a albert robida
maistre
imaigier
en epistre
dédicatoire[1]
Ce m’est un plaisir, - je pourrais et
devrais même dire un devoir, - mon cher compagnon de plume et de crayon,
d’inscrire votre nom sonore, ami de tous ceux qui aiment encore, en ce temps refroidi,
la fantaisie et l’imagination agissantes, en tête de cet ouvrage dont vous
êtes, sinon le père absolu, du moins le véritable metteur en scène et
l’inépuisable illustrateur[2].
Sans l’appui de votre admirable
faculté de travailleur, réalisant prestement toute idée émise, avant même
qu’elle ne soit évaporée en rêve indécis, sans le concours de votre génie
d’assimilation apte à vibrer à tous les sons de cloche de la pensée et sous l’impression
de tous les paradoxes développés au cours d’une conversation littéraire, il est
presque certain que ces divers Contes pour les Bibliophiles se seraient envolés en vaines paroles, dans
la fumée des cigarettes dont les spirales bleuâtres semblent, parfois, soutenir
et envoiler la vague chevauchée des projets enjôleurs qui nous hantent au
passage.
Ce fut il y a cinq ans, il vous
en souvient, au cours de la dixième année d’existence de cette lourde
revue Le Livre[3], dont vous étiez devenu sur le tard un
précieux collaborateur, que nous échangeâmes, en une heure de répit, certains
propos de Bibliofolie amusante groupés en une incohérence voulue, nous plaisant
à échafauder un Recueil de Contes de tous les temps et de tous les pays, dont
les thèmes nous mettaient en chasse d’étrangetés, et nous étions là, sondant le
passé, scrutant l’avenir, dressant déjà une table des chapitres, émerveillés
nous-mêmes de notre ingéniosité, comme sont très souvent deux partners
sympathiques dont les cerveaux délibérés ou présomptueux se passionnent à
l’unisson, s’excitent, s’emballent et arrivent – sans préméditation aucune – à
tisser le canevas précieux de quelqu’une de ces productions spontanées qui
seraient légères et séduisantes si la température intellectuelle du lendemain
ne les assassinait pas en refroidissant le germe dans l’œuf.
Je l’avoue, je n’y pensais plus
guère, à ces mirifiques récits que nous avions élaborés de concert certaine
après-dînée de printemps, en une journée soleillée ; d’autres travaux
m’avaient reconquis la pensée et, parmi les feuilles volantes de mon bureau, je
regardais les notes fiévreusement crayonnées la veille, auprès de vous avec
cette pitié ironique et amère qui nous vient aux lèvres lorsque nous jugeons de
la folie démesurée de nos désirs créateurs vis-à-vis des heures si brèves pour
la réalisation d’œuvres dont déjà l’exécution nous absorbe, nous angoisse et
nous tenaille par la crainte de ne les point pouvoir achever selon nos désirs,
dans la limite de temps assignée pour la mise sous presse.
Mais vous, mon cher Robida le Téméraire, vous le moissonneur et le meunier de
l’idée, vous qui semblez, comme Siva, ce dieu prodigieux de la triade indoue,
posséder plusieurs bras et diverses faces, le tout au service de votre
imagination surprenante et de vos observations précises et satiriques, vous qui
êtes lumineusement sain et ignorez les états d’âme inquiets qui Hamletisent la plupart des artistes contemporains, vous
m’apportiez, huit jours plus tard, votre premier conte illustré, l’Hétirage
Sigismond ; vous posiez, par
conséquent, la pierre angulaire de l’Edifice, et moi, pauvre retardataire,
entraîné par votre exemple, me sentant embarqué malgré mes protestations
intimes par votre esprit d’aventure vers les contrées incertaines et touffues
de cette œuvre nouvelle, je me prenais à ramer à vos côtés, bien
irrégulièrement toutefois, vous contraignant à m’attendre des mois et des
années, tandis que je tirais des bordées sous des vents contraires[4] ou que je faisais
escale à divers ports d’attache : Revues, journaux et livres, avant de
reprendre pour quelques instants ma place à vos côtés.
Si nous abordons aujourd’hui
heureusement à ce débarcadaire (sic) définitif qu’un Anglais disciple moderne
de Sterne nommerait le Public pier de Publishing city,
c’est à votre constance, à votre
bienveillante amitié, à votre angélique patience que je le dois, car votre
collaboration n’a pas connu d’obstacles ; elle fut alerte, prodigue,
accélérée, miséricordieuse. En effet, tandis que, d’une allure de podagre,
j’écrivais le Bibliothécaire Van Der Boecken, de Rotterdam ; les
Romantiques inconnus, la Fin des livres, l’Enfer du chevalier de Kérhany,
Histoire de Momies[5] et deux ou trois autres contes qui ne sont au demeurant que des
souvenirs personnels narrés sur le mode égotique, des haïssables historiens du
moi moderne, vous terminiez le reste impétueusement avec une verve, un entrain,
une modestie souriante qui épaississaient chaque jour davantage la cuirasse
d’estime dont se revêt, avec tant de sincère conviction, ma batailleuse amitié
pour vous.
