être. J’ai aimé l’indépendance follement et désiré la conserver jusqu’au tombeau »

- 7 avril 1931 (St Cloud) : lettre inédite de notre collection

- 19 avril 1931 : reçu un mot fort aimable de Blaise Cendrars qui ne me fixe pas son adresse toujours variable. Je crois que si vous faites demander le Rhum à Grasset, il vous en enverra un exemplaire.

- sans date : récuse le titre de « Prince des Ecrivains » « Ah que non ! j’aime trop l’ombre des cryptes, leur fraîcheur et solitude – la couronne et le costume des princes réels ou fictifs sentent trop le clinquant, la paillette, le décrochez-moi ça des mascarades. » « Je suis désabonné de tous Cutting-Papers, Argus et Courrier de Presse, et ne tiens pas à savoir ce qu’on dit de moi. »


2 lettres de Joseph Uzanne à Maurevert :


- 10 mars 1922 : Octave se remet bien de son opération. (en-tête : Album Mariani, Figures Contemporaines, Direction Joseph Uzanne 172 Bd St Germain)

- 18 novembre 1931 (172 Bd St Germain, VIe) : le remercie de « votre belle lettre émue ». [Son frère] est entré dans l’éternel repos ainsi qu’il le souhaitait, subitement, sans souffrance.

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