mardi 9 juin 2015

Une lettre autographe d'Oscar Méténier à Joseph Uzanne (28 août 1911).


Oscar Méténier (1859-1913)
Lettre autographe d'Oscar Méténier (*) à Joseph Uzanne (**)

28 août 1911

Mon cher Uzanne

L'apparition de la série des Figures contemporaines qui a été distribuée hier m'a rempli de confusion.
Lors de notre dernière entrevue, - elle est lointaine car elle remonte à plusieurs années - vous avez eu l'amabilité d'insister gentiment pour obtenir de moi ma photographie et la pensée obligatoire. Je fus très flatté de votre demande à laquelle je promis de faire suite le plus tôt possible. Dès le lendemain pour m'encourager vous faisiez parvenir chez moi deux tomes reliés de l'Album Mariani et des figures en bonne place dans ma bibliothèque, tomes 9 et 10.
Le hasard voulant que deux jours plus tard, voulant vous adresser mon envoi, je ne trouvai sous ma main aucune photographie convenable et digne de figurer dans l'album Mariani.
J'ai ajourné l'expédition.
Que se passa-t-il ensuite, je l'ignore !
Toujours est-il, que, ne vous ayant pas rencontré depuis, au milieu de cette agitation de la vie, ma promesse sortit entièrement de ma mémoire.
Il a fallu le fascicule d'hier pour me la rappeler.
J'essaye de racheter mon impolitesse en vous expédiant sans encore retard ma tête et la pensée qui l'accompagne.
Je pense qu'il n'est pas trop tard.
Pardonnez-moi, acceptez mes excuses
Croyez à la vive amitié de votre encore camarade.

Oscar Méténier

[suit le texte qui devait figurer dans l'album Mariani]

Je ne bois pas d'alcool
Je jouis d'une santé
florissante que je veux conserver.
Aussi, tous les jours, je prends
le plus fortifiant et le plus agréable
des apéritifs : - Du Vin Mariani !

