mercredi 7 janvier 2015

Nécrologie de Léopold Derôme ( - 1888) par Octave Uzanne dans Le Livre (10 juillet 1888).


     
Page de titre de
Le Luxe des Livres
Paris, Edouard Rouveyre, 1879
Coll. Gallica
Nous apprenons, avec un très profond chagrin, la mort de M. L. Derôme (*), qui a été notre collaborateur pendant plusieurs années, et qui vient de succomber aux atteintes d'un mal cruel. - M. L. Derôme avait écrit au Journal de Paris, sous la direction de M. Edouard Hervé ; à la Revue de France, au Correspondant, au Moniteur universel. C'était un écrivain d'un rare talent et d'une profonde originalité, à qui il n' manqué qu'un eu d'entregent pour occuper une place tout à fait éminente dans la presse parisienne.             C'était aussi, c'était surtout un caractère droit, d'une honnêteté impeccable, et qui laissera un souvenir durable à ceux qui avaient su démêler les nobles qualités qu'il cachait avec soin sous une écorce un peu rugueuse et sous un abord souvent difficile.

L. Derôme est mort le 28 mai dernier, à l'âge de cinquante-cinq ans ; il était né à Warluzel (Pas-de-Calais).
Il laisse de nombreux ouvrages sur la bibliophilie et l'histoire littéraire : le Luxe des livres, la Reliure de luxe, les Editions originales des romantiques, etc. Il avait longtemps collaboré au Dictionnaire de Larousse, et il avait formé avec une passion ardente, sur ses maigres économies, une remarquable bibliothèque d'éditions originales qui sera sans doute dispersée aux enchères en octobre prochain, par les soins de son libraire familier, M. Durel.
      Nous espérons pouvoir un jour consacrer toute une notice à cet original des lettres que nous avons connu tout particulièrement, et qui était resté un "provincial de Paris" très dépaysé dans la vie fiévreuse du journalisme de ces dernières années.
Derôme est mort pour ainsi dire du pessimisme vers lequel l'avait poussé l'étude constante des ouvrages de Schopenhauer.
      Myope à l'excès, ayant porté toute sa vision en dedans, il passait dans la vie en véritable sanglier aveugle, blessé et blessant ; mais il possédait l'âme la plus délicate, l'esprit le plus élevé, les idées les plus nobles. Le délire des persécutions s'abattit sur ce pauvre vieux célibataire isolé, et il n'eut pas la force de lutter seul contre le mal qui devait l'anéantir par congestion cérébrale.
      Le Livre perd en lui un de ses collaborateurs les plus fidèles et certainement le plus érudit de ses rédacteurs.

O. U.
Le Livre, Bibliographie moderne,
Livraison du 10 juillet 1888


(*) Léopold Derôme n'a pas gagné par la renommée désormais oubliée sa page sur Wikipédia. Sa biographie reste à écrire. Même la Bnf ne lui donne pas une date de décès exacte (1889 au lieu de 1888). Il serait né en 1833. Sa biographie reste à écrire. Voici quelques uns de ses ouvrages : La Reliure de luxe (Paris, Ed. Rouveyre, 1888) ; Les Editions originales des Romantiques (Paris, Ed. Rouveyre, 1887) ; Le Luxe des Livres (Paris, Ed. Rouveyre, 1879) ; Poésies choisies de Gresset (Paris, Quantin, 1883), notice bio-bibliographique ; Poésies de Malfilâtre (Paris, Quantin, 1884), notice bio-bibliographique ; nombreux articles pour Le Livre (bibliographie rétrospective) d'Octave Uzanne. Nous n'avons pu retrouver une seule photographie ou représentation dessinée ou gravée de Léopold Derôme.

1 commentaire:

  1. Octave Uzanne, contemporain, a perdu ici l'occasion de nous en dire plus sur Léopold Derome (avec ou sans ^ sur le "o") et de nous fier à ses déclarations parfois (mais quand ?)erronées : Léopold-Joseph Derome, fils de François Derome, cordonnier, qui ne sait pas signer, et de Eugénie Duriez, est né à Houvin (Pas-de-Calais), le 25 avril 1833. Personne n'a trouvé, jusqu'à présent, le lieu de son décès, qui eut lieu en dehors de Paris.

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