Une "bonne" en 1900 ... mais ce n'est pas Alphonsine ! |
"Qui était Alphonsine ? Voici le relevé exhaustif des fragments de texte la concernant issus de la correspondance conservée aux Archives de l'Yonne à Auxerre dans la fonds Yvan Christ. Alphonsine était sa « bonne » certes, sa « fidèle bonne Alphonsine, si vieille et si dévouée » écrivait Georges Normandy en 1931. Une véritable amitié et un respect profond liait ces deux personnes. Nous ne savons pas à quelle date exactement Alphonsine fut mise au service d'Octave Uzanne. Ce qui est certain à la lecture des extraits qui suivent, c'est qu'elle était à son service à son adresse Place de l'Alma. Elle suivit Octave Uzanne à St-Cloud et resta à son service jusqu'à son décès le 31 octobre 1931. Elle fut une des rares personnes à assister à la crémation d'Octave Uzanne au Père Lachaise le 2 novembre 1931. On sait qu'elle était plus âgée que lui de quelques années. Nous ignorons son nom de famille. Seul le hasard de quelque découverte nous permettra désormais d'en savoir plus."
Alphonsine Rosalie Nique
(1852- ?)
Alphonsine
était la « bonne » d’Octave Uzanne. J’écris « bonne » car
c’est ainsi qu’elle est décrite dans les divers recensements que nous avons pu
consulter. « bonne » ou « domestique », voilà comment on
définissait alors le personnel de maison. Pour Octave Uzanne, elle fut une aide
quotidienne durant de très longues années. Lorsque Octave Uzanne meurt le 31
octobre 1931, Alphonsine est une vieille femme de 79 ans, elle suit le très
clairsemé cortège funèbre de son « homme de lettres préféré », au
cimetière du père Lachaise. Rester au service d’Octave Uzanne pendant plusieurs
dizaines d’années ne fut sans doute pas de tout repos. Octave Uzanne étant
toujours par monts et par vaux, en France, à travers l’Europe et dans le monde
entier même. On imagine aisément cette vie de voyageur et d’homme de lettres
avec à ses côtés sa fidèle servante « aide de camps », Alphonsine.
Jusqu’à
ce jour, 23 août 2022, nous n’avions que ce prénom et quelques mentions
d’Octave Uzanne dans la correspondance qu’il entretenait avec son frère Joseph,
seuls témoignages de son existence effacée de femme de l’ombre. Désormais nous
en savons plus ; nous avons son nom !
Alphonsine
Rosalie Nique. Telle est l’identité complète de la servante d’Octave Uzanne. La
curiosité et notre intérêt pour les histoires généalogiques nous a poussé à
faire quelques recherches sur cette femme. Voici le résultat de nos recherches.
Alphonsine
Rosalie Nique est née à Paris dans le 4ème arrondissement. Elle est
née le 29 avril 1852 à 7 heures du matin chez ses père et mère, rue de la
Saunerie au n°3. Elle était la fille de Jean François Isidore Nique, employé
âgé de trente ans et de Charlotte Julie Gérin, son épouse, lingère de son état,
âgée de vingt-huit ans. Il nous aura fallu fouiller dans les actes reconstitués
de la ville de Paris ; la plus grande partie de l’état civil parisien
ayant été détruit durant la Commune. En effet, l’état civil parisien se
trouvait dans une annexe de l’hôtel de ville, 4 avenue Victoria (4ème
arrondissement) et fut incendiée en premier (23 mai 1871). Quoi qu’il en soit,
l’état civil parisien a été en partie reconstitué dans les années qui ont
suivi, ce qui permet encore aujourd’hui de retrouver des informations
importantes sur les familles parisiennes.
Nous
avons pu retrouver l’acte de mariage des parents d’Alphonsine en date du 10 mai
1849, à la mairie du 11ème arrondissement de Paris.
Le
père d’Alphonsine, Jean François Isidore Nique était né à Laniscourt,
département de l’Aisne, le 26 février 1822. Laniscourt est un minuscule village
situé à quelques kilomètres au sud-ouest de la ville de Laon. Le père
d’Alphonsine était le fils de Charles Isidore Nique et de Marie Catherine
Lefèvre, son épouse, tous deux décédés à Laon. Charles Isidore Nique est mort
le 26 juin 1828 et Marie Catherine Lefèvre est morte le 24 janvier 1833. Le
père d’Alphonsine se retrouve donc orphelin à l’âge de 11 ans (il avait perdu
son père alors qu’il n’avait que 6 ans). Il sera très difficile de savoir ce
qui a amené le père d’Alphonsine à Paris pour s’y marier. Mais nous y
reviendrons.
