mercredi 19 février 2014

"En dédiant notre ouvrage à la mémoire d'Octave Uzanne, nous ne rendons pas seulement un juste hommage au grand écrivain qui fut en France l'un des plus remarquables initiateurs des études casanoviennes" (Avant-propos de Casanova après les mémoires, Ed. Maynial et Raoul Veze, Mercure de France, 1952).


A la mémoire d'Octave Uzanne.


AVANT-PROPOS (*)


En dédiant notre ouvrage à la mémoire d'Octave Uzanne, nous ne rendons pas seulement un juste hommage au grand écrivain qui fut en France l'un des plus remarquables initiateurs des études casanoviennes ; nous voulons aussi marquer notre reconnaissance à l'aimable confrère, au généreux érudit, qui, prodigue des trésors qu'il possédait, nous a fourni les premiers documents sur lesquels est établi notre livre, en même temps qu'il nous inspirait le désir de l'écrire. Ne disait-il pas lui-même, dans l'Introduction du premier volume des Mémoires (Editions de la Sirène, 1924) : "On publiera sans doute quelque jour, à l'aide de nombreux documents mis au jour et d'excellentes études éditées un peu partout, le chapitre qu'il reste à écrire en suite des Mémoires arrêtés à la date de 1774, à Trieste."
Ce dernier chapitre, le voici. Il ne nous appartient pas de décider si nous l'avons mené à bonne fin, mais si nous avons pu l'entreprendre, c'est en suivant le conseil d'Octave Uzanne, en utilisant cette poussière de documents de toutes sortes et de toutes provenances que l'auteur des célèbres Mémoires a laissée après lui. [...] Il nous a paru équitable d'associer ici le nom de M. Bernhard Marr à celui d'Octave Uzanne, dans un même hommage de reconnaissance. [...]


Edouard Maynial (**)



(*) extrait de l'Avant-propos de La fin d'un aventurier, Casanova après les mémoires, par Edouard Maynial et Raoul Vèze. Paris, Mercure de France, 1952. 1 vol. in-18 (187 x 120 mm), 279-(2) pp. C'est à notre connaissance le seul ouvrage imprimé dédié "à la mémoire d'Octave Uzanne". Nous reviendrons prochainement sur les études casanoviennes menées par Octave Uzanne dès les années 1880.

(**) Edouard Maynial (1879-1966) a dû rencontrer très tôt Octave Uzanne pour échanger au sujet de Casanova, probablement un peu avant 1911, date à laquelle il publie un Casanova et son temps (Mercure de France, 1911). Il publiera ensuite des Lettres de femmes à Casanova (L. Michaud, 1912) et Les plus belles heures d'amour de Casanova (G. Crès, 1923). On sait par ailleurs que Raoul Vèze fut avec Octave Uzanne, l'un des préfaciers et éditeurs des Mémoires de J. Casanova de Seingalt écrits par lui-même (12 volumes. Editions de la Sirène, 1924-1936). Octave Uzanne a préfacé le premier volume de cette édition.

mardi 18 février 2014

Avis de recherche : catalogue de la vente des livres de la bibliothèque d'Emile Rochard a eu lieu à Paris les 1er et 2 avril 1919. (Paris, A. Foy)


Emile Rochard (1850-1918)
Nous recherchons un exemplaire ou la copie lisible d'un exemplaire du catalogue de la vente des livres de la bibliothèque d'Emile Rochard. Cette vente a eu lieu à Paris les 1er et 2 avril 1919.
Cette bibliothèque de l'ami intime de plus de 40 ans d'Octave et Joseph Uzanne devait contenir plusieurs exemplaires intéressants de livres offerts par les deux frères. Seul un exemplaire de ce rare et fragile catalogue subsiste au catalogue de la Bibliothèque nationale de France. Le nombre de pages et le format ne sont pas mentionnés.
Emile Rochard dont nous avons déjà parlé ici fut tour à tour officier (pendant la guerre de 1870), auteur de poésies et de drames, puis homme de théâtre et directeur de plusieurs théâtres à Paris. Avant de se tourner vers dieu en 1912. Il est mort en 1918. Nous reviendrons bientôt sur la relation amicale voire fraternelle qu'il a entretenu avec les frères Uzanne.

Bertrand Hugonnard-Roche

Octave Uzanne annonce dans Le Livre (10 mai 1889) un livre d'Henri Lavedan et Gustave Guiches, illustré par J.-L. Forain : le Café-concert. Ce livre mis en souscription par la maison Quantin n'a finalement jamais paru.



Illustration par J.-L. Forain
Au Café-concert
Poursuivons avec Gustave Guiches vu par Octave Uzanne. Voici une annonce parue dans Le Livre du 10 mai 1889 sous la plume d'Octave Uzanne :

- La maison Quantin met en souscription un livre très extraordinaire et audacieusement conçu comme fabrication, tirage et publication, sous ce titre : le Café-concert, par Gustave Guiches et Henri Lavedan, avec illustrations de J.-L. Forain, gravées sur bois, en noir et en couleur, par le maître artiste Florian. Cet ouvrage de très haut luxe et d'une rare originalité d'expression d'art, tant par son illustration typique que par ses reproductions fines et essentiellement progressistes, ne sera tiré qu'à 350 exemplaires sur japon, mis en vente au prix de 300 francs l'un (les exemplaires de luxe à 500 francs). Quelque élevé que puisse paraître le prix de ces exemplaires, nous pouvons affirmer que rarement un livre de plus grand ragoût bibliophilique a été offert aux amateurs ; ce sera une publication absolument hors ligne et d'un cachet supérieurement curieux.
Nous ne pouvons que signaler tout spécialement aujourd'hui à l'attention de nos lecteurs ce livre de forte saveur, dont un joli spécimen sur japon, format in-8, a été envoyé à tous les principaux libraires de France et de l'étranger.
Nous reparlerons bientôt par le menu de cette publication extra-moderne qui est digne de séduire tous les bibliophiles contemporains.


O. U.


Octave Uzanne n'en reparla jamais, et pour cause, ce livre n'a jamais paru. Le spécimen de cet ouvrage est conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote FRBNF41652598 (Arsenal) : 3 p. : fig. en noir et en coul. ; in-4.

