jeudi 16 janvier 2014

« à Octave Uzanne avec ma main amie, Blaise Cendrars » (avril - octobre 1931) « [...] Je ne connais pas Blaise Cendrars. Il m'intéresse parce que très original et d'une personnalité qui surpasse celle des écrivains courants - J'ai acquis Rhum et ne le regrette pas car cette physionomie de Galmot m'a passionné vivement. [...] » (7 avril 1931)



« à
Octave Uzanne
avec ma main (*)
amie
Blaise Cendrars »

Coll. B. H.-R. 2014


Dans une lettre datée du 7 avril 1931 (St-Cloud) qu'Octave Uzanne adresse à son ami Georges Maurevert et que nous avons publié dernièrement sur ce blog, on peut lire :

« [...] Je ne connais pas Blaise Cendrars. Il m'intéresse parce que très original et d'une personnalité qui surpasse celle des écrivains courants - J'ai acquis Rhum et ne le regrette pas car cette physionomie de Galmot m'a passionné vivement. [...] »

Blaise Cendrars
(1887-1961)
L'envoi autographe présenté ci-dessus se trouve apposé sur un exemplaire ordinaire de l'édition originale (mention fictive de 8e édition en couverture) de AUJOURD'HUI, recueil d'articles déjà parus ici ou là dans différentes revues ou livres. Ces textes de Blaise Cendrars écrits entre 1917 et 1931, sont regroupés ici en volume pour la première fois.
Blaise Cendrars offre ce volume à Octave Uzanne. Le volume a été achevé d'imprimer le 14 avril 1931, soit quelques jours seulement après qu'Uzanne n'ait écrit à son ami Maurevert qu'il ne connaissait pas Blaise Cendrars.
Début avril 1931 Octave Uzanne ne va pas bien. Il est dans sa quatre-vingtième année et a subi de nombreuses opérations et ennuis de santé depuis déjà plusieurs années. Il écrit ainsi à Maurevert dans la même lettre :

« Je compatis d'autant mieux, cher vieil ami, aux ennuis de votre nouveau séjour en clinique, que j'ai connu, avant de subir l'énucléation prostatique « en un temps », des mésaventures trop longues à narrer ici - mais vous dirais-je que la vie de clinique ne m'est pas hostile ; que je supporte à merveille l'alitement même prolongé et que rien n'arrête mon goût d'écrire. - en situation horizontale - je n'ai pas raté un article ni avant ni après opération et je n'ai connu l'impuissance d'agir de ma plume que cette dernière période de maux qui m'ont mis en obligation de renoncer à tout, car je fus aussi mort qu'on peut l'être, sans arrêt total du moteur, vidé de toute force. [...] Affectueux souvenirs, cher vieil ami. - Nous reverrons-nous jamais désormais ? Je crains que non, car je ne voyage plus. J'arrive au terme de mon transit, et je n'en suis pas fâché. Je n'ai plus rien à faire ni à dire qui m'exalte le moins du monde, la société actuelle m'est aussi étrangère que celle des Mèdes ou des Perses et j'ai vraiment envie de mourir tout comme on dit : « Je tombe de sommeil ». Bons vœux de restauration définitive et affectueuse pression de dextre de votre très cordial ami. »

Nous ne savons pas si finalement Octave Uzanne a pu finir par faire connaissance avec Blaise Cendrars ou s'il s'agit ici d'un simple envoi de formalité ou d'un service de presse ? On suppose néanmoins qu'Uzanne s'était au fil des années bien imprégné de l'oeuvre de Cendrars et que se dernier séduisait le vieil homme de lettre d'un autre siècle. Il est possible que l'envoi de Cendrars ait été fait plus tardivement dans l'année 1931 trouvant Uzanne presque agonisant. En effet, Octave Uzanne meurt le 31 octobre 1931 à St-Cloud vraisemblablement d'un affaiblissement général dû aux opérations chirurgicales répétées.


Bertrand Hugonnard-Roche


(*) Blaise Cendrars fait ici allusion à sa main gauche. Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, est un écrivain français d'origine suisse, né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel (Suisse) et mort à Paris le 21 janvier 1961. À ses débuts, il a brièvement utilisé les pseudonymes de Freddy Sausey, Jack Lee et Diogène. Dès l'âge de 17 ans, il quitte la Suisse pour un long séjour en Russie puis, en 1911, il se rend à New York où il écrit son premier poème Les Pâques (qui deviendra Les Pâques à New York en 1919). Il le publie à Paris en 1912 sous le pseudonyme de Blaise Cendrars qui fait allusion aux braises et aux cendres permettant la renaissance cyclique du phénix. En 1913, il fait paraître son poème le plus célèbre, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Dès le début de la guerre de 14-18 il s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française avant d'être versé dans la Légion étrangère. Gravement blessé le 28 septembre 1915, il est amputé du bras droit. Le 16 février 1916, il est naturalisé français. Écrivant désormais de la main gauche, il travaille dans l'édition et délaisse un temps la littérature pour le cinéma, mais sans succès. Lassé des milieux littéraires parisiens, il voyage au Brésil à partir de 1924. En 1925, il s'oriente vers le roman avec L'Or, où il retrace le dramatique destin de Johann August Suter, millionnaire d'origine suisse ruiné par la découverte de l'or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l'aventure que confirme Moravagine en 1926. Dans les années 1930, il devient grand reporter. Correspondant de guerre dans l'armée anglaise en 1939, il quitte Paris après la débâcle et s'installe à Aix-en-Provence puis, à partir de 1948, à Villefranche-sur-Mer. Après trois années de silence, il commence en 1943 à écrire ses Mémoires : L’Homme foudroyé (1945), La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. Victime d'une congestion cérébrale le 21 juillet 1956, il est mort des suites d'une seconde attaque le 21 janvier 1961. L'œuvre de Blaise Cendrars, poésie, romans, reportages et mémoires, est placée sous le signe du voyage, de l'aventure, de la découverte et de l'exaltation du monde moderne où l'imaginaire se mêle au réel de façon inextricable. Le fonds d'archives de Blaise Cendrars se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne. (Source Wikipédia)

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