Et quels plaisants dessins que
les vôtres, mon brave Robida, lorsque d’une plume ou d’un crayon mordants, qui
se ruent à l’assaut du papier virginal, vous pastichez, à plaisir les Johannot,
les Devéria, les Nanteuil, les Carle Vernet, les imagiers d’Epinal de l’Empire,
les vignettistes allemands ou les petits-maîtres du dernier siècle ? Vous
déroutez positivement, dans ces fresques
hors texte du livre, le public de demi-connaisseurs, c’est-à-dire le grand
public, car votre science imperturbable de la manière d’autrui et d’autrefois
surprend vos nombreux admirateurs, qui vous tiennent peut-être rigueur de
votre extrême sagacité comme on est déconcerté par un pince-sans-rire
inquiétant.
Vous l’aviez déjà troublé, ce bon
public, par vos voyages fantaisistes et vos itinéraires sérieux, par vos romans
à panaches, par votre extravagant Vingtième siècle[6], par vos piquantes caricatures modernes,
par tant de cordes vibrantes que vous avez su mettre en harmonie sur votre lyre
universelle ; il est un peu en défiance vis-à-vis de vous, ce débonnaire
public, car il n’apprécie et ne célèbre que les spécialistes, les hommes
qui fournissent une note toujours répétée, les vendeurs d’un même cru, faciles
à étiqueter et cataloguer dans sa mémoire ; les carillonneurs fidèles aux
symphonies réitérées de leur métal idrosyncratique (sic) ; les autres, les
talents multiformes et impétueux, qui, comme vous, brisent les cadres
et les moules qu’on leur assigne et qui s’en vont, à leur fantaisie, errer
sur le clavier des arts et des lettres, l’horripilent dans ses notions d’ordre,
de méthode et de classification.
Avec vous, au moins, c’est
toujours à recommencer ; vous dérangez les petits papiers de vos
bibliographes, vous êtes la couleuvre fugitive de votre propre dossier.
Ici, toutefois, mon excellent
camarade, nous serons, je m’en réjouis, à deux pour affronter ce public
méthodique et fidèle à ses habitudes ; souhaitons qu’il nous accueille
favorablement l’un portant l’autre ; mais, à son nez, à sa barbe, je tiens
à vous dire de nouveau merci, et à vous donner l’accolade de gratitude selon
les rites des anciens combattants dans les grands spectacles impériaux.
Maintenant, cher ami, la main
dans la main, pénétrons dans l’arène, livrons-nous aux griffes des gens
d’esprit, qui ne sont souvent que de simples bonnes bêtes, comme a dit
Beaumarchais, mais n’oublions pas qu’il est plus difficile de les émouvoir ou
de les exciter que de les dompter.
Au sortir de cette démonstration
publique, remontons sur nos galères respectives et cinglons au large ; mais,
quelles que soient les rives lointaines où nous abordions par la suite, croyez,
ami très cher, que je conserverai l’impérissable souvenir de cette croisière
dans l’archipel de la fantaisie que je viens si fraternellement d’accomplir à
vos côtés[7].
O.U.
[1] Cette
épître est placée en tête du volume intitulé Contes pour les Bibliophiles par Octave Uzanne et A. Robida.
Nombreuses illustrations dans le texte et hors texte. Publié à Paris par
l’ancienne maison Quantin, Librairies-Imprimeries réunies, May et Motteroz,
directeurs, 7, rue Saint-Benoît, 1895. Achevé d’imprimer sur les presses de
l’ancienne maison Quantin, à Paris, ce 27 novembre 1894. IV pages pour
l’épître dédicatoire et 230 pages chiffrées. Il a été imprimé de ce volume,
1.000 exemplaires sur papier vélin numérotés de 1 à 1.000 et 30 exemplaires sur
Japon de luxe numérotés de I à XXX. Les exemplaires sur Japon possèdent
quelques états supplémentaires des planches. A noter que dans tous les
exemplaires que nous avons rencontrés, la vignette de titre a été coloriée à la
poupée. Pour le conte L’Enfer du
Chevalier de Kerhany, il a été tiré une planche libre intitulée Les Fricatrices (d’après le tableau de
Fragonard). Tirée à seulement 300 exemplaires, elle n’a donc pas été insérée
dans les volumes et se vendait à part chez l’éditeur (à la place on trouve un
carton imprimé ; texte dans un encadré et colorié sur un fond uni
bleu-vert à l’aquarelle ; il est indiqué que le cuivre a été détruit après
tirage). Ce volume est recouvert d’une très-jolie couverture illustrée en
couleur par Georges Auriol et gravée par Rougeron-Vignerot.