J.-K. Huysmans lui-même a rendu compte et s'est enthousiasmé pour cet ouvrage dans un article publié le 1er mai 1889 dans la Revue illustrée : " [...] En fait de livres, M. Forain n’avait jusqu’alors illustré, en de capiteuses eaux-fortes, qu’un seul volume, les Croquis Parisiens, autrefois parus dans le placard oublié d’une librairie morte. Personne n’avait le courage de s’adresser à lui pour imager un livre dont le sujet fût réellement moderne. Cette aubaine est enfin venue. Voulant sortir de l’ornière où les librairies dites de luxe s’empêtrent sans exception, depuis des ans, la maison Quantin se résolut à tenter l'expérience, et elle lui demanda d’illustrer un livre sur les cafés-concerts, dont le texte fut confié aux habiles expertises de MM. Guiches et Lavedan. Bien lui en prit, car les planches livrées par M. Forain, et magistralement interprétées par la gravure sur bois de M. Florian, sont extraordinaires ! Le notateur perspicace, le Parisien narquois, le peintre doué de la vision rare, du dessin en quête de mouvements imprévus et justes, de la couleur accomplie dans la surprise d’une lumière exacte, est tout entier dans ces douze aquarelles et ces cent vignettes imprimées dans le texte, à plusieurs tons. D’aucunes sont d’une inconcevable alerte et piquent, toutes vives, sur le papier; les faces humaines, en soucis ou en liesses. Cabotins, spectateurs, larbins, tout y passe: le poulailler où le peuple, penché le buste en dehors, se gausse, en haleinant fort et en pipant ferme; les loges réservées où les dame sourient devant des messieurs préoccupés d’affaires ; le garçon avec un front chauve et des touffes de choux-fleurs le long des tempes, qui rêve aux caustiques pourboires qu’il voudrait extirper à l’indifférence lassée des gens ; le cabot, sérieux, guindé, qui expectore, un bras tendu et ses yeux en orgeat levés vers le ciel, la chanson patriotique; l’actrice, décolletée, qui tient d’une main son éventail, et de l’autre, gantée de noir, bénit la drogue sentimentale qu’elle écoule dans le vinaigre à la ciboulette de sa pauvre voix ; tout, jusqu’à l’ouvreur de portières qui s’élance au-devant des étoiles à la sortie de théâtre, tout a été surveillé et scrupuleusement fixé, par M. Forain, dans ces bonnes planches. De cet amusant sujet, le café-concert, il a exprimé le suc essentiel comme il avait jadis, pour le raffinement des vrais artistes, concentré les pénétrants parfums des cabinets particuliers, des promenoirs des Folies-Bergère, des salons de danse et des bars. [...] " (Revue illustrée, n°82 - 1er mai 1889).

Conclusion : l'article de J.-K. Huysmans laisse entendre que toute l'illustration de Forain était livrée à Quantin. On suppose le texte de MM. Lavedan et Guiches livré également. Que s'est-il passé ? Raisonnablement on peut en conclure que la souscription n'a pas été achevée. Le prix demandé de 300 francs or l'exemplaire (quand le salaire d'un ouvrier est d'environ 2 à 3 francs par jour) était sans doute trop élevé, comme le laisse supposer justement Octave Uzanne. Nous aurons très certainement l'occasion de reparler prochainement de cet ouvrage mort-né.


Bertrand Hugonnard-Roche

lundi 17 février 2014

Octave Uzanne rend compte de la parution de la Pudeur de Sodome de Gustave Guiches dans la revue Le Livre (10 novembre 1888).


Frontispice de Félicien Rops
pour la Pudeur de Sodome par G. Guiches (1888)
Pour faire suite à l'article consacré aux deux volumes de Souvenirs de Gustave Guiches évoqués dans une lettre par Octave Uzanne, voici peut-être une des premières "rencontres" entre les deux hommes de lettres. Nous avons déniché dans la revue Le Livre (Bibliographie moderne, Petite Gazette du Bibliophile), livraison du 10 novembre 1888, un petit entrefilet comme suit :

La même librairie Quantin a mis en vente, sous format in-4°, trois cent exemplaires d'une oeuvre maîtresse de Gustave Guiches : La Pudeur de Sodome. Le jeune romancier, auteur de Céleste Prudhommat, a, dans cet ouvrage de pure archéologie littéraire, fait montre d'un puissant talent descriptif et il a su rester biblique avec grandeur, sans rechercher la peinture des aberrations passionnelles de la cité maudite.
Félicien Rops a frontispicé ou plutôt culispicé ce livre d'une eau-forte magistrale, qui éclate sous le faux-titre avec une allure énigmatique et un dessin d'une science achevée.


O. U.

Lettre d'Octave Uzanne à Gustave Guiches (19 janvier 1927), au sujet de ces deux volumes de Souvenirs.



Gustave Guiches (1860-1935)
photographié ici en 1921 par l'agence Meurisse
Saint-Cloud, ce 19 janvier 1927. (*)


Mon cher Guiches, (**)

Un monde d'années nous sépara ; la vie s'ouvre en éventail le plus souvent ; on se rencontre à la base du pivotage, puis, en suivant sa route, les contingences du point central s'écartent de plus en plus. Les pensées sympathiques toutefois subsistent ; on regrette que les choses soient ainsi faites et on continue sa course au trépas:. Vous venez de publier Le Banquet, second volume, je crois, de vos souvenirs aux Editions Spes. J'aimerais tenir de vous ces deux ouvrages et en parler dans une de mes chroniques de la Dépêche de Toulouse où "j'exerce" depuis bientôt trente ans.
Nous avons connu les mêmes hommes, fréquenté des milieux identiques, senti les mêmes curiosités intellectuelles ; vous devez donc interpréter ma demande comme un désir légitime de voir revivre quelques années de mon passé au travers de vos observations d'un monde disparu. Il ne déplaît pas, d'ailleurs, d'avoir cette occasion de me rappeler à votre souvenir déjà si lointain. Il y a dans les silences durables une mélancolique notoriété qu'il semble fort agréable de rompre lorsque le moyen s'en offre. Je le saisis au passage. Donc, si vous pouvez me faire tenir vos deux tomes de Souvenirs revêtus de votre ex-dono amical, vous m'obligerez et vous ferai parvenir justification de ce qu'ils m'inspireront.
Croyez, mon cher Guiches, à l'expression de mes sentiments dont le temps n'a point affaibli la cordialité.




