mercredi 18 décembre 2013

Opinion d'Octave Uzanne sur le Sâr Joséphin Péladan et son oeuvre (février 1894)


© Photo RMN-Grand Palais - Droits réservés
Octave Uzanne possédait les premiers ouvrage du Sâr Péladan (*) : La Décadence latine (1886) - Curieuse ! (1886) - L'initiation sentimentale (1887) - Istar (1888) - La Victoire du Mari (1889) - Cœur en peine (1890) - L'Androgyne (1891) - La Ginandre (1891) - Typhonia (1892). 9 volumes in-12, tous brochés. Exemplaires avec envois autographes du Sâr, à l'encre verte, d'allure originale et kabbalistique, précise Uzanne. L'ensemble a été vendu 47 francs. Voici le commentaire ajouté par Uzanne dans le catalogue :

Les romans de Péladan, frontispicés par de véritables artistes, resteront marqués d'originalité et seront longtemps sympathiques aux néo-bibliophiles.
Quoi qu'on puisse penser du Sâr et de son esthétique, son talent d'écrivain reste indéniable et ses fictions sont toujours nobles, élevées, dégagées des bassesses et des ordures naturalistes.
Au milieu de son oeuvre évidemment trop touffue, des pages superbes apparaissent, des conceptions grandioses se dégagent. Parfois la phrase du mage atteint au mystère et s'égare dans un impénétrable occultisme, mais elle ne traîne jamais, il faut le dire, dans la fange ou la vulgarité.
La postérité sera clémente à ce laborieux. Elle oubliera les excentricités de l'homme pour ne se souvenir que de l'oeuvre vaillamment accomplie dans la constante recherche du rare et du beau, toujours au-dessus du banal.
Le cri de guerre du Sâr : Ohé ! les races latines ! n'a rien en soi de si fol. - Ces pauvres races sont bien vieillottes, bien exténuées, bien calamiteuses sur le fumier des âges où elles expirent avec l'orgueil des vieilles coquettes qui prétendent ne jamais déchoir.


Octave Uzanne
Livres contemporains d'un écrivain bibliophile
(n°331 du catalogue de la vente d'une partie de la bibliothèque Octave Uzanne)
Paris, Durel, 2 et 3 mars 1894


Il est curieux de constater qu'il manquait à Uzanne un exemplaire du Vice suprême, publié par Chamuel en 1884. L'a-t-il conservé ? Ou ne connaissait-il pas encore le Sâr Péladan en 1884 ?


Bertrand Hugonnard-Roche


(*) Le Sâr Mérodack Joséphin Peladan, pseudonyme de Joséphin Peladan, né à Lyon le 29 mars 1858 et mort à Neuilly-sur-Seine le 27 juin 1918, est un écrivain et occultiste français. C'est à son frère Adrien (1844-1885), l'un des premiers homéopathes français, que Joséphin Péladan doit son entrée dans une branche toulousaine de la Rose-Croix. A cet Ordre appartenait aussi le Vicomte Louis-Charles-Edouard de Lapasse (1792-1867), un alchimiste toulousain présenté comme un élève du Prince Balbiani de Palerme, prétendu disciple de Cagliostro (2). En 1884, le jeune Joséphin part à la conquête de Paris en publiant Le Vice suprême, un roman où apparaissent des thèmes ésotériques. Cet ouvrage, publié avec une préface de Barbey d'Aurevilly, lui apporte une célébrité immédiate. Source Wikipédia


Frontispice à l'eau-forte par Félicien Rops pour Curieuse ! (1886)

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