Voici une lettre adressée par Octave Uzanne à Louis Lemercier de Neuville, marionnettiste, journaliste, chroniqueur, connu pour avoir crée le Théâtre érotique de la rue de la Santé. Octave Uzanne lui fait par de son regret de n'avoir pu assister aux obsèques de son ami Charles Monselet, étant à ce moment là (19 mai 1888) en Hollande pour une escapade "dans les dunes". Uzanne évoque des articles rendant bientôt hommage à la mémoire de ce "pauvre Monselet".
Bonne lecture.
Bertrand Hugonnard-Roche
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Paris,
le 28 mai 1888
Votre
lettre m’est parvenue, mon cher ami (1), à mon retour d’une petite fugue en
Hollande (2).
Je
n’étais point ici pour les obsèques du pauvre Monselet (3) ; j’errais dans
les dunes. – mais je pense faire un très long article sur Monselet (4) sans que cependant votre article (5) soit
éliminé ni remis aux Calendes grecques.
J’aviserai
à cela pour la livraison de juillet. Il y aurait votre article et le mien. En
attendant ces combinaisons de demain songez au Théâtre de la rue de la Santé
(6) et croyez moi sincèrement bien à vous.
Octave
Uzanne
PS. Je
n’étais pas là, vendredi dernier pour votre conférence hélas ! –
[1 page in-8 - lettre sur papier à en-tête de la revue Le
Livre – Octave Uzanne, rédacteur en chef].
(1) Cette lettre est adressée à M. Lemercier de Neuville. Louis Lemercier, dit Louis Lemercier de Neuville, ou encore La Haudussière, (Laval, 2 juillet 1830 - Nice,
1918) est un marionnettiste, journaliste, chroniqueur, auteur dramatique et conteur
français. Il est le créateur du Théâtre
de Pupazzi français.
(2) les dates et les conditions de cette escapade en Hollande
restent à déterminer.
(3) Voici ce qu’on pouvait lire dans la rubrique Nécrologie
de la revue Le Livre (livraison du 10 juin 1888 (sixième livraison – neuvième
année – n°102) : « Un poète aimable, un chroniqueur plein d’esprit,
un écrivain léger, délicat, plein de fine bonhomie et d’indulgent humour, un
des derniers gourmands lettrés de notre âge, un ami des livres et du Livre, M.
Charles Monselet, vient de mourir (19 mai) après une longue et cruelle maladie.
Il était né à Nantes en 1825. Sans compter quelques pièces de théâtre, comme
les Femmes qui font des scènes, trois actes avec M. Alphonse Lemonnier (1872),
Venez, je m’ennuie, un acte (1873), représenté d’abord au Kursaal de
Bade ; l’Illote, un acte en vers avec Paul Arène, au Théâtre-Français
(1875) ; la Revue sans titre, deux actes au Palais-Royal (1876), etc., on
peut citer dans la foule de ses œuvres : Marie et Ferdinand, poème (Bordeaux,
1842) ; Histoire du tribunal révolutionnaire (1850) ; Statues et
statuettes, portraits contemporains (1851) ; Restif de la Bretonne
(1853) ; Figurines parisiennes (1854) ; les Vignes du Seigneur,
poésies (1855) ; la Lorgnette littéraire, revue des écrivains contemporains,
et les Oubliés et les Dédaignés, portraits du siècle dernier (1857) ; les
Chemises rouges, les Folies d’un grand seigneur, Monsieur de Cupidon
(1858) ; la Franc-Maçonnerie des femmes, les Tréteaux de Charles Monselet
(1859) ; Théâtre de Figaro (1861) ; l’Argent maudit, les Galanteries
du XVIIIe siècle (1862) ; les Originaux du siècle dernier (1863) ;
les Femmes qui font des scènes, Fréron et l’Illustre Critique
(1864) ; le Plaisir de l’Amour, de
Montmartre à Séville, Monsieur le duc s’amuse et l’Almanach du gourmand
(1865) ; Portrait après décès, la Fin de l’orgie, François Soleil
(1866) ; les Premières Représentations célèbres (1867) ; les
Créanciers, Œuvre de vengeance (1870) ; Chanvallon, Histoire d’un
souffleur de la Comédie française (1872) ; Gastronomie, les Frères
Chantemesse, les Marges du Code, le Canif de Damiens (1873) ;
Lettres gourmandes, les Amours du temps passé, les Années de gaieté
(1875) ; les Ressuscités, Scènes de la vie cruelle (1876) ; Panier
fleuri, Prose et Vers (1878) ; une Troupe de comédiens, le petit Paris
(1879), etc., etc. (in Le Livre, 1888, Bibliographie moderne, p. 328).