Octave Uzanne



(*) cette lettre a été publiée dans son intégralité dans La Nouvelle Revue (58e année - 4e série - tome 142) de mars-avril 1936. Paris, 1936. pp. 254-255.

(**) Gustave Guiches (qui signe parfois Gustave Guiche), est un romancier et dramaturge français, né le 18 juin 1860 à Albas dans le Lot, et mort le 3 août 1935 à Paris. Enfant de petits fonctionnaires municipaux et viticulteurs d'Albas (Lot), frappés par la crise du phylloxera, Gustave Guiches devient bachelier ès lettres après des études secondaires dans un établissement catholique à Cahors. Il poursuit des études supérieures, mais échoue, en 1879, à Paris, puis en 1880, à Toulouse, à ses examens en faculté de Droit. Décidé malgré tout à « faire de la littérature », il revient alors à Paris et travaille, pour gagner sa vie, à la Compagnie du gaz où l'introduit son beau-frère, chef du Contentieux. Sur recommandation d'une vieille tante et du poète lotois, Francis Maratuech, dont il a été le collaborateur pour la revue Le Feu follet, il rencontre à Paris des personnalités du monde littéraire, dont Albert Delpit et Charles Buet, qui tient un salon des mieux fréquentés. Il entre ainsi en contact avec des écrivains, des poètes qui font l'actualité et devient lui-même écrivain et dramaturge. Il rencontre toutes les personnalités de son temps dans ce milieu, de Henri Lavedan à Georges de Porto-Riche, d'Abel Hermant à Lucien Guitry, Sarah Bernhardt. Licencié de son emploi pour cause de réduction d'effectifs, il adresse ses textes aux journaux et il publie une nouvelle, « Le dernier exploit d'un huissier », dans Le Figaro, puis une autre dans Paris illustré. Son premier roman, Céleste Prudhomat, est accepté par La Librairie moderne, maison d'édition que viennent de lancer, rue Saint-Benoît, Gustave de Malherbe et Paul Hervieu, auxquels il a été présenté par Henri Lavedan. Il se lie d'amitié avec Bloy entre 1881 et 1887, Huysmans, Villiers de L'Isle-Adam. Il participe avec Marcel Prévost, Abel Hermant, Hugues Le Roux, Jules Perrin, Camille Oudinot, à un éphémère « Groupe des Treize » que devait parrainer Guy de Maupassant. Il signe avec Paul Bonnetain, J.-H. Rosny, Lucien Descaves, Paul Margueritte un texte resté célèbre publié dans Le Figaro du 18 août 1887, le « Manifeste des cinq », un pamphlet dirigé contre Émile Zola. On lui doit un portrait assez vivant de Bloy et de son milieu dans ses mémoires publiés en 1925, Au Banquet de la vie. En 1931, il est candidat malheureux à l'Académie française, contre Pierre Benoit qui est élu. (Source Wikipédia, consulté le 17 février 2014). Les livres cités dans la lettre ci-dessus sont "Au Banquet de la vieEditions Spes, 1925 et "Le Banquet", 1926. Ces deux ouvrages ont été réédités en 2006 aux éditions du Lérot en un seul volume.

dimanche 16 février 2014

Petite annonce dans La Presse du mercredi 8 octobre 1902 : Octave Uzanne membre du jury d'un concours de dessins de toilettes style moderne pour le réforme du costume féminin.




LE COSTUME FÉMININ

Jeudi 9 octobre [1902], à deux heures, très intéressant concours de dessins de toilettes style moderne pour le réforme du costume féminin, organisé par les Lettres Parisiennes, sous la direction de la vicomtesse de Réville, à l'Exposition des Arts et Métiers de la femme, serres de la Ville de Paris, au cours La Reine.
D'éminentes personnalités ont accepté de faire partie du jury : MM. Octave Uzanne, Lalique, Redfern, Georges Martin, docteur Maréchal, etc.

Entrefilet publié dans La Presse du mercredi 8 octobre 1902.



Le site www.octaveuzanne.com vient de dépasser les 140.000 visiteurs en 2 ans ! Merci à vous. Rejoignez les Amis d'Octave Uzanne.




Le site internet que je consacre à Octave Uzanne depuis deux ans vient dépasser les 140.000 visites ! Merci à celles et ceux qui contribuent à faire vivre ce site www.octaveuzanne.com

Peut-être l'occasion pour vous de rejoindre les quelques Amis d'Octave Uzanne qui forment un groupe Facebook qui lui est entièrement dédié.
C'est ici --------------> https://www.facebook.com/groups/octave.uzanne/

Quelques cartes de voeux d'Octave et Joseph Uzanne : 1894 - 1896 - 1898 - 1901 - 1907



Carte de voeux pour le nouvel an 1894 pour Octave Uzanne par R(odolphe) Piguet. Eau-forte en noir 130 x 95 mm sur Japon 140 x 111 mm. Bon état (trace de pli central). Texte : Souhaits, compliments, souvenirs // pour le renouveau de 1894 // Octave Uzanne (signature en fac similé dans la gravure) // 17, Quai Voltaire Paris. Octave Uzanne a 43 ans.

Coll. B. H.-R., acquisition février 2014



Carte de voeux pour le nouvel an 1896 pour Octave Uzanne par (Frédéric) Massé. Eau-forte en noir 120 x 91 mm (dessin) sur Japon 130 x 112 mm. Parfait état. Texte : OCTAVE UZANNE // Vous prie d'agréer ses voeux // et souvenirs au début // de l'an nouveau // 17 Quai Voltaire (Paris). Octave Uzanne a 45 ans.

Coll. B. H.-R., acquisition février 2014



Carte de voeux pour le nouvel an 1898 pour Joseph Uzanne par Léon Lebègue. Belle eau-forte (cuivre) 130 x 72 mm (gravure) sur vélin fort 155 x 100 mm. Parfait état. Texte : Joseph Uzanne // le mercredi et le vendredi // de 9 à 12 // 168, B(oule)vard St Germain (Paris). Joseph Uzanne a 48 ans.

