mardi 29 avril 2014

"Mon précieux" ... Les Fricatrices ... enfin trouvées ! (1894 ... 2014)



LES FRICATRICES (*)
gravées d'après le tableau original
DE FRAGONARD
appartenant à M. Emile R***


Nous ne revenons pas sur l'histoire de ce fameux tableau et sur cette gravure qui en a été faite. Nous l'avons fait dans un précédent article : Les mystérieuses Fricatrices (les deux amies) des Contes pour les Bibliophiles d'Octave Uzanne (1878-1894). Nous vous invitons à le lire ou à le relire.

Aujourd'hui nous nous contentons de revenir pour simplement vous le montrer ce tableau, ou plutôt l'héliogravure (photogravure) qui en a été faite pour le volume publié par Uzanne à la fin de l'année 1894.

En près de 20 ans de recherches chez les libraires et même dans les salles des ventes, jamais nous n'étions parvenu à mettre la main sur un exemplaire contenant cette gravure libre imprimée à seulement 300 exemplaires (le cuivre détruit après tirage). Faut-il croire que le tirage a été en réalité bien moindre (quelques exemplaires seulement à quelques dizaines d'exemplaires) ? 

Faut-il croire que le cuivre a bien été détruit (ou simplement rayé et conservé) ? Le tirage que nous avons sous les yeux de cette planche est sur papier du Japon, le tirage étant en bistre. Cette épreuve se trouve dans un exemplaires ordinaire des Contes pour les Bibliophiles (un des 1.000 vélin, n°516). Cette gravure était vendue séparément chez l'éditeur A. Quantin (May et Motteroz directeurs) la nature du sujet n'ayant pas permis de l'insérer dans l'ouvrage. Soit.


On sait qu'Emile Rochard était un collectionneur de photographies érotiques (correspondance d'Octave Uzanne avec Joseph Uzanne) et un grand amateur d'art (peintures, sculptures). On sait que la femme était un de ses sujets de prédilection. Il publia d'ailleurs des poésies tout à son honneur. On sait aussi qu'Emile Rochard se convertit de manière radicale dans le courant de l'année 1913. Il mourut fervent chrétien en 1917. La Bnf répertorie un exemplaire de la rare Notice sur les livres composant l'importante bibliothèque théâtrale, littéraire et historique de feu M. Emile Rochard, ancien directeur des théâtres de l'Ambigu, du Châtelet et de la Porte Saint-Martin, ... dont la vente aux enchères publiques aura lieu hôtel des Ventes, rue Drouot, salle n°9 les mardi 1er et mercredi 2 avril 1919. On ne parle nulle part des oeuvres d'art ... Que sont devenus les tableaux et autres sculptures de sa collection qui devait être non moins immense que sa bibliothèque ? Qu'est-il advenu de ce Fragonard ? Ce peut-il que, sur un coup de colère bigotin, Rochard ait détruit ce tableau osé ? Ce tableau est-il d'ailleurs bien de Fragonard ? ou simplement attribué à lui par Rochard ou par Uzanne ? Nous ne savons pas. Nous n'avons pu le localiser nulle part, dans aucune collection privée, dans aucun dépôt public de notre connaissance.

Seule la découverte d'un autre exemplaire de cette planche, ou mieux du cuivre "détruit" (rayé), ou mieux du tableau de Fragonard, bien caché quelque part dans une collection privée ou dans un dépôt public, permettra d'en savoir plus sur cette histoire qui m'a tenu en haleine depuis bien des années et qui risque bien d'occuper les trente prochaines.


Bertrand Hugonnard-Roche


(*) Octave Uzanne ou Emile Rochard ont très certainement puisé dans les Dames Galantes de Brantôme : "On dit que Sapho de Lesbos a esté une fort bonne maistresse en ce mestier, voire, dit-on, qu'elle l'a inventé, et que depuis les Dames lesbiennes l'ont imitée en cela, et continué jusques aujourd'huy , ainsi que dit Lucian : que telles femmes sont les femmes de Lesbos, qui ne veulent pas souffrir les hommes, mais s'approchent des autres femmes, ainsi que les hommes mesmes. Et telles femmes qui ayment cet exercice ne veulent souffrir les hommes, mais s'adonnent à d'autres femmes, ainsi que les hommes mesmes, s'appellent tribades, mot grec derivé, ainsi que j'ay appris des Grecs, de .......... , ........., qu'est autant à daire que fricare, freyer, ou friquer, ou s'entrefrotter ; et tribades se disent fricatrices, en françois fricatrices, ou qui font la fricarelle en mestier de donne con donne, comme l'on l'a trouvé ainsi aujourd'huy. Juvenal parle aussi de ces femmes quand il dit : frictum Grissantis adorat, parlant d'une pareille tribade qui adoroit et aimoit la fricarelle d'une Grisante. Le bon compagnon Lucian en fait un chapitre, et dit ainsi, que les femmes viennent mutuellement à conjoindre comme les hommes, conjoignants des instruments lascifs, obscurs et monstrueux, faits d'une forme sterile. Et ce nom, qui rarement s'entend dire des fricarelles, vacque librement par tout et qu'il faille que le sexe femenin soit Filenes, qui faisoit l'action de certaines amours hommasses. Toutefois il adjouste qu'il est bien meilleur qu'une femme soit adonnée à une libidineuse affection de faire le masle, que n'est à l'homme de s'effeminer ; tant il se monstre peu courageux et noble. La femme donc, selon cela, qui contrefait ainsi l'homme peut avoir reputation d'estre plus valeureuse et courageuse qu'une autre, ainsi que j'en ay cogneu aucunes , tant pour leur corps que pour l'ame." in Pierre de Brantôme, Recueil des Dames Galantes. Discours sur les Dames qui font l'amour et leurs maris cocus.

4 commentaires:

  1. finalement pas de Fragonard : http://www.christies.com/lotfinder/lot/jean-jacques-lagrenee-les-deux-amies-314459-details.aspx?intObjectID=314459

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  2. Merci Christian, un billet tout chaud arrive, avec mes remerciements bien sincères pour cette trouvaille. Je n'ai pas cité votre nom dans le billet par discrétion mais un mot de vous et je vous cite en "français dans le texte" avec le plus vif des plaisirs non dissimulés.
    Bien cordialement,
    Bertrand

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