La Reine de Saba
selon le texte et la traduction du Dr. J.-C. Mardrus. Paris, Librairie
Charpentier et Fasquelle, Eugène Fasquelle, éditeur, 1918. 1 volume in-12 carré
(16,5 x 12,5 cm), 164-(2) pages. Edition originale dont il a été tiré 20
exemplaires numérotés sur papier impérial du Japon. Exemplaire imprimé sur
vergé d’Arches avec en guise de justification du tirage cette phrase
« comme le camphre et le basilic » (imprimé en cercle). Exemplaire
offert par l’auteur à Octave Uzanne avec cet envoi : « A mon parrain
Octave Uzanne, l’amitié la plus ancienne. Dr. J. C. Mardrus. 202 Bd St
Germain ». Exemplaire avec l’ex libris monogramme d’Octave Uzanne collé au
bas de la page de titre. Octave Uzanne a joint à cet exemplaire trois belles
lettres autographes de l’auteur, une carte postale et un entier postal. (*)
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En 1918, Octave Uzanne est âgé de 67 ans.
Il est déjà allé plusieurs fois en Egypte, notamment au Caire, où il a sans
doute visité quelques lieux fameux avec le Dr. Mardrus. (**) On découvre ici un
étrange lien parrain – filleul entre les deux hommes (encore inexpliqué). Nous
n’avons pas connaissance à ce jour d’autres documents reliant les deux hommes.
Ces cinq lettres sont un intéressant témoignage.
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Voici le détail de chacun de ces documents [les lettres I à V, toutes de l’année 1918 sont de notre collection].
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Lettre I. 2 pages in-8. Non datée (1918).
202 Bd St. Germain
O mon Parrain, émoi de la
fidélité, parangon de la délicatesse, ô père d’une plume qui sait ramasser
l’essentiel et le graver dans la pulpe des humains, cher Uzanne de toujours,
mon ami,
Je vous serre contre ma poitrine
et vous inscris à jamais sur le livre de la Félicité au nombre des fils de la
Divine Amie, des fils de Roi, avec la sauvegarde et les bénédictions sur vous
et autour de vous. Amîn !
Je le savais, que ce livre était
pour vous plaire. Et je sais qu’il sera désormais contre votre cœur, et que vous
allez en être l’Apôtre, comme vous venez d’en être l’annonciateur. Cet
apostolat est digne certes ! de vous et de votre entendement généreux, et
vous rendra les bénédictions de tous ceux que vous aurez ainsi incités vers les
hauteurs, vers la pureté, et vers la lumière. Il n’est pas de rôle plus
souhaitable que cette influence spirituelle de l’être éclairé sur ceux qui
tatônnent au milieu des larves et des ténèbres.
Votre
frère,
Le
Vieux de la Montagne
Dr.
J. C. Mardrus
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Lettre II. Carte postale de Bormes (Var)
– Vue générale. Cachet de la poste en date du 1er avril 1918.
Mon très-cher Uzanne,
Je vous invite à déjeuner ici,
au fond des forêts des « Maures » où vit une race arabe aux beaux
yeux bleus asiatiques.
Je vous attends, précédé d’une
lettre avec détails multiples sur notre pauvre Paris – si vous en avez le
loisir.
Votre ami inoublieux.
Docteur Mardrus
à Bormes (Var)
[Cette carte est
adressée à Monsieur Octave Uzanne 62 Boulev. de Versailles à Saint-Cloud (Seine
et Oise].
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Lettre III. 2 pages in-8. Non datée
(1918). Papier à en-tête du Pavillon de la Reine à Honfleur (Calvados).
Cher ami, cher confrère en
asinophilie egyptiaque,
Donc vous nous faites beaucoup
de peine par tout ce que vous nous dites de votre indisposition et de cette
impossibilité de venir à ce Pavillon qui se faisait beau à votre intention. Et
voilà encore, pour vous, une joie qui ne se réalise pas. Tant pis !
Au moins, tâchez de lire le
« Femina » du 1er août où vous trouverez des souvenirs qui
vous plairont sur nos chers danseurs – âniers ivres de gaîté et de haschisch.
A Paris donc ! Mais
maintenant je vous envoie, pour nous deux, le salam de l’amitié un peu déçue et
de la ferveur.
Dr. J. C. Mardrus.
Nos souvenirs charmés à monsieur
votre frère, je vous en prie.
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Lettre IV. 2 pages in-8. Non datée
(1918).
202 Boulev. St.
Germain
O ami de race, vos paroles,
votre amour pour cette œuvre de mystère et de lumière que l’on vient, après
vous, de définir par deux mots magnifiques et, je pense, excessifs :
« C’est du jamais vu et du jamais lu ! » (la philosophie
asiatique dont je suis nourri me préserve de tout vertige et se charge de me
remettre en équilibre si je fais mine de flancher) – votre colère contre
l’atmosphère de demi-compréhension et de demi-tout, votre révolte contre
l’Europe et son ciel, mon cher, dont cela me donne de la joie fraternelle, et
un tel encouragement !
Nous aurons à parler de choses
faites pour le transport ! Vous n’auriez qu’à me fixer vous-même le jour
de votre choix pour déjeuner ensemble, selon notre mutuel désir, dans quelque
local que nous pourrions imaginer quelque peu semblable à ce divin souterrain
où je vous conduisis, un soir, du pas de nos ânes sublimes, admirer les nègres
noirs buvant l’ivresse de la « bouza » laiteuse. Vous en
souvenez-vous ? Il n’y a, non loin de chez moi, du côté du Panthéon, un
petit cabaret à relent gréco-turc où il serait possible de nous sustenter
d’éléments asiatiques.
Au revoir, ami très-attendu, et
voici mon salam embaumé de souhaits.
Dr. J. C. Mardrus
Vous ai-je déjà
dit ce que signifie, en arabe, votre nom, cher Uzanne ? –
« Etalon ! » ni plus ni moins … Ainsi soit-il !
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Lettre V. Entier postal. Adressé à Octave
Uzanne au 62 Boulevard de Versailles à St-Cloud. La date du cachet n’est pas
lisible (1918).
202 Bd. St. Germain
Tout me va, ô cher entre les
chers, l’heure, la rencontre, le lieu, mais non le jour de jeudi, pour mon
regret. Veuillez atténuer ce regret en choisissant vendredi, samedi, dimanche,
etc … je répondrai par l’ouïe et l’obéissance, en ne répondant pas à votre mot
que j’espère.
Il ne faut guère compter sur
baklavas et sucreries, puisque tout le sucre est raflé par les fils de veaux,
les vaches, les salopes, les vieilles calamiteuses et les avariés impotents qui
survivent et profitent de la boucherie européenne, ô honte !
Votre filleul. Dr. J. C. Mardrus
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(*) Volume et documents de notre collection.
Nous n'en savons pas plus que ce que contient ces cinq lettres sur les relations entre le Docteur Mardrus et Octave Uzanne. Leur amour commun de l'Orient et notamment de l'Egypte a dû, bien au delà des lettres, les rassembler sur place en plus d'une occasion. D'autres découvertes restent à faire en ce domaine.
Bertrand Hugonnard-Roche
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