Coll. B. H.-R., acquisition février 2014



Carte de voeux pour le nouvel an 1901 pour Octave Uzanne par Victor Mignot. Dessin en noir 110 x 73 mm (photogravure) sur Japon 140 x 116 mm. Parfait état. Texte : Trouvez ici mes souhaits cordiaux et sincères, à ce renouveau // du siècle, et agréez compliments et souvenirs pour 1901. // Paris, 17 Quai Voltaire. Octave Uzanne (signature) // Noël 1900. Octave Uzanne a 49 ans.

Coll. B. H.-R., acquisition février 2014



Carte de voeux pour le nouvel an 1907 pour Joseph Uzanne par Brunelleschi. Dessin rehaussé à l'aquarelle 120 x 88 mm (photogravure) sur vélin fort 140 x 92 mm. Parfait état. Texte : 1er Janvier 1907 // Souhaits et souvenirs // pour l'an nouveau // Joseph Uzanne (signature) // JOSEPH UZANNE // 172 Bd SAINT-GERMAIN (Paris). Joseph Uzanne a 57 ans.

Coll. B. H.-R., acquisition février 2014

jeudi 13 février 2014

A. Bandieri, photographe en 1909 des frères Uzanne, à St-Raphaël (Var).

Magasin de A. Bandieri, photographe
à St-Raphaël, vers 1909.
Nous avons connaissance de deux mentions du photographe raphaëlois A. Bandieri dans la correspondance inédite des frères Uzanne (Auxerre, Archives de l'Yonne). Octave Uzanne et son frère Joseph se sont fait prendre en photo seuls et ensemble. Octave Uzanne envoie à son frère de belles épreuves "en rond" de Joseph seul ainsi que des photos des deux frères ensemble. Nous n'avons pas retrouvé ces photographies. Cependant nous avons retrouvé un portrait (d'une autre personne) "en rond" fait par ce même photographe A. Bandieri à la même époque. Sans doute les portraits de Joseph et Octave Uzanne étaient-ils semblables. On sait par ailleurs que A. Bandieri était éditeur-photographe de cartes postales de la région de St-Raphaël. Nous avons retrouvé la carte postale montrant le magasin de A. Bandieri à St-Raphaël (voir photo ci-contre).


Exemple de photographie-portrait en rond
par A. Bandieri, St-Raphaël
telle que celle d'Octave et Joseph Uzanne.
Personne inconnue sur ce cliché.
"[...] Je m’occuperai aujourd’hui ou demain des photos de Bandieri et ferai pour le mieux, tu auras ton tirage dès que possible. [...]" (Octave à Joseph, mardi 2 mars 1909 - 35, Boulevard Félix Martin à St Raphaël, Var).

"[...] J’ai pris aujourd’hui toutes les photos faites chez Bandieri – Il y en avait 13 de toi en rond, dont 6 montées – (pour le prix de 8 frs) tout était fait et trop tard pour décommander – elles sont d’ailleurs très bien. J’ai gardé une de celles collées et je t’envoie les autres. J’y joins après partage, nos photos ensemble 6 dont 3 ou 2 collées – j’ai payé 8.50 pour ce second lot (8 f net) cela te ferait donc 12 frs pour ta part, puisque tu as à payer ta photo en rond, mais dix francs suffiront - tu les remettras à Alphonsine quand tu la verras avec les 50 frs convenus ce qui fera 60 f somme exacte que je lui donne par mois – et nous serons quittes. Je viens de faire le petit paquet que je remettrai à la poste demain samedi et qui t’arrivera lundi sans doute. Ces épreuves ne sont pas comparables avec les mauvaises que je t’adressai – tu en conviendras. [...]" (Octave à Joseph, vendredi 5 mars 1909 - Hôtel Beau-Rivage à St-Raphaël, Var).


Bertrand Hugonnard-Roche

mercredi 12 février 2014

L'artiste peintre Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) répond par un télégramme à une invitation d'Octave Uzanne (26 janvier 1890) : Banquet Bouchor du 29 janvier 1890 ?

Coll. B. H-R., acquisition février 2014
Ce télégramme énigmatique de Puvis de Chavannes (*) en réponse à une invitation d'Octave Uzanne ne donne que peut d'indices. La date du cachet du télégramme est le 26 janvier 1890 qui était un dimanche. Puvis de Chavannes "accepte avec grand plaisir" (l'invitation) et lui dit "à jeudi" (30 janvier 1890). On ne sait rien d'autre. Nous avions indiqué une autre lettre-réponse, envoyé ce même jour 26 janvier 1890 à Uzanne : il s'agit d'une réponse par Stéphane Mallarmé, qui s'enregistre avec retard au dîner "à Bouchor". Sans doute s'agit-il d'un dîner donné en l'honneur de Maurice Bouchor, peut-être le jeudi 30 janvier 1890. Nous ne savons pas. Élément qui vient compléter cette hypothèse, une lettre retrouvée du peintre Claude Monet, adressée à Uzanne ce même 26 janvier 1890. Claude Monet écrit : "Je suis très heureux de me joindre aux amis de Maurice Bouchor pour fêter sa nomination de chevalier de la légion d'honneur." Nous avons donc semble-t-il la réponse au pourquoi du télégramme de Puvis de Chavannes, également invité au fameux banquet en l'honneur de Maurice Bouchor.


Le (mercredi) 29 janvier 1890 (et non le jeudi comme semble l'indiquer Puvis de Chavannes dans son télégramme) : Félicien Rops et Auguste Rodin sont présents au banquet organisé pour l’octroi de la légion d’honneur au poète et auteur dramatique Maurice Bouchor (1855-1929). (Voir : L’Echo de Paris, dimanche 2 février 1890.) On peut supposer d'après la lettre de Claude Monet à Octave Uzanne que ce dernier était l'instigateur ou pour le moins l'un des organisateur de ce banquet. Le banquet eut lieu trois jours après cette lettre.

Nous reviendrons sur ce banquet "Bouchor" qui a rassemblé de nombreux artistes et hommes de lettres.