La
mère d’Alphonsine, Julie Gérin, lingère au moment de son mariage, demeurait
alors rue des Quatre Vents au n°19 dans le 11ème arrondissement de
Paris. Julie Gérin était née le 8 avril 1824 à Courtenay dans le département du
Loiret. Elle était la fille de Jean Baptiste Gérin et Charlotte Euphrasie
Hémard, son épouse, tous deux décédés à Paris dans le 7ème
arrondissement. Jean Baptiste Gérin est mort le 9 mars 1840 et Charlotte
Euphrasie Hémard est morte le 5 avril 1845.
Il
est indiqué par ailleurs que Julie Gérin était la petite fille de Marguerite
Gabriel Mahot, veuve Hémard, rentière, son aïeule maternelle, domiciliée à Brie
Comte Robert dans le département de la Seine et Marne.
Gageons
que nous pourrions remonter encore de quelques générations pour retrouver une
ascendance plus complète d’Alphonsine.
Nous
savons cependant une autre chose qu’il est intéressant de noter. Le père
d’Alphonsine, Jean François Isidore Nique avait été marié une première fois. Il
avait épousé le 13 juillet 1843, six ans auparavant, Elisabeth Trein, paroisse
St-Sulpice. Le couple habitait alors rue de l’Ecole de Médecine au n°33. Jean
François Isidore n’avait que 21 ans. Dans l’acte de son second mariage, le nom de
sa première femme est Jeanne Elise Marie Trin (différence orthographique et
différence de prénoms), décédée à Paris dans le 10ème arrondissement
le 21 novembre 1847. Est-elle morte en couches ? Nous chercherons. Cette
première union avait-elle donné naissance à un ou plusieurs enfants ? Nous
chercherons.
Le
père d’Alphonsine ? Jean François Isidore Nique, employé, meurt subitement
le 31 juillet 1862 à 11 heures un quart du matin, en sa demeure rue Grégoire de
Tours au n°3. Il était âgé de seulement 40 ans. Alphonsine venait d’avoir 10
ans. A cette date il était toujours marié avec Julie Gérin.
Julie
Gérin est décédée à Paris quelques jours avant le 28 juillet 1911, jour de son
inhumation dans le cimetière parisien d’Ivry dans le département du
Val-de-Marne. Elle était âgée de 87 ans. Dans son acte d’inhumation elle est
dénommée : Gérin veuve Nique, Charlotte. Elle est morte dans le 13ème
arrondissement de Paris. Dans une lettre qu’il adresse à son frère Joseph,
depuis l’Hôtel Beau Rivage à St-Raphaël, datée du samedi soir 19 décembre 1908,
Octave Uzanne écrit : « La mère
d’Alphonsine se plait à la Salpêtrière elle est ravie – La fille se lamente
mais je n’y peux rien. Elle a trouvé moyen de s’aliéner tout le monde et se
plaint maintenant de la solitude, mais il faut bien qu’elle s’y fasse, car je
ne penserai jamais à vieillir avec des vieux ou des vieilles – c’est trop
attristant et embêtant – chacun sa vie. […] »
Alphonsine
avait-elle des frères et sœurs ? Nous ne savons pas encore. Nous
chercherons.
En
mars 1909 nous avons qu’Octave Uzanne donne 60 francs de gages par mois à
Alphonsine, elle a 57 ans.
En
quelle année Alphonsine a-t-elle commencé à être au service d’Octave
Uzanne ?
Alphonsine est recensée au 62 Boulevard de Versailles à St-Cloud aux côtés d'Octave Uzanne pour les recensements de 1921, 1926 et 1931. En 1931, Octave Uzanne emploie également une cuisinière, sans doute pour soulager la vieille Alphonsine alors âgée de 79 ans. En 1911 Seule Alphonsine est recensée au 62 Bd de Versailles. Octave Uzanne n'est pas mentionné. Nous ne savons pas pourquoi. Octave Uzanne avait pourtant déjà déménagé depuis la Place de l'Alma jusqu'à St-Cloud. Octave Uzanne a passé sa première nuit à St-Cloud le mercredi 5 août 1908.
Nous
avons qu’Octave Uzanne avait une autre servante du nom de Louise Chevillard.
Plus jeune qu’Alphonsine. La correspondance entre les deux frères Uzanne donne
de nombreuses informations quant à cette Louise Chevillard. Nous y reviendrons.
Nous
n’avons malheureusement aucune photographie d’Alphonsine pour lui redonner un
semblant de vie après la mort. La photographie d'illustration placée en tête de ce billet peut seulement en donner une vague idée ... Un jour peut-être nous saurons à quoi elle ressemblait …
Bertrand
Hugonnard-Roche
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