Oscar Méténier

(*) Fils d'un commissaire de police, Oscar Méténier entre d'abord dans la police comme secrétaire du commissariat de la Tour Saint-Jacques, où il observe les mœurs des bas-fonds de Paris, pour lesquels il a un intérêt presque scientifique. « Sanglé dans un harnais, écrit Laurent Tailhade, il gardait je ne sais quoi de fringant et d'avantageux qui décelait en sa personne l'irrésistible sous-officier [...] Un jeune homme sans jeunesse, le poil brun, les yeux du même, inexpressifs etronds. Sa peau huileuse avec le teint noir jaune des hépatiques, des dents superbes qu'il ne soignait guère, une moustache soldatesque et pommadée. » Suiveur de Zola, il écrit des nouvelles naturalistes généralement graveleuses et des articles en argot dans Le Chat noir. Il se fait une réputation avec des pièces naturalistes qui mettent en scène des vagabonds, des apaches, des prostituées s'exprimant dans le langage de la rue. En 1896, Mademoiselle Fifi, qui est temporairement interdite par la police, montre pour la première fois une prostituée sur scène. L'année suivante, Lui ! réunit une prostituée et un meurtrier dans une chambre d'hôtel. En 1897, Oscar Méténier achète un théâtre dans le 9e arrondissement de Paris, au bout de la cité Chaptal, afin d'y jouer ses pièces. C'est le Théâtre du Grand-Guignol, l'un des plus originaux de Paris, qu'il dirige jusqu'en 1898. Liste de ses oeuvres : Théâtre : En famille, comédie en 1 acte, en prose, Paris, Théâtre-Libre, 30 mai 1887 ; La Casserole, drame en 1 acte, en prose, Paris, Théâtre-Libre, 31 mai 1889 ; Les Frères Zemganno, pièce en 3 actes en prose, d'après Edmond et Jules de Goncourt, avec Paul Alexis, Paris, Théâtre-Libre, 25 février 1890 ; Monsieur Betsy, comédie en 4 actes, en prose, avec Paul Alexis, Paris, Théâtre des Variétés, 3 mars 1890 ; La Confrontation, scène dramatique, Paris, Théâtre de la Scala, 21 décembre 1891 ; La bonne à tout faire, comédie en 4 actes en prose, avec Jean-Louis Dubut de Laforest, Paris, Théâtre des Variétés, 20 février 1892 ; Rabelais, pièce en 4 actes et 5 tableaux, avec Jean-Louis Dubut de Laforest, Paris, Nouveau Théâtre, 25 octobre 1892 ; Charles Demailly, pièce en 4 actes en prose, d'après Edmond et Jules de Goncourt, avec Paul Alexis, Paris, Théâtre du Gymnase, 19 décembre 1892 (Compte-rendus par Willy et Edmond de Goncourt) ; Très Russe, pièce en 3 actes, avec Jean Lorrain, Paris, Théâtre d'Application (La Bodinière), 3 mai 1893 ; Mademoiselle Fifi, drame, d'après Guy de Maupassant, Paris, Théâtre-Libre, 10 février 1896 ; La Brême, mœurs populaires, drame, Paris, Théâtre du Grand-Guignol, 13 avril 1897 ; Le Loupiot, tableau de mœurs populaires, en 2 scènes, Paris, Théâtre du Grand-Guignol, 13 avril 1897 ;  Lui !, drame en 1 acte, Paris, Théâtre du Grand-Guignol, 11 novembre 1897 ; La Revanche de Dupont l'Anguille, drame en 3 tableaux, Paris, Théâtre du Grand-Guignol, 1898 ; Son poteau, drame, avec Raoul Ralph, Paris, Théâtre du Grand-Guignol, 10 avril 1901 ; Boule de suif, comédie en 3 actes et 4 tableaux, d'après Guy de Maupassant, Paris, Théâtre Antoine, 6 mai 1902 ; Casque d'Or, drame, avec Fabrice Delphi, Paris, Théâtre Robinière, 16 mars 1902 ; Notre-Dame de la Butte, mœurs montmartroises, drame, avec Fabrice Delphi, 1907 ; Madame ma sœur, pièce en 1 acte, 1910 ; La Moukère, drame en 1 acte, avec René Mélinette, 1910 ;  Royal-cambouis, pièce militaire en 1 acte, Paris, Scala, 1910. Romans, nouvelles, essais : La Chair (1885) ; La Grâce (1886) ; Madame Berwick (1888) ; Outre-Rhin (1888) ; Mynha-Maria (1889) ; Autour de la caserne, nouvelles (1890) ; Madame la Boule (1890) ; Le mari de Berthe (1890) ; Le Gorille, roman parisien (1891) ; La Lutte pour l'amour, études d'argot (1891) ; Les Voyous au théâtre (1891) ; Zézette, mœurs foraines, roman (1891) ; Les Cabots (1892) ; Le Policier, roman Barbe-Bleue (1893) ; Le Beau monde (1893) ; Le Chansonnier populaire Aristide Bruant (1893) ; La Nymphomane, mœurs parisiennes (1893) ; Demi-castors (mœurs parisiennes) (1894) ; La Grâce. Décadence. Nostalgie (1894) ; La Vie de campagne. Marcelle (1894) ; Le 40e d'artillerie. Les bêtes. Les hommes. La croix, nouvelles (1895) ; L'Amour vaincu. Bohème galante, bohème bourgeoise, nouvelles (1896) ; L'amour qui tue (1898) ; Reines de cœur, mœurs d'Outre-Rhin (1900-1910) ; Les Berlinois chez eux, vertus et vices allemands (1904) ; Une gamine vicieuse (1905) ; Le jeune télégraphiste (1905) ; Tartufes et satyres, grand roman dramatique inédit (1905) qui se veut "une véritable encyclopédie des passions humaines" (!) et doit comprendre : 1) Le marché aux vierges, 2) Le miroir à gigolettes, 3) Berlingot-la-Vache, 4) Les satyres en famille, 5) Les tricheuses de l'amour, 6) La môme claque-dents, 7) Le charcutier parfumé, etc. ; Les Amoureux de Mira, roman parisien (1907) ; Nina Sartorelle : mœurs parisiennes (1907) ; Les Baronnes de Roche-Noire (1908) ; Reine de cœur (1908) ; Notre-Dame de la Butte (1908) ; La dernière aventure du Prince Curaçao (1910) ; Les méprises du cœur (1910) ; Soldes de contes (1911) ; Le grand chéri (1911) (source ; Wikipédia).

(**) Joseph Uzanne (1850-1937), alors directeur des Figures contemporaines ou Album Mariani. Nous n'avons pas retrouvé d'une notice sur Oscar Méténier dans les Figures contemporaines parues après 1911 (1914-1925). Il semble donc qu'il s'agit bien là d'un acte manquéde la part d'Oscar Méténier qui meurt en février 1913. (Lettre coll. Bertrand Hugonnard).


Coll. B. H.-R. (détail)

1 commentaire:

  1. Bonjour et merci pour cet article. Existe-il un fonds Oscar Méténier dans lequel seraient consultables ses manuscrits et sa correspondance ?
    En vous remerciant,
    Federic

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