Bertrand Hugonnard-Roche


(*) Pierre Puvis de Chavannes, né à Lyon le 14 décembre 1824 et mort à Paris le 24 octobre 1898, est un peintre français, considéré comme une figure majeure de la peinture française du XIXe siècle. près des études de rhétorique et de philosophie au lycée Henri-IV de Paris, il fait un premier voyage en Italie, puis commence à étudier la peinture auprès de Henry Scheffer. Il fait ensuite un deuxième séjour en Italie et étudie brièvement auprès d'Eugène Delacroix, puis dans l'atelier de Thomas Couture. Il est marqué par les grandes peintures murales de Théodore Chassériau, exécutées pour l'escalier de la cour des comptes entre 1844 et 1848 (détruites en 1871). Il ne trouve véritablement sa voie qu'à l'âge de trente ans en réalisant le décor de la salle à manger de la résidence campagnarde de son frère (Les Quatre Saisons, Le Retour de l'enfant prodigue). Ses débuts au Salon sont difficiles. Il est plusieurs fois refusé et quand enfin il expose, il est sévèrement critiqué. Puis, en 1861, il remporte un premier succès avec La Guerre et La Paix. La première est achetée par l'État français. Puvis offre la seconde, complétée en 1863 par Le Repos et Le Travail, et en 1865 par Ave Picardie nutrix, puis quinze ans plus tard par Ludus pro Patria. Ce décor exceptionnel sur le plan thématique et stylistique est représentatif du traitement novateur que Puvis apporte au genre allégorique dont il devient à la fin du xixe siècle le plus brillant représentant. A son petit atelier de Pigalle, il ajoute rapidement un plus grand, à Neuilly. Il vit avenue de Villiers, auprès de la princesse roumaine Marie Cantacuzène, qu'il rencontre en 1856, sans doute dans l'atelier du peintre Théodore Chassériau dont elle est l'amie. Il l'épouse en 1898. Elle a une influence considérable sur lui, devenant sa compagne, sa collaboratrice, son inspiratrice. Il en fait en 1883 un portrait, aujourd'hui visible au musée des beaux-arts de Lyon. Elle lui sert également de modèle pour la Salomé de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste, pour Radegonde de l'Hôtel de ville de Poitiers, et pour la Sainte-Geneviève du Panthéon de Paris. Puvis de Chavannes réalise de grands décors muraux : au Palais Longchamp à Marseille (1867-1869), à l'Hôtel de Ville de Poitiers (1870- 1875) ainsi qu'à Saint Benoit en décorant le logis de la Chaumuse, à l'Hôtel de Ville de Paris (1887-1894), à la Bibliothèque publique de Boston (1881-1896). À ceux-ci s'ajoutent trois ensembles exceptionnels, celui du Panthéon de Paris, où il traite de la vie de Sainte Geneviève (1874-1878) et (1893-1898) ; le décor de l'escalier du musée des beaux-arts de Lyon (1884-1886) avec le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses complété par Vision antique, Inspiration chrétienne et deux figures représentant le Rhône et la Saône ; et enfin le grand décor de L'amphithéâtre de la Sorbonne à Paris (1886-1889), qui développe le thème du Bois sacré. Chacun de ces décors donne lieu à des études, copies, répliques, cartons préparatoires qui popularisent l'œuvre de Puvis en particulier à l'étranger. Par cette œuvre décorative immense, mais aussi avec des tableaux de chevalet d'un symbolisme novateur, il conquiert l'admiration d'une génération entière, influençant non seulement les idéalistes tels que Odilon Redon, Henri Martin, Alphonse Osbert, Alexandre Séon, Émile-René Ménard ou Ary Renan, mais aussi les Nabis, Paul Gauguin, Georges Seurat, Maurice Denis, et même le jeune Pablo Picasso dont nombre d'œuvres de jeunesse lui sont redevables. Puvis de Chavannes exécutant la décoration de l'hôtel de ville de Paris. En 1890, il refonde avec Jean-Louis-Ernest Meissonier, Carolus-Duran, Félix Bracquemond, Jules Dalou et Auguste Rodin la Société nationale des beaux-arts, dont il est successivement vice-président et président, suite à la mort de Jean-Louis-Ernest Meissonier. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1867, officier en 1877, puis commandeur en 1889. Il obtint la médaille d'honneur en 1882. Suite à une maladie, il meurt le 24 octobre 1898 à 18 heures, deux mois après le décès de sa femme Marie Cantacuzène. Il est enterré au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine. (Source Wikipédia, consulté février 2014)

Echo d'Alger du Vendredi 20 novembre 1931. Courte nécrologie d'Octave Uzanne.



Echo d'Alger du Vendredi 20 novembre 1931.

Intéressante nécrologie malgré les erreurs de dates et de titres d'ouvrages.

[Octave Uzanne] fut un homme aimable, simple, que l'on comparait à une encyclopédie.
"Nous demanderons à Uzanne."
"Voilà comment Remi de Gourmont arrêtait les discussions sur n'importe quel point d'art ou d'histoire."


vendredi 7 février 2014

"On y voit le Génie interprété par le Génie" (Octave Uzanne à propos des dessins de Victor Hugo qui illustrent ses livres, février 1894)


Dessin de V. Hugo pour les Travailleurs de la mer
"[...] Les livres de Hugo illustrés par lui-même n'ont jamais été portés à leur juste valeur ; on y voit le Génie interprété par le Génie, car les dessins du Poète Soleil sont prestigieux, hors nature, extraordinaires, fulgurants. Dans le Rhin, "l'Astre noir" s'est surpassé dans la vision prodigieuse des burgs, des montagnes, des torrents, des châteaux en ruines, des effets de lune et des cimes boisées. - Les Bibliophiles contemporains, chercheurs de perles, dans le fatras du siècle, devront s'arrêter un jour à ce livre [Le Rhin, avec dessins de Victor Hugo. Paris, Hugues, s.d., in-4°] bien mis en pages, honnêtement imprimé, et dont les exemplaires sur chine feront frémir les mains impatientes des amateurs dans les futures ventes du XXe.

