dimanche 21 janvier 2018

Modernités, par Jean Lorrain. Paris, Giraud et Cie, éditeur ; 1885. Compte-rendu par Paul de Fontsevrez.


Jean Lorrain
(1855-1906)

Modernités, par Jean Lorrain. Paris, Giraud et Cie, éditeur ; 1885. Un vol. in-18. - Prix : 3 fr. 5o.

Quel défilé ! Les phallophories de l'Athènes antique, les langoureuses dépravations des anandrynes de Lesbos, le culte du Vaudou à Haïti, la Martinique, la pyrrhique, tout ce qui fleure âcrement l'obscénité, voilà ce que M. Lorrain se plaît à revêtir de la forme du vers, qui est, vous le savez, un vêtement qui ne cache rien, mais au contraire, moule avec une précision dangereuse les reliefs et les creux.
Il paraît que ces choses-là sont modernes, que même elles sont la caractéristique de notre fin de siècle. Si, pour être moderne, il faut s'enfoncer le nez dans cette boue capiteuse, faite de poudre de riz et d'eau de Lubin, s'il faut, pour connaître l'aspect de nos contemporains et de nos contemporaines, les regarder dans l'accomplissement des besognes les moins délicates, merci, soyons antiques et poncifs. Eh ! voyez ! ils veulent être modernes et nous reportent aux vices grecs et byzantins ! Leurs contemporains, c'est Sapho, Alcibiade, Faustine, Theodora !
Ce qui n'empêche pas M. Jean Lorrain d'écrire des vers odorants et pittoresques. Il n'a ni réquisitoire ni plaidoyer pour ce dévergondage. Je constate qu'il rime. C'est amusant, voilà tout. Eh ! mais ils n'y prennent pas garde, les soi-disant modernistes : depuis le commencement du monde d'homme, comme le serpent, a deux extrémités, la tête, et l'autre. Et ce qu'il y a de moins moderne, c'est ... l'autre.

PZ. [Octave Uzanne] (*) Paul de Fontsevrez

(*) Critique littéraire du mois, Le Livre, Bibliographie moderne, 10 avril 1885, p. 182. Octave Uzanne n'est pas encore l'ami de Jean Lorrain, celui qui deviendra même son intime dès l'année 1895.

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