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Couverture du Miroir du monde par Paul Avril Paris, A. Quantin, 1888 |
M. Octave Uzanne a la passion du rare, du précieux, du nouveau. Ce bibliophile émérite, adorateur du Livre, rend un culte à sa chère idole en créant lui-même des livres types, conçus avec amour, dans l'hymen de l'art et de la fantaisie. Ses volumes sont des espèces de bijoux, qui scintillent et qui papillottent (sic), et il définit lui-même son Miroir du monde, dont chaque page a été encadrée par le dessinateur Avril d'ornements symboliques et modernes ou semés de capricieuses figures, légères comme des papillons, "un de ces essais pimpants, irradiés de couleurs gaies, qui chassent de l’œil la monotonie du noir". Voilà pour la forme, qui est exquise dans son ingéniosité, mais le fond de ses études, d'une jolie philosophie mondaine, qui vagabonde sur tous les sujets qui valent la peine d'occuper l'existence, n'a pas moins de grâce, soit qu'il s'agisse de réflexions, un peu désabusées, sur la comédie dont la société raffinée donne le spectacle, soit qu'il fasse le procès de l'habitation moderne, soit que, en un séduisant paradoxe, il développe, ce fin Parisien, les rares conditions dans lesquelles se peut goûter pleinement la joie de l'existence rustique. M. Uzanne fait l'effet, dans ce coquet Miroir du monde, d'une sorte de Montaigne en habit noir, infiniment moins rude que l'autre, mais aimant, comme lui, à poser sa tête sur l'oreiller du doute. Il y a là, entre autres, un tout à fait aimable chapitre sur l'histoire de l'amour et ses métamorphoses, - l’Évangile selon saint Cupidon !
Paul Ginisty
14 décembre 1887
in L'Année littéraire (1887)
Nous avons consacré plusieurs articles au Miroir du monde d'Octave Uzanne, vous pouvez les retrouvez en cliquant ICI.
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