mardi 28 octobre 2014

Qui était Augusta Laborde ? Envoi autographe d'Octave Uzanne" à Augusta Laborde, ces images illustrées d'un texte de son ami bien affectionné".




Envoi autographe d'Octave Uzanne à Augusta Laborde,
sur l'Ombrelle.

Coll. privée


Qui était Augusta Laborde ? Son portrait encore très flou se dessine progressivement.

Voici quelques notes de travail.

Ce que nous savons :

Augusta Laborde est la sœur de Marguerite Laborde connue sous son nom de plume d'Andrée Béarn. Marguerite Laborde est né à Oloron-Sainte-Marie en 1880. Elle publie des articles dans la presse dès 1903 semble-t-il puis quelques romans entre 1907 et 1911. Cette même année 1911 elle épouse le peintre Catalan Alexandre de Riquer y Remonlins. Marguerite part s'installer à Barcelone avec son époux. Ce dernier meurt à la fin de l'année 1920. Marguerite revient s'installer à Oloron auprès de ses deux soeurs : Marie, qui est sage-femme, Augusta, qui tient une boutique. Alexandre de Riquer a dessiné plusieurs ex libris pour Andrée Béarn et sa sœur Augusta.

Octave Uzanne offre un exemplaire de L'Ombrelle (publié en novembre 1882) avec cet envoi autographe : "à Augusta Laborde, ces images illustrées d'un texte de son ami bien affectionné Octave Uzanne". Cet envoi n'est pas daté.
La correspondante inédite des deux frères Uzanne (AD Auxerre) nous révèle quelques passages intéressants les sœurs Laborde. Octave Uzanne se rend à Oloron en 1908. Voici les passages concernés de cette correspondance :



Oloron-Sainte-Marie (vers 1910)

"Hier, je fus tout seul à Oloron, ville curieuse que je désirais connaître et visiter à fond – J’ai trouvé, à ces altitudes, plus basses de 3 à 350 mètres, une chaleur qui me fit regretter ma montagne où je suis rentré à 6 ½ pour boire et baigner. [...]" (11 juillet 1908, Eaux-Bonnes).

Un an plus tard, Octave Uzanne écrit à son frère :

"Je suis arrivé, mon chéri, hier, vendredi, vers 11 h à Eaux Bonnes où j’ai trouvé beau temps et toutes choses comme je les avais laissées l’an dernier, ma même chambre, ma petite table solitaire, les boutiquiers familiers, quelques habitués de l’hôtel etc et des serviteurs zélés et incomparables. Le soir vers 4 h, j’ai rencontré ma petite femme de lettres béarnaise, avec sa sœur, deux charmantes jeunes filles de 20 à 25 ans que j’ai promenées et invitées à déjeuner demain – ces deux aimables et intelligentes demoiselles d’Oloron sont venues spécialement pour me rencontrer ici et quitteront lundi le pays. [...]" (Samedi 7 août 1909, Grand Hôtel de France à Eaux-Bonnes).

Que conclure de ceci ? "ma petite femme de lettres béarnaise" s'adresse à Marie Laborde (Andrée Béarn) plutôt qu'à Augusta. En 1909, Marie Laborde n'est pas encore mariée à Alexandre de Riquer, peut-être même ne la fréquente-t-il pas encore ? En 1909 Marie Laborde a 29 ans tandis que qu'Octave Uzanne en a 58. Les deux soeurs Laborde viennent à Eaux-Bonnes depuis Oloron pour rencontrer Octave Uzanne qu'elles avaient rencontré l'année précédente.

Nous n'avons pas encore retrouvé l'acte de naissance d'Augusta Laborde. Nous la croyons la sœur cadette de Marguerite. Augusta est très probablement née entre 1882 et 1885.

Un texte publié par Elisée Trenc-Ballester et intitulé "Rapports d'Alexandre de Riquer avec l'art français, belge, allemand, autrichien et italien" (in Mélanges de la Casa de Velázquez, 1983, vol. 19, n°19, pp. 317-346) apporte quelques précisions intéressantes qu'il nous faudra cependant vérifier. "Veuf depuis 1899, il [Alexandre de Riquer] se remarie en 1911 avec Marguerite Laborde, en littérature Andrée Béarn, qui était d'Oloron-Sainte-Marie. Marguerite Laborde, dont la soeur Augusta était une amie intime du grand bibliophile français Octave Uzanne, se rendit à Barcelone en 1910 et connut, grâce à Uzanne, A. de Riquer. [...] de 1914 à 1919 A. de Riquer se sépara de sa femme, qui vécut dans sa famille à Oloron-Sainte-Marie. [...]" (p. 319)