(4) On ne trouve pas d’article sur Charles Monselet dans les
dernières années 1888 et 1889 de la de revue Le Livre (bibliographie moderne et
rétrospective), c’est au début de la revue suivante, Le Livre Moderne, pp. 14 à
25, qu’on peut lire : « Au pays des autographes, quelques dédicaces
inconnues – Les débuts littéraires de Charles Monselet. Quatre curieuses
lettres inédites de Monselet à ses parents. » L’article en question est
signé EVERYBODY (tout le monde), qui est un autre pseudonyme d’Octave Uzanne,
comme il a pu utiliser aussi UBIQUISTE (qui signifie pratiquement la même chose
dans l’esprit d’O. U.). Uzanne annonce un volume à paraître, écrit par André
Monselet, fils du délicat bibliophile et polygraphe, préfacé et noticé par MM.
Jules Clarétie et Octave Uzanne. O. U. qui n’a donc pas publié d’article
complet pour Le Livre sur Monselet, s’est sans doute finalement réservé pour
cette édition à venir. Plusieurs autres articles sur Monselet seront disséminés
dans Le Livre Moderne, notamment un Charles Monselet voyageur, pages détachées
de l’histoire inédite de ses œuvres. Tome II, pp. 205-213. L’ouvrage d’André
Monselet sur son père est disponible en version numérique ici :
Il est possible qu’Octave Uzanne ait participé à l’élaboration
de cet ouvrage, peut-être pour la partie bibliographique, mais son nom
n’apparait nulle part dans ce livre. Uzanne reviendra encore sur Uzanne dans
son autre revue L’art et l’idée (1892) et encore en 1923 dans un article qu’il
signe au Figaro.
(5) On trouve dans la Bibliographie rétrospective de la
revue Le Livre, pour l’année 1888, et parue trois mois après le décès de
Charles Monselet, une courte étude signée L. Lemercier de Neuville. On la
trouve aux pages 225 à 232. L’auteur annonce « une étude complète sur
Monselet » par le rédacteur en chef (O. U.) à paraître bientôt.
(6) Le Théâtre de la rue de la Santé, Théâtre érotique de la rue de la Santé, théâtre bizarre, irrégulier, sauvage,
excessif – mais où l’on a ri d’un rire franc, et qui a eu le privilège de
réunir, dans la communion de la gaîté, un petit nombre d’artistes et d’hommes
de lettres bien portants. M. Lemercier de Neuville en fut à la fois
l’architecte, le maçon, le peintre, le machiniste et le directeur. Le privilège
lui en fut, bien entendu, solennellement concédé. Le théâtre érotique de la rue de la Santé :
son histoire, Batignolles [Bruxelles] : Poulet-Malassis, 1864-1866,
219 p. : ill. 2 parties en 1 volume. Ces volumes contiennent "La
Grisette et l'Etudiant" par Henry
Monnier ; "Le dernier jour d'un
condamné" par Jean-Hippolyte
Tisserant ; "Les Jeux de l'amour et du
hazar" par Lemercier de Neuville ; "Un caprice" par
Lemercier de Neuville ; "Scapin maquereau" par Albert Glatigny ; "Signe d'argent" par Amédée Rolland et J. Duboys ; "Le bout de l'an de la noce"
par Lemercier de Neuville et J. Du Boys ; "La grande symphonie des
punaises".
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