mardi 28 janvier 2014

Octave Uzanne et la Villa Andréa ou Villa Mariani (1906-1910) à Valescure (St-Raphaël) chez Angelo Mariani.



St-Raphaël-Valescure - Villa Andréa ou Villa Mariani
Vers 1910

Octave Uzanne passa plusieurs hivers et printemps à St-Raphaël entre 1907 et 1910, pour ce que nous en savons grâce au dépouillement de la correspondance qu'il entretient alors régulièrement avec son frère Joseph resté à Paris. Angelo Mariani, le propagateur du célèbre vin éponyme à la Coca, possède sur les hauteurs de St-Raphaël, à Valescure (aujourd'hui rattaché à la commune de St-Raphaël). Mariani s'est fait construire une jolie petite villa que l'on peut voir ici prise en photographie vers 1910. Octave Uzanne y séjourna à plusieurs reprises lorsqu'il logeait non loin à l'hôtel Beau-Rivage sur le front de mer à St-Raphaël. Joseph Uzanne y est venu de nombreuses fois également, puisque son "patron" n'était autre que le fondateur-propriétaire de l'Album Mariani ou Figures contemporaines, dont il était le Directeur de la publicité tout aussi bien que le Secrétaire et rédacteur en chef.
Voici quelques passages extraits de la correspondance (Fonds Y. Christ, Archives de l'Yonne à Auxerre) dans lesquels est évoqué le nom de la Villa Andréa ou Villa Mariani :

"Angelo déjeune aujourd’hui chez les Khune (?) – demain : P.P.C j’irai déjeuner à la villa Andréa où sera le père Lumière pour un jour. Lundi, j’irai sans doute à Nice chez les Cheret, angelo étant engagé – ce qu’il regrette fort – à déjeuner chez les Bouloumnié qui ont invité aussi les Bertnay." (St-Raphaël, 12 mars 1906)

"J’ai eu enfin hier de tes nouvelles – j’espère que tu me les continueras aussi bonnes jusques à ta venue ici – Puisque Mariani s’arrête en route, tu ferais sagement, toi, de filer le lundi 20 au soir, ou même le dimanche matin 19 janvier et de venir t’installer un peu à l’avance afin de te trouver déjà bien reposé pour l’arrivée de tout ce monde toujours bruissant – plus tu te donneras du temps et boiras d’air, mieux ça vaudra – puis, si tu venais avant la bande marianique, nous pourrions nous voir en paix – enfin tu décideras. Je suis allé vendredi, après-midi, me procurer à la villa Andréa, pour y cueillir quelques fleurs avec Louise ; j’ai vu la femme Ramello, maris, avec son fils idiot, et l’autre, le second, abîmé par la coqueluche, le 3e était au loin – Ramello est venu peu après, mais il n’y avait plus de fleurs, à peine, tout ayant été expédié à la mère Chapuzot, le matin en colis de 5 kilos. Ce que cette idole en consomme ! J’ai trouvé ces italiens, homme et femme, comme tous les italiens, obséquieux et faux – Je ne retournerai pas d’ailleurs à la ville avant qu’Angélo y soit – Ces italiens ont l’air gênés ; ils doivent vendre toutes les fleurs qu’ils n’envoient pas à l’oie grasse de la rue de Castiglione. – Ils sont là plus chez eux que le maître lui-même – je ne puis voir ces italiens sur la côte, jardinant partout, et Ramello ne me revient pas plus que le Cotta de Rochard ou le Henrico des Bertnay – Tous fourbes – Quelle différence avec les braves gens de notre pays !" (St-Raphaël, Dimanche 15 décembre 1907)

"A propos de Mariani qui arrivera ici avant toi : mon intention est de le laisser bien tranquille à la villa Andréa, s’installer avec son monde et de ne le voir qu’à ton arrivée seulement, à moins qu’il ne vienne me voir en promenade un matin – tu me diras si cette façon réservée d’agir, de ma part, peut être appréciée par lui ou si tu penses que je doive me trouver à la gare pour saluer S. M. Coca 1er – Si oui, et s’il arrive à des heures diurnes, je ferai en sorte d’être protocolaire, mais je préfère m’abstenir jusqu’à ce que tu sois vaslescureux." (St-Raphaël, Samedi 18 janvier 1908)

"Santelli part fin de la semaine, dit-il. Chéret m’écrit qu’il ne peut nous recevoir Mariani et moi que lundi prochain à Nice avec Mme Stern, ses enfants, les préfets etc. Angélo à qui je téléphone d’abord ravi d’être libre samedi et qui, je le pensais, allait décliner pour lundi, veille de mon départ, l’invitation des Cheret, me semble hésiter devant le menu des préfets, de Mme Stern etc – Il se décidera sûrement, je le crois. Peut-être retardera-t-il son retour. Par téléphone il m’apprend que Paoli vient d’arriver ce matin à la villa Andréa, venant de Paris, affaire curieuse qu’il ne peut confier au téléphone et qu’il me dira ce soir vers 4 h à la gare ; le dit Paoli allant à cette heure là vers Cannes." (St-Raphaël, Mercredi 11 mars 1908)

"Ce matin, je n’ai pu aller à Valescure, Mariani, à qui j’ai fait téléphoner, est venu me serrer la main en conduisant le Père Lumière à la gare (il y passe sa vie) pour le train de 10 h 58. Il y devait retourner à 1 h pour les Santelli qui ne « dépiquassiettent » qu’aujourd’hui." (Vendredi 13 mars 1908)

"Mon chéri, je sais que les valets du cirque Angélo sont déjà arrivés pour dresser la tente et que le fidèle Paul Séquier attend le patron jeudi à 1 h – je serai à Cannes, mais j’écris un mot à Angélo à la villa Andréa – je lui annonce la mort du pauvre Lord Amherst survenue à Londres dans la nuit de samedi à dimanche, et que le brave Lacreusette, me vint annoncer – je lui donne l’adresse de la famille Amherst à Londres pour qu’il y envoie ses condoléances." (St-Raphaël, Mardi 19 janvier 1909)

"Le mauvais temps est venu hier samedi après midi, pluie orageuse et petite bourrasque, ce matin dimanche ciel chargé, pluie intermittente – je vais vois si je vais déjeuner à Valescure – si ce n’était toi et la peur de paraitre dédaigner la maisonnée villa Andréa, ce que je plaquerais tout cela avec quiétude et joie – Enfin, je vais essayer de fréter une voiture couverte et d’y aller." (St-Raphaël, Dimanche 7 mars 1909)

"Déjeuné dans l’ignoble turne de l’hôtel des Etrangers où sont les Davey, à 1 h ¼ je prenais le train pour le Cap St Jean où je voyais Dommartin – Sa femme beaucoup mieux et d’autres belges – à 3 h je reprenais le train à Beaulieu, m’arrêtais une heure à Nice et j’étais de retour à 6 h à St Raphaël où je trouvais le père Lumière arrivant par le même train et qui a du coucher à la villa Andréa et repartir ce matin à 9 h pour la Ciotat." (St-Raphaël, Vendredi 12 mars 1909)

Ce ne sont que quelques exemples puisque toute la correspondance que nous avons est truffée de références à des séjours et invitations à déjeuner à Valescure à la Villa Andréa. Nous y reviendrons prochainement.


Bertrand Hugonnard-Roche

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