mardi 27 janvier 2015

Octave Uzanne et Miss Mabel McIlvaine (28 janvier 1906). Uzanne choisit des étoffes japonaises pour orner une reliure d'art pour Miss McIlvaine (USA).

      
Doublure de la reliure exécutée par G. S. en 1908
étoffe de soie japonaise acheté par O. Uzanne pour Miss Mabel McIlvaine
Coll. B. H.-R.


      Lettre autographe d'Octave Uzanne adressée à Miss Mabel McIlvaine (*), université de l'Illinois, Urbana (USA). Miss Mabel McIlvaine est la traductrice américaine de The french bookbinders of the eighteenth century by Octave Uzanne, publié en 1904 (Octave Uzanne a 53 ans) à Chicago par le Caxton Club en 1904.
      Ce volume de format in-4 est d'ailleurs assez difficile à trouver en France du fait de son impression outre-atlantique. Le texte a été imprimé à Chicago par R. R. Donnelley & Sons Company at the Lakeside Press, tandis que les illustrations hors-texte ont été imprimées par Edward Bierstadt & Ringler & Co, à New York. Imprimé à 252 exemplaires seulement dont 243 exemplaires furent mis en vente. 3 exemplaires furent tirés sur Japon dont 2 furent vendus à la réunion annuelle des membres du Caxton Club. Il a été livré au public, comme nous l'explique une notice en anglais jointe à la fin de l'ouvrage, aux environs du 10 mars 1904. Le prix était de $18.
      Chaque membre du Caxton Club ne pouvait souscrire en son nom que pour un seul exemplaire (mais pouvait malgré tout s'inscrire pour obtenir un second exemplaire dans la limite des exemplaires encore disponibles...) Les souscriptions étaient payables d'avance et devaient se faire auprès de M. Gookin, trésorier du Caxton Club.
      En résumé, c'est un très beau livre, richement illustré de planches hors-texte tirées en camaïeu de diverses couleurs. Certaines illustrations sont tirées sur des papiers pelure contrecollés, une merveille de finesse ! Le volume est imprimé sur une sorte de papier vélin épais qui ressemble à du papier Whatman. Il est orné de compositions artistiques par Paul Avril.
      Miss Mabel McIlvaine était bibliothécaire, historienne et universitaire ; elle s'est intéressé de près à l'histoire de la reliure d'art. La Cary Library conserve un dossier (**) qui fait état des ces recherches et des contacts qu'elle a pu avoir, notamment avec Octave Uzanne. On apprend qu'Octave Uzanne projetait d'écrire un ouvrage historical and documentary study of the illustration of books, from the 14th to the 17th century par l'intermédiaire du Grolier Club. Ce volume ne vit jamais le jour.
      Miss Mabel McIlvaine devait être son très bon contact outre-atlantique. Elle serait née en 1872 (***). Elle avait donc 32 ans au moment de leur "rencontre" avec Octave Uzanne. Il est fort probable qu'elle soit la fille de Laura Jane Hinds et John Slaymaker McIlvaine. Il semblerait que les McIlvaine viennent d'Irlande. Andrew McIlvaine est né en 1694 dans la province d'Antrim, Ulster, Irlande et il est mort en 1754 dans la province de Franklin en Pennsylvanie. Il aurait émigré avec ses deux frères. Nous ne savons pas la date de décès de Miss Mabel McIlvaine.
      Quoi qu'il en soit, Miss McIlvaine a fait relié son volume avec les étoffes japonaises dénichées par Uzanne pour elle. Pour preuve l'exemplaire en question retrouvé en novembre 2011 chez un libraire de New York. Le volume n'avait pas voyagé. Il était resté sur le sol américain plus d'un siècle. La reliure est signée G. S. et datée 1908. Enveloppé de maroquin rouge brique janséniste, le volume se distingue justement par le choix de ces étoffes choisies (voir photo).
      Cet ouvrage n'a jamais été publié en français.


Bertrand Hugonnard-Roche

* *
* *


Coll. B. H.-R.
Paris, 28 janvier 1906

Chère Mademoiselle, votre mot, qui m'est très agréable, me parvient au moment où je quitte Paris pour une absence de quelques semaines.
Je suis très disposé à vous chercher l'étoffe de doublure de votre livre relié. Toutefois, je désire savoir la dimension de la soie, si vous l'employez non seulement à l'intérieur du maroquin (sur le carton) mais aussi sur la garde de face.
D'autre part désirez-vous un ton complémentaire en vieux rouge, c'est-à-dire en un vert turquoise, un bleu de mer ou quelqu'autre tonalité se mariant au rouge chaudron, ou bien un ton sur ton, c'est-à-dire vieux rose, orange pâle, cuivre ou rouge brique ?
Vous me renseignerez sur ces questions et vous comprendrez que je vous les pose. Si j'ai votre réponse vers le 15 février, je ferai de mon mieux pour vous acheter une vieille étoffe vers le 20 ou 25 de ce mois de février. 
Croyez à mes sentiments bien distingués.


Octave Uzanne


Coll. B. H.-R.



(*) Mabel Mc Ilvain serait née en 1873 à Washington mariée à Bertram Mc Cracken décédée le 2 février 1929 (source internet à vérifier).

(**) The papers contain two manuscripts, five letters, and one newspaper clipping. The manuscripts are in Mabel McIlvaine's hand and are texts of her lectures on bookbinding, one an historical overview delivered to the West End Women's Club, and one titled "The New Movement in Bookbinding," delivered to the alumnae of the University of Chicago on January 12, 1901. The five letters were written to McIlvaine in New York and Florence, Italy, by Octave Uzanne during 1906 and 1907. They focus on Uzanne's ideas for an "historical and documentary study of the illustration of books, from the 14th to the 17th century," which he hoped would be published by the Grolier Club in New York; Uzanne asked for advice and intercession on his behalf. The newspaper clipping mentions McIlvaine's translation of Uzanne's work on French bookbinders of the eighteenth century, published by the Caxton Club of Chicago in 1904. © 2010 Rochester Institute of Technology, New York, USA. All Rights Reserved - 90 Lomb Drive, Rochester, New York.

(***) On trouve de nombreuses données généalogiques sur les McIlvaine sur les sites spécialisés. On lit par exemple "The Scotch Irish McIlvaines of America point to Ayrshire, Scotland, as the home of their ancestors and revert to a period as far back as 1315 when Edward, brother of Robert Bruce, led a large force into Ireland with the purpose of expelling the English troops from the soil of Erin, great numbers of his soldiers and retainers remaining in Ireland and founding what is known as the Scotch Irish race, many of whom migrated to America in colonial times."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...