samedi 18 novembre 2017

Octave Uzanne et Emile Zola : La Confession de Claude (1880). "Affabulation niaise, caractères faux, descriptions confuses, style déclamatoire, langue nulle, rien, rien, rien, tel est le bilan de ce roman prétentieux."

Émile Zola, caricature par André Gill
La Confession de Claude, par Émile Zola. Paris, Marpon et Flammarion, 1880. 1 vol. in-8° jésus. - Prix 3 fr. 5o. (*)

Quelque antipathie qu'on ait pour la personnalité tapageuse et encombrante de M. Zola, il faut reconnaître son incontestable talent et admirer surtout la ténacité laborieuse de ses efforts. Nul plus que lui n'a réalisé le proverbe qui dit qu'on devient forgeron en forgeant. C'est à force de travail, de volonté, d'acharnement, qu'il est arrivé non seulement au succès, mais au talent. Ses débuts ne promettaient rien de pareil. On y trouvait un piètre écrivain, encombré d'imitations, inhabile à manier les mots, déjà brutal, mais sans force, déjà curieux de style, mais sans la moindre langue. La Confession de Claude est un de ses livres de début. A ce titre, il était curieux de le remettre en vente, afin de montrer au public le chemin qu'a parcouru l'auteur depuis ces ébauches informes jusqu'à l'Assommoir, qui n'est certes pas un chef-d'œuvre, comme le disent les naturalistes, mais qui est une œuvre se tenant debout, dans une langue à part, dans un art spécial. Quelle volonté il a fallu à M. Zola, quelle patience pour parcourir ce chemin ! Car la Confession de Claude est d'un mauvais à faire pleurer les pierres. Affabulation niaise, caractères faux, descriptions confuses, style déclamatoire, langue nulle, rien, rien, rien, tel est le bilan de ce roman prétentieux. Lisez-le donc, ô jeunes gens qui perdez courage en voyant l'inutilité de vos premiers efforts ! Lisez cela, c'est encourageant. On voit d'où il est possible de partir, et que les plus lamentables débuts ne prouvent pas toujours l'impuissance irrémédiable.

[article non signé attribuable à Octave Uzanne]

(*) Ce compte-rendu a paru dans la revue Le Livre, Bibliographie moderne, livraison du 10 novembre 1880. Il n'est pas signé mais est sans conteste du rédacteur en chef Octave Uzanne qui livre ici encore une fois son sévère jugement sur Émile Zola et son œuvre. Cette opinion évoluera au fur à mesure des années et deviendra de plus en plus clémente malgré les ressentis primitifs quand à un naturalisme qu'il n'a jamais assimilé.

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