[2] Ce
volume contient les contes suivants : Un
Almanach des Muses de 1789 ; L’Héritage
Sigismond, luttes homériques d’un vrai bibliofol ; Le Bibliothécaire Van Der Boëcken de
Rotterdam ; Un Roman de
Chevalerie franco-japonais ; Les
Romantiques inconnus ; Le Carnet
de Notes de Napoléon Ier ; La
Fin des Livres ; Poudrière
et Bibliothèque ; L’Enfer
du Chevalier de Kerhany, étude
d’éroto-bibliomanie ; Les
Estrennes du Poète Scarron, et enfin, onzième et dernier conte, Histoire de Momies, récits authentiques.
[3] Octave
Uzanne a la mémoire qui défaille (volontairement ?) lorsqu’il écrit :
« ce fut il y a cinq
ans (…) ». En effet, la publication des premiers Contes pour les Bibliophiles débute dès 1888.
A la page 257 du neuvième volume de la bibliographie rétrospective de la revue Le Livre (neuvième livraison du 10
septembre 1888 – n°105), on trouve un faux-titre intitulé « Contes pour
les bibliophiles » suivi du conte intitulé « L’Héritage Sigismond –
Luttes homériques d’un vrai bibliofol ». Il occupe les pages 259 à 274. Il
est illustré de vignettes dans le texte seulement (il y a deux planches hors
texte supplémentaires dans le tirage de 1894). La mise en page est sinon
parfaitement identique (il y a un faux-titre indiquant le titre du conte dans
le tirage de 1894). A noter pour l’anecdote que dans la revue Le Livre, ce conte est signé
conjointement « Octave Uzanne,
Adolphe (sic) Robida. » (il faut bien évidemment lire Albert et non Adolphe comme prénom pour l’artiste – cette erreur est reproduite
également dans la table des contes qu’on trouve à la fin du volume). Le
deuxième conte publié s’intitule Le
Bibliothécaire Van Der Boëcken de Rotterdam (Histoire vraie). On le trouve
placé en tête de la onzième livraison datée du 10 novembre 1888 (n°107). Il
occupe les pages 321 à 335. Il est illustré de vignettes dans le texte
uniquement (dans le tirage en volume de 1894 on trouve en plus une belle
eau-forte originale de Robida intitulée « Le Bibliothécaire
hypnotiseur ». Le troisième conte qui a paru dans la revue Le Livre s’intitule Un Almanach des Muses de 1789 (livraison de janvier 1889 – occupe
les pages 1 à 15 – illustré de vignettes dans le texte mais également d’une
eau-forte représentant une lectrice tirée en camaïeu de bleu – on retrouve
cette même eau-forte dans le tirage de 1894). Le quatrième conte qui a paru
dans la revue Le Livre s’intitule Un Roman de Chevalerie franco-japonais
(livraison de juillet 1889 – occupe les pages 193 à 212 - illustré de vignettes
dans le texte seulement – le tirage de 1894 comprend deux planches hors texte supplémentaires
aquarellées à la poupée). Le cinquième et dernier conte qui a paru dans Le Livre s’intitule Les Romantiques inconnus (livraison de décembre 1889 – occupe les
pages 357 à 375 - illustré de vignettes dans le texte mais également de deux
planches hors texte tirées en noir – on retrouve ces deux mêmes planches hors
texte dans le tirage de 1894 mais avec le fond des gravures colorié chacune
d’une teinte différente, bleu ciel pour l’une et rose pour l’autre). Les Estrennes du Poète Scarron avait déjà
paru dans les Caprices d’un Bibliophile
sous le titre Les Galanteries du sieur
Scarron (pp. 25 à 34). Ce conte avait donc été rédigé dès le 1er
janvier 1878. L’Enfer du Chevalier de
Kerhany, étude d’un éroto-bibliomanie, avait également déjà paru dans le
même ouvrage, Les Caprices d’un
Bibliophile, sous le titre Le Cabinet
d’un Eroto-Bibliomane (pp. 127 à 146). Ce sont les deux seuls contes issus
de ce livre de prime jeunesse d’Octave Uzanne (Les Caprices d’un Bibliophile ont été imprimés à Dole le 10 février
1878, Uzanne avait 27 ans). Le conte qui restera sans doute le plus marquant et
le plus reconnu par la postérité est La
Fin des Livres. Ce conte a été publié pour la première fois en anglais sous
le titre traduit de The End of Books
dans le Scribner’s Magazine du mois
d’août 1894, soit seulement quelques mois avant la publication en France en
volume des Contes (fin novembre 1894). Comme toujours, ce texte a été
originellement écrit en français par Uzanne (seul ou en collaboration avec
Robida), c’est seulement ensuite qu’il a été traduit en anglais pour être
publié dans la presse new-yorkaise. Nous croyons à cette hypothèse, conforté en
cela car nous possédons le manuscrit original du conte intitulé Histoires de Momies, récits authentiques (apparemment publié
