lundi 17 février 2014

Lettre d'Octave Uzanne à Gustave Guiches (19 janvier 1927), au sujet de ces deux volumes de Souvenirs.



Gustave Guiches (1860-1935)
photographié ici en 1921 par l'agence Meurisse
Saint-Cloud, ce 19 janvier 1927. (*)


Mon cher Guiches, (**)

Un monde d'années nous sépara ; la vie s'ouvre en éventail le plus souvent ; on se rencontre à la base du pivotage, puis, en suivant sa route, les contingences du point central s'écartent de plus en plus. Les pensées sympathiques toutefois subsistent ; on regrette que les choses soient ainsi faites et on continue sa course au trépas:. Vous venez de publier Le Banquet, second volume, je crois, de vos souvenirs aux Editions Spes. J'aimerais tenir de vous ces deux ouvrages et en parler dans une de mes chroniques de la Dépêche de Toulouse où "j'exerce" depuis bientôt trente ans.
Nous avons connu les mêmes hommes, fréquenté des milieux identiques, senti les mêmes curiosités intellectuelles ; vous devez donc interpréter ma demande comme un désir légitime de voir revivre quelques années de mon passé au travers de vos observations d'un monde disparu. Il ne déplaît pas, d'ailleurs, d'avoir cette occasion de me rappeler à votre souvenir déjà si lointain. Il y a dans les silences durables une mélancolique notoriété qu'il semble fort agréable de rompre lorsque le moyen s'en offre. Je le saisis au passage. Donc, si vous pouvez me faire tenir vos deux tomes de Souvenirs revêtus de votre ex-dono amical, vous m'obligerez et vous ferai parvenir justification de ce qu'ils m'inspireront.
Croyez, mon cher Guiches, à l'expression de mes sentiments dont le temps n'a point affaibli la cordialité.




Octave Uzanne



(*) cette lettre a été publiée dans son intégralité dans La Nouvelle Revue (58e année - 4e série - tome 142) de mars-avril 1936. Paris, 1936. pp. 254-255.

(**) Gustave Guiches (qui signe parfois Gustave Guiche), est un romancier et dramaturge français, né le 18 juin 1860 à Albas dans le Lot, et mort le 3 août 1935 à Paris. Enfant de petits fonctionnaires municipaux et viticulteurs d'Albas (Lot), frappés par la crise du phylloxera, Gustave Guiches devient bachelier ès lettres après des études secondaires dans un établissement catholique à Cahors. Il poursuit des études supérieures, mais échoue, en 1879, à Paris, puis en 1880, à Toulouse, à ses examens en faculté de Droit. Décidé malgré tout à « faire de la littérature », il revient alors à Paris et travaille, pour gagner sa vie, à la Compagnie du gaz où l'introduit son beau-frère, chef du Contentieux. Sur recommandation d'une vieille tante et du poète lotois, Francis Maratuech, dont il a été le collaborateur pour la revue Le Feu follet, il rencontre à Paris des personnalités du monde littéraire, dont Albert Delpit et Charles Buet, qui tient un salon des mieux fréquentés. Il entre ainsi en contact avec des écrivains, des poètes qui font l'actualité et devient lui-même écrivain et dramaturge. Il rencontre toutes les personnalités de son temps dans ce milieu, de Henri Lavedan à Georges de Porto-Riche, d'Abel Hermant à Lucien Guitry, Sarah Bernhardt. Licencié de son emploi pour cause de réduction d'effectifs, il adresse ses textes aux journaux et il publie une nouvelle, « Le dernier exploit d'un huissier », dans Le Figaro, puis une autre dans Paris illustré. Son premier roman, Céleste Prudhomat, est accepté par La Librairie moderne, maison d'édition que viennent de lancer, rue Saint-Benoît, Gustave de Malherbe et Paul Hervieu, auxquels il a été présenté par Henri Lavedan. Il se lie d'amitié avec Bloy entre 1881 et 1887, Huysmans, Villiers de L'Isle-Adam. Il participe avec Marcel Prévost, Abel Hermant, Hugues Le Roux, Jules Perrin, Camille Oudinot, à un éphémère « Groupe des Treize » que devait parrainer Guy de Maupassant. Il signe avec Paul Bonnetain, J.-H. Rosny, Lucien Descaves, Paul Margueritte un texte resté célèbre publié dans Le Figaro du 18 août 1887, le « Manifeste des cinq », un pamphlet dirigé contre Émile Zola. On lui doit un portrait assez vivant de Bloy et de son milieu dans ses mémoires publiés en 1925, Au Banquet de la vie. En 1931, il est candidat malheureux à l'Académie française, contre Pierre Benoit qui est élu. (Source Wikipédia, consulté le 17 février 2014). Les livres cités dans la lettre ci-dessus sont "Au Banquet de la vieEditions Spes, 1925 et "Le Banquet", 1926. Ces deux ouvrages ont été réédités en 2006 aux éditions du Lérot en un seul volume.

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