Dessin de V. Hugo pour les Travailleurs de la mer
[...] [à propos des Travailleurs de la Mer, dessins de Victor Hugo. Paris, Ateliers de reproductions artistiques, 1882, in-4°] "Un dessinateur ruisselant d'inouïsme apparaît dans Victor Hugo. Ses paysages et ses marines ont une beauté surnaturelle. Il y coule, selon le mot de Baudelaire, comme un mystère dans le ciel. Le grand maître des contrastes possède comme dessinateur à un degré énergique le don d'emprisonner dans un contour, d'évoquer par un jet de lumière, de noyer dans des ombres traversées de reflets d'images des choses qu'il décrit de sa prose ou de son vers coloré. Les livres qu'il illustra, tels le Rhin et les Travailleurs de la mer, ont un intérêt précieux qui doit frapper les Bibliophiles. Et les exemplaires sur chine ou japon de ces ouvrages valent qu'on leur fasse un sort fortuné."

Octave Uzanne
n°238 et 241 du Catalogue des Livres contemporains d'un écrivain bibliophile
2 et 3 mars 1894

Livres d'étrennes de l'ancienne Maison Quantin (Librairies Imprimeries Réunies May & Motteroz) : Quelques livres d'Octave Uzanne.






mercredi 5 février 2014

"à Edouard Drumont, ces propos d'un novateur sur la Biblioscopie ou Décoration extérieure des livres." (Octave Uzanne). Envoi autographe sur La Nouvelle Bibliopolis (1897).



"à Edouard Drumont,
ces propos d'un novateur
sur la Biblioscopie ou
Décoration extérieure des
livres."

Octave Uzanne

Coll. B. H.-R., février 2014


Nous ne reviendrons pas dans ce billet sur les relations qui unirent un temps (peut-être même un long temps) Octave Uzanne et Edouard Drumont (1844-1917), célèbre auteur de la France Juive (1886) et antisémite-polémiste pendant de nombreuses années. Il vous suffira de vous reporter au billet que nous avions consacré à l'édition de la France Juive dans lequel nous insistions sur l'action déterminante d'Octave Uzanne dans la mise en oeuvre de cet ouvrage. Nous avions par ailleurs publié plusieurs autre billets sur Edouard Drumont et Octave Uzanne et plus largement sur l'antisémitisme :

A lire ou à relire :

- Octave Uzanne, Edouard Drumont, et La France Juive (1886) et autres livres antisémites.


- Octave Uzanne, Edouard Drumont, Les Spartiates et la France Juive (1886). 

- Octave Uzanne écrit en 1913 : « D'ailleurs, l'extraordinaire et quasi-surnaturelle vitalité du juif survit à tous les massacres, endure toutes les persécutions. Comparables aux tronçons du serpent fabuleux, les membres d'Israël, tranchés par le fer, deviennent autant d'hydres nouvelles qui vivent, et mordent, et injectent leur venin. » 

- Emploi du temps d'Octave Uzanne le samedi 10 avril 1886 : Témoin pour Edouard Drumont à son duel opposant ce dernier avec le directeur du journal Paris, Charles Laurent.

Ce billet ne vaut que pour l'image qu'il vous présente ci-dessus : page de faux-titre d'un exemplaire de La Nouvelle Bibliopolis d'Octave Uzanne, avec un envoi autographe d'Octave Uzanne à Edouard Drumont. Ce livre achevé d'imprimer le 9 novembre 1896 nous est arrivé entre les mains dans un état extérieur pour le moins pitoyable. Volume resté à l'état de broché, complètement débroché maintenant, couverture illustrée par Thiriet présente mais usagée, le frontispice de Félicien Rops manque, les 8 lithographies de H.-P. Dillon sont volantes mais bien présentes, imprimées sur papier Japon. Le volume n'a pas été numéroté (exemplaire de passe ?) et est imprimé sur papier vélin (un des 500 exemplaires sur ce papier). L'envoi autographe de l'auteur se trouve sur le faux-titre. Hormis le frontispice de Rops, le volume est bien complet et en bon état intérieur. Volume offert à Drumont probablement quelques jours ou quelques semaines après la date de parution, donc vraisemblablement à la fin de l'année 1896 ou dans le courant de l'année 1897.

Le volume est resté relié demi-toile de l'époque. Drumont était-il bibliophile ? Quoi qu'il en soit cet envoi démontre s'il était besoin qu'Octave Uzanne se déclarait son ami à cette date (fin 1896, courant 1897).


Bertrand Hugonnard-Roche

mardi 4 février 2014

Joseph Uzanne (1850-1937), doyen des critiques d'art, obtient le prix annuel de 1.000 francs du nouveau Syndicat de la Presse artistique professionnelle fondé en juillet 1936.



Nouvelles brèves.
Paris.


Le Syndicat de la Presse artistique professionnelle est fondé. A la suite de deux déjeuners confraternels qui fêtèrent, le premier, Mucha et Gino Severini, le second, les 80 ans de Thiébault-Sisson, cette création fut décidée : les écrivains chroniqueurs et rédacteurs, dont la profession est d'informer le public des questions d'art par le périodique ou le journal écrit et parlé, ne s'étaient pas encore groupés dans un syndicat professionnel, leur permettant de se donner un appui confraternel et d'organiser un système d'échanges d'informations dont puissent bénéficier ceux qu'ils ont pour mission de renseigner sur l'évolution des arts plastiques ainsi que sur la musique, les spectacles, le cinéma et la T.S.F., dans leurs rapports avec l'Art. Pour combler cette lacune, trente d'entre eux ont déposé, à la date du 9 juillet, les statuts du Syndicat de la Presse artistique professionnelle qu'ils ont fondé pour la défense légitime et normale de leurs intérêts, dans le cadre des lois de 1884 et 1927 sur les associations syndicales. Ils ont ainsi constitué leur bureau : Président : M. Gabriel Boissy ; vice-présidents : MM. Jean Cassou et Guillaume Janneau ; secrétaire général : M. Jacques Guenne ; secrétaire général adjoint : M. Gaston Poulain ; trésorier : M. André Dezarrois.
Le nouveau Syndicat vient d'attribuer pour la première fois son prix annuel de 1.000 fr. à M. Joseph Uzanne, doyen des critiques d'art, ancien combattant de 1870, âgé de 86 ans.



