mardi 20 janvier 2015

Les Caprices d'un Bibliophile d'Octave Uzanne analysés par M. Challe de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne (Auxerre) - 5 mai 1878.


Séance du 5 mai 1878 de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.

      - M. Challe prend la parole ensuite et dit qu'il a conservé pour la fin de la séance l'analyse d'un charmant volume que notre jeune compatriote auxerrois, M. Octave Uzanne, vient de publier sous le titre de : Caprices d'un Bibliophile. L'auteur, dans un style pittoresque et animé, nous fait passer en revue le monde parisien de la bibliophilie avec ses qualités, mais aussi avec ses travers et ses ridicules, avec son personnel recruté aussi bien parmi les érudits de bon aloi que parmi les collectionneurs à la toise. A lire les pages si pétillantes d'esprit de M. Uzanne, on croirait tenir un chapitre de J. Janin, de Lacroix ou de Théophile Gautier, si quelques néologismes qui sentent un peu la jeune école ne venaient rappeler qu'il s'agit ici d'un disciple et non d'un maître. Mais le disciple ira loin sans aucun doute, et M. Challe analyse toutes les qualités du jeune talent qui vient de se révéler et qui miroite dans les Caprices d'un Bibliophile. Il faut lire ces pages aimables et coquettes qui se divisent en chapitres : Une venté de livres à l’Hôtel-Drouot ; la Gent bouquinière ; le Quémandeur de livres ; le vieux Bouquin ; le Libraire du Palais ; les Quais en août ; les Catalogueurs, etc., sont autant de joyaux d'un même écrit. Restif de la Bretonne et ses Bibliographes est une étude spéciale qui intéresse plus spécialement encore les Auxerrois. Dans les Galanteries du sieur Scarron, et dans un ex-libris mal placé, il y a certaines historiettes qui sont peut-être un peu lestes ; mais elles sont si joliment tournées. Et puis, comme l'a dit M. P. Blanchemain, dans un compte rendu récent de cette charmante bluette « Dès le frontispice, les curieuses sont prévenues ; il y a là une douzaine de petits Cupidons, n'ayant pour tout vêtement que leurs paires d'ailes et qui sont si jolis, si mignons ! Ce sont des enfants on leur pardonne tout. »
      

      Sous le rapport typographique, le livre de M. O. Uzanne est digne en tous points des bibliophiles auxquels il est destiné ; il est encore rehaussé par une charmante création de Lalauze. L'artiste nous fait assister au saccagement d'une bibliothèque par les Amours. Que représente cet envahissement du sanctuaire de l'étude par ces lutins et ces diables rosés ? Est-ce une épigramme à l'adresse de la science austère, ou une allégorie du livre ? Le lecteur en décidera. Mais il reste un fait acquis, c'est que l'auteur a gagné ses chevrons. L'esprit charmant qui a créé les Caprices d'un Bibliophile reprendra bientôt sa plume brillante. Nous y comptons pour applaudir a ses succès.
      Après cette communication, la séance est levée.
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Extrait du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne,
année 1878

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