Elisée Trenc-Ballester note également p. 324 de son article : "N'ayant retrouvé aucune lettre d'Octave Uzanne dans les archives de la famille Riquer, j'ignore tout des contacts et des rapports entre les deux bibliophiles. L'amitié qui les unit dut être assez tardive, certainement postérieure à 1910, la dédicace du livre d'Uzanne Son Altesse la Femme à A. de Riquer le précise textuellement : "A M. A. de Riquer, artiste sous tous aspects et formes, avec le regret de ne l'avoir plus tôt connu pour lui offrir ce livre que je trouve entre les mains d'esthète tout à fait éventuellement, en toute sympathie. Octave Uzanne." Uzanne se rendit certainement à Barcelone, puisqu'il figure dans la galerie des portraits au fusain de Ramon Casas (voir cet article sur www.octaveuzanne.com). Peut-être y alla-t-il en compagnie d'Augusta Laborde et de la soeur de celle-ci Marguerite en 1910. Les contacts entre les deux bibliophiles ne purent que s'intensifier après le mariage d'A. de Riquer avec Marguerite. L'artiste catalan possédait une grande partie des livres d'Octave Uzanne, que ce dernier lui avait offerts."

Il nous faut enfin encore citer une lettre d'Augusta Laborde adressée à Alexandre de Riquer le vendredi 1er octobre 1920 qui prouve qu'Octave Uzanne et Augusta étaient encore en contact régulier à cette date. Augusta Laborde revient de Paris (où elle a rencontré Octave Uzanne) "trop court voyage à Paris". De retour à Oloron elle écrit à son beau-frère pour lui dire ses contrariétés concernant un tableau de très grande taille qu'il lui a expédié et qu'elle récupère à la gare où elle doit alors payer plus de 200 francs de frais et taxes. Elle cite Octave Uzanne qui "me disait qu'il avait vu de très bonnes toiles à 50 francs, et même 30 francs." Octave Uzanne lui dit qu'avec vingt mille francs "on se ferait une superbe galerie de tableaux". (Appendice 2 à Rapports d'Alexandre de Riquer avec l'art français, belge, allemand, autrichien et italien).

La correspondance inédite des deux frères Uzanne indique (lettre du 20 août 1910) : "Septembre dans les Pyrénées." La correspondance dont nous disposons s'arrête malheureusement à cette date. Peut-être ce séjour dans les Pyrénées est-il celui qui permettra à Uzanne de rencontrer A. de Riquer à Barcelone ? Nous ne savons pas encore.

En conclusion.

Octave Uzanne s'est lié d'amitié avec les soeurs Laborde dès l'été 1908 lors d'un séjour à Oloron-Sainte-Marie. En 1909 il les côtoie sans doute plus intimement. Octave Uzanne est-il amoureux de l'une ou l'autre des soeurs Laborde ? Est-ce une amitié poussée ? Quoi qu'il en soit, Marguerite Laborde épouse A. de Riquer en 1911. Uzanne est toujours en rapport avec Augusta en octobre 1920.



Ex libris dessiné par A. de Riquer pour Augusta Laborde

Sedó, Lleida, Espagne

Lieu où a été retrouvé l'exemplaire
de l'Ombrelle avec l'envoi autographe
d'Octave Uzanne à Augusta Laborde
L'exemplaire de l'Ombrelle qui nous servit de point de départ à cette recherche est un simple volume resté broché, qui a été retrouvé dans une librairie de livres anciens en Espagne, à Sedó, à 100 kilomètres à l'ouest de Barcelone. L'ex libris par A. de Riquer pour Augusta Laborde était présent dans le volume mais a été perdu (on en voit encore la décharge sur le faux-titre (voir photo ci-dessus).

Cette enquête ne fait que commencer. Tout ou presque reste à découvrir des relations intimes entre Octave Uzanne, Augusta Laborde, Marguerite Laborde (Andrée Béarn) et le peintre décorateur Alexandre de Riquer. La commune d'Oloron-Sainte-Marie pourra, espérons-le, nous apporter de nouvelles informations. Un simple envoi autographe est le point de départ de beaucoup d'interrogations.

A suivre ...


Bertrand Hugonnard-Roche

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