Extrait de LA REVUE DE L'ART ANCIEN ET MODERNE, 1936
Vol. 70, p. 118.

lundi 3 février 2014

Octave Uzanne éditeur et préfacier de 1870 !... Récits d'un Combattant du Commandant Girard (Brive, 1909). « La guerre, ce meurtre splendide dont s'enrichit l'histoire et qui est la honte de l'humanité » (Octave Uzanne, Préface).



Octave Uzanne a semé un peu partout des préfaces en tête de toutes sortes de livres. Il reste à en dresser la liste exhaustive pour établir une bibliographie digne de ce nom. Et cela ne sera pas facile. En effet, on découvre le plus souvent par hasard une nouvelle préface pour un ouvrage resté jusqu'alors inconnu de la plupart des curieux. Soit que l'ouvrage a été tiré à très petit nombre, soit que le sujet de l'ouvrage est resté confidentiel et n'a plus aujourd'hui les mérites de la veille.
La découverte que nous venons de faire est de cet ordre. Une impression de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) chez Bessot et Guionie, 6, Rue de l'Hôtel-de-Ville, de 1909. Un ouvrage intitulé 1870 !... Récits d'un Combattant. Sous-titré L'Armée du Rhin - Le Siège de Metz - La Captivité. Par le Commandant Jacques Girard, Officier de la Légion d'Honneur, Officier de l'Instruction Publique, ancien Maire de Brive, délégué cantonal. Préface de M. Octave Uzanne.
Ce volume de format petit in-quarto (22 x 16 cm), de XII-281 pages et 3 pages de table des chapitres et errata. La page de titre est précédée d'un portrait photographique de l'auteur en captivité (Phot. F. Hunt, Münster). Notre exemplaire est relié demi-chagrin noir à petits coins, tranches marbrées. Il ne possède pas de couverture imprimées (non conservées).
La préface d'Octave Uzanne n'est pas datée mais le texte du Commandant Girard (*) est daté à la fin "mai 1909".



* * *

Préface

Opinion d'avant-garde


Il y a quelques années, un ami (**), - sans nous révéler le nom de l'auteur de ces récits de l'année terrible, - nous remettait le manuscrit du commandant Girard avec prière de le lire et de lui exprimer nettement notre opinion sur l'intérêt de l'oeuvre et la possibilité de son impression et publication en librairie.
C'est là un de ces Pensums qui nous accablent souvent dans la vie des lettres, lorsqu'une légère notoriété nous place en vue, à titre de critique influent. L'habitude nous fait résigner à cette corvée de lectures inédites sollicitées par des débutants ou par des écrivains occasionnels que les événements ont rendus spectateurs ou acteurs de faits politiques, dramatiques ou historiques. Parfois, - trop rarement hélas ! - alors que nous nous apprêtons au devoir professionnel, avec une humeur parfois morose (car Dieu sait le nombre de pitoyables écrits qu'on ose nous soumettre !) - notre contrainte fait place à l'intérêt subtil et notre esprit s'éveille allègrement, avec une sorte de fébrilité passionnée, en raison d'une évocation de tableaux saisissants, de faits légendaires, d'actions amoureuses ou tragiques où le talent de l'écrivain intervient plus ou moins consciemment, c'est-à-dire où le style, s'il n'est prodigieusement habile, apparaît extraordinairement naturel et d'autant plus prenant par sa simplicité.
Les Récits d'un Combattant, lus certain soir de lassitude, comme dernier acte d'une journée de labeur, pouvaient, devaient même, tel était notre espoir, précipiter la venue du Dieu du sommeil et des songes. Cependant, le manuscrit, loin de nous tomber des mains sur le guéridon de nuit, apporta un surcroît de vie et de vigueur dans nos méninges.
Ces notes et épisodes des funestes journées de 1870 autour de Metz, ces souvenirs des heures de captivité en Allemagne, cet exposé net, franc, caractéristique de la marche à l'ennemi d'un clairvoyant et brave soldat de France, d'un de ces Lions innombrables de notre admirable armée conduits au feu par des Ânes galonnés, vaniteux et aveugles, ces descriptions angoissantes des champs de bataille de Rezonville, d'Amanvilliers, des sorties sous Metz, le récit des tristesses de la Reddition et de la captivité outre Rhin, tout cela nous empoigna, nous tint éveillé, malgré nous, nous rappela - toutes proportions gardées - les écrits guerriers des vieux de la vieille, ceux du Capitaine Coignet, du brigadier Fricasse, et du sergent Bourgogne, ce dernier incomparable en contant la retraite de Russie.
Certes les Récits d'un Combattant, qui ne se piquent point de juger les faits d'ensemble, de parler de stratégie et de considérer les mouvements guerriers comme des déplacements des unités d'un jeu d'échecs, ces récits qui sont ceux d'un simple fantassin amoureux du métier militaire, d'un vrai patriote ne voyant guère plus loin que la grande famille meurtrie de son régiment, nous font comprendre plus douloureusement encore que les grands ouvrages des chefs ou des historiens architectes des documents, les horreurs de la campagne de 1870 et de l'infâme impéritie du haut commandement.
J'éprouvai à lire ces pages un intérêt soutenu où le jugement littéraire n'avait guère à intervenir, car ce n'était plus de la littérature qui se manifestait dans ces pages, c'était mieux, c'était de la vie vécue, de la vie douloureuse, encore saignante et palpitante de fièvre et de souffrance dans sa restitution écrite, de la vérité sentie, criante et probante, fixée pour toujours par l'impressionnante brutalité de l'action dramatique qui la créa. L'interprétation directe de ce que l'on vit, sentit, comprit dans le voisinage de la mort et dans l'ambiance d'une anxiété, d'une profonde douleur collective, peut seule donner un tel intérêt et développer l'émotion jusqu'au paroxysme. Les artifices de style et toutes les ressources du talent d'un auteur ne sauraient arriver à pareil résultat.
Au cours des chapitres II à V de la Chartreuse de Parme, Stendhal, pour qui la bataille de Waterloo n'était pas une légendaire action lue ou écoutée, nous fait assister à la sombre et héroïque bataille, grâce à son héros Fabrice qui voit et juge, pour ainsi dire, l'envers des faits et les divers côtés sanguinaires, effarants, inconscients de l'effroyable déroute. C'est, assurément, la plus saisissante peinture qui soit de cette lutte opiniâtre où s'effondra la gloire de notre phénoménal Napoléon. Victor Hugo, qui, dans les Misérables, s'efforça de graver dans l'airain de son verbe génial la meurtrière journée perdue contre les forces Anglo-Hollandaises et Prussiennes, ne surpassa point Stendhal, moins, pompeux et grandiloquent, mais plus pittoresque, plus pénétrant et sincère de vision. C'est que rien ne donne, comme le récit direct et individuel, l'impression saisissante des événements auxquels un écrivain fut mêlé. Le lecteur s'assimile rapidement, intimement et profondément, la narration personnelle d'un témoin sincère et véridique, tandis qu'il demeure froid ou plus lent à échauffer et émouvoir devant un exposé de faits habilement présentés par un stratège, un romancier ou un historien.
Assurément, les Récits du commandant Girard paraissent tardivement. Sa modestie lui suggéra trop longtemps que ses souvenirs pouvaient être sans valeur et les éditeurs ne sollicitèrent point d'ailleurs la publication de son oeuvre. Je suis heureux d'avoir pu, grâce à une appréciation sincèrement favorable, donner confiance à ce vieux soldat devenu un brave narrateur. Son livre n'apporte aucune révélation nouvelle sur la funeste guerre entreprise avec tant d'imprévoyance  et de coupable folie par ceux mêmes qui sont aujourd'hui mis en lumière par le ministre au cœur léger, Emile Ollivier, dans les treizième et quatorzième volumes de l'Histoire de l'Empire libéral. Mais, ce par quoi cet ouvrage est méritoire, ce qui le rend précieux, c'est la vie qui s'en dégage, avec l'émotion qu'il communique, les tableaux réalistes qu'il met en valeur, l'idée précise, exacte, pitoyable qu'il donne du fléau guerrier.
A tous ces titres, les Récits d'un Combattant seront un enseignement pour les nouvelles générations. Mieux que des ouvrages célèbres et plus complets, les souvenirs du Commandant Girard feront comprendre à ceux qui sont nés de longues années après nos défaites quels furent les espoirs, la valeur combative et les cruels déboires des soldats de 70, vaincus par suite de l'incroyable présomption et de la nullité administrative et stratégique du haut commandement.
"Ce qu'il y a de plus terrible après une bataille perdue, s'écriait tristement Wellington en 1815, c'est une bataille gagnée". - La guerre, ce meurtre splendide dont s'enrichit l'histoire et qui est la honte de l'humanité, gagne en effet d'être mise à nu par les impitoyables vaincus humiliés, car la gloire même dont elle revêt les conquérants est en soi immorale et criminelle. La France peut s'honorer d'être aujourd'hui pacifique après  les déplorables tueries si sainement racontées ici même par le Commandant Girard. Sans doute elle songe, encore endolorie qu'elle soit, aux deux belles provinces toujours chères dont elle fut amputée, mais toutefois elle n'est pas loin de penser, avec le bonhomme Franklin, qu'il n'est point de mauvaise paix ni jamais de bonne guerre, si heureuse qu'on la puisse estimer du côté des vainqueurs. Ce sera la leçon de l'avenir, celle qui s'exprime sur le fourreau des vieilles épées espagnoles : "Ne la tire pas sans raison valables ; ne la remets pas sans honneur" !


Octave UZANNE

(*) Dossier de Légion d'Honneur (Base Leonore) consultable en ligne : http://www.culture.gouv.fr/LH/LH080/PG/FRDAFAN83_OL1144030v001.htm. Né à Aiffres (Deux Sèvres) le 8 avril 1840 et décédé à Brive (Corrèze) le 4 décembre 1911. Officier de la légion d'honneur en 1904 (Chevalier en 1887). Sous-Lieutenant le 24 août 1870 (43e Régiment d'Infanterie). Carrière militaire active du 24 août 1861 au 10 avril 1893 (avec le grade de Capitaine, admis à la retraite - passe à la Réserve). Campagnes indiquées : du 20 juillet 1870 au 14 avril 1871 (contre l'Allemagne) - du 28 octobre 1870 au 14 avril 1871 (en captivité en Allemagne). Cité à l'Ordre Général n°9 du 4ème Corps de l'Armée du Rhin pour sa conduite dans les combats du 31 août et 1er septembre 1870 devant Metz.

(**) il est probable que cet ami soit Emile Rochard, l'ami d'Octave Uzanne à Paris dans les années 1870-1873 et qui le restera jusqu'après 1910 semble-t-il (selon la correspondance des deux frères Uzanne). Emile Rochard, comme Joseph Uzanne, fut un soldat de 1870.

dimanche 2 février 2014

Portrait d'Octave Uzanne (1890), 39 ans. Épreuve de luxe tirée sur papier Japon et signée au crayon. Le site www.octaveuzanne.com compte désormais plus de 650 articles et plus de 10.000 visiteurs par mois.



Portrait d'Octave Uzanne gravé à l'eau-forte par E. Gaujean, d'après une photographie,
pour Le Livre Moderne (1890).
Dimensions du cuivre : 178 x 136 mm.
Épreuve sur papier du Japon 320 x 245 mm.
Signée par Octave Uzanne au crayon de bois sous la gravure.


Nous avions déjà publié le même portrait à l'occasion de la publication du 350e billet du blog www.octaveuzanne.com. L'épreuve que nous vous montrons aujourd'hui est d'un format bien plus grand que celui de la revue Le Livre Moderne pour laquelle il a été initialement fait (réservé aux 50 exemplaires de luxe). Il s'agit sans doute ici d'une épreuve d'artiste (état terminé) tirée sur le plus luxueux des papiers de l'époque : le papier Japon. La signature d'Octave Uzanne au crayon, et non à l'encre de Chine, comme pour les portraits insérés dans les exemplaires de luxe du Livre Moderne, laissent supposer que ces épreuves sans doute tirées à très petit nombre également (moins de 50 sans doute), étaient destinées à être offertes aux amis d'Octave Uzanne.

Le site www.octaveuzanne.com compte désormais plus de 650 articles et plus de 10.000 visiteurs par mois.

Merci de votre curiosité !

A bientôt,

Bertrand Hugonnard-Roche

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