mardi 25 décembre 2012

La grande Lyre : héliogravure et pointe sèche par Félicien Rops. Epreuve sur Japon offerte à son vieil ami Joseph Uzanne.



La grande lyre – Félicien Rops - 1887
Héliogravure et pointe sèche
21,8 x 15 cm – sur une feuille de 37,5 x 29,5 cm
Épreuve signée et dédicacée, tirée sur papier Japon.
« A mon vieil ami Joseph Uzanne »



Détail
Cette superbe héliogravure retouchée à la pointe sèche de Félicien Rops (1833-1898) a servi de frontispice pour Les Poésies de Stéphane Mallarmé (1899). Elle a été publiée pour la première fois en frontispice dans La Revue Indépendante en 1887.

Cette pièce sans remarques a été publiée dans les éditions Pellet. Elle est reproduite dans le numéro spécial de La Plume (n° 172 du 15-6-1896), p. 424, dans Félicien Rops et son œuvre (Deman, 1897), p. 52, dans L'Art et le Beau, n°6, p. 117, dans Félicien Rops de G. Kahn.

Sur un trône dont le dossier affecte la forme d’un point d’interrogation, on distingue une femme assise tenant la hampe d’une grande lyre, tandis que des nuées, surgissent au milieu d’autres mains, deux mains qui font vibrer les cordes de cette harpe qui sont autant de rayons poussés vers le ciel. Cette femme a les pieds posés sur des crânes amoncelés ceints d’une couronne de laurier, tout comme la femme assise. Le bas-relief qui illustre le trône représente un squelette sur un squelette de cheval, et dans un angle, une inscription : AD ASTRA.

"On se souviendra que Villiers de L’Isle-Adam dédiera La machine à gloire à Mallarmé en ces termes : « À M. Stéphane Mallarmé Sic itur ad astra !... ». Cette eau-forte d’inspiration orphique serait-elle un intersigne entre Mallarmé et Villiers de L’Isle-Adam (qui publiera un conte intitulé L’Intersigne en 1868…)… Cette singulière vanité revêt selon nous tous les aspects d’une œuvre majeure du courant symboliste." (Note de libraire).

Détail de la dédicace

Dédicace à la mine de plomb de Félicien Rops à Joseph Uzanne « A mon vieil ami Joseph Uzanne ». Joseph Uzanne et Félicien Rops étaient très proches depuis les années 1885 jusque dans les dernières années de la vie de l'artiste à la Demi-Lune (Essonne). Plusieurs courriers échangés entre eux attestent d'une complicité évidente. Nous y reviendrons bientôt.

Lettre de Félicien Rops à l'éditeur Deman du 25 août 1894 : 

" ... Songez que j'ai une responsabilité vis-à-vis des premiers acheteurs qui ont payé fort cher l'édition publiée par Dujardin, et l'eussent peut-être pas payé ce prix-là s'ils n'avaient pas eu la presque assurance que cela resterait une "rareté" ... Mon photograveur, le meilleur d'ici, c'est Dujardin, me fera la planche, je la retoucherai au vernis mou et je ferai une planche dans le genre de celle que j'ai faite pour Jean de Tinan, dans le livre qui a paru chez Bailli, à la Librairie indépendante." Empreintes, sept./oct., 1952, p. 117. Contrairement à ce qu'il annonce, Rops n'a pas repris son hélio au vernis mou mais bien à la pointe sèche. Comme on le voit dans cette lettre, cette planche est la seconde version héliographique d'un dessin qui avait déjà été reproduit par le même photograveur pour illustrer la publication de la Revue indépendante à Paris en 1887 : Stéphane Mallarmé. Cette première hélio, 306 x 162 mm. (253 x 103 mm) n'est pas retouchée ; on y a simplement ajouté l'adresse Delâtre avant de l'insérer comme frontispice de l'ouvrage. Le cuivre a été rayé, après un tirage postérieur. Il existe une copie grossière à l'eau-forte, 240 x 150 mm.

Il nous a été possible de retrouver cet émouvant témoignage d'amitié entre Félicien Rops et Joseph Uzanne grâce à un ami libraire, Eric Zink (Librairie Eric Zink L'escalier des Sages). Qu'il en soit vivement remercié ici publiquement.


Bertrand Hugonnard-Roche

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