pour la première fois dans les Contes
pour les Bibliophiles fin novembre 1894 mais très probablement rédigé bien
avant, entre 1888 et 1894). Ce manuscrit,
acquis au début de l’année 2012 à Londres, est complet en douze
feuillets de grand format (de l’in-4 au in folio), composé de bandes de papier
collées les unes aux autres comme Uzanne en avait l’habitude pour ses épreuves
d’imprimerie, présente quelques variantes par rapport au texte imprimé à la fin
de l’année 1894. Le manuscrit que nous possédons est plus court de
quelques paragraphes de la fin notamment. Or notre manuscrit, contenu dans la
chemise cartonnée de l’époque, est accompagné de la traduction anglaise du
texte original sous le titre History of
the Mummies by Octave Uzanne. C’est un tapuscrit à l’encre bleue-violette
(format in-folio – 16 pages chiffrées plus le titre). C’est la traduction
exacte du manuscrit original en français qui l’accompagne. Nous ne savons pas
si cette traduction anglaise a été publiée ou non. Ces deux manuscrits ne sont
datés ni l’un ni l’autre. Nous pensons donc qu’il a été fait de même pour La Fin des Livres et que, par un hasard
de rencontre très probablement, Uzanne a eu l’opportunité de faire imprimer
dans la revue américaine The Scribner’s
Magazine The End of Books avant
la version française. A noter que les dessins de Robida qui illustrent la
version américaine de l’article sont différents de ceux retenus pour la
publication en français et en volume à la fin de l’année 1894. Il nous reste
donc Le Carnet de notes de Napoléon Ier
et Poudrière et Bibliothèque pour
lesquels nous n’avons pas trouvé trace d’une première publication.
[4] Octave
Uzanne veut très certainement faire allusion ici à la création de la Société des Bibliophiles Contemporains
fin 1889 et à ses divers déboires avec les Amis
des Livres et autres bibliophiles hostiles du moment. Cette société
l’occupera encore jusqu’en 1895 et même au-delà avec la publication de
plusieurs ouvrages de bibliophilie qui durent lui prendre une bonne partie de
son temps. C’est aussi l’époque où Uzanne se met à Voyager (Etats-Unis,
Angleterre, Italie, etc.).
[5] Voir
notre la fin de la note 3.
[6] Le Vingtième Siècle de Robida a paru en
1883, à Paris, chez Decaux. Ouvrage formidable à tout point de vue, illustré de
50 planches hors texte et de nombreux dessins dans le texte. C’est un des
grands ouvrages visionnaires de la fin du XIXe siècle. Il en est rendu compte
dans Le Livre, bibliographie moderne (10 décembre 1882 – douzième livraison,
troisième année – Livres d’étrennes, pp. 745-746). Ce compte rendu, vu le
vocabulaire employé, rempli de néologismes, sort directement de la plume
d’Octave Uzanne en personne. Il n’y consacre d’ailleurs pas moins d’une
demi-colonne : « Avec lui, tout
est imprévu, surprenant, fantastique ; on ne sait si l’on doit plus
admirer son ingéniosité dans la création de ses mondes nouveaux ou la furia
endiablée de ses compositions nerveuses, traitées largement, avec une
impétuosité qui entraîne, provoque le rire, et émerveille. Ici, Robida semble
avoir condensé toute sa fertile imagination et épuisé entièrement l’art de
regarder l’avenir à travers le monocle grossissant du caricaturiste. »
[7] Octave
Uzanne a visiblement cotoyé d’assez près Albert Robida, pour preuve une
photographie qui nous les montre réunis à la campagne (peut-être en forêt de
Fontainebleau – collection privée), en compagnie de plusieurs hommes de lettres
et politiques, réunis pour l’occasion par leur ami commun Angelo Mariani, le
chantre du vin à la coca. Par
ailleurs, un article publié en mars 1898 dans l’Echo de Paris fait état d’une visite d’Octave Uzanne chez Albert Robida au Vésinet à propos d’une maquette pour l’Exposition Universelle de
1900. Leurs rapports ont visiblement perdurés jusqu’au début du siècle,
peut-être même encore bien après, et d’une manière suivie. Nous manquons
cependant de documents pour pouvoir être plus précis. Le dernier hommage rendu
par Uzanne à son ami Robida se trouve dans la longue préface qu’il consacre à
l’homme à l’occasion de la réédition des Œuvres
de Rabelais chez Tallandier (vers 1928-1930).
Mise en ligne et notes,
Bertrand Hugonnard-Roche
j'aime beaucoup "les romantiques inconnus", qui ouvre des perspectives